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 Le Monde ECONOMIE DOSSIER Investissements étrangers

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mihou
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04112005
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Le Monde
Economie, mardi 27 septembre 2005, p. 3

Le Monde ECONOMIE DOSSIER Investissements étrangers : qui en profite ?
ANNE MIROUX, chef du service de l'analyse des investissements à la Cnuced « Il n'y a plus vraiment de limites aux délocalisations... »

Propos recueillis par Laurence Caramel

Vers quels pays se portent le plus les investissements directs étrangers (IDE) ?

Les pays industrialisés continuent d'absorber la majorité des IDE. Mais depuis le décollage des investissements transfrontaliers au début des années 1980, la part des pays en développement ne cesse de croître. Ils attirent aujourd'hui 40 % des flux contre 15 %, il y a vingt-cinq ans. Concrètement, ils recevaient environ 8 milliards de dollars d'IDE en 1980, aujourd'hui ils en reçoivent plus de 200.

La crise asiatique en 1997 n'a pas modifié cette tendance de fond. La concentration des IDE en Asie et, en particulier en Chine, n'a cessé de se confirmer. Deux tiers environ des IDE vers les pays en développement vont vers l'Asie. Cela ne veut pas dire que les autres continents ont été laissés en marge du mouvement, les IDE ont augmenté en Afrique subsaharienne, par exemple, mais à un rythme plus lent. L'écart est appelé à se creuser car si les possibilités d'investissement s'élargissent dans les pays émergents, ils restent concentrés sur l'exploitation des ressources naturelles en Afrique. Il n'y a plus vraiment de limites aux délocalisations. Les multinationales, après avoir transféré leur production, déplacent maintenant leurs activités de services y compris celles liées à la conceptualisation et à la recherche-développement. La libéralisation de l'économie mondiale ne leur donne pas d'autre choix pour rester compétitives.

Que recherchent avant tout les pays en développement en se lançant dans la course pour attirer les entreprises étrangères ?

Des capitaux bien sûr, même si les possibilités que peuvent offrir les IDE en termes d'emplois, de transferts de technologie ou d'accès aux marchés internationaux figurent aussi parmi les objectifs. Mais la concurrence que se livrent les Etats pour capter une part des IDE répond, avant tout, au besoin de trouver de l'argent pour financer leur développement. Pour nombre de ces pays, l'épargne intérieure est soit insuffisante, soit difficilement mobilisable.

On a oublié que la « mode » des IDE est née au lendemain de la crise de la dette pour compenser la baisse de l'aide publique au développement et le tarissement des prêts par les banques commerciales étrangères. Les IDE sont apparus comme une alternative et, de fait, ils représentent actuellement 50 % du financement extérieur des pays en développement contre 23 % en 1990. Mais chemin faisant, on a certainement eu trop vite tendance à confondre alternative et panacée. Les IDE ne sont qu'un moyen, ils ne peuvent être en soi un objectif, car l'intérêt des entreprises ne coïncide pas nécessairement avec celui des Etats. Certains pays en développement ont des difficultés à attirer les entreprises étrangères dans le secteur des infrastructures, alors que c'est là qu'existent de très gros besoins. Les mésaventures de plusieurs d'entre elles dans le secteur de l'eau ou de l'énergie en Amérique latine sont loin de rassurer - au moins pour le moment - les investisseurs potentiels.

Quelles sont les conditions nécessaires pour que les IDE soutiennent une stratégie de développement ?

C'est une évidence qui mérite d'être rappelée : il faut que les pays aient une politique de développement cohérente et disposent déjà d'un tissu économique, d'un cadre réglementaire et juridique qui permettent aux IDE de s'accrocher à une dynamique plus large. Il faut un Etat capable de collecter les impôts, de suivre l'activité des entreprises. Il faut des entreprises locales capables de tisser des liens commerciaux avec les entreprises étrangères, notamment par le biais de la sous-traitance. Sinon et c'est ce que l'on observe en Afrique subsaharienne, les entreprises étrangères créent des enclaves, fonctionnent de manière autonome et les retombées pour le pays d'accueil en termes d'emplois et d'activité restent très limitées.

Une récente étude de la Cnuced sur l'Afrique subsaharienne montre que, depuis plusieurs années, les rapatriements de bénéfices dépassent dans certains pays le total d'apport des IDE...

Confrontés à un besoin de capitaux, les gouvernements négligent le coût que peuvent induire les politiques d'incitations fiscales qu'ils proposent aux investisseurs étrangers. Mais l'Afrique est un cas à part. Le pouvoir de négociations des Etats face aux multinationales y est très faible. En Chine ou dans d'autres pays d'Asie, les avantages fiscaux ne sont pas, ou de moins en moins, un élément prépondérant des stratégies nationales d'attraction des IDE.

Justement comment analysez-vous les relations entre les multinationales et les pays d'accueil dans un contexte mondial où il n'existe aucun accord multilatéral permettant d'encadrer les pratiques ?

Il est intéressant de regarder la situation dans une perspective historique. A la fin des années 1970, les pays en développement étaient demandeurs d'un cadre qui leur permette de les aider à gérer cette relation. Le coup d'Etat du colonel Pinochet au Chili en 1973 et le rôle joué par les entreprises multinationales avaient alerté la communauté internationale sur l'expansion et le rôle des compagnies étrangères. Les Nations unies ont commencé à travailler sur un code de conduite des sociétés transnationales, qui aide à établir les droits et les devoirs des entreprises et des Etats. Il y était question, entre autres, du respect de la souveraineté nationale, des droits de l'homme, de la lutte contre la corruption... Les discussions ont duré jusqu'à la fin des années 1980 pour finalement capoter. Entre-temps, le rapport de forces entre les entreprises et les pays en développement s'était inversé au détriment des Etats en mal de financement.

Il n'existe aujourd'hui aucune règle multilatérale. Les relations d'investissement sont négociées entre Etats dans le cadre d'accords bilatéraux ou régionaux. Ces accords qui ont le plus souvent pour objet de créer un cadre stable pour les entreprises, d'anticiper de possibles conflits en protégeant les droits des investisseurs, ont d'ailleurs proliféré. On a vu aussi apparaître des codes de bonne conduite à l'usage des entreprises, comme les principes directeurs de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les chartes éthiques, adoptées par les multinationales, souvent sous la pression des organisations non gouvernementales (ONG) du Nord, ont également un champ d'application limité puisqu'elles répondent à des démarches volontaires et ne concernent que quelques acteurs.

Pourtant ce sont les pays en développement qui ont refusé d'engager des négociations multilatérales dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Oui, et la prolifération des accords évoquée précédemment rend la situation encore plus complexe. Dans le court terme, les perspectives d'un accord global demeurent incertaines. En outre, certains pays en développement se trouvent, à leur tour, confrontés au risque de délocalisations. Il ne leur suffit pas d'attirer les IDE, il faut aussi les retenir. Face à cette nécessité, les questions liées à l'impact des IDE sur l'emploi, la croissance, l'incidence des régimes dérogatoires accordées aux multinationales, sont toujours posées. Le danger est qu'elles restent secondaires.


Note(s) :

Anne Miroux

2004 Elle prend la direction de l'équipe qui publie le rapport annuel de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) sur l'investissement dans le monde.

1984 Economiste, diplômée de HEC, elle entre à la Cnuced et à travaille sur les flux internationaux de capitaux, puis s'occupe des renégociations de la dette au sein du Club de Paris.

1979 Au sein du Centre des Nations unies sur les sociétés transnationales basé à New York, elle participe aux négociations sur le Code de conduite sur les sociétés transnationales.
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