Des descendants d’esclaves vont attaquer la Lloyds

Des descendants d’esclaves vont attaquer la Lloyds

L’avocat américain Edward Fagan va prendre en charge le dossier de dix plaignants. Il affirme qu’en assurant les bateaux transportant les esclaves, la Lloyds, une des plus prestigieuses compagnies d’assurance britannique a joué un rôle significatif dans le commerce des esclaves.

Les plaignants américains ont fourni des échantillons d’ADN qui d’après eux prouvent que certains des esclaves qui ont embarqué dans des bateaux assurés par la Lloyds étaient leurs ancêtres. Edward Fagan a déjà réussi à faire obtenir plus d’un milliard de dollars à des banques suisses au nom de victimes du nazisme et s’occupe également d’un cas concernant le rôle de certaines entreprises lors de l’époque de l’Apartheid en Afrique du Sud.

Selon lui, la Lloyds savait que son action entraînait la destruction de population indigène. "Ils ont pris des gens, les ont mis sur des bateaux et annihilé leur identité." Il ajoute que "le fait que les événements aient eu lieu il y a plusieurs siècles ne change rien à l’affaire." "Pourquoi devrait-on dire que les événements sont trop anciens pour que les Noirs aient droit à des compensations et à des dommages et intérêts alors que tous les autres groupes de personnes qui ont été victimes de faits semblables ont perçu des dommages et intérêts ?"

La Lloyds a été fondée au 17ème siècle par l’anglais Edward Lloyd. Elle a assuré les marchands d’esclaves qui transportaient des esclaves entre l’Afrique, les Amériques et les Caraïbes à une époque où le transport maritime n’était pas des plus surs (les bateaux coulaient ou étaient attaqués par des pirates).



© the-birth-of-a-king.com



Une des plaignantes Deadria Farmer-Paellman a déclaré qu’à cause du commerce des esclaves, elle n’avait plus d’identité : "aujourd’hui je souffre du fait de ne pas savoir qui je suis, n’ayant pas de nationalité ou de groupe ethnique à cause des actes commis par les esclavagistes". L’affaire a été bien accueillie par les avocats britanniques. L’avocat Lincoln Crawford a declaré que la demande des plaignants était d’une assez grande importance sur laquelle on ne pouvait pas faire l’impasse. "Il n’y a aucun doute que l’esclavage a été un crime contre l’humanité et pour un certain nombre de Noirs, les conséquences s’en font encore sentir aujourd’hui." Fraser Whitehaed, autre avocat, a lui ajouté qu’il ne s’agissait pas de créer une "culture de la compensation", mais de faire savoir aux personnes qui violent la loi qu’un jour, quelqu’un les attaquera pour ça. "La Llyods devrait prendre cette affaire au sérieux même si d’un point de vue juridique, elle a peu de chance de perdre."

Les plaignants devront prouver que les victimes ont le droit de connaître leur identité, que l’esclavage était un génocide, et que la Lloyds peut être tenue pour responsable de ces actions passées. Il devrait être difficile de prouver que la Lloyds a soutenu la déportation d’esclaves a encore dit Mr Whitehaed : "c’est un peu comme dire que le fabricant d’armes est responsable des crimes commis avec elles". Un porte-parole de la Lloyds a déclaré que la compagnie n’avait pas encore reçue la plainte et qu’elle n’était donc pas en position de commenter les faits.