Manger moins gras ne réduit pas le risque de cancer ou de maladie cardiaque
Breton, Pascale
Manger moins gras ne réduit pas le risque de contracter un cancer ou une maladie cardiaque, révèle une vaste étude publiée hier dans le Journal de l'Association médicale américaine.
Pendant plusieurs années, des chercheurs américains ont suivi plus de 48 000 femmes ménopausées dans l'ensemble des États-Unis. Lorsque l'étude a débuté, dans les années 1990, elles étaient âgées de 50 à 79 ans.
La moitié des participantes se sont soumises à une diète. Elles ont réduit de 20 % leurs calories provenant du gras. Elles ont aussi augmenté d'une portion par jour leur consommation de fruits et légumes, en plus de manger plus de fibres. L'autre cohorte de participantes n'a pas modifié son alimentation habituelle.
" Statistiquement, le fait de réduire seulement les graisses n'a pas eu un impact significatif. Ces femmes ne sont pas plus nombreuses à avoir contracté un cancer du sein ou un cancer du côlon. Elles n'ont pas plus de maladies cardiaques ", conclut le Dr Mara Vitolins.
Professeur associé en sciences de la santé publique à l'Université Wake Forest, en Caroline du Nord, elle figure au nombre des chercheurs qui ont pris part à cette étude. Au total, 16 centres universitaires ont contribué à la recherche qui a débuté dans les années 90.
Sitôt publiée, cette étude suscite la controverse. Les données sont vieilles et déjà dépassées. L'étude ne tient pas compte des bons et des mauvais gras. Certains gras, comme ceux provenant du poisson, des noix ou de l'huile d'olive ont des effets positifs sur la santé. D'autres, comme les gras trans ou les gras saturés, sont mauvais pour l'organisme. Le concept de l'étude est réducteur, commente le Dr Richard Béliveau. " Les Crétois consomment plus de calories provenant des graisses que nous et pourtant, ils sont en meilleure santé. Cette étude se penche sur l'apport total de graisses et ne fait aucune discrimination en ce qui concerne le type de légumes consommés ", déplore-t-il.
Chercheur, professeur et titulaire de chaires à l'hôpital Sainte-Justine et à l'Université du Québec à Montréal, le Dr Béliveau s'intéresse à l'alimentation depuis longtemps. Les critiques sont exactes, reconnaît le Dr Vitolins. " À l'époque où nous avons commencé l'étude, on ne faisait pas de distinction entre les bons gras et les mauvais gras. "
Le résultat serait-il différent aujourd'hui? " Peut-être, répond la spécialiste avec prudence. Je suis nutritionniste, je suis de ceux qui pensent que manger de bons aliments a un impact sur la santé. "
L'étude a été réalisée à l'invitation du Women's Health Initiative de l'Institut national de santé, à Washington.