Deux tribunaux nigériens ont requis six et trois mois de prison ferme respectivement contre deux journalistes poursuivis pour "diffamation" par de hauts responsables de l'Etat, a appris l'AFP mercredi de source judiciaire. Hamed Assaleh Raliou, directeur de la radio privée Sahara FM émettant à Agadez et correspondant de Radio France Internationale dans la zone, a comparu mardi devant le tribunal d'Agadez, à la suite d'une plainte du gouverneur de la région, Yahaya Yandaka. Il était poursuivi pour avoir fait état en juillet de "détournements", dans lesquels seraient impliquées des autorités locales, d'aides alimentaires destinées aux victimes de la famine qui a frappé le pays. Dans un reportage, le journaliste avait notamment évoqué un détournement d'aide à Ingal (ouest d'Agadez) par un député du parti au pouvoir qui, selon lui, aurait "distribué à ses seuls militants 90 tonnes de vivres au détriment des populations sinistrées". Le parquet a également requis 100.000 francs CFA (150 euros) d'amende, tandis que la partie civile a réclamé dix millions de FCFA (15.000 euros) de dommages et intérêts. Le jugement a été mis en délibéré au 20 décembre et Ahmed Assaleh Raliou laissé en liberté conditionnelle. Par ailleurs, le tribunal correctionnel de Niamey a requis le 23 novembre trois mois de prison ferme contre Salifou Abdul-Karim, directeur de l'hebdomadaire privé Le Visionnaire. Il est poursuivi suite à une plainte du Trésorier général du Niger, Siddo Elhadj, accusé dans un article de l'hebdomadaire d'avoir "détourné 17 milliards de FCFA" (près de 2,6 millions d'euros). Le jugement a été mis en délibéré au 2 décembre. Arrêté le 12 novembre, le journaliste a été inculpé et placé en détention provisoire.