"Une opération de sabotage du livre"
NOUVELOBS.COM | 12.03.06 | 14:40
par Nicolas Beau, journaliste au Canard Enchaîné et co-auteur avec
Olivier Toscer de "Une imposture française" (Les Arènes)
Sur quoi portent vos revendications envers la Fnac ?
- Tout d'abord, "Une imposture française" est rangé à la Fnac dans
les rayons philosophie. De ce fait, le livre est en retrait par
rapport aux tables proposant les ouvrages d'actualité et surtout,
nous sommes éloignés du livre de BHL. On s'en est aperçu vendredi.
Après avoir regardé cela de plus près, nous nous sommes rendus
compte que nous avions été déréférencés.
De plus, certaines Fnac de province n'ont plus le livre depuis deux
jours. J'ai également constaté que dans un listing de la Fnac la
mention "indication pilotage central" était inscrite face à notre
nom. Je ne sais pas encore ce que cette expression signifie.
Enfin, sur le site fnac.com, un client ne peut plus acheter ce livre
alors qu'il le peut pour ceux d'Olivier Toscer et de moi-même. Tout
ceci est une opération de sabotage du livre.
Ne s'agit-il pas d'un problème d'approvisionnement ?
- Nous avons un petit éditeur. Il n'a pas l'habitude d'arroser la
marché. Il est vrai que nous avons eu, au départ, quelques
difficultés d'approvisionnement dues au tirage, qui est actuellement
de 7.500. Mais pour la Fnac, ça n'est pas un problème de ce type.
Ils nous ont en effet demandé 800 exemplaires de plus en début de
semaine. Or c'est après que le livres est devenu indisponible. La
centrale d'achat devait fonctionner normalement au départ mais elle
a pu recevoir des instructions par la suite.
A titre de comparaison, le stock d'Amazon est épuisé. Mais le site
indique que le livre sera disponible d'ici 7 à 12 jours, après avoir
été réachalandé. D'ailleurs le livre était très bien placé sur le
site d'Amazon.
Etes-vous confrontés à d'autres pressions ?
- Il y a des médias sur lesquels on n'apparaît pas, notamment ceux
qui appartiennent à Lagardère ou Pinault. Certains journalistes
également ne posent pas les vraies questions. Par exemple, Thierry
Ardisson a demandé à son invité BHL, samedi soir, ce qu'il pensait
des six livres parus sur lui. Or c'est faux. Déjà, il n'y a que
quatre livres sur BHL, dont un proposé par lui, et les deux autres
ont été publiés il y a 12 et 18 mois. Seul notre livre était
d'actualité et il a été noyé.
Jusqu'ici il n'y a pas de délit d'amitié ou de réseau. Même si ça ma
choque, cela n'est pas illégal. En revanche la situation que nous
reprochons à la Fnac est insupportable.
Il existe la liberté de commerce en France. Or là, c'est du boycott.
Mais je ne dis pas que le monde des médias est pourri. Les critiques
sont très favorables. On a même plus d'échos que d'autres
journalistes qui paraissent. LCI, France Inter pour "L'instant
bleu", I-Télé nous ont fait bonne presse.
Propos recueillis par Chloé Dussapt
(le dimanche 12 mars 2006)
Source :
http://permanent.nouvelobs.com/culture/20060312.OBS0216.html