9 avril 1865
Fin de la guerre de Sécession
Le 9 avril 1865, la bataille d'Appomattox met fin à la guerre de Sécession, aussi appelée «Civil War» (guerre civile) par les Américains eux-mêmes.
Une guerre impitoyable
Les premières offensives de la guerre, quatre ans plus tôt, ont été à l'avantage des Sudistes. Puis, inéluctablement, le sort s'est retourné en faveur des gens du Nord, les «Yankees», beaucoup plus nombreux et bénéficiant de ressources industrielles très supérieures.
Les Nordistes remportent la bataille d'Antietam, le 17 septembre 1862, et surtout celle de Gettysburg, le 3 juillet 1863. En guise de bouquet final, le général Ulysses Simpson Grant s'empare, le 3 avril 1865, de Richmond, la capitale des Confédérés du Sud. Tandis que le président confédéré Jefferson Davis s'enfuit piteusement, le président Lincoln y fait une entrée triomphale, acclamé par les esclaves noirs... et quelques pauvres blancs.
Le commandant de l'armée sudiste, le général Robert Edward Lee, n'a plus avec lui que 26.000 hommes affamés et dépenaillés. Acculé à proximité de Richmond par les forces des généraux Grant et Sheridan, il tente une ultime sortie près du village d'Appomatox Court House. Ses hommes enfoncent une première ligne de cavaliers mais c'est pour se retrouver encerclés par les régiments d'infanterie qui se cachaient alentour. En grand uniforme, Lee se rend à Grant. Il obtient heureusement de généreuses conditions pour ses hommes, autorisés à démobiliser avec chevaux et mules.
Le général Joseph Johnston se rend à son tour le 26 avril 1865 au général Sherman. L'ultime reddition a lieu le 23 juin 1865. Elle est le fait du général de brigade Stand Watie qui a la particularité d'être un chef cherokee et le seul général indien de la guerre de Sécession. Jefferson Davis, le président de la Confédération sudiste, tente de s'enfuir vers le Mexique mais il est rattrapé par une colonne de cavalerie et sera emprisonné sans jugement pendant deux ans.
Un avant-goût du XXe siècle
À bien des égards, cette guerre de Sécession donne un avant-goût des conflits du XXe siècle.
La photographie (avec Matthew. B. Brady, photographe officiel de Lincoln et reporter de guerre) et le journalisme de reportage rapprochent chaque citoyen du front.
À l'initiative de Lincoln lui-même, l'Habeas corpus et les garanties juridiques sont suspendues et la censure est introduite. On procède à des centaines d'arrestations préventives de suspects ou de simples opposants.
Les progrès dans l'artillerie, la qualité des armes individuelles et l'automatisation du tir consacrent le déclin de la cavalerie. La construction des premiers navires cuirassés et la mise en oeuvre de sous-marins d'assaut impressionnent aussi les contemporains. Les chemins de fer sont pour la première fois mis à contribution pour le déplacement des troupes et des armes.
Notons que les services de renseignements empruntent des outils modernes (télégraphe....) de sorte que les officiers d'état-major n'ont plus besoin de s'exposer sur le champ de bataille comme au temps des guerres napoléoniennes.
La conscription généralisée et obligatoire procure des fantassins en nombre quasi-illimité de sorte que les états-majors peuvent lancer des offensives sans trop se préoccuper des pertes humaines. Le blocus économique, la propagande, les exécutions de prisonniers, les exactions à l'encontre de la population civile deviennent monnaie courante dans les deux camps. Ils traduisent l'évolution vers une guerre totale.
Celle-ci se signale par le fait qu'elle vise la destruction de l'adversaire et sa reddition sans condition, à la différence des «guerres civilisées» antérieures qui débouchaient sur des négociations de paix dès lors que le vainqueur jugeait ses gains suffisants.
Un bilan très lourd
Le bilan de la guerre de Sécession s'avère très lourd. Les combats ont au total mobilisé quatre millions de combattants. Ils ont fait 359.000 morts chez les vainqueurs nordistes et 258.000 «seulement» chez les Sudistes.
Les généraux nordistes, forts d'une écrasante supériorité numérique, n'ont pas eu de grands scrupules à lancer de sanglantes offensives (comme, plus tard, les généraux de la Première Guerre mondiale). À l'opposé, le commandement sudiste, excellemment formé et conscient de son infériorité numérique, a davantage ménagé le sang de ses hommes.
Aux pertes militaires s'ajoutent quelques centaines de milliers de victimes civiles. Ainsi, la guerre la plus dure qu'aient jamais livrée les États-Unis aura été une guerre civile. Elle aura fait plus de victimes américaines que toutes les guerres du XXe siècle, y compris les deux guerres mondiales !...
Le président Abraham Lincoln reçoit la capitulation de l'ennemi quelques jours après avoir été réinstallé à la Maison Blanche pour un deuxième mandat. Il se prépare à réconcilier le Sud et le Nord avec charité et sans esprit de vengeance mais la mort va l'en empêcher...
Joseph Savès.
Une Nation est née
La guerre de Sécession demeure l'événement majeur de l'Histoire des jeunes États-Unis. De la fédération très lâche d'États jaloux de leur autonomie, elle va extraire un État national respectueux des libertés locales mais solidement tenu en main par le pouvoir central.
Significatif est le changement sémantique relevé par l'historien André Kaspi :
- Jusqu'en 1865, il était habituel de dire en anglais : «The US are... », soit : les États-Unis sont... [pluriel] -
- Après 1865 et la guerre de Sécession, on dit : «The US is... », soit : les États-Unis est... [singulier] -
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=18650409