«QUI VEUT METTRE DU "SABLE" DANS LE "COUSCOUS" DES REBELLES AU FASO ?»
San Finna (journal burkinabè) N°350 du 13 au 19 Février 2006 — http://www.sanfinna.com/PetitesPhrases.htm#Reb :
«Le temps serait-il aux désamours entre autorités burkinabé et rebelles ? C'est l'interrogation qui hante bien des rebelles depuis quelques jours. En effet, la rumeur court et enfle : les comptes bancaires des chefs rebelles des Forces nouvelles ont été bloqués sur instruction des autorités burkinabé, dit-on, depuis le 06/02/2006 ; en outre, les bars et maquis ainsi que les boîtes de nuit leur appartenant doivent fermer, affirme-t-on, le 15 Février 2006 dernier délai.
Ce serait chose déjà faite pour au moins 2 ou 3 maquis, se laisse-t-on dire.
Pourquoi le ciel nous tomberait-il ainsi sur la tête, sans crier gare, se demandent les Wattao et autres qui regardent l'avenir avec beaucoup d'appréhension. Si on les sèvre de moyens de subsistance et de réjouissances, ne va-t-on pas bientôt en faire autant pour le gîte ? Alors là, ce serait la fin des haricots !
Mais il n'y a pas qu'eux à se poser des questions. Il y a les Burkinabé, l'opinion en général. Qu'est-ce qui est à l'origine de ce brusque coup de froid qui frappe les rebelles dans leur " pension " burkinabé ? Aux Nations Unies, a-t-on demandé en sous-main aux autorités d'y aller " mollo " parce qu'on est quelque peu gêné par les relations ostentatoires entre autorités burkinabé et rebelles qui ne laisse aucun doute sur les soutiens dont ces derniers bénéficieraient ? Les contradictions sont-elles devenues trop fortes au fur et à mesure que la crise s'éternise ?
Telles sont les questions que l'on entend ici et là quand d'autres se demandent, dubitatifs, s'il ne s'agit pas ici d'une ruse. On fait semblant de se rallier aux multiples critiques. D'abord, à celles venant de l'intérieur même du pays. La façon dont ces rebelles se conduisait en maître et seigneur dans ce pays, roulant carrosse, menant la vie de châteaux lorsque beaucoup " crèvent la dalle ", la façon dont ils aguichaient la " gueuse ", les soufflets aux nationaux dans les boîtes de nuit en allongeant dollars et autres devises avaient fait monter les aigreurs ; des aigreurs qui étaient alimentées aussi par leur contribution à la dégradation des mœurs et à l'insécurité. Mais peut-être que les autorités se sont convaincues que tout se sait un jour ou l'autre et qu'il valait mieux, dès à présent, commencer une opération de désengagement de ce conflit. Sait-on jamais ? Avec des gens comme les Thabo M'Béki, iconoclastes à souhait, il se pourrait bien qu'un jour, la question de leur responsabilité résonne dans les murs des Nations Unies et qu'il soit demandé contre eux, des sanctions parce qu'en tant que parrains, ils constitueraient des obstacles à la paix.
L'horizon politique n'est pas aussi sécurisé au plan sous-régional et international. ce n'est pas certain que l'intention d'en finir coûte que coûte avec le régime Gbagbo sera une réalité d'ici fin octobre. Si tel n'est pas le cas et si la donne change fondamentalement en 2007 à l'occasion de l'élection présidentielle en France, il se pourrait très bien que le pouvoir burkinabé reçoive en boomerang, les effets de son soutien permanent à la rébellion.
Quoi qu'il en soit, on a toujours le temps de voir venir pour être définitivement situé sur toutes ces questions et de savoir qu'à la même occasion, quelle type de réponse les rebelles prévoient dans tous ces cas de figure. S'ils se rachèteront aussi une conduite ou s'ils feront front contre l'ingratitude ?»