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 Les pompiers pyromanes de l’antisémitisme

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zapimax
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zapimax


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Les pompiers pyromanes de l’antisémitisme Empty
12102005
MessageLes pompiers pyromanes de l’antisémitisme

Violences racistes, amalgames et manipulations

Les pompiers pyromanes de l’antisémitisme

A en croire les médias, l’antisémitisme représenterait le grand problème de l’heure. L’escalade au Proche-Orient a entraîné la multiplication des actes antijuifs, qui doivent être combattus – tout comme le racisme antiarabe ou antiroms. Ce qui suppose d’éviter généralisation et amalgame simplificateur : la difficulté à enseigner la Shoah dans certains lycées relève de phénomènes bien plus complexes que les préjugés de jeunes Beurs (lire Peut-on encore enseigner la Shoah ?). Mais surtout, accuser de judéophobie quiconque critique la politique du gouvernement israélien, c’est non seulement se livrer à un chantage inacceptable, mais aussi alimenter le mal qu’on prétend combattre...

Par Dominique Vidal

« Lobby juif ». Jusqu’à présent, en France (1), seule l’extrême droite utilisait cette expression qui, en deux mots, résume tous les fantasmes antisémites : la finance juive, les médias juifs, le pouvoir juif, bref une version modernisée des Protocoles des sages de Sion (2). Or voilà que, pour la première fois, on la retrouve sous la plume d’une personnalité juive : Elisabeth Schemla, fondatrice du site proche-orient.info après avoir été rédactrice en chef au Nouvel Observateur, puis collaboratrice de Mme Edith Cresson à Bruxelles, auteure enfin d’un livre fort peu critique – c’est un euphémisme – à l’égard du général Ariel Sharon (3).

Proche-orient.info n’a pas peur du grand écart : ce site prône en effet une laïcité intransigeante tout en défendant des démarches communautaires. Mais, le 25 février 2004, dans son éditorial, sa directrice est tombée... du côté où elle penchait. Après avoir salué pêle-mêle l’annonce (d’ailleurs prématurée) de la non-diffusion en France du film La Passion du Christ, de Mel Gibson, le refus de l’Olympia d’accueillir le spectacle du comique Dieudonné et l’interdiction faite à Mme Leila Shahid, déléguée générale de Palestine en France, de prendre la parole dans un collège niçois, elle commentait : « Ce sont des organisations françaises juives qui ont coup sur coup conduit la bagarre et, au nom de la République, ont obtenu gain de cause, après de nombreuses autres victoires durant l’année 2003. » Et d’ajouter : « Des personnalités prestigieuses et prétendument toutes-puissantes laissent la place à des responsables, des associations et des institutions qui savent de mieux en mieux se faire entendre des pouvoirs publics. » Titre de cette ardente défense et illustration de la censure : « En France, naissance d’un lobby juif au sens plein et respectable du terme »...

Quelques jours auparavant, un collaborateur du site en question, Sylvain Attal, publiait un livre (4), dont l’ultime chapitre s’intitule : « Un lobby ? Chiche ! » « Jusqu’ici, écrit-il, les représentants de la communauté juive se sont montrés réticents ou franchement hostiles à cette idée, craignant qu’elle n’alimente l’antisémitisme, ou au moins le reproche de communautarisme. Aujourd’hui, il semble qu’ils aient évolué. [Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF)] Roger Cukierman affirme ne pas être effarouché par l’idée : “S’il y a un lobby, c’est parce que nous sommes attaqués.” » Et Attal d’énoncer les succès remportés par ledit lobby, en France comme à l’échelle de l’Union européenne. Un exemple : Mme D., « une lobbyiste évoluant dans le milieu de l’industrie, pro-israélienne convaincue », aurait contribué à empêcher le Quai d’Orsay de nommer à Tel-Aviv un ambassadeur jugé pro-arabe. « Circonstance aggravante à ses yeux, il est marié à une musulmane d’origine algérienne (5) »...

A vrai dire, cette nouvelle radicalisation des inconditionnels d’Israël reflète leur faiblesse plutôt que leur force : la campagne qu’ils ont engagée depuis plus de trois ans a, pour l’essentiel, échoué. Quels buts se fixaient-ils en recourant à l’arme, dangereuse s’il en est, du chantage à l’antisémitisme ? Faire taire les voix dissidentes parmi les juifs de France, mieux peser ainsi sur les médias et, de la sorte, influer sur l’opinion publique, voire infléchir la politique de la France (6). Et ils n’ont pas lésiné sur les moyens : diffamations de journalistes et de chercheurs insensibles aux charmes du premier ministre Ariel Sharon, manifestations agressives devant le siège de médias déclarés « hostiles », violences en série (7) des extrémistes de droite du Betar et de la Ligue de défense juive (LDJ), sans oublier la multiplication des procès contre des intellectuels présentés comme « antisémites »... Cette offensive tous azimuts se poursuit, hélas, plus hargneuse que jamais.

Ainsi les gros bras de l’extrême droite juive n’ont-ils pas renoncé à leurs pratiques fascisantes. Le 30 décembre 2003, un commando masqué, armé de barres de fer et de coups-de-poings américains, a blessé des membres de l’Association générale des étudiants de Nanterre en plein tribunal administratif. Et les nervis tenteront de recommencer, le 21 janvier 2004, à l’issue d’une reconstitution à la police judiciaire...

En matière d’insultes aussi, c’est un vrai festival. Encore sur proche-orient. info (Cool, Alexandre Adler, interrogé à propos de Tariq Ramadan, se déclare « beaucoup plus choqué par des traîtres juifs comme les Brauman et autres ». A l’antenne d’une radio communautaire (9), Alain Finkielkraut taxe d’« antisémitisme juif » le cinéaste israélien Eyal Sivan, qu’il soupçonne de vouloir « tuer », « liquider » et « faire disparaître » ses coreligionnaires (10). Quant à Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), il « a fait encore un grand pas, selon le mensuel L’Arche (11), dans la direction qui mène de la critique raisonnée d’Israël à la haine irraisonnée des juifs »...
Traîner de Gaulle devant les tribunaux ?

Même escalade dans l’ordre juridique. Me Gilles-William Goldnadel a certes perdu toutes ses procédures contre Raymonda Tawil, Témoignage chrétien, Daniel Mermet, Michèle Manceaux et, récemment, le journal Ras l’Front. Le crime de ce dernier ? Avoir éclairé la biographie de l’idéologue Alexandre Del Valle, soudainement passé de l’extrême droite antiaméricaine et antisioniste à la droite... de la communauté juive.

Ces déconvenues n’ont cependant pas découragé l’avocat. Le voilà qui s’attaque au sociologue Edgar Morin, à l’écrivaine Danièle Sallenave et au député européen Sami Naïr, accusés de « diffamation raciale » pour avoir écrit, le 4 juin 2002, dans Le Monde : « On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en “peuple dominateur et sûr de lui”. » L’avocat, heureusement, ne plaidait pas en 1967 : il aurait assurément traîné le général de Gaulle devant les tribunaux (12) !

Mais laissons là les hauts faits de nos inquisiteurs, car c’est en vain qu’ils les ont multipliés. Aligner les juifs de France ? Jamais les « autres voix juives » – pour paraphraser le titre d’une pétition à succès (13) – n’ont été aussi nombreuses. Jusqu’au sein du CRIF, où des personnalités reconnues, de Théo Klein à Alain Jakubowicz en passant par Michel Zaoui et Patrick Klugman, contestent, à des degrés divers, l’actuel président et, au-delà, la confiscation du Conseil par des extrémistes qui ont profité du sentiment de peur qu’éprouvent nombre de juifs. Peser sur les médias ? Si ces derniers ont tendance à réduire le conflit israélo-palestinien aux attentats-kamikazes, rien n’indique que, sur le fond, ils aient modifié leur orientation, dans l’ensemble plutôt équilibrée. Faire bouger l’opinion ? Si mouvement il y a depuis le déclenchement de la seconde Intifada, il va dans le sens inverse, comme l’attestent – après ceux de bien des sondages français – les résultats de l’enquête européenne publiée en novembre 2003.

L’affaire, on s’en souvient, fit scandale : 59 % des citoyens sondés dans les Etats membres de l’Union considéraient Israël comme « le pays qui menace le plus la paix mondiale ». Des journaux israéliens, immédiatement relayés en France, crièrent à l’antisémitisme. Qualifier un sondage d’antisémite a de quoi surprendre. Qui vise-t-on ? Les sondeurs ou les sondés ? Les questions ou les réponses ? Un quotidien de Tel-Aviv eut en tout cas le courage d’informer ses lecteurs des résultats d’une autre enquête d’opinion, dans laquelle 85 % des Français (soit dix points de plus qu’en 1998) exprimaient leur « sympathie » pour les juifs (14). Le détail des chiffres, évidemment aléatoires, importe moins que cette démonstration implacable : une majorité peut rejeter la politique de l’Etat d’Israël sans être pour autant hostile aux juifs, au contraire.

Si l’échec de ces campagnes a de quoi réjouir les partisans de la paix au Proche-Orient en même temps que les adversaires du communautarisme, juif comme musulman, il ne saurait nous rassurer. Car le chantage à l’antisémitisme banalise évidemment... l’antisémitisme, dont les formes nouvelles doivent inquiéter. Comme, lorsque la forêt flambe, certains pompiers se révèlent pyromanes.
La plus grande vigilance s’impose

Certes, l’antisémitisme comme courant politique a été marginalisé en France, ainsi que l’a confirmé le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur l’année 2002 (15). Même la tendance à une certaine « libération de la parole » antisémite, observée par la chercheuse Nonna Mayer jusqu’en 2000 – « comme si la situation explosive au Proche-Orient et la réprobation suscitée par la politique d’Israël dans les territoires rejaillissaient négativement sur l’image de tous les juifs », – s’est inversée entre 2000 et 2002, « comme si les violences répétées contre la communauté juive, loin d’attiser ou de banaliser l’antisémitisme, avaient fait prendre conscience du danger qu’il représente ». Un an auparavant, dans le Livre blanc (16) publié en 2002 par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS-Racisme, le directeur des études politiques de la Sofres, Philippe Méchet, relevait « avant tout l’absence d’antisémitisme de masse chez les jeunes d’origine maghrébine ».

Les chiffres du ministère de l’intérieur n’en restent pas moins effrayants : de 2001 à 2002, le nombre d’« actes racistes » a été multiplié par plus de quatre, et celui des « actes antisémites » par six. Cette crue – selon la CNCDH – a heureusement été suivie en 2003 (17) d’une décrue, respectivement –4 % et –35,9 %. Mais le pourcentage des agressions antisémites au sein des actes racistes est passé, en un an, de 6 % à 72 %. D’où cette appréciation du rapport : « La violence contre la communauté juive s’enracine et s’aggrave. » On est loin, néanmoins, des affirmations diffamatoires du ministre israélien chargé des relations avec la diaspora, Nathan Chtcharansky, qui avait parlé d’un doublement des actes antisémites l’an dernier (18) !

D’autant que les médias classent parfois certaines agressions à cette seule rubrique sans en avoir la moindre certitude. Ainsi, l’enquête officielle n’a pas encore statué sur la nature de l’incendie, le 15 novembre 2003, de l’école juive de Gagny, présenté d’emblée comme antisémite. De même, une commission de la Ligue des droits de l’homme a remis en cause la version originelle de l’affaire du lycée Montaigne, jugée emblématique par Le Nouvel Observateur. Au lycée Turgot, des professeurs et des élèves se sont mis en grève contre la diffusion, le 27 mars, d’un reportage de Cyril Denvers caricaturant les rapports entre élèves juifs et musulmans. Quant à celui d’Elie Chouraqui sur Montreuil, le 15 avril, les directions du lycée juif privé comme du lycée public mis en cause lui reprochent d’avoir privilégié les tensions et « passé sous silence le travail de rapprochement des deux établissements (19) ».

Qui commet ces agressions contre des lieux de culte et d’enseignement juifs, mais aussi contre des personnes ? Le rapport 2002 de la CNCDH reprend – comme le suivant – les informations fournies par les renseignements généraux. La seconde Intifada et sa répression ont « conduit nombre de jeunes à afficher une identification avec les combattants palestiniens, censés symboliser les exclusions dont eux-mêmes s’estiment victimes ».

Les « adolescents ou jeunes adultes » appréhendés, poursuit le rapport, « sont, en grande partie, issus de quartiers sensibles où demeurent leurs parents, bien souvent immigrés d’Afrique du Nord ». Leurs exactions ont « suscité de vives condamnations de la part des responsables des communautés musulmanes de France, si l’on excepte une minorité de radicaux islamistes dont le message demeure cependant peu audible pour des délinquants fréquemment imperméables aux idéologies et qui prennent habilement prétexte de la situation proche-orientale pour donner libre cours à leur violence ».

Peu audible, le discours des radicaux islamistes n’en est pas moins dangereux dans la mesure où certains pourraient y trouver une légitimation. Or des imams, des sites Internet, des journaux, des livres répandent, ici ou là, la haine. C’est si vrai que, dès la fin 2001, le philosophe Tariq Ramadan avait appelé ses coreligionnaires à « être honnête et aller jusqu’au bout de l’analyse du phénomène : comme cela se voit à travers le monde musulman (voir Régression dans le monde arabe), il existe aujourd’hui en France un discours antisémite qui cherche à tirer sa légitimité de certains textes de la tradition musulmane et qui se sent conforté par la situation en Palestine ». « Ce discours, poursuivait-il, est également véhiculé par des intellectuels ou des imams qui à chaque écueil, au détour de chaque revers politique, voient la main manipulatrice du “lobby juif”. La situation est trop grave pour que l’on se satisfasse de propos de circonstance. Les musulmans, au nom de leur conscience et de leur foi, se doivent de prendre une position claire (...). Ce qu’il faut dire avec force et détermination, c’est que l’antisémitisme est inacceptable et indéfendable (20) ».
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