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 "Guerre contre le Terrorisme" , par Noam Chomsky 3

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mihou
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mihou


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30032006
Message"Guerre contre le Terrorisme" , par Noam Chomsky 3

L’administration Kennedy était aussi profondément préoccupée par la menace que pouvait représenter un succés du développement à Cuba et qui pouvait se transformer en modèle pour d’autres expériences. Mis à part ces préoccupations habituelles, un défi réussi est en lui-même un acte intolérable, bien plus grave que le combat contre le terrorisme.


Ceux-ci ne sont que quelques exemples pour illustrer des principes qui sont communément admis, cohérents, assez clairs pour les victimes mais pratiquement imperceptibles pour le monde intellectuel des agents.

Si la lutte contre le terrorisme était une haute priorité pour Washington et Londres, comme elle devrait l’être, il y aurait bien des choses à faire - sans même mentionner cette proposition tabou de ne plus y recourir soi-même.

La première mesure, évidemment, serait de tenter d’en comprendre les racines. En ce qui concerne le terrorisme islamiste, il y a un large consensus parmi les services de renseignement et les chercheurs. Ils identifient deux catégories : les jihadistes, qui se considèrent l’avant-garde, et leur public, qui peut rejeter le terrorisme mais considère que leur combat est juste. Une véritable campagne anti-terroriste commencerait donc par l’examen des reproches formulées et, dans les cas où elles seraient justifiées, une tentaive de les corriger, comme cela devrait d’ailleurs être le cas avec ou sans menace terroriste.

Il y a aussi un large consensus parmi les spécialistes pour dire que le terrorisme du style d’Al Qaeda est « aujourd’hui moins le produit de l’intégrisme islamiste que d’un simple objectif stratégique : obliger les Etats-Unis et ses alliés occidentaux à retirer leurs troupes de la péninsule Arabique et d’autres pays musulmans » (Robert Pape, qui a effectué une importante étude sur les kamikazes). Les analystes sérieux font remarquer que chez Ben Laden, il n’y a pas de contradiction entre ses paroles et ses actes. Les jihadistes organisés en Afghanistan par l’administration Reagan et ses alliés mirent fin à leur terrorisme à l’intérieur de la Russie lorsque les Russes se retirèrent de l’Afghanistan, même s’ils ont continué à partir de la Tchétchènie musulmane occupée et scène d’horribles crimes russes depuis le 19eme siècle. Oussama s’est retourné contre les Etats-Unis en 1991 parce qu’il considéraient qu’ils occupaient la plus sainte des terres arabes ; chose que le Pentagone reconnut plus tard comme une des raisons pour déplacer les bases de l’Arabie Saoudite vers l’Irak. De plus, il fut vexé par le refus opposé à sa proposition de participer à l’attaque contre Saddam.

Dans l’étude universitaire la plus complète du phénomène jihadiste, Fawaz Gerges conclut qu’après le 11 septembre, « l’attitude dominante envers Al Qaeda au sein de monde musulman était l’expression d’une hostilité, » particulièrement parmi les jihadistes, qui la considéraient comme un aile extrémiste dangereuse. Au lieu de prendre acte de cette hostilité envers Al Qaeda qui offrait à Washington « la moyen la plus efficace pour clouer son cercueil » en trouvant « les moyens de renseignement pour soutenir et appuyer les forces internes opposées à l’idéologie militante de réseau de Ben Laden, » écrit-il, l’administration Bush fit exactement ce que Ben Laden espérait : il choisit la violence, en particulier en envahissant l’Irak.

Al-Ashra, en Egypte, qui est le plus ancien institut de hautes études religieuses du monde islamique, émit un fatwa qui reçut un fort soutien et appelait « tous les musulmans du monde à rejoindre la jihad contre les forces d’invasion américaines » dans une guerre que Bush avait déclarée contre l’Islam. Un dignitaire religieux d’Al-Azhar, qui fut « un des premiers universitaires Musulmans à condamner Al Qaeda et qui fut souvent critiqué par les religieux ultra conservateurs comme un réformateur pro-occidental, déclara qu’empêcher l’invasion Américaine (de l’Irak) était le « devoir de tout musulman » » Des enquêtes menées par les services de renseignement Israéliens et Saoudiens, confirmés par les instituts d’études stratégiques US, arrivèrent à la conclusion que les combattants étrangers en Irak, qui composent de 5 à 10 % des insurgés, avaient étaient mobilisés par l’invasion et n’avaient eu dans le passé aucun lien avec l’islamisme radical ou les groupes terroristes. Les résultats obtenus par l’administration Bush dans le renforcement de l’extrémisme islamiste et du terrorisme, et son ralliement à Oussama pour créer un « choc de civilisations », sont très impressionnants.

L’agent de la CIA chargé de traquer Ben Laden depuis 1996, Michael Scheuer, écrit que « Ben Laden a été précis envers l’Amérique dans son énoncé des raisons pour lesquelles il mène une guerre contre nous. Aucune de ces raisons n’a quelque chose à voir avec notre liberté, notre démocratie, mais toutes ont quelque chose à voir avec la politique des Etats-Unis dans le monde musulman . » L’objectif d’Oussama est de « modifier radicalement la politique US et de l’Occident envers le monde musulman » écrit Scheuer. « C’est un guerrier pragmatique, pas un terroriste de l’apocalypse à la recherche de l’Armageddon ». Comme le répète Oussama sans cesse, « Al Qaeda ne soutient aucune insurrection islamiste qui cherche à conquérir de nouvelles terres. » Mais Washington, préférant les mensonges qui confortent, ignore « le pouvoir idéologique, la danger mortel et le potentiel de croissance d’une menace personnifiée par Oussama Ben Laden, tout comme l’impulsion donnée à cette menace par l’invasion US et l’occupation d’un pays musulman, ce qui représente une cerise sur le gâteau d’Al Qaeda. » « Les forces armées et la politique des Etats-Unis sont en train de parachever la complète radicalisation du monde islamique, chose que Ben Laden avait tenté avec quelques résultats non concluants depuis le début des années 90. En conséquence, [ajoute Scheuer], il est raisonnable de conclure que les Etats-Unis d’Amérique demeurent le seul allié indispensable de Ben Laden. »

Ces critiques sont très sérieuses. Une commission consultative du Pentagone conclut l’année dernière que « les musulmans ne détestent pas notre liberté, mais détestent plutôt notre politique, » ajoutant que « lorsque l’Amérique parle d’apporter la démocratie dans des sociétés islamiques, ceci n’est perçue que comme l’expression d’une hypocrisie pour servir nos intérêts. » De telles conclusions ne datent d’hier. En 1958, le Président Eisenhower était interloqué par « la campagne de haine contre nous » dans le monde arabe, « pas par les gouvernements mais par les peuples, » qui sont « du côté de Nasser », et soutiennent un nationalisme laïque et indépendant. Les raisons d’une telle « campagne de haine » furent soulignées par le Conseil de Sécurité Nationale : « aux yeux de la majorité des Arabes, les Etats-Unis apparaissent comme opposés aux objectifs du nationalisme arabe. Ils croient que les Etats-Unis cherchent à protéger leurs intérêts dans le pétrole du Proche Orient en soutenant un statu quo et en s’opposant aux progrès économiques et politiques. » De plus, cette perception des choses est compréhensible : « nos intérêts économiques et culturels dans la région ont assez naturellement mené les Etats-Unis à tisser leurs relations avec les éléments du monde arabe qui trouvent un intérêt à préserver leurs relations avec l’occident et au maintien du statu quo dans leur pays, » en bloquant la démocratie et le développement.

Le Wall Street Journal arriva à une conclusion similaire lors d’une enquête d’opinion auprès de « musulmans fortunés » au lendemain du 11 septembre : des banquiers, des hommes d’affaires, partisans des « valeurs occidentales » et intégrés dans le projet de néolibéralisation globale. Eux aussi se déclaraient consternés par le soutien de Washington aux régimes autoritaires et violents et les barrières posées devant le développement et la démocratie par le « soutien aux régimes répressifs ». Cependant, ils avaient de nouveaux griefs à formuler au-delà de ceux déjà signalés par le CSN en 1958 : les sanctions imposées par Washington contre l’Irak et son soutien à l’occupation militaire israélienne et la saisie des territoires occupés. Il n’y eut aucune enquête d’opinion auprès de la grande majorité de pauvres, ce ceux qui souffrent. Mais il est probable que chez eux les sentiments soient encore plus intenses, doublés d’un ressentiment amer contre les élites dirigeants pro-occidentaux, corrompus et brutaux, soutenus par l’occident pour garantir que les énormes richesses de la région continuent de couler vers l’Ouest, tout en s’enrichissant au passage. L’invasion de l’Irak n’a fait qu’intensifier ces sentiments, comme prévu.


Il existe des moyens constructifs pour s’attaquer au problème du terrorisme, mais ces moyens ne sont ceux préférés par « l’allié indispensable de Ben Laden, » ni par ceux qui tentent d’ignorer la réalité en prenant des poses héroïques contre l’islamo-fascisme, ou en affirmant qu’il n’y a pas de solutions alternatives proposées, alors qu’il y en a mais qu’ils préfèrent ne pas les entendre. Et une politique constructive doit commencer par un examen objectif dans le miroir, une tâche qui n’est jamais facile, mais toujours indispensable.

Noam Chomsky


- Source : www.amnesty.ie/content/view/full/5146

- Version originale en format PDF
www.amnesty.ie/content/download
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