PRÉVENTION DE L'OBÉSITÉ
Ottawa examine l'urbanisme et le prix des aliments
Krol, Ariane
Presque 60 % des Canadiens sont trop gros ou obèses. Faut-il réaménager la banlieue, taxer la malbouffe ou réduire le prix des fruits et légumes? Ottawa a décidé d'investir des sommes importantes en recherche pour trouver réponse à ces questions.
" La prochaine question, c'est: comment notre environnement est-il conçu et qu'est-ce qui peut être fait pour soutenir les gens dans le maintien de leur poids santé? " explique Paul Bélanger, directeur adjoint de l'Institut de nutrition, métabolisme et diabète, un des 13 instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
Les IRSC, qui relèvent du fédéral, sont les plus gros bailleurs de fonds pour la recherche en santé au Canada. L'Institut de nutrition investit environ 7,9 millions par an, en majorité pour l'obésité. D'habitude, l'organisme établit ses priorités de recherche avec des professionnels de la santé. Cette année, il a décidé d'élargir la consultation. Une centaine de spécialistes, dont des urbanistes, des économistes, des groupes de défense des consommateurs et des représentants de l'industrie alimentaire, de la restauration et de l'immobilier ont participé aux discussions organisées jeudi et vendredi derniers à Toronto.
La banlieue fait-elle engraisser?
" Il y a beaucoup d'études aux États-Unis qu'on aurait besoin de reprendre ici. Dans une des études, on dit que le coût pour vivre en banlieue, ce serait six livres (de plus par personne). C'est beaucoup sur la moyenne d'une population. Le problème, c'est qu'on n'est pas certain de pouvoir généraliser ça pour ici ", indique Lyne Mongeau, conseillère scientifique à l'Institut national de santé publique du Québec.
L'exercice physique est considéré comme l'un des meilleurs moyens pour prévenir l'obésité. " Ouvrir les gymnases, les clubs de marche dans les quartiers, encourager l'utilisation des escaliers dans les édifices ou dans le métro, ce sont des mesures qui sont réputées efficaces ", ajoute Lyne Mongeau.
Taxer ou non la malbouffe
Pour réduire la consommation d'aliments très gras, très sucrés ou très salés, plusieurs suggèrent de les frapper d'une taxe spéciale, comme les cigarettes. " La cigarette, c'était facile: la cigarette tue, on fonce. Là, il y a beaucoup plus d'acteurs, de produits et de gens impliqués. Tout le monde doit manger et on ne peut pas identifier une nourriture comme étant nocive ", objecte Paul Bélanger.
L'Institut de nutrition juge que la question est encore trop complexe pour faire l'objet de recherches, mais d'autres hypothèses l'intéressent. " Une des politiques possibles serait de subventionner les fruits et légumes pour que leur coût soit moindre et que les gens en consomment plus ", fait valoir le directeur adjoint.
L'Institut de nutrition ne sait pas encore combien d'argent il consacrera à ces recherches, mais d'autres organismes, dont la Fondation des maladies du coeur, participeront au financement. " On apprécie beaucoup parce que c'est un peu à l'extérieur de leur domaine de recherche ", note Paul Bélanger. L'Institut discute aussi avec la Fondation Lucie et André Chagnon, qui a récemment offert 400 millions au gouvernement québécois pour lutter contre l'obésité, à condition que celui-ci égale la mise.