Le Front national et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers
courtisent la communauté juive
LA PRÉSENCE de proches de Marine Le Pen, vice-présidente du Front national (FN),
à la manifestation en mémoire d'Ilan Halimi, dimanche 26 février, soulève des
interrogations à l'extrême droite. Sa presse et ses sites Internet sont
perplexes : faut-il y voir un changement d'axe dans la politique du parti au
Proche-Orient ?
Ainsi Minute, daté mercredi 1er mars, souligne que la Ligue de défense juive
(LDJ) assurait la sécurité de la délégation frontiste. La LDJ qui, souligne
l'hebdomadaire, " pratique sans vergogne l'assimilation
antisioniste/antisémitisme et n'a de cesse de dénoncer les "palestinophiles" ".
Du coup, désarçonné, Minute se demande si " l'axe qui s'esquisse est de même
nature que celui qui conduit, en Belgique, le parti nationaliste flamand Vlaams
Belang (...) à se rapprocher de la communauté juive pour faire bloc face aux
musulmans ".
" Le FN, qui est opposé au communautarisme, fait ses choix politiques en
fonction de l'intérêt de la France ", réplique Mme Le Pen, expliquant la
présence de frontistes à la manifestation par des préoccupations hexagonales. "
Nous voulions lever un certain nombre d'incompréhensions avec la communauté
juive. Lui montrer qu'elle n'a rien à craindre du FN ", affirme celle qui tente
de corriger l'image de parti antisémite entretenue par les propos de Bruno
Gollnisch, délégué général, et du président du FN sur la Shoah. Mme Le Pen
affirme que si demain " un crime odieux comme celui d'Ilan devait être commis
sur un musulman, - elle - manifesterait aussi sa solidarité ".
Carl Lang, vice-président du FN, approuve : " Nous ne faisons pas de distinction
religieuse ou d'origine entre les Français. " Tous deux préfèrent, à la lecture
" islamique " du meurtre et des violences de novembre dans les banlieues, celle
de la " politique d'immigration ". " C'est cette politique qui transporte en
France le conflit israélo-arabe ", précise Mme Le Pen. Une appréciation des
événements qui différencie le FN de Philippe de Villiers. Le président du
Mouvement pour la France (MPF) estime que la " menace " pour le pays est " son
islamisation progressive ". Un discours qui rencontre un écho auprès d'une
partie de la communauté juive.
Par ailleurs, le Consistoire central, l'Union des patrons et des professionnels
juifs de France, le Conseil représentatif des institutions juives de France
(CRIF), le Collectif des associations et mouvements juifs de France ainsi que le
B'nai B'rith ont fait part de leur soutien à M. de Villiers, qui a été expulsé
par SOS-Racisme de la tête de la manifestation, dimanche. Une expulsion qui vaut
à l'association une plainte pour " violences volontaires " déposée par M. de
Villiers.
Christiane Chombeau