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 L’interview de Mikis Theodorakis dans le journal israélien H

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mihou
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mihou


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L’interview de Mikis Theodorakis dans le journal israélien H Empty
04122005
MessageL’interview de Mikis Theodorakis dans le journal israélien H

L’interview de Mikis Theodorakis dans le journal israélien Haaretz du 22 août
2004 http://fr.mikis-theodorakis.net/index.php/article/articleview/408/1/13/

Le problème juif selon Theodorakis
par Ari Shavit
ATHÈNES – Vingt-quatre heures avant l’ouverture des Jeux Olympiques de 2004,
nous sommes assis sur le toit-terrasse de son appartement. L’Acropole plane
au-dessus de nous. Un dirigeable blanc et souple de la sécurité survole
l’Acropole. Et quand le soleil brûlant d’août a disparu à l’Ouest, quand
l’orchestre a commencé à jouer, quand la torche olympique était sur le point
d’arriver, Mikis Theodorakis a placé sa main sur la mienne. Et a dit: “Regardez,
comme c’est beau. Regardez, comme c’est beau. C’est exactement comme Goethe l’a
écrit: elle est comme de la musique gelée, l’Acropole. Elle domine tout Athènes
comme de la musique gelée.”
Plus tard, il a parlé de sa musique. Comment sa musique lui vient. Il entend
des notes dans son sommeil. Il allume et met les notes sur un bout de papier. Il
éteint la lumière et se remet à dormir, jusqu’à ce que davantage de notes encore
le réveillent. De sorte que vers le matin, il se lève et recueille la pile de
papiers de la nuit. Et quand la silhouette de l’Acropole émerge de l’obscurité,
il s’assied à son bureau et essaie de comprendre l’élément essentiel. L’idée
dominante. Et il se vérifie au piano à queue. Lentement mais sûrement, il
découpe la forme appropriée du chaos. La structure musicale qui demeurera.
“Je suis proche de l’esprit allemand, dit Theodorakis. Très romantique, mais
très discipliné. Aspiré totalement vers le haut dans de grands sentiments, mais
assidu et ordonné. J’admire Beethoven et Wagner, mais j’ai des réserves au sujet
de Schoenberg. Je ne crois pas en une musique intellectuelle. Je ne crois pas en
ce qui est coupé du mythe, de la religion, de la douleur humaine. De la douleur
terrible de la mort.”
Pense-t-il beaucoup à la mort? Chaque jour. Chaque jour. Seulement quand il
est plongé dans sa musique, il se sent immortel. Mais il ne se leurre pas. Il
célèbre cette vie-ci, parce qu’au-delà d’elle il n’y en a pas d’autre. Et ces
dernières années, la trahison de son corps l’afflige. L’insulte. Toute sa vie il
était si fort, et soudain, il a besoin d’une canne pour marcher. Soudain il doit
s’appuyer sur moi quand il se lève lentement de sa chaise. Il est toujours très
grand. Il a aussi toujours sa crinière de cheveux. Un peu plus clairsemée, plus
grise, mais elle est toujours là. Et dans ses yeux le reflet espiègle d’un jeune
garçon. L’humeur auto-dévastateur. Et le fort désir de tirer profit de chaque
moment. De chaque pensée. De chaque chose qui vit. Même son grand amour des
femmes refuse de mourir. “Elles sont si belles, vos femmes, me murmure
Theodorakis. Comme dans la Bible. Coulant avec du lait et du miel.”

Les racines du mal
M. Theodorakis, le 4 novembre 2003 vous avez dit dans cette maison des
paroles qui ont choqué les Juifs et les non-Juifs à travers le monde. Vous avez
dit que le peuple juif était à la racine du mal. Qu’avez-vous voulu dire?
Pour moi, la racine du mal aujourd’hui est la politique du Président Bush.
C’est une politique fasciste. Je ne peux pas comprendre comment il se fait que
les Juifs, qui ont été les victimes du nazisme, puissent soutenir une politique
aussi fasciste. Personne dans le monde ne soutient cette politique, à
l’exception d’Israël! Cette situation m’attriste. Je suis un ami d’Israël. Je
suis un ami du peuple juif. Mais la politique de Sharon et le soutien de la
politique de Bush obscurcissent l’image d’Israël. J’ai peur que Sharon ne
conduise les Juifs – exactement comme Hitler l’a fait avec les Allemands – à la
racine du mal.

Même aujourd’hui, dix mois plus tard, ne pensez-vous pas avoir commis une
erreur, en disant ces mots?
Non, mais il est important pour moi de souligner que je n’ai jamais dit que
les Juifs sont la racine du mal. J’ai dit qu’ils sont à la racine du mal.

Ainsi vous n’avez aucun regret?
Non. Et j’ai été très blessé par la réaction juive à ce que j’ai dit. Ce
n’était pas une réaction civilisée. J’ai reçu des centaines et des centaines
d’e-mails empoisonnés de Juifs de partout au monde. Je ne pouvais pas comprendre
cette haine envers moi. J’ai combattu toute ma vie le racisme. J’étais pour
Israël. J’ai composé Mauthausen. Après tout cela, comment aurais-je pu devenir
d’un jour à l’autre un anti-sémite?

Laissez-moi vous expliquer le contexte de cette réaction. Beaucoup de Juifs
ont une nouvelle crainte de l’Europe. Nous avons peur qu’il y ait un nouveau
genre d’anti-sémitisme en Europe. Ainsi quand vous avez dit ce que vous avez
dit, il y avait un sentiment de “Toi aussi, Brutus”. Il y avait un sentiment que
même notre vieil ami Theodorakis s’était retourné contre nous.
Je ne crois pas qu’il y ait de l’anti-sémitisme en Europe. Il y a une réaction
contre la politique de Sharon et de Bush. Je pense qu’il est artificiel de
penser qu’il y ait un nouvel anti-sémitisme. C’est une excuse. C’est une manière
d’éviter l’autocritique. Plutôt que de se demander ce qui est erroné dans la
politique d’Israël, les Juifs disent que les Européens sont contre nous en
raison du nouvel anti-sémitisme. Puisqu’ils ne nous aiment pas. Et même
Theodorakis indique que nous sommes à la racine du mal. C’est une réaction
maladive.

Pourquoi? De quelle manière est-ce une réaction maladive?
Parce que ce genre de réaction est approprié à la psychopathologie des Juifs.
Ils veulent se sentir en victimes. Ils veulent avoir ce sentiment de réconfort.
Nous sommes dans le droit, nous sommes encore des victimes. Créons un autre
ghetto. C’est une réaction masochiste.

Les Juifs sont-ils des masochistes?
Il y a un masochisme psychologique dans la tradition juive.

Y a-t-il aussi du sadisme?
Je suis certain que, quand les Juifs de la Diaspora parlent entre eux, ils se
sentent satisfaits. Ils estiment: “Maintenant que nous sommes ainsi près de la
plus grande puissance du monde, personne ne peut plus rien nous faire. Nous
pouvons faire ce que nous aimons. C’est pourquoi la protestation contre un
nouvel anti-sémitisme est non seulement une réaction maladive, c’est aussi une
réaction futée.”




De quelle manière est-elle futée?
Puisque, effectivement, elle permet aux Juifs de faire ce qu’ils veulent. Non
seulement psychologiquement, mais également politiquement, elle donne aux Juifs
une excuse. Le sens de la victimisation. Elle leur donne la licence de cacher la
vérité. Il n’y a pas de problème juif en Europe aujourd’hui. Il n’y a pas
d’anti-sémitisme.

Histoires d’enfance

Allons un peu plus en profondeur. Partons en arrière dans le temps. Quand vous
étiez enfant, avant l’Holocauste, quelles étaient vos impressions des Juifs?
Les Juifs de Grèce n’étaient pas différents des Grecs. Ils étaient entièrement
Grecs. Ils ont aimé leur travail et ont aimé leur famille. À l’école, ils
étaient les meilleurs. De bons amis, de bons voisins. Aucun problème.

Mais il doit y avoir eu quelque chose de problématique aussi. Ils étaient
autres. Ils étaient différents.
Les Juifs étaient pittoresques. Je me rappelle que pour les vieilles femmes, les
Juifs étaient ceux qui avaient crucifié le Christ! En 1932, j’étais à Ioannina.
Il y avait là une très grande communauté juive. J’ai joué avec les garçons juifs
tout le temps. Ma grand-mère était très religieuse. Elle a eu une chambre pleine
d’icônes. Elle chantait des psaumes. Beaucoup de ma musique a été influencé par
ses chants religieux. Et je me rappelle qu’au printemps elle me dit: “Maintenant
que c’est Pâques, ne va pas dans le quartier juif. Puisque pendant Pâques, les
Juifs mettent les garçons chrétiens dans un baril avec des couteaux à
l’intérieur. Après ils boivent leur sang.”

Cette histoire s’est-elle imprégnée dans votre jeune esprit?
C’était une image très forte. Des années plus tard, avant que je ne sois
devenu communiste, j’étais membre d’un mouvement fasciste de jeunesse. C’était
un mouvement soutenu par l’État pendant la dictature d’Ioannis Metaxas. Nous
avons parcouru les rues en uniforme et crié heil tout le temps. C’était un peu
comme la jeunesse hitlérienne, mais en comique. Un jour, ils m’ont donné une
tâche, parler le lendemain sur le communisme. Je suis allé à la maison et j’ai
demandé à ma mère ce qu’était le communisme. Elle m’a dit qu’elle ne le savait
pas, mais qu’elle pensait que c’était quelque chose de mal. Quel genre de mal,
ai-je demandé. Comme les Juifs, a-t-elle dit. Aussi lui ai-je demandé si les
communistes mettaient également des petits garçons dans les barils avec des
couteaux et buvaient leur sang. Qu’est-ce que je veux dire en racontant tout
ceci? Que ces choses existent. Je ne m’en rendais pas compte avant, mais
maintenant, suite à vos questions, je le réalise.

Seriez-vous d’accord avec moi pour dire que pour l’Europe chrétienne les Juifs
ne sont pas simplement un autre peuple. Les Juifs ont un rôle unique sur la
scène intérieure de l’esprit européen.
Je ne sais pas pour l’Europe. Différent de la Grèce. Une religion différente,
une culture différente. Nous n’avons pas de dogmes religieux. Nous ne sommes pas
fanatiques.


Pensez-vous que les Juifs soient fanatiques?
Quelque chose qui est très négatif peut également être positif. Si les Juifs
n’avaient pas le fanatisme, ils n’auraient pas existé. Il n’y a pas de mal sans
bien. Les Juifs ont besoin de ce fanatisme. Ce que l’on pourrait appeler le
fanatisme juif a plus à faire avec de l’autodéfense. C’est par leur religion que
des Juifs ont été liés ensemble et ont tenu ensemble.

Vous semblez fasciné par les Juifs. Pourquoi?
Parce qu’il s’agit d’une communauté qui brave les dangers et reste fidèle à
ses origines – c’est un mystère. Regardez en France, par exemple. Il y a une
grande communauté juive en France qui est une grande civilisation. Mais est-ce
que les Juifs sont devenus Français? Non. Ils parlent parfaitement la langue
française. Ils réussissent professionnellement. Mais ils ne sont pas Français.
Ils pensent toujours retourner à Jérusalem.

Est-ce qu’il y a donc quelque chose d’unique concernant la manière de vivre
juive?
C’est un phénomène métaphysique. Il ne peut pas être expliqué.

À votre avis, qu’est-ce qui nous unit, nous les Juifs?
C’est le sentiment que vous êtes les enfants de Dieu. Que vous êtes les élus.

Pensez-vous que les Juifs aient un sentiment de supériorité en raison de ce
rapport intime avec Dieu?
Il y a cet élément aussi. Tous les Juifs ne l’ont pas. Mais les Juifs très
religieux.

Est-ce qu’il y a quelque chose d’un peu arrogant et agressif chez les Juifs?
Oui.

Est-ce que vous voyez dans l’Israël de Sharon l’expression d’un élément de la
psychè juive?
Non, je ne dirais pas ça. Mais cette question de la supériorité n’est pas
simplement un sentiment. Parce dans la lutte des Juifs pour leur autodéfense ils
se sont distingués. Il y a deux cents Juifs qui ont gagné des prix Nobel. Le
Christ, Marx et Einstein étaient des Juifs. Les Juifs ont apporté tellement à la
science, à l’art et à la musique. Ils ont la finance mondiale entre leurs mains.
Il est donc juste et naturel qu’ils se perçoivent comme très forts. Cela leur
donne une impression de supériorité.

Les Juifs ont la finance internationale entre leurs mains?
Ils contrôlent une grande partie des finances mondiales.

Donc le capitalisme mondialisé d’aujourd’hui est contrôlé très largement par les
Juifs?
Puisque nous parlons franchement, je vais vous dire quelque chose d’autre. Les
Juifs contrôlent la plupart des grands orchestres symphoniques du monde. Quand
j’ai écrit l’hymne national palestinien, l’Orchestre symphonique de Boston
projetait une production de mon œuvre. Cet orchestre est contrôlé par des Juifs.
Ils n’ont pas permis que le concert se fasse. Depuis lors je ne peux travailler
avec aucun grand orchestre. Ils me refusent.

Vous avez connu ce problème avec d’autres orchestres aussi?
Partout où il y a des Juifs. Partout où il y a des orchestres contrôlés par
des Juifs, on boycotte mon œuvre.

Vous avez vraiment l’impression que les Juifs contrôlent largement la musique
mondiale?
Oui.
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