Misère de l’Anti-Communautarisme bien-pensant !
05/06/2006
Communautarisme, plus qu’un mot, une scansion politique, un délit à part entière apparu et renforcé dans les organes de
presse dominants depuis les frémissements de structuration des associations noires de France. Pour mesurer l’impopularité de
cette récente horreur amplifiée, son classement sans suite en rubrique journalistique en tant que tel ! Illustration, M. Mbala
Mbala selon ses dires subi avec ses enfants une agression raciste, lenouvelobs.com classe l’information dans le rubrique
«communautarisme» ! On serait à peu de le contre-classer dans les colonnes : «autisme politique». Voilà un fait, un délit, une
agression punissable par la loi si elle est avérée qui va se loger en «communautarisme », soit que l’ignoble humoriste s’est fait
agressé par son communautarisme, soit que … on en tousse, ce sont jeteurs de projectiles, des jeunes juifs, qui sont
considérés comme communautaristes, et non comme agresseurs. Le décor est planté.
Il en est malheureusement ainsi de pratiquement toute la presse française dite respectable depuis l’émergence médiatique et
difficultueuse d’une question dite noire, implantée fortement dans le paysage des choses dont on parle en 2005.
Première surprise, les expressions de «replis communautaires», et de «communautarisme» sont assenées comme des
évidences, des vérités premières, personne ne prend la peine de les confronter effectivement aux faits et de les circonscrire
au besoin à une communauté précise ou une variété particulière de phénotype. Mais, selon le mode inquisitoire, l’accusé à
priori coupable devant plaider non pas son innocence mais les circonstances atténuantes de son milieu socio-ethnique
défavorable et si possible sa propre turpitude congénitale, seuls les Mélanodermes [les Arabo-musulmans un tantinet]
supportent ce nouveau fardeau imposé par l’Homme Blanc.
Si on considère le critère du tissu associatif, les Noirs de France sont probablement les moins bien organisés et leur impact
sociétal lié au maillage national de leurs réseaux d’action est quasiment proche de rien. Pourtant, plusieurs nationalités
européennes, américaines, asiatiques, proche-orientales, … disposent de forces associatives incomparablement profondes.
Portugais, Espagnols, Polonais, Arméniens, Arabo-musulmans, Juifs, ont construit pour certain une société à part entière sur
la base de l’appartenance nationale ou culturelle, religieuse, détenant des organes de presse efficients, des représentants
formels et informels aux plus hautes charges de l’Etat.
Le critère économique serait également pertinent pour objectiver l’existence de ces communautés dont on ne parle jamais, se
concentrant sur quelques embryonnaires et pas toujours crédibles regroupements de Noirs. L’économie chinoise, asiatique
plus généralement avec le développement récent des marchés ethniques tamoul, est en plein boom en France, fonctionnant sur
un modèle communautaire au sens où les acteurs sont recrutés au sein des communautés, travailleurs, investisseurs, etc. Mais
à cette aune, les Portugais très présents dans le bâtiment, avec des localisations spatiales caractéristiques en région
parisienne échappent pourtant à l’indexation de replis communautaires. De même que la communauté juive dont le conseil
représentatif reçoit officiellement les dirigeants de la république, et qui a la maîtrise de ses canaux d’informations
-télévision, radio, presse écrite- et se trouve de fait par ses membres influents, dans les domaines de décision de l’économie,
de la politique et de la culture française.
Dès lors, la hargne et les déchaînements contre le communautarisme surprennent beaucoup, car ils ne s’attaquent
courageusement qu’aux moins communautarisés des Français et résidents. Beaucoup de Chinois ne parlent que le chinois -qu’ils
écrivent-, idem des Indo-Pakistanais et d’ailleurs cela n’en fait pas des délinquants. Un nombre important de jeunes
descendants d’Arméniens, de Polonais, de Portugais, … parlent couramment leur langue d’origine ou celle de leur de leurs
parents, séjournant ponctuellement, autant que possible, au pays de leurs racines, quelques fois dans une résidence
secondaire construite en travaillant en France. Pas de communautarisme pour autant.
Las d’une quête éperdue, il semble bien que le communautarisme médiatique ne s’applique qu’aux degrés de mélanine
incompatibles avec ceux des espèces humaines leucodermes. Il n’ y a pas d’autre critère, or cette qualification racialisante
porte un nom…
En admettons que les Noirs ne soient finalement pas en république mais en communauté comme naguère dans les zoos humains,
il est curieux de s’intéresser à ceux qui reviennent dans les colonnes des journaux spécialisés dans la profusion de vérités
sur eux. Ceux dont les associations ont le plus grand nombre d’adhérents avérés après enquête ? Ceux qui ont une
représentativité communautaire réelle ? Ceux qui sont les plus connus et appréciés au sein de la [ou des] communauté [s] ?
Certainement pas ces associations qui travaillent sur la mémoire, la culture, l’enseignement des civilisations originaires
d’Afrique, l’alphabétisation, les réseaux d’entraide, etc. Trop beau pour être noir ! Non les Noirs seront soit annexés dans la
personnalité de Dieudonné, ou caricaturés par des groupuscules davantage connus des médias dominants que des Noirs
eux-mêmes, et le portrait de ceux qui aspirent à être enfin entendu sera refait pour longtemps.
Les autres Noirs médiatiques, seront comme en services commandés, mandatés pour faire le discours de la bien-pensance,
hurlant et postillonnant contre le communautarisme -toujours indéfini mais dont les Noirs se rendent nécessairement
coupables-, contre les Noirs antisémites et racistes, farrakhanisés. Pour d’aucuns qui croient avoir trouvé un créneau
politique porteur à la charrue d’une logique uni-sécuritaire tirée par un présidentiable en vue, le seul fait d’envisager une
communauté noire est passible de graves incriminations en atteinte à la république. Chacun voit tous les jours comment de tels
positionnements, considérations de dermes mises à part, isolent leurs auteurs avides de strapontins, du bon sens d’un débat
serein et citoyen, et des communautés noires, originaires immédiates ou descendantes d’Afrique.
Les Anti-communautaristes noirs ou apparentés, qui assument la charge de l’attaque contre des associations et regroupements
de Noirs au nom de leur croisade imposée anti-communautariste semblent se fourvoyer dans leurs arithmétiques d’épicerie.
L’histoire, et ils devraient en savoir un rayon, montre que jamais ces attitudes de collusions ou de fuite en avant n’ont servi
durablement la cause même alimentaire de leurs auteurs : Saint George, Dumas, Blaise Diagne, Félix Eboue, Senghor, …
Et que l’actualité des Anticommunautaristes alimentaires leur intime de tirer en furie contre des groupuscules noirs, alors
qu’ils ne sont que le pendant bien moins loti, moins organisé et ridiculement outillé de groupes se réclamant de la défense par
la force d’autres communautés, relève à la fois de l’emprise de la séculaire peur négrière et d’une désertification
intellectuelle radicale. En attendant, malgré des tensions communautaires pour lesquelles aucun angélisme ne saurait être de
mise, il est évident que l’intérêt de la république entière est à la résistance face au rouleau compresseur des faiseurs
d’opinion qui ont pré-empté dans des dégradantes enchères marchandes, un nouvel antisémitisme de gré ou de force des
banlieues et des originaires des colonies. Pour des méthodes que l’on pourrait trouver contestables d’un côté, la signification
d’une opposition, l’inscription concrète d’une matière à discussion réellement politique est certainement au crédit de ceux
tentent, même maladroitement, voire grossièrement mais sans crimes faut-il le préciser, de s’extraire de la communauté de la
peur.
Pierre Prêche
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