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 Ariel Sharon et la stratégie du retrait

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mihou
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mihou


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26022006
MessageAriel Sharon et la stratégie du retrait

Le Monde
A la Une, vendredi 12 août 2005, p. 1

HORIZONS ANALYSE
Ariel Sharon et la stratégie du retrait

Gilles Paris

DES COLONIES, pour quoi faire ? Avec le retrait des implantations de Gaza et de quatre colonies isolées de Cisjordanie, la question des buts poursuivis par une oeuvre ininterrompue depuis 1967, quelles que soient les majorités politiques en Israël, se pose avec d'autant plus d'acuité que les évacuations prévues n'entrent pas dans le cadre d'un accord de paix. Au fil des années, les réponses ont pu varier suivant qu'étaient privilégiées les motivations sécuritaires, politiques et religieuses qui ont constitué, jusqu'à présent, les ressorts les plus puissants de cette coûteuse entreprise.

Les motivations sécuritaires. Historiquement, ce sont elles, théorisées par le ministre travailliste israélien Igal Allon, qui ont justifié la colonisation des territoires conquis en 1967 dans une logique défensive. Compte tenu de la petitesse du territoire contrôlé par l'armée israélienne, la colonisation visait à établir aux frontières un réseau de positions sur lesquelles, le cas échéant, les forces armées pouvaient s'appuyer.

Ces préoccupations stratégiques ont par la suite été débordées par la poussée idéologique du Goush Emounim (Bloc de la foi, ultranationaliste religieux), avec le relais efficace du Likoud après son arrivée au pouvoir en 1977. Le changement de logique est alors radical : la terre conçue comme un moyen devient un objectif en soi.

Les deux logiques ont pu parfois être perméables l'une à l'autre. Igal Allon avait le premier fait une entorse à ses conceptions militaires pour prendre en compte le fait accompli de l'implantation, à Hébron, du groupe de colons radicaux conduit par le rabbin Moshe Levinger.

Après un passé militaire glorieux en Israël, l'actuel premier ministre, Ariel Sharon, a, pour sa part, systématisé la combinaison entre les stratégies territoriales sécuritaires et l'argument symbolique et religieux du « Grand Israël » au profit d'un projet politique simple : rendre impossible un éventuel Etat palestinien. Le premier ministre israélien a été le principal artisan politique de la colonisation comme ministre de l'agriculture, puis plus tard du logement et des infrastructures. L'ironie de l'histoire veut qu'il soit, aujourd'hui, précisément à l'origine de la remise en cause partielle de cette politique.

Près de quarante ans après la guerre de 1967, il ne reste plus grand-chose de son contexte géopolitique. Des traités de paix ont été signés par Israël avec l'Egypte et la Jordanie, en 1979 et en 1994, qui sécurisent les quatre cinquièmes de ses frontières terrestres, des frontières internationales reconnues, comme la frontière de fait que constitue la vallée du Jourdain. La préoccupation sécuritaire majeure, c'est-à-dire la prévention d'une menace extérieure, a perdu une grande partie de ses fondements, et depuis longtemps.

Les motivations politiques. Dans le cas de Gaza et des quatre colonies isolées, la construction d'une clôture autour de l'étroite bande de terre tout d'abord, puis l'érection d'un « mur » similaire dans le nord de la Cisjordanie ont à leur tour affaibli d'autres justifications sécuritaires plus récentes : la prévention des menaces palestiniennes.

La disparition de cette justification laisse toute sa place à une autre dimension de la colonisation telle qu'elle a été pensée par M. Sharon : la double volonté de contrôle et de segmentation des territoires palestiniens qui se vérifie aussi bien à Gaza que dans le nord de la Cisjordanie.

Adossé à la ville palestinienne de Khan Younis, le Bloc (Goush) de Katif a permis d'en limiter l'extension vers la mer. Il en a été de même avec les deux colonies de Ganim et Kadim, qui ont bloqué à l'est la ville de Jénine. Dans les deux cas, la volonté de coupure a été également manifeste.

A Gaza, les colonies de Netzarim, Kfar Darom et Morag ont été intercalées entre les principales villes de l'étroite bande de terre, Gaza, Deir al-Balah, Khan Younis et Rafah. Pendant les mois les plus durs de la deuxième intifada, ces colonies ont permis à l'armée israélienne de couper durablement le territoire en deux, voire en trois. Dans le nord de la Cisjordanie, Sa Nur et Homesh ont été installées entre Jénine et Naplouse.

Pourquoi donc renoncer aujourd'hui à ces colonies ? Les raisons véritables qui ont poussé Ariel Sharon à rompre avec une oeuvre d'un quart de siècle et avec le discours d'intransigeance qui a prévalu pendant ses trois premières années au poste de premier ministre (pas de concession territoriale avant la fin des violences), sont sans doute à chercher dans la modification d'un contexte intérieur et international (initiative de paix de Genève, pression internationale pouvant déboucher sur une solution imposée).

Se retirer de Gaza permet à M. Sharon, selon ses calculs, de gagner du temps sans faire trop de concessions et sans rien céder avec la logique de contrôle puisque les frontières terrestres et maritimes ainsi que l'espace aérien de Gaza restent, dans la mouture initiale du projet, sous la férule israélienne.

L'argumentation sécuritaire officielle avancée par ceux qui soutiennent le retrait consiste aujourd'hui à dire que l'armée israélienne aura à Gaza les mains libres une fois que les colonies auront été évacuées, au lieu d'être fixée sur des positions impossibles à protéger des tirs de roquettes artisanales palestiniennes.

Il faut par ailleurs prendre en compte une dimension démographique. En dépit des efforts du mouvement de colonisation, aucune des colonies de Gaza n'a réussi à atteindre un seuil critique. C'est encore plus vrai dans le nord de la Cisjordanie. Les quatre implantations visées, particulièrement isolées, sont entrées en récession avec le début de la deuxième intifada et la multiplication des violences.

Les motivations religieuses. Enfin, les colons de Gaza n'ont pu avancer comme un bouclier une indiscutable dimension religieuse, leur territoire n'ayant pas la charge symbolique de la Judée et de la Samarie, les noms bibliques de la Cisjordanie.

Après le désengagement de Gaza et du nord de la Cisjordanie, il va pourtant être difficile de ne pas établir des parallèles avec la situation qui continuera de prévaloir en Cisjordanie. La colonisation israélienne, telle qu'elle y a été formalisée par Ariel Sharon, s'y traduit aussi par un découpage en poches isolées les unes des autres et par le contrôle des principales agglomérations palestiniennes bordées de colonies visant à bloquer leur expansion.

Les trois blocs dont l'annexion est exigée désormais par Israël, préalablement à toute négociation, s'inscrivent parfaitement dans cette logique. La colonie d'Ariel sépare Naplouse et Ramallah; celle de Maale Adoumim - a fortiori si les projets israéliens de renforcement sont menés à leur terme - isole la partie orientale de Jérusalem de son hinterland palestinien; Etzion et ses prolongements (Efrat et Tekoa) coupent Bethléem de Hébron.

Le décalage est donc flagrant entre le nouveau discours sur l'Etat palestinien endossé par M. Sharon et l'inertie du projet de colonisation, qui continue de produire ses effets destructeurs sur le territoire. En Cisjordanie, à commencer par Jérusalem-Est, la colonisation conserve pour objectif d'empêcher la réalisation de cet Etat palestinien que la communauté internationale appelle désormais ouvertement de ses voeux. En quittant Gaza, M. Sharon ne renonce qu'à une partie, modeste, d'un plus grand dessein.
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