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 FRÈRES D'ARMES: LE PACTE SECRET D'ISRAËL AVEC L'AFRIQUE SUD3

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zapimax
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zapimax


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Localisation : Washington D.C.
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FRÈRES D'ARMES: LE PACTE SECRET D'ISRAËL AVEC L'AFRIQUE SUD3 Empty
10022006
MessageFRÈRES D'ARMES: LE PACTE SECRET D'ISRAËL AVEC L'AFRIQUE SUD3

La presse israélienne délaisse largement l'occupation au quotidien,
malgré les reportages de quelques journalistes courageux, qui
dénoncent le nombre particulièrement élevé d'enfants palestiniens tués
par l'armée (plus de 650 depuis le début de la deuxième intifada en
octobre 2000, dont un quart avaient moins de 12 ans) ; les attaques de
Palestiniens par les colons, et l'humiliation sans cesse renouvelée
aux checkpoints.

Le mur de 8 mètres de haut élevé à Jérusalem est presque invisible aux
yeux des habitants de la partie occidentale, juive, de la ville. La
topographie étant ce qu'elle est, la plupart des habitants juifs de la
ville ne voient pas ce mammouth de béton qui divise les rues et les
familles, non plus qu'ils ne voient les maisons démolies -exactement
de la même façon que la plupart des blancs d'Afrique du Sud restaient
à l'écart des bidonvilles, et restaient sourds à ce qui était commis
en leur nom.

Peu après mon arrivée à Jérusalem, je fus invité à dîner dans une
famille juive de gauche. Il y avait, autour de la table, un éditeur
américain, un historien de renom, et plusieurs militants politiques.
On se mit bientôt à parler des Palestiniens, et la conversation
dégénéra vite sur la question de savoir si ces derniers « méritaient »
ou pas d'avoir un Etat. L'intifada, et les attentats-suicide qui l'ont
accompagnée, justifiaient, aux yeux de plusieurs, les 37 années
d'occupation, et effaçaient les crimes qu'avait pu commettre à
l'encontre des Arabes placés sous sa domination.

Tout cela me rappelait des conversations tenues en Afrique du Sud, et
il faut dire aussi que l'image des Palestiniens, dans l'opinion
israélienne, n'est pas très éloignée de celle qu'avaient de nombreux
blancs sud-africains vis-à-vis des noirs. Les sondages montrent que
pour beaucoup d'Israéliens, l'Arabe est « sale », « primitif »,
»violent », sans considération pour la vie humaine.

Sharon a fait entrer dans ses gouvernements des hommes appelant
ouvertement au nettoyage ethnique, avec des mesures qui dépasseraient
nettement les déplacements forcés de populations auxquels se livra le
régime d'apartheid. L'un de ces hommes était le ministre du Tourisme
Rehavam Ze'evi, avocat du « transfert » des Arabes hors d'Israël et
des territoires occupés. Même la presse israélienne le qualifait
ouvertement de raciste. Ze'evi fut abattu en 2001 par des
Palestiniens, qui déclarèrent que la politique de cette homme en
faisait une cible légitime.

Mais les opinions de Ze'evi ne sont pas mortes avec sa personne. Un
député influent du parti Likoud, Uzi Cohen, a déclaré qu'Israël et ses
alliés occidentaux devraient éxiger qu'une partie de la Jordanie soit
détachée de ce royaume, et érigée en Etat palestinien, dans lequel les
Arabes des territoires occupés auraient 20 ans pour émigrer «
volontairement ». « Au cas où ils ne partiraient pas, il faudrait
envisager leur expulsion par la force », ajouta Cohen. Uzi Cohen est
l'un des 70 parlementaires qui ont déposé une proposition de loi
tendant à l'instauration d'une « Journée nationale du souvenir » de
Rehavam Ze'evi, et la création d'une institution destinée à perpétuer
son « message ».

En 2001, Uzi Landau fut nommé par Sharon ministre de la sécurité, une
fonction dont il profita pour proposer, ouvertement, la déportation
des Palestiniens vers la Jordanie, parce qu'ils étaient un obstacle à
l'expansion d'Israël en Cisjordanie.

Sharon ne s'opposait que rarement à de tels discours, et, quand il le
faisait, ce n'était pas pour en condamner le racisme ou l'immoralité.
Une fois, Sharon répondit à des membres de son parti, le Likoud, qui
le pressaient de déporter les Palestiniens, qu'il ne pouvait pas le
faire, « car la situation internationale ne serait pas porteuse ».

« On a toujours eu des fanatiques parlant du Grand Israël », commente
Krausz, le survivant du génocide, toujours à Johannesbourg. « Il y a
des cinglés qui disent qu'il est écrit dans la Bible que cette terre
est à nous, que Dieu nous l'a donnée. Pour moi, c'est du fascisme ».

Dépossession coloniale

Yossi Sarid, un député israélien de gauche, s'exprimait dans les
termes suivants, à propos d'un ministre qui réclamait le départ forcé
des Arabes : « Ses propos me rappellent ceux tenus sur d'autres
peuples, dans d'autres pays, et qui ont abouti à l'anéantissement de
millions de Juifs ». Ils rappellent aussi ceux de PW Botha, un homme
qui accèderait ultérieurement à la présidence de l'Afrique du Sud. En
1964, alors qu'il était ministre chargé des « Affaires des gens de
couleur », Botha dit : « je suis de ceux qu'il n'y a pas de zone de
résidence permanente, ne serait-ce que pour une partie seulement des
Bantous, dans la zone blanche de l'Afrique du Sud : cette question est
cruciale pour l'avenir de l'Afrique du Sud. Si nous acceptons le
principe d'une résidence permanente de l'homme noir en zone blanche,
alors c'est le début de la fin de la civilisation que nous connaissons
dans ce pays ».
Il fut un temps où une grande partie des Israéliens partageaient les
vues d'un Ze'evi, ou celles d'un Cohen. Mais au cours des dix
dernières années, beaucoup ont accepté le projet de création d'un Etat
palestinien, en tant que moyen pour s'affranchir de la responsabilité
du sort de la majorité des Arabes. Séparation. Apartheid.

Sauf que l'apartheid sud-africain était autre chose qu'une simple
séparation. « L'apartheid était une question de territoire », analyse
John Dugard, avocat sud-africain et expert des Nations-Unies pour les
droits de l'homme. « Avec l'apartheid, le projet était de garder pour
les blancs les meilleurs terres du pays, et d'envoyer les noirs dans
les parties les moins habitables, les moins attractives du pays. Et on
peut voir ce phénomène tout le temps, ici dans les territoires
palestiniens occupés, en particulier maintenant avec le mur, qui
représente vraiment un vol de la terre. On voit les Palestiniens
dépossédés de leurs maisons par des bulldozers. On peut établir
certains parallèles avec la situation sud-africaine, puisqu'aux plus
jours de l'apartheid, les déplacements de populations se traduisirent
aussi par des démolitions. Mais pas à la même échelle que ce que l'on
a vu à Gaza et en Cisjordanie ».

Arthur Goldreich est réticent avec ce genre de comparaisons. «
L'analogie semble fondée, tentante même. Personnellement, j'ai
longtemps été très réticent, et je le reste, pour recourir à cette
analogie, parce que je pense qu'elle a quelque chose de trop commode.
Cela ne m'empêche pas de penser qu'il y a des ressemblances frappantes
entre toutes les formes de discrimination raciale », explique-t-il.

« Il nous est possible de décrire chaque bantoustanisme auquel nous
assistons à travers ses politiques d'occupation et de séparation :
chacune d'entre elles a son vocabulaire et ses propres implications,
et il n'est pas nécessaire de chercher des exemples extérieurs pour
les trouver », poursuit-il.

Kasrils est du même avis. « Oui, il y a des parallèles énormes avec
l'apartheid sur-africain, mais l'inconvénient, quand on fait la
comparaison, c'est que cela nous éloigne du contexte local », dit-il.
« Il serait préférable d'avoir une autre définition. Moi, j'ai été
frappé par le phénomène de dépossession, de dépossession coloniale.
Historiquement, la plupart des dépossessions, au fil des siècles, se
firent avec des colons, et des déplacements forcés de populations. En
Afrique du Sud, ce fut un processus qui s'étala sur 300 ans. Ici,
c'est ramené à 50 ans : 1948, 1967, et aujourd'hui, en termes
d'élévation de la pression militaire en Cisjordanie et à Gaza
conduisant au mur, que je n'appelle pas un mur de sécurité, mais un
mur de dépossession ».

Hirsh Goodman est quelqu'un qui a émigré en Israël il y a trente ans,
après avoir effectué son service militaire dans l'armée sud-africaine.
Son fils, inversement, est allé en Afrique du Sud après avoir fait son
service dans l'armée israélienne. « L'armée l'a envoyé dans les
territoires occupés, et il a dit qu'il ne pardonnerait jamais à son
pays de l'avoir forcé à faire ce qu'il a fait », dit son père,
spécialiste d'affaires de « sécurité » à l'université de Tel-Aviv.
Pour Goodman, Israël a pas mal de comptes à rendre, mais il est
outrancier de parler d'apartheid. « Si Israël retient les territoires
occupés, il cesse d'être une démocratie, et en sens, c'est de
l'apartheid parce que cela revient à avoir deux catégories de
citoyens, et créée une législation à deux vitesses, ce qu'était
l'apartheid. Avec des normes différentes pour l'accès à l'éducation, à
la santé, ou à l'allocation des dépenses collectives. Mais vous ne
pouvez pas dire que c'est un Etat d'apartheid quand 76% des gens
déclarent vouloir un accord avec les Palestiniens. Oui, il y a de la
discrimination à l'encontre des Arabes, des Ethiopiens, et d'autres,
mais ce n'est pas une société raciste. Colonialisme, oui, apartheid,
non. Ce mot d'apartheid veut dire beaucoup pour moi. Alors je déteste
qu'on en abuse ».
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