Pourquoi Calixthe Beyala n'est pas ma tasse de thé
Par BlackPanther, jeudi 3 août 2006 à 21:17 :: Général :: #1256 :: rss
Ce texte est en réaction à un article récent du Point (http://www.piankhy.com/modules/news/article.php?storyid=34) - vous savez ce magazine qui va suivre des délinquants, en recherchant bien entendu des Noirs de préférence, pour ensuite venir démontrer que les délinquants nègres sont violents et qu’ils participent d’un plan de communautarisation de plus en plus visible des Noirs - qui prétendait que les raisons de la discorde entre Beyala et les « afrocentristes » (sic), et autres « noiristes » ( re sic ), venaient du fait qu’elle était mariée avec un Blanc et qu’elle était, elle, pour l’intégration, contrairement aux autres.
Il y a une propension assez fascinante chez les plumitifs pédants que compte la presse à vouloir expliquer aux Français ( comprenez, les seuls vrais, les Blancs ) comment fonctionne la « jungle noire ». On y a droit à chaque sortie de dossiers spéciaux sur « les Noirs de France » : comment raisonnent les Noirs, comment ils causent, quels sont leurs codes, leur langage secret etc. Il existe même des spécialistes « des Noirs » que l’on invite pour parler d’eux comme s’il s’agissait de babouins, ou quelque chose s’en approchant. Ce sont les Marie-Claude Bomsel (1)des Noirs, en somme.
Plus sérieusement, cet article n’est animé que par la méconnaissance totale de la « question noire » mais surtout par la paresse intellectuelle inhérente à toutes ces élites bobos et ultra-républicaines qui veulent élire les bons Noirs selon leur convenance mais sans faire l’effort de s’intéresser réellement aux débats intellectuels en cours pour mieux les comprendre.
Calixthe Beyala a été la première, dès les années 90, à coloniser les plateaux de télévision pour se justifier de sa préférence pour les Blancs, par rejet du nègre africain qui est sauvage, misogyne, brutal etc. Cela s’est passé dans une émission « spécial couples mixtes » dont il faudrait retrouver les bandes pour se rendre compte de la violence de la charge devant une Mireille Dumas médusée au point de lui demander si elle n’en faisait pas un peu trop sur les Africains.
Quelle est donc cette idée de considérer que les Noirs ne peuvent pas avoir des débats -même polémiques - comme il en existe partout ailleurs sans que des routards fantaisistes s’évertuent à croire qu’ils ont leur fraise à ramener pour distribuer des satisfecit à tout bout de champ sur des sujets dont ils ne comprennent décidément rien ? Qu’est-ce que Sophie Coignard connaît des débats sur ces questions pour se permettre de les caricaturer en des termes aussi réducteurs ? La médiocrité serait le propre des Noirs au point où lorsqu’un débat de fond s’engage, la Bienveillance se presse de faire des clans de « bons petits noirs » et de « méchants noirs » pour diaboliser ceux qui ne pensent pas comme il faut ?
Je reviens très très rapidement sur cette duperie de la « quête du désir non-assumé » que d’aucuns se plaisent à transformer en « morale à centration racialisante » pour mieux refouler le réel et lui substituer un mythe plus apte à flatter l’ego. Très rapidement, car j’en ai déjà parlé longuement dans la partie 2 de mon article sur Frantz Fanon et que c’est un des « gros » thèmes de mon essai.
Mais il faut le dire clairement : si Calixthe Beyala n’a que des amants blancs, elle doit assumer le fait qu’elle les a pour des raisons purement liées à des choix préférentiels amoureux bien orientés et pas parce qu'elle est tolérante ou ouverte. Une fois qu’elle aura assumé comme une grande ses inclinations purement égoïstes - comme elles le sont déjà universellement -, elle comprendra le ridicule de vouloir vendre ces choix amoureux comme autant de « symboles » relevant d'une haute moralité.
Il faut rappeler que c’est bien C. Beyala qui est l’auteur d’une phrase intelligente comme : « (…) dans un futur plus ou moins lointain, dans un couple mixte, tous les êtres humains seront des métis, que l'on le veuille ou pas, et peut-être grâce à ces gens-là trouverons-nous des solutions aux haines, au rejet de l'autre ». Il est remarquable que cette douce niaiserie, que l’on croirait sortie du cerveau d’une pré-adolescente de 10 ans, s’est vérifiée durant l’esclavage dans les colonies françaises : les mulâtres, ces métis de Blancs et d’esclaves noires, qui matraquaient et réprimaient les Noirs au moindre ordre des colons blancs et se faisaient simultanément les opposants des valeurs républicaines qui ne leur permettaient plus de poursuivre la saignée des esclaves noirs dont ils étaient propriétaires, étaient la preuve du refus du rejet de l’autre et des haines. N’est-ce pas ?
Des limites de la démagogie qui veut faire croire que la qualité d’âme de l’Homme se fonde d’abord par rapport à sa « non-pureté raciale » (inné) et non pas à sa propre expérience ( acquis). Consternant !
Cette naturalisation des choix amoureux ( « puisque mon mari est blanc, donc j’affirme que je suis pour le métissage des races » ) est d’une sottise qui ne résiste à aucune démonstration. En quoi cette naturalisation est-elle inepte et hypocrite ? Il suffit juste de poser cette équation : si la forme que prend les choix amoureux de Calixthe Beyala est « métissage », comment appeler, dans la même dialectique, la forme des choix amoureux de Jacques Chirac ou de n’importe quel Blanc amoureux d’une Blanche ? Est-ce que Jacques Chirac protège une race, un acquis biologique en épousant Bernadette, par opposition à tous ces nouveaux « brasseurs de race » ? Et en quoi son couple est-il moins sincère ? Est-ce que les millions de Français blancs mariés à des Françaises blanches peuvent être réduits à des « Blancs qui pérennisent l’originalité de la race blanche » ? Idem pour les Noirs mariés à des Noirs ? Bien sûr que non car l’on entrerait ici dans les abysses de la stupidité raciologique.
Et les questions qui viennent naturellement sont :
Pourquoi accepte-t-on la naturalisation du premier couple en le réduisant entièrement à sa « dimension raciale » alors que cette même naturalisation serait un scandale pour les autres ? Et depuis quand choisit-on ses conquêtes pour changer le monde ou le colorer alors que ce choix représente avant tout la survalorisation de ses propres attraits qui tiennent lieu de rapport dans la conquête de l’autre ? En quoi ce qui serait universel et valable pour les uns échapperait-il aux autres ? De qui se moque-t-on ?
En clair, on désire l’autre pour soi et rien d’autre. Les balivernes à dimension humanitaro-morale où l’on évoque, pêle-mêle, la « paix dans le monde », l’ « amélioration des rapports entre les races » ou, pire encore, la « richesse culturelle » sont des arguties d’ambitieux escrocs à la petite semaine ne cherchant qu’à attirer l’attention de ceux qu’ils rêvent de voir s’intéresser à eux. Tout ce que désirent ces roublards plein de faux principes c’est leur petite place dans l’aristocratie de la bien-pensance. Le métissage-alibi n’est que l’instrument permettant de refouler leurs obsessions névrotiques par le biais d’un symbole qui se conjugue avec la « tolérance », le partage, la richesse culturelle et l’ouverture à autrui. L’aristocratie, vous dit-on ! Si ce n’était aussi pathétique, on en rirait presque.
Beyala préfère donc les Blancs comme d’autres préfèrent les Noirs, les typés, les Asiatiques. En clair, il n’y a absolument rien de morale ici ni de « tolérant ». Rien que de la consommation du désir. Cherchez à intellectualiser ou moraliser cette banale et triviale réalité est le drame de notre époque.
Mais les Noirs et les Noires, parmi lesquels se trouvent les plus grands aliénés de la terre, préfèrent souvent faire appel au métissage constitué en valeur morale plutôt que de reconnaître leur attirance, surtout quand c'est par rapport aux Blancs : le fanstame honteux pour certains d'entre eux. D'où la propension de tout faire pour orienter la causalité de ses choix vers des valeurs altruistes. Le métissage, une valeur morale ? Ce n’est que l’action des différentes compénétrations ethno-tribalo-culturelles, telles que le monde en a connu depuis qu’il est monde. Qu’est-ce que la morale vient faire dans ce bazar ?
Pourquoi Calixthe Beyala ne nous donne-t-elle pas son avis sur la question des rapports hommes-femmes qui provoquent son aigreur, et qui serait plus intéressant à analyser ? Pourquoi, au lieu de vomir sur les Noirs, ne nous dit-elle pas ce qui cloche en faisant une vraie analyse sociologique de la manière dont CERTAINS noirs peuvent être amenés à traiter les femmes noires ?
La raison est que Calixthe Beyala, tout comme une autre journaliste camerouno-lepeniste connue, est dans une stratégie de rupture. C’est à dire qu’à aucun moment son désir n’est d’expliquer et d’étayer pour guérir le mal. Non. Elle veut éructer son poison pour justifier sa propre petitesse et essayer ainsi de la rationaliser aux yeux des autres : « voilà pourquoi je n’aime pas ces gens » et de s’entendre dire « ah oui, vous avez raison à ce niveau » par les mêmes hypocrites qui, si l'auteur de ces propos avait été blanc et de droite, aurait organisé un concert de charité pour les victimes du racisme en demandant l'intervention du président de la République. Et encore... on aurait trouvé des gens pour dire que ce qui est reproché au fautif est d'être blanc.
Voilà la grande différence. C’est là où la position de gens comme Calixthe Beyala ne résiste pas à la logique rationnelle. Les Noirs sont comme tous les autres : ils acceptent la critique mais ne permettent pas qu’on leur crache à la gueule juste pour cautionner ses choix.
Les gens vraiment « conscients » dénoncent les maux qui pourrissent le contrat social et leur rapport avec les autres afro-descendants afin d’ y remédier, permettre le débat, l’échange, la compréhension et trouver des réponses adaptées à ces problématiques. Ils cherchent avant tout à détruire les stéréotypes dans le sens où, leur image leur appartenant, c'est à eux de la modifier d'abord pour eux car il n'y a rien de pire qu'une entité groupale qui a une mauvaise image d'elle-même.
Les instrumentalisations idéologisées du métissage sont le fait d'obsédés de la « conquête de l'Autre » qui n'assument pas d'être des gens éprouvant bêtement du désir, car cela en fait des gens normaux. Or ceci n'est pas très gratifiant pour leur ego. Le must est de travestir leurs sentiments afin de capitaliser sur le pathos que constituent les questions à dimension raciale : être le mari d'une Africaine qui rêve du Blanc mythique c'est quand même moins classe que d'être un couple qui est l'avant-garde du monde métissé qui se profile.
Cela donne surtout des situations assez burlesques : Calixthe Beyala, qui abhorre les Africains, vante dans le même élan de son mépris pour eux, le métissage. D'une certaine manière, ces valeurs sous-tendent que des Blancs et des Blanches consomment ce qu'elle se tue à présenter comme non-désirable. Mais si ces Africains ont tous les défauts, pourquoi ce qu'elle rejette, elle, serait tout d'un coup consommable pour les autres au nom du métissage ? Elle évoque la cessation du rejet de l'Autre ? Mais ce n'est pas ce qu'elle incarne elle-même avec ses propos ? Et pourquoi ce qu'elle professe serait-il valable pour tout le monde sauf pour elle ? Pourquoi aurait-elle le droit de stigmatiser une catégorie de gens et que ce droit serait refusé aux autres ?
Les auto-phobes démissionnaires qui méprisent le Noir et qui ne sont que des victimes d’une « imposition culturelle » ( cf. Fanon ) qui les dévore au point de déterminer à leur place la couleur du bonhomme ou de la bonne femme qui doit aller dans leur lit, eux, ne sont absolument pas dans cette optique de disloquation des stéréotypes qui les écrasent. Ils désirent fuirent leur vêtement noir, mais sans l'avouer aux yeux du monde.
Calixthe Beyala se met elle-même dans une logique de rupture et on s’étonne qu’elle se fasse torpiller ? Tant pis pour elle. Et le fait que son mari soit blanc ne fait de l’effet que chez les cerveaux étriqués de quelques « papa boina ». Depuis quand les idées des individus sont respectables au motif que leur mari est blanc ?
© Kahm Piankhy - Texte libre d'utilisation, conditionné par la citation de la source - juillet 2006
Texte repris avec autorisation de Kahm Piankhy
Source : www.Piankhy.com
1° Marie-Claude Bomsel est docteur vétérinaire à la ménagerie du Jardin des plantes et professeur au Muséum national d’histoire naturelle et a tenu des rubriques dans plusieurs émissions où elle venait parler des comportements, de la vie ou de la sexualité des animaux.
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Commentaires
1. Le vendredi 4 août 2006 à 00:39, par new-bell
hahaha...calixthe beyala. tu as chaud. tu as trouve ta part. mais....vraiment...l'histoire d'alienation-la est vraie!! piankhy, tu ne sais pas que iman avait declare la mm chose a la presse "dans un futur proche la planete sera totalement metissee". je ne sais pas ce que les gens-la fument, mais c'est un truc fort. ou c'est les souvenirs de son enfance misereuse a new-bell qui la derangent? beyala, dis-que tu aimes ton mari, et tais-toi. parceque...on peut meme faire comme ca et la femme-la n'aime pas son mari. si elle raconte ce genre d'inepties, vrai-vrai elle cherche la justification de son mariage. mais personne ne te condamne ou te juge, mama. qq t'a reproche d'avoir epouse un blanc? pourquoi tu cherches a te justifier? plusieurs noirs s'enferment ds ces unions inter-raciales pas par amour, mais pour je ne sais quelle raison. le colonialisme-la nous a fait du mal -deh!
piankhy, tres bel article. tu sauves la vie de centaines de personnes qui se regarderont devant la glace et reevalueront leur choix et leurs croyances.
beyala, un jour tu auras honte si tu n'as pas deja honte.je connais des dizaines comme toi qui ont fini par se retrouver ds des situations compliquees et bizarres parceque oblige(e)s de se prendre des amant(e)s...noir(e)s!!! beyala s'est construite sa prison elle-meme. kudos piankhy!!!!!!
2. Le vendredi 4 août 2006 à 07:52, par fille d 'afrique
je suis une haitienne mariée avec un camerounais depuis 1995 nous avons 4 très beaux enfants que nous éduquons dans le respect d'eux mème et de l'autre et surtout de leur culture AFRO.
N'en déplaise à Mme BEYALA je n'ai absolument aucun problème avec l'homme NOIR qui comme tous les hommes de la terre ont des défauts (d'ailleurs les femmes sont elles parfaites?)
Le métissage ne pourra jamais réglé le problème de fond qui est le non RESPECT de l'HOMME Noir dans ce monde.
Par ailleurs le Metis ne pourra trouver un réel équilibre que le jour ou l'équilibre NOIR BLANC sera rétabli.
Quand je dis Noir je parle de l'HOmme africain car l'image des NOIRS du monde entier dépend de celle de l'AFRICAIN.
Mar 12 Déc - 6:39 par mihou