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 la France confrontée à la face cachée de son histoire

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mihou
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mihou


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02112006
Messagela France confrontée à la face cachée de son histoire

Esclavage, colonisation, immigration : la France confrontée à la face cachée de son histoire



Par Tao David

Le débat actuel sur l’immigration a quelque chose de surréaliste. En effet, d’une part, tout se passe comme si la France et les politiciens français venaient subitement de se réveiller découvrant que la France est un pays d’immigration, un pays multiculturel et de melting-pot ; d’autre part, à écouter les promoteurs de la loi CESEDA, l’immigration serait le problème n°1 de la France. Le chômage, les déficits budgétaires, le trou de la Sécurité sociale, la perte de repères dans le système éducatif, l’impasse dans laquelle se trouvent les institutions sont tout simplement relégués au second plan par l’immigration. Cela est étonnant à plus d’un titre. Comment, en effet, trois à cinq millions d’immigrés ou de citoyens issus de l’immigration peuvent-ils empêcher à ce point 65 millions de Français de vivre ? A moins que cette ferveur anti-immigration ne s’explique tout simplement par le calendrier électoral. C’est une habitude, depuis l’essor du FN en France, de voir la droite propulser ainsi des questions au demeurant secondaires au devant de la scène. C’est la façon qu’elle a choisie depuis deux décennies de créer des écrans de fumée afin d’éluder les vraies questions urgentes du pays.

Quelques exemples : les Français d’origine étrangère (Arabes et noirs) se plaignent d’être discriminés à l’embauche, aux loisirs, dans leur vie quotidienne, avant que les banlieues ne s’enflamment plus tard pour les mêmes raisons, pour ne pas s’en occuper, la droite (UMP) trouve indispensable de voter une loi affirmant, contre l’élémentaire bon sens, le rôle positif de la colonisation. Comme cet écran de fumée opportuniste n’était pas assez épais et qu’il a soulevé un tollé des associations, obligeant le retrait du texte, de Villepin sort de sa poche le lièvre CPE, pour, disait-il, résorber le chômage endémique des jeunes. Ce qui n’était en réalité qu’un cadeau électoraliste (la flexibilité) fait au patronat, comme la loi sur le rôle positif de la colonisation visait à acheter les voix des Pieds noirs.

Est-ce à dire forcément que l’immigration soit en elle-même un faux problème ? Bien sûr que non. Cependant, si on pense, comme à l’extrême droite, ces dernières décennies, et maintenant à l’UMP, que l’immigration est un problème parce qu’il y aurait plus d’immigrés en France aujourd’hui, ce serait évidemment un faux problème. Les statistiques montrent qu’en proportion les chiffres de l’immigration n’ont pas varié depuis les années 1970. Le nombre d’immigrés est resté à peu près au même niveau, et même serait logiquement en diminution puisque la plupart des immigrés deviennent Français par naturalisation. A moins bien sûr de penser comme nombre de « franchouillards » que les Français issus de l’immigration ne sont pas et ne seront jamais de vrais Français, des Français à part entière mais des Français entièrement à part. Si l’immigration (noirs et Arabes) a cette place centrale dans le débat politique français depuis des décennies, c’est sans doute parce que dans l’inconscient collectif des Français, élites politiques et intellectuelles comprises, l’idée vieille qui veut que la France soit une nation blanche, catholique et apostolique est ancrée. C’est là premièrement, en effet, que je vois l’immigration comme un véritable problème national, à la fois historique et politique.

Deuxièmement, le fait que le pays soit frappé d’amnésie historique sur l’origine et les apports de l’immigration accroît l’acuité du problème.

Enfin, l’immigration, dans sa dimension clandestine, est un problème bien sûr, mais un simple problème de surveillance des frontières, comme il se pose à d’autres pays dans le monde. C’est pourquoi il est indécent, malhonnête et machiavélique d’attaquer la question de l’immigration sous l’angle de l’immigration clandestine. C’est encore plus une attitude éhontée que de faire croire aux Français que tous les étrangers qui résident en France se soustrairaient allègrement aux lois de la République, comme M. Särközy (c’est l’orthographie du patronyme du ministre de l’intérieur avant francisation) ne cesse de l’insinuer à longueur de shows télévisuels. Sa loi CESEDA vise en ce sens une catégorie de la population en raison de son appartenance ethnique. CESEDA ne vise pas en effet les Roumains, les Serbes, les Saoudiens, les Latino-Américains, les Indiens... mais exclusivement les immigrés originaires d’Afrique du Nord et plus encore d’Afrique noire. Ceux donc qu’on considère comme faisant tache dans la société française. C’est le sens qu’on peut déduire de sa tournée d’explication en Afrique. En cela, c’est une loi ségrégationniste. On s’en aperçoit d’ailleurs nettement dans la circulaire du 21 février 2006, que M. Sarkozy a envoyée aux préfets et aux procureurs généraux en vue d’accélérer les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Dans ladite circulaire, M. Sarkozy peine à définir des critères autres qu’ethniques et de faciès qui puissent objectivement permettre de contrôler la régularité de séjour d’un étranger. Quand il préconise des contrôles aux abords de locaux occupés par des sans papiers ou bien dans des quartiers supposés abriter des clandestins, il ne le dit pas mais on comprend que ceux qui seront vraisemblablement contrôlés à proximité de ces différents lieux, ce ne sont pas les blonds aux yeux bleus mais les basanés. Donc y passeront les Français arabes, noirs, voire les Antillais. Comment reconnaît-on en effet a priori que dans un groupe donné il y a une concentration possible d’étrangers, donc de clandestins ? Le délit de faciès se trouve ainsi légalisé et sanctifié. L’étoile ici n’est plus jaune, mais basanée.




Mais avant tout, ce que je reproche le plus à cette loi et à l’argumentaire du ministre de l’intérieur pour la défendre, c’est son oubli déconcertant, voire son mépris de l’histoire et de la mémoire. Nicolas Sarkozy est peut-être ignorant, par son origine personnelle, de l’histoire de la colonisation française, mais l’UMP (qui se dit gaulliste entre autres) ne peut, à l’instar de son sémillant président, faire preuve d’une amnésie aussi déconcertante sur cette partie de l’histoire de la France.

Effectivement, il n’est point besoin de sortir de Polytechnique pour savoir que les noirs et les Arabes ne sont pas, en France, le produit d’une quelconque génération spontanée. Si les Algériens, les Maliens, les Ivoiriens, les Béninois, ou les Burkinabè, viennent en France plutôt qu’en Allemagne, au Japon ou en Finlande, cela a une explication historique toute simple : la France a été un empire esclavagiste et colonial. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, elle a pratiqué tout d’abord l’esclavage et la traite des noirs, par lesquels elle s’est constitué des colonies qui subsistent encore aujourd’hui et dont les populations sont essentiellement noires (DOM -TOM). Ensuite au XIXe siècle, elle s’est taillé un empire colonial en Afrique par lequel elle entendait étendre sa civilisation, en faisant des peuples conquis des sujets français. Autrement dit, c’est de son propre chef que la France est allée obliger les ancêtres de ceux qu’elle exècre aujourd’hui à être des sujets français. A cette époque, il y avait plus de Français dans le reste de l’Empire qu’en métropole.

C’est au nom de cette appartenance forcée que des générations entières des colonies françaises ont été sacrifiées pour la gloire de la « mère patrie » pendant des siècles de travaux forcés, d’exploitation, de génocide et d’ethnocide, dans l’esclavage intérieur qu’a été la colonisation. Disons en passant que, comme l’esclavage, déni absolu d’humanité à l’égard des hommes et des femmes des colonies, la colonisation, contrairement à ce que pensent certains esprits nostalgiques, s’est disqualifiée comme œuvre humaine positive. Quand vous refusez à un être humain son humanité, sa valeur intrinsèque de personne, pas uniquement en parole mais en le massacrant littéralement, tout ce que vous lui offrez ou ce que vous faites sur le plan matériel n’a aucun sens et ne peut compenser le mal premier que vous lui faites en niant sa dignité d’être humain. Ces « indigènes », ses sujets, mais en aucune façon des citoyens, ont été sacrifiés aussi par deux fois dans « les guerres civiles européennes » (Georges Steiner) dans lesquelles la France était impliquée : 1914-1918 et 1939-1945.

Dans le village africain de mille âmes où je suis né, on compte douze anciens combattants de la dernière « guerre mondiale ». Beaucoup des fils du village ne sont pas revenus. Ils peuplent encore les monuments du soldat inconnu dans nos villes où on a déjà fait une croix sur leur sacrifice. Ce sont plutôt des soldats non reconnus qu’inconnus. En témoigne le dédain actuel adressé à leurs descendants, jugés, pour certains, inutiles par M. Sarkozy. Ceux qui sont revenus sont traumatisés à vie et ne touchent qu’une maigre pension trimestrielle.

On aimerait que M. Sarkozy qui aime à chanter que « ceux qui n’aiment pas la France la quittent », nous dise combien d’âmes ont été sacrifiées dans son village d’origine, en Hongrie, en 1914-1918 et en 1939-1945 pour que lui-même mérite plus d’être bon Français que Moussa, Mohamed ou moi-même ? Soit dit en passant, il y a même des villages et des villes nombreuses en France même où on n’a pas payé le prix du sang pour la rédemption de la France. La seule différence entre Sarkozy, le Hongrois d’origine et Moussa, Mohamed et moi, et qui ferait du premier un Français plus méritant, ne serait-ce pas sa couleur de peau et sa méritoire extraction aristocratique ?

Je ne vois aucunement en quoi je serais un moins bon Français que M. Sarkozy, que M. de Villiers ou tout autre Français, de gauche ou de droite. Un de mes grands-oncles, né en 1918, n’est jamais revenu de la guerre de 1939-1945.

Il est né Français, car né avant les indépendances, et c’est à ce titre qu’il a été sacrifié pour la « patrie ». Comment peut-on aimer davantage un pays, au-delà du fait de lui sacrifier sa vie ou bien de la risquer pour qu’il vive libre ? Or toute l’Afrique, du Nord au Sud, a payé au plus fort la libération et l’indépendance de la France. Nos ancêtres tirailleurs, qui ont été souvent envoyés aux avant-postes des combats, pour économiser le sang français, disait-on à l’époque, sont pour quelque chose dans le fait que la France est aujourd’hui débout et fière de l’être. Les ors de la République également viennent en grande partie de l’effort inhumain imposé aux nègres pendant l’esclavage et la colonisation. M. Sarkozy a beau vitupérer que la France n’a pas besoin de l’Afrique économiquement, la réalité est autre. Cet homme est effarant dans son ignorance des méandres de la Françafrique.





Dans le contexte de la loi scélérate préconisant l’enseignement du rôle positif de la colonisation, voté par l’UMP dans le but calculateur de s’adjuger le vote des pieds noirs, on a entendu, et on les entend encore, des gens, plus ou moins bien intentionnés, répéter : la France ne peut pas éternellement battre sa coulpe ou faire constamment acte de repentance face à son histoire. C’est encore M. Sarkozy qui a ouvert le bal, étalant encore son ignorance de l’histoire impérialiste française. D’ailleurs, il s’agit là d’un faux débat, car personne, qu’il s’agisse de l’esclavage ou de la colonisation, n’a demandé de la repentance. Ce qui est exigé, c’est que la République accepte d’ouvrir le débat sur les pans douloureux et désastreux de son histoire depuis le XVIe siècle aux années 1960. C’est une revendication légitime de transparence historique. On ne peut passer cinq siècles d’histoire impériale, esclavagiste et coloniale sous silence, et encore moins l’effacer purement et simplement grâce à une loi votée à la hussarde. Il faut, comme il sied aux grandes nations, poser un regard objectif et critique sur cette zone d’ombre de la République, sur les cinq cents ans d’esclavagisme et de colonisation qui ont été une période d’absolue barbarie dans l’histoire de notre pays, une histoire qui a été aux antipodes des intentions humanistes et civilisatrices prônées au départ. Ouvrir un débat large sur cette période serait la meilleure façon de faire le bilan sur les méfaits certains et les bienfaits supposés de cette forfaiture historique. On verra ainsi que le maquillage révisionniste cache très mal le visage hideux de la République que certains voudraient qu’on oublie.

Les descendants des peuples colonisés n’attendent point de la repentance de la part de qui que ce soit, mais juste que la République et ses représentants du moment en finissent avec la mauvaise foi et la supercherie politique et intellectuelle.

Concernant par exemple la Seconde Guerre mondiale, un débat public permettrait au peuple français de mesurer la participation des anciennes colonies d’Afrique à l’effort de guerre et aux combats pour la libération de la France. Il permettra par ailleurs qu’on revienne sur les atrocités commises par la République contre les ex-combattants africains, tirailleurs sénégalais, lors de leur démobilisation, notamment sur le massacre ô combien célèbre qui a eu lieu au large du Sénégal en 1942. Ce massacre, dont le cinéaste sénégalais Ousmane Sembene rend compte dans son film Le camp de Thiaroye, film sorti en 1988 mais qui se trouve opportunément interdit de diffusion en France jusqu’à ce jour. En finir avec la pesante loi du silence est la meilleure manière de réconcilier les Français de différentes origines et leur histoire.

Sur l’esclavage, la question ne se pose même pas. En tant que crime contre l’humanité, il est injustifiable. Même s’il faut admettre qu’il n’en est pas différemment de la colonisation. Celui qui a étudié ce phénomène de soumission se rend tout de suite compte qu’esclavagisme et colonialisme ne sont que les deux faces d’une même médaille. Du point de vue des atrocités, de l’idéologie qui opère, ce sont deux choses identiques. La différence réside dans le fait que l’esclavage nécessitait le transport des esclaves vers un continent tiers et que l’autre ne nécessitait aucun transfert de population. En cela la colonisation n’est que de l’esclavage intérieur. D’où, un peu, les limites de la Loi Taubira qui condamne l’esclavage tout en épargnant sa cousine germaine. C’est ce qui autorise justement certains à en revendiquer des côtés

positifs.

www.agoravox.fr/article.php3?id_article=13696
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la France confrontée à la face cachée de son histoire :: Commentaires

Ne leur dites pas que je suis français, ils me croient arabe



Par Mourad Ghazli

Le droit à l’indifférence

Je suis engagé en politique depuis plus de dix ans. À droite, naturellement. Contrairement à ce que fait croire la culture dominante de gauche, les valeurs que véhiculent et professent à leurs enfants les parents originaires du Maghreb ne sont pas de gauche : elles sont plus proches du corpus idéologique de ce qu’il convient d’appeler la droite que de la permissivité censément être de gauche. Je suis donc fidèle à mon éducation.Je suis membre du bureau exécutif du parti radical (UMP), parti de Jean-Louis Borloo, et membre de la majorité parlementaire. Après avoir combattu sur les tatamis du monde entier au sein de l’équipe de France de judo, j’ai voulu rendre ce que la République méritocratique m’avait donné : une citoyenneté, un statut et une ambition.

Alors que dans les stades des cinq continents, adversaires, supporteurs et coéquipiers m’ont toujours considéré comme un Français, en politique j’ai dû montrer patte « beur ». Au RPR, puis à l’UMP, on m’assignait une tâche ethnique : je devais faire l’Arabe de service pour racoler mes semblables afin qu’ils adhèrent au mouvement gaulliste.

Ce livre raconte mon combat contre le communautarisme que tant d’hommes politiques, de droite comme de gauche, affirment, la main sur le cœur, combattre. Cependant, contrairement aux habituels débats sur le sujet, il sera ici uniquement question du communautarisme d’« en haut », celui que les élites politiques pratiquent dès lors que les caméras s’éteignent et que les stylos sont rangés.

Certes, il est difficile de définir le communautarisme. Ses partisans, en général favorables au modèle d’organisation sociale anglo-saxon, le décrivent comme l’aboutissement de la société idéale qui respecterait toutes les différences, ethniques, culturelles, religieuses, sexuelles, etc., et où les libertés individuelles primeraient sur les intérêts de l’État-nation qui n’aurait alors plus sa raison d’être.

Ses détracteurs invoquent l’Ancien Régime, cette France constituée d’un agrégat d’individus désunis où chaque ordre, le clergé et la noblesse surtout, vivait selon ses propres intérêts sans tenir compte de l’État. Après la Révolution, lorsque la France se constitue en État-nation, l’État n’est plus le roi, mais le peuple, tous les Français liés par un intérêt commun ; la seule distinction provenant du mérite des uns et des autres.

C’est un débat important que nombre d’intellectuels ont entrepris d’éclairer. Mais il sera absent de cet ouvrage. Jusqu’à présent, c’est l’intellectuel ou le politique qui décrit le phénomène commu- nautariste, pointant du doigt, voire mettant en accusation le peuple, dont une partie se rendrait coupable de dérives communautaristes : les musulmans ou les homosexuels, par exemple. Certes !

Mais de mon point de vue, ainsi posé, le débat est biaisé. Parce que, en réalité, ce sont bien les élites qui instaurent ce système et non les citoyens. Ce sont les politiques qui suscitent les demandes. Un exemple : le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Quand on observe de près les politiques qui s’y opposent, on remarque qu’il existe dans leurs communes une forte communauté arménienne. C’est notamment le cas à Marseille. Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire, se comporte comme si tous les Arméniens étaient hostiles à l’adhésion de la Turquie.

Voilà où commence le communautarisme d’en haut. Les élites supposent ou prêtent un comportement ethnique et émotionnel à une partie des Français. L’individu, ici l’Arménien, est réduit à n’être qu’un représentant plus ou moins typique de ce que le sénateur-maire imagine être le groupe dans sa nature abstraite ou son essence. Dans le cas de la Turquie, les citoyens français de descendance arménienne sont aussi divisés que n’importe quel citoyen dont l’histoire ne comporte pas d’épisodes tragiques avec la Sublime Porte. On peut multiplier les exemples et les situations à l’infini.

Quand le maire socialiste de Montpellier mit le drapeau français en berne au fronton de son hôtel de ville en 1984 pour protester contre la visite en Algérie de Claude Cheysson, alors ministre socialiste des Relations extérieures, pour commémorer le trentième anniversaire du début de l’insurrection, ce n’était pas par conviction politique, mais bien parce que sa ville compte un important contingent d’électeurs rapatriés d’Algérie.

Ou encore lorsque les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale investissent un candidat à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, ils le choisissent de confession juive, simplement parce que cette commune compte un nombre important de citoyens de cette religion.

Il est temps d’éclairer nos concitoyens sur le double discours des politiques, qui font croire aux électeurs qu’ils combattent le communautarisme alors qu’ils le fabriquent de manière tout à fait consciente. Et pourtant, avec l’aide d’une grande partie des médias, ils réussissent à faire croire que ce sont les minorités qui appelleraient le communautarisme de leurs vœux.

À droite comme à gauche, on essaie d’organiser le communautarisme. Certains s’en cachent encore ; d’autres, tels que Nicolas Sarkozy, l’affirment déjà. C’est le parti socialiste qui a ouvert la voie. Une partie de la droite a suivi, pensant que cette façon d’ordonnancer la société pourrait l’amener au pouvoir, et surtout le conserver.

Longtemps, les politiciens ont méprisé les gens dits « issus de l’immigration », qu’ils soient de première, de deuxième, voire de troisième génération. Nos parents baissaient la tête lorsqu’ils sortaient de la maison : ils ne se sentaient pas chez eux, car à aucun moment on ne leur avait dit ou même fait remarquer qu’ils étaient des citoyens comme les autres.

Pis encore, le discours se voulait ouvert, mais dans les mots seulement : « Oui, vous pouvez payer les taxes et les impôts », « Oui, vous pouvez enrichir la France en faisant des enfants lorsque la France souffre de sa démographie ! », surtout lorsque le renouvellement des générations n’est pas assuré alors que la France repose sur un système mutualiste. « Oui, vous pouvez vivre sur le territoire français ! », mais surtout pas en centreville. « Oui, vous pouvez et devez vivre tous ensemble ! », car la mixité sociale, ethnique ou religieuse on en veut, certes, mais pas devant chez nous. « Oui, vous pouvez aller à l’école ! », mais surtout restez entre vous et ne venez pas vous mélanger au reste de la population vivant dans les résidences ou dans les secteurs pavillonnaires.

D’ailleurs ne critique-t-on pas telle ou telle école, non parce que les professeurs sont plus mauvais qu’ailleurs, mais tout simplement parce que ses effectifs sont trop colorés ? « Oui, vous pouvez avoir des activités sportives ! », mais, pardonnez-nous, si possible dans vos quartiers avec des installations et de l’encadrement… pas forcément les meilleurs, mais surtout n’allez pas en centre-ville pratiquer votre sport, le prix déjà est dissuasif et, pour le transport, débrouillez-vous ! « Oui, vous avez accès à la culture », mais pardonnez-nous encore, pas en centre-ville, le prix est prohibitif. Alors, que dire à son enfant ? « Ce n’est pas bien grave, tu joueras de la darbouka, cela coûte moins cher ! »

Voilà, en résumé, la réalité qui favorise le communautarisme. Et ce sont bien les élites politiques qui ont tenu ce discours et mis en place cette pratique en regroupant les écoles, les collèges, les supermarchés, les équipements sportifs dans un même quartier, empêchant ainsi toute mixité sociale et culturelle. Ce ne sont pas les minorités ethniques qui déposent le permis de construire de l’école ou qui donnent leur accord pour ouvrir un supermarché en bas de leur immeuble.

Parlons aussi des faux amis de la gauche. On peut dire qu’ils aiment les minorités visibles tant qu’il s’agit de tenir un stand de merguez ou pour prêter une salle lors de la célébration de l’Aïd El- Kébir. Mais quand il s’agit de permettre l’accès à des postes d’employés communaux, cela devient tout de suite plus compliqué. Je ne demande pas qu’ils viennent faire la danse du ventre ou manger des makroudes, ou encore s’avaler un couscous, mais tout simplement qu’ils acceptent cette population au même titre que les autres, sans favoritisme ni discrimination positive, sans charité ni pitié.

Je réclame simplement le droit à l’indifférence, qu’on ne fasse pas attention à vous malgré vous, car, aujourd’hui, nous assumons tous nos devoirs en respectant les lois de la République, en étant aussi des acteurs économiques. Le droit à être différent ne veut pas dire être soumis à un traitement différent de celui des autres. Oui, on peut être jaune, noir, métis ou marron et être français ; je n’y vois aucune incompatibilité.

La couleur blanche n’est pas obligatoire pour être français. C’est même une chance que d’avoir un look hors du commun. Beaucoup ont oublié que nous sommes sous le régime du droit du sol et non du droit du sang, ce qui signifie que tout individu né sur le territoire peut demander la nationalité française. N’oublions pas que la France a un passé colonial et dans les DOM et les TOM il n’y a pas que des Blancs.

Oui, on peut s’appelerRachid, Bakari, Enzo, Rocco, Manuel ou Kim et être français. Je ne connais aucune loi qui interdise en France d’avoir un prénom hors du calendrier catholique. On me demande souvent comment je peux être français et m’appeler Mourad. Je ne veux pas changer mon identité comme certains l’ont fait pour être acceptés en tant que Français. C’est un patrimoine culturel et je ne vois aucune importance de changer de prénom ou de nom pour être considéré à égalité.

Oui, on peut être athée, agnostique, musulman, juif, bouddhiste ou protestant et être français. Nous avons la chance extraordinaire que nos responsables politiques, au début du siècle dernier, aient créé la laïcité qui offre à tout un chacun le droit de choisir ou de ne pas choisir une religion. La religion, oui, mais dans un cadre privé et non public et politique. En conséquence, on peut être juif, bouddhiste ou musulman et être français. On se trompe quand on critique ceux qui se revendiquent français et musulmans : la France n’est plus un pays uniquement catholique.

Le communautarisme, à quel prix ? Celui d’une division de la République en intérêts particuliers et parfois contradictoires. On voudrait transfor- mer notre vieux pays en États-Unis de France. Ce n’est pourtant ni notre histoire ni notre culture. Et cette façon de vouloir faire plaisir aux uns et aux autres a de très lourdes conséquences : d’une part, la violation des valeurs de la République, qui parle d’« þégalitéþ » entre les citoyens, c’est-à-dire les mêmes droits et devoirs pour tous, tandis que, d’autre part, certains hommes politiques habiles profitent de ce mode de gestion pour favoriser l’enfermement d’une catégorie de Français en pratiquant la surenchère.

Mes propos sont illustrés de faits vécus et non de résumés de rapports officiels ou d’études sociologiques au rabais. J’ai choisi le chemin le plus difficile pour faire de la politique en essayant de me préoccuper de l’ensemble des problèmes ou des réponses à apporter à tous les Français sans distinction particulière.

Dénoncer la réalité ne m’apportera pas que des amis dans le monde politique qui fait ses emplettes sur un marché où tout est à vendre : les gens, les valeurs, jusqu’à son âme. Au grand bénéfice des extrêmes. Et si aujourd’hui un de Villiers peut reprendre sans faire de vagues les propos de Le Pen ou de Mégret sur la soi-disant islamisation de la France, c’est que d’autres lui ont ouvert la voie. Des gens très respectables. Merci Malek Boutih, merci Julien Dray, merci Alain Finkielkraut, merci Nicolas Sarkozy…

Les élites politiques organisent le communautarisme pour séduire et faire passer un minimum de réponses à un maximum de personnes. Alors on particularise les citoyens : il y a les Français issus de l’immigration, les Français musulmans, les Français homosexuels… et quand la méthode échoue, on crée des satellites, à l’image de SOS Racisme ou Ni Putes Ni Soumises au PS, ou Gay Lib à l’UMP…

http://www.oumma.com/spip.php?article2217
 

la France confrontée à la face cachée de son histoire

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