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 sur le communautarisme

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mihou
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mihou


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30012006
Messagesur le communautarisme

A noter : le troisième point où Dieudonné est évoqué.



http://www.communautarisme.net/Paul-Thibaud-Nous-sommes-inquiets-des-effets-de-l\
a-concurrence-memorielle-qui-tend-a-dechirer-le-corps-politique-et-a_a678.html?P\
HPSESSID=3aad8c987a9721a6ce20c8448c90cafd


Paul Thibaud : « Nous sommes inquiets des effets de la concurrence mémorielle
qui tend à déchirer le corps politique et à dresser des groupes de victimes de
l'histoire les uns contre les autres »
Intervention prononcée le 21 janvier 2006 lors de la table ronde organisée par
l'association Pollens
Lors d'une intervention à la table-ronde sur « les lois de mémoire :
contestations, justifications. Arguments pour un débat de fond » accueillie par
l'association Pollens de l'Ecole normale supérieure, Paul Thibaud a précisé le
sens de sa position, après l'initiative dont il est l'initiateur : la pétition
pour la « liberté de débattre » qui demande l'abrogation de toutes les lois
mémorielles, sans exception.

Je suis l'initiateur de la pétition intitulée « La liberté de débattre ». Ce
n'est pas spécifiquement un texte d'historiens mais un texte de citoyens. La
cause des citoyens n'est pas celle des historiens, mais elle lui est liée. On a
voulu les dissocier en soulignant que la première des lois en cause, la loi
Gayssot, n'encadrait nullement la recherche historique mais seulement
l'expression publique d'opinions contraires à certaines décisions de justice.
C'est vrai dans ce cas précis, mais ce ne l'est pas en ce qui concerne la loi
Taubira qui dans son article 2 prend position sur la manière de faire l'histoire
des événements qu'elle vise, recommandant de prendre en compte « les sources
orales » dans les anciens pays d'esclavage. Même la loi Gayssot ne laisse pas la
recherche complètement libre, s'il est vrai que la science ne peut se faire
porte close, que ses résultats sont destinés à être communiqués à tous ceux qui
s'y intéressent, « publicité » qui est pour la science affaire d'hygiène et pour
les citoyens un droit.

Second axe de notre démarche, les quatre lois visées, bien que différentes
évidemment, forment une séquence, elles s'enchaînent. Cela est flagrant pour les
deux dernières (« Taubira » et l'art 4 de la loi du février 2005). La dernière
copie des formulations de l'art. 2 de la précédente. On a voulu marquer une
différence en disant que « Taubira » se contente de réclamer que les programmes
et la recherche accordent à la traite et à l'esclavage « la place qu'ils
méritent », alors que « Vanneste » qualifie de manière partiellement favorable
la colonisation. C'est oublier que la loi Taubira est une loi de stigmatisation
et que si elle réclame que l'on parle davantage de certains c'est pour
évidemment (et légitimement) pour qu'on n'en dise que du mal, puisque, dans
l'art. 1, ils ont été qualifiés de « crimes contre l'humanité ». En fait la loi
Taubira est plus clairement et unilatéralement que l'amendement Vanneste, une
loi qualifiant des événements.

Plus généralement, débordant le droit, une logique d'ensemble réunit ces lois :
qualifier certains événements à la demande de groupes intéressés, puis en
recommander l'enseignement et sanctionner ceux qui contestent les qualifications
légales. Il est révélateur que certains Arméniens réclament qu'on adjoigne (sur
le modèle Gayssot) un volet pénal à la loi purement « déclarative » qu'ils ont
obtenue. (Il y a d'ailleurs une certaine logique à cela : une loi ne doit-elle
pas être appliquée ?) De même, s'appuyant sur l'affirmation d'une spécificité de
« l'esclavage occidental » selon « Taubira », ceux qui assignent en justice
Pétré-Grenouilleau cherchent à obtenir au civil des réparations qui, aux yeux de
l'opinion, seraient évidemment l'équivalent d'une condamnation pénale.

Troisième point : nous sommes inquiets des effets de la concurrence mémorielle
qui tend à déchirer le corps politique et à dresser des groupes de victimes de
l'histoire les uns contre les autres. La manière de légiférer isole certains
événements, coupe la voie de la compréhension, fait oublier les enchaînements
historiques complexes (ceux par exemple que Pétré-Grenouilleau démonte
remarquablement dans son livre sur Les Traites négrières). Elle tend aussi à
dresser les communautés de commémoration les unes contres les autres jusqu'à
provoquer ce qu'on voulait absolument empêcher. La loi Gayssot a proscrit cet
antisémitisme larvé qu'était le négationisme faurissonien, mais, à travers la
concurrence des victimes qu'elle a attisée, elle est pour beaucoup dans le
succès de Dieudonné, c'est-à-dire dans la diffusion d'une variété
d'antisémitisme plus dangereux que celui qu'elle a contenu. La guerre des
mémoires est un danger actuel en France. Le législateur a, pour le moins, le
devoir de ne pas la favoriser en l'accompagnant.

Enfin, il y a dans cette propension à légiférer sur le passé, une perversion du
rôle du politique, lequel, comme disait fortement Max Weber, a pour devoir
essentiel la préparation de l'avenir. Cette préparation suppose qu'on s'appuie
sur une connaissance du passé, sur une réflexion à, son propos, sur la
proposition même d'un récit qui donnant sens à ce passé, y trouve une
inspiration pour continuer. C'est ce qu'ont toujours fait les vrais politiques,
un Churchill, ou un de Gaulle. Mais cela n'a rien à voir, au contraire, avec le
projet de fixer l'image du passé, de légaliser celui-ci. C'est d'un passé non
embaumé (que ce soit dans la gloire ou dans la honte) mais d'un passé libre,
vivant, d'un passé comme question que la politique a besoin. C'est pourquoi la
tentative de le fixer est l'envers d'une inquiétante crise du politique, elle
est la contre partie de son impuissance devant l'avenir, de sa stérilité.


Les lois historiennes tendent explicitement ou non (c'est explicite - art. 5 -
dans la loi Taubira) la perche aux associations mémorielles en les incitant à
agir pour faire respecter les qualifications dont elles ont obtenu la
légalisation. Elles leur donnent la possibilité et l'occasion pour cela d'agir
en justice, avec un activisme dont on voit les débordements. On a pu dire (comme
la juriste Anne-Marie Le Pourhiet dans Le Monde) que la mise en ouvre de ces
lois particularistes échappait au ministère public et devenait l'affaire de
lobbies moraux spécialisés.


L'obsession légalo-mémorialiste est liée partout à des situations d'échec. Il y
a des situations d'échec dans les Antilles, en Afrique noire, en Algérie qui
sont probablement les vraies motivations de la passion de vouloir régler son
compte au passé en le stigmatisant au maximum. Il est plus valorisant de se voir
comme victime d'une histoire criminelle que comme incapable d'affronter les
questions du présent.

Mais il y a aussi une situation d'échec sinon de la France du moins de la
politique en France. Cela fait des dizaines d'années, depuis Mitterrand, que le
pouvoir dit qu'il ne peut rien sur l'essentiel, notamment sur le chômage (qu'il
a à ce sujet « tout essayé » en vain), des dizaines d'années aussi qu'on invoque
une Europe soit bonne fée soit marâtre, toujours « incontournable », comme la
mondialisation du reste. Cette constante capitulation de la volonté a perverti
la vie politique et intellectuelle. Faute de pouvoir agir ou proposer, on s'est
lancé dans la disqualification de l'autre. La gauche a inauguré cela à travers
son slogan (victorieux) de 1988 : ce monde est trop dur pour être laissé à la
droite. Autrement dit, à défaut d'être efficaces, nous sommes bons,
contrairement à ceux d'en face. De cette manière, Le Pen aidant, la politique
est devenue un concours de vertu dénonciatrice. La droite a suivi cette
surenchère vertuiste où le passé (les passés) a été instrumentalisé. C'est
pourquoi toutes ces lois de bonne conscience ont (même quoi qu'on dise
l'amendement Vanneste) recueilli un large consensus.

La même situation d'échec national a favorisé la cristallisation des mémoires
particulières. Comme lorsqu'un courant s'arrête, ce qu'il brassait se sédimente
sur le fond. Ces mémoires étant en même temps flattées démagogiquement par les
politiques, la situation est devenue réellement inquiétante, elle peut, comme le
mouvement derrière Dieudonné nous en avertit, prendre l'allure d'une série de
sécessions morales par rapport à la communauté nationale et d'une hostilité
mutuelle croissante. Si les lois de mémoire dont nous demandons l'abrogation ne
sont certes pas la cause de la crise nationale, elles sont par rapport à
celle-ci un contre-remède.




Samedi 28 Janvier 2006
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