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 Faut-il encore aider l'Afrique noire?

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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04112005
MessageFaut-il encore aider l'Afrique noire?

Le Temps, no. 2294
Temps fort, lundi 4 juillet 2005

Faut-il encore aider l'Afrique noire?
Augmenter l'aide sans renforcer son efficacité serait comme verser de l'eau dans un panier en osier. Sur une aide globale de 50 milliards de dollars, 20 milliards vont aux consultants internationaux. Le sommet du G8 consacré à l'Afrique débute cette semaine à Edimbourg.

Ram Etwareea

Faut-il encore aider l'Afrique subsaharienne? La question peut paraître cynique en regard de la misère qui la ronge. Plus de 300 millions de personnes survivent avec moins de 1 dollar par jour, l'accès à l'éducation et à la santé est un luxe pour une minorité des populations. Le sida mine le continent. Dans certains pays, le taux de prévalence atteint 40% des personnes âgées entre 15 et 49 ans.

La question se pose pourtant. Car malgré quarante ans d'aide ininterrompue, l'Afrique demeure la seule région du monde qui s'enfonce toujours plus. Mais faut-il encore aider l'Afrique lorsqu'on sait que des responsables africains pillent les richesses nationales pour leur profit personnel? Au Nigeria, pour ne prendre que cet exemple, les despotes qui se sont succédé à sa tête ont volé ou dilapidé 220 milliards de dollars depuis l'indépendance alors qu'un tiers des enfants ne vont toujours pas à l'école et 40% de la population n'a pas d'eau courante! Faut-t-il continuer d'aider un tel pays alors que son président pendant de cinq ans, le général Sani Abacha a accumulé entre 1 et 3 milliards de dollars dans les paradis fiscaux, sur le dos du pays le plus endetté d'Afrique, avec une ardoise de 20 milliards de dollars et qui regorge pourtant de richesses avec de confortables réserves de pétrole?

Face au désespoir des populations, à une misère qui fait honte à l'humanité, la communauté internationale a décidé de ne pas retirer la prise. Le ministre des finances britanniques, Gordon Brown, le numéro deux du gouvernement de Tony Blair qui préside le G8 qui s'ouvre cette semaine, propose que les pays riches doublent leur aide au développement et la porte à 100 milliards de dollars par année. Cette semaine, deux des plus grands bailleurs de fonds, les Etats-Unis et le Japon, iront dans le même sens. D'ici à 2015, les pays pauvres devront atteindre les objectifs du Millénaire décidés par l'ONU. A grands traits, il s'agit de réduire la pauvreté de moitié en quinze ans. Selon Gordon Brown, cette mission est possible, à condition de disposer d'une manne supplémentaire pour investir dans l'éducation, les hôpitaux et autres outils de production.

Le président français Jacques Chirac, pour qui «des tsunamis silencieux créent d'innombrables tragédies humaines», estime que des fonds supplémentaires pour aider les pauvres pourraient être mobilisés par un système d'impôt mondial sur le kérosène, les billets d'avion et les transactions financières. Il justifie ces mesures en affirmant que «le fossé entre riches et pauvres s'est accru dans des proportions vertigineuses. Ainsi, l'écart de revenu par habitant entre les pays les moins avancés et les pays de l'OCDE, qui était en 1980 de 1 à 30, s'établit aujourd'hui de 1 à 80».

Un récent rapport de l'ONU va plus loin. «Si on continue de la même façon, l'Afrique subsaharienne atteindra l'Objectif du millénaire pas en 2015 comme prévu, mais un siècle plus tard! Si les tendances actuelles se poursuivent, 28 millions d'enfants mourront d'ici à 2015 et 19 millions seront toujours hors de l'école», explique Kevin Watkins directeur du rapport produit par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

A lire ces rapports, tout suggère qu'il faut continuer à aider l'Afrique. Et pourtant. En Afrique australe, au Botswana, le pays le plus touché par le sida, avec un taux de prévalence de 30% pour les adultes, l'aide parvient difficilement aux personnes concernées. La Fondation Bill et Melinda Gates a bien fait don d'un stock de traitements antirétroviraux, mais le manque d'infrastructures et de personnel médical contrecarre les bonnes intentions.

On pourrait multiplier ce type d'exemple ou l'aide n'a pas donné les résultats escomptés. Quant aux interventions plus classiques, comme la construction de puits, d'écoles ou de dispensaires, beaucoup ont échoué pour manque de planification ou de suivi. Les programmes d'ajustement structurel prescrits par le Fonds monétaire international (FMI) dans les années 80 n'ont pas réussi à relancer les économies. Dans les faits, l'aide n'a pas toujours été accordées aux pays ayant les plus grands besoins mais a servi les agendas géopolitiques des donateurs. Pour preuve, selon une étude publiée en 2003, chaque Israélien a bénéficié d'une aide annuelle de 340 dollars durant la décennie 1990-1999; un Camerounais de 30, un Ougandais de 32 et un Somalien de 29. Les anciennes puissances coloniales donnent certes beaucoup, mais souvent, c'est pour prolonger leur présence dans leurs anciens pré-carrés. Si l'aide internationale est un échec, c'est aussi parce que des milliards ont été engloutis dans des éléphants blancs: usines qui ne fonctionnent pas, routes incomplètes, stades inutilisables, monuments à la gloire des chefs d'Etat.

Enfin, l'aide liée, telle qu'elle est pratiquée couramment, sert d'abord les intérêts des donateurs qui vendent équipements et services. Le rapport récente présenté par l'organisation britannique Action Aid en fournit une triste preuve: les consultants internationaux empochent 20 milliards de dollars par année sur les 50 milliards d'aide accordés aux pays pauvres. Ce chiffre, qui paraît monstrueux, a pourtant été confirmé par la Banque mondiale. L'un de ses responsables a admis qu'il «s'agit effectivement d'un problème majeur». Cette question avait fait l'objet d'un rapport critique du PNUD il y une dizaine d'années. Il est resté lettre morte.

«Doubler l'aide au développement pour des pays qui n'ont pas les institutions et les capacités professionnelles n'est pas une idée intelligente. Les pays pauvres n'ont pas la capacité d'absorption des mannes additionnelles», déclarait tout dernièrement Uschi Eid, l'adjointe au ministre de la coopération allemande.

C'est la principale question qui se pose: aider oui, mais comment? Les experts semblent toutefois s'accorder sur un plan: l'Afrique a besoin d'un programme de désendettement. Des centaines de millions d'Africains n'ont jamais vu la couleur des milliards empruntés par leurs dirigeants, mais continuent de payer les intérêts. Parfois, l'argent emprunté n'est même pas arrivé au pays ou il a été dilapidé dans des projets prestigieux, souvent dans l'achat d'armes. Au plan strictement comptable, la dette africaine n'est en soi pas très importante. Dans la pratique, même une dette peu élevée contraint les pays à consacrer une bonne partie de leurs recettes d'exportations pour honorer le service de la dette. Le continent, qui s'épuise, n'a jamais dérogé à la règle. Entre 1970 et 2002, l'Afrique a reçu 540 milliards de dollars en prêts. Durant la même période, elle a remboursé 550 milliards en principal et en intérêts. Et fin 2002, son ardoise se montait encore à 295 milliards, soit un peu plus du double de la dette de la Confédération. Reste que ce fardeau, financé à des taux élevés, peut représenter jusqu'à 40% des revenus des Etats.

Ce n'est pas la première fois que l'endettement des pays pauvres est sur le tapis. Les plus pauvres ont bénéficié de deux programmes de désendettement, dès 1997, à l'initiative de la Banque mondiale et du FMI. Mais selon un rapport onusien, certains pays se retrouvent à nouveau pris à la gorge en raison de nouveaux engagements. En effet, la dette multilatérale a grimpé à 218 milliards de dollars en 2003, contre 204 milliards en 2002. Pourtant 23 pays ont bénéficié d'un allégement de 43 milliards de dollars au titre du service de leur dette. L'annonce récente de l'annulation de la totalité de la dette multilatérale de 18 pays d'Afrique subsaharienne constitue, par son ampleur, une avancée historique.

Toujours est-il que l'augmentation de l'aide et l'effacement de la dette n'auront pas d'impact important si les pays riches n'agissent pas sur le plan commercial. Aider les pays pauvres à faire du commerce (Aid to trade) est un nouveau concept qui fait son chemin. Et c'est urgent. Car les investissements privés chutent. Sur un total de 135 milliards de dollars d'investissements étrangers directs, la part nette de l'Afrique ne s'élève plus qu'à 9 milliards en 2003, contre 19 milliards en 2001. Pour relancer l'investissement, il faut agir sur les exportations africaines, qui restent marginales, à peine 2% en 2004. Bloquée par des barrières douanières érigées par le Nord, l'Afrique est en panne, en particulier dans le domaine agricole où le protectionnisme des pays industrialisés lui interdit l'accès au marché. Un seul chiffre: selon la Banque mondiale, le manque à gagner lié à la concurrence déloyale des Etats-Unis et d'Europe représente près de 180 milliards, soit trois plus que l'enveloppe actuelle de l'aide au développement... Autant dire que les pays riches portent une lourde responsabilité dans la crise économique et sociale qui frappe le continent noir.
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