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 Les damnés de la France

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mihou
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mihou


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07012009
MessageLes damnés de la France

Les damnés de la France



Par Claude Ribbe,
dimanche 4 janvier 2009 à 19:07 :


Les damnés de la France 200px-Strasbourg_torched_car
On
nous dit qu’en 2009, la promotion de la «diversité» sera à l’ordre du
jour. La « diversité » ! Moins les mots ont de sens, plus ils ont de
chances, s’ils touchent à des sujets générant une forte charge
émotionnelle, d’être des formules magiques qu’on répétera sans
comprendre. Après les «minorités visibles», la «diversité», donc.



Au fait, qu’entend-on par «diversité» ? Initialement, c’est de
diversité culturelle qu’il s’agissait. Là, rien à dire. L’existence de
différentes cultures ne fait guère problème. Mais ce mot de « diversité
» tout court, tel qu’il est employé aujourd’hui, semble bien plus
ambigu. Car cette fois, n’est-ce pas une formule qui se voudrait polie
pour exprimer les idées qu’on n’ose dire qu’en privé, entre personnes
«sûres» et de bon ton, quand on se lâche entre gens « décomplexés »
dans les salons feutrés des Vie, VIIe, VIIIe et XVIe arrondissements de
Paris ?


Ce qu’est la « diversité » ? Je vais vous le dire : c’est ce que les
politiques verraient si, congédiant exceptionnellement chauffeur et
gardes armés, ils descendaient une fois, une fois seulement, de leurs
Velsatis aux vitres fumées et prenaient tout simplement les transports
en commun. Je leur recommande le métro parisien entre les stations gare
de l’Est et Bobigny ou le RER D. Aux heures de pointe, de préférence.
Si c’est à cause de la «diversité», justement, qu’ils ne le prennent
pas, le métro, ni le RER, parce qu’ils ont peur, je suis prêts à les
accompagner. En ma présence, il ne leur arrivera rien. Car moi, qui
n’ai pas de gyrophare sur mon vélib, qui ne suis ni chef d’État, ni
ministre, ni président de commission à enterrer les problèmes, ni
intellectuel à quatre pattes grappillant quelques miettes sous la table
des « grands », quand je prends le métro, il arrive que des inconnus de
la «diversité» viennent me serrer la main, me dire qu’ils sont des
milliers derrière moi, même si je ne les vois pas, ne les entends pas.
La notoriété, ça s’achète. Pas le respect. Dans ces moments là, comment
regretter d’avoir fait la nique à Napoléon ?


La « diversité » ! Ne sont-ce pas ces « mauvais » Français dont les
gens dits « de bien » traitaient naguère les parents de « bougnoules »
ou de «négros» ? Oui, les rejetons des nègres d’Afrique, des arabes,
des musulmans à qui la République n’a jamais voulu donner une vraie
carte d’identité nationale, et auxquels elle a préféré laisser
l’indépendance plutôt que de voir le sanctuaire hexagonal envahi par
les « boubous » et les « burnous ». Sans compter les Antillais du
Bumidom, pourtant théoriquement français de souche à leur arrivée, mais
toujours considérés, quarante ans après, comme des étrangers suspects à
qui l'on impose des gougnafiers censés parler en leur nom.


La « diversité » ! En un mot, tous ceux que les enfants de Pétain ne
voudraient vraiment pas avoir pour gendre, tous ceux dont les fils et
les filles de Déroulède redoutent qu’ils ne corrompent le « sang
français », tous ceux que les héritiers de Vacher de Lapouge ou d’Abel
Hovelacque rêveraient d’expulser, de fouetter, d’enchaîner, d’asservir,
d’anéantir, d’exterminer - et en attendant de comptabiliser - mais
qu’ils sont bien obligés de supporter, la rage au ventre.
La « diversité » ! Les damnés de la France, en somme.


Or voici que le nouveau grand patron mondial, celui devant lequel
les chefs d’état d’Europe vont devoir s’aplatir dans deux semaines,
ressemble à s’y méprendre, en apparence, aux gens de la « diversité »
d’ici. Et sa famille aussi.
Vu la situation de la France, très en deçà, sur ce point, de la période
révolutionnaire (c'est-à-dire de la fin du XVIIIe siècle) voilà de quoi
préoccuper nos «élites» et intriguer nos journalistes. « Cela vous fait
quoi d’être noir et président ? »
Non, il ne faudrait pas que ce boss-là pense qu’on ne l’aime pas à
cause de sa couleur, qu’ici il n’aurait aucune chance d’être seulement
conseiller municipal de Sarcelles. Il ne faudrait pas qu’il fasse des
réflexions publiques, du genre : « Un pays dont un citoyen sur trois se
déclare raciste n’a de leçon à donner à personne ! » Quelle horreur !


Comme si ce président problématique ne suffisait pas à lui seul,
voici qu’il a excité comme il n’est pas possible les gens de la
«diversité» qui se sont tout à coup demandé pourquoi eux n’ont aucune
chance, mais alors vraiment aucune, de jamais devenir des Obama.
Ont-ils seulement un espoir de sortir de l’ignorance où on les a
confinés, de trouver un jour du travail, en en attendant de n’être pas
arrêtés par la police dès qu’ils viennent avec quelques copains à
Paris, sous prétexte qu’ils formeraient des «bandes ethniques»
reconnaissables à la couleur?


Mille cent quarante sept voitures ont brûlé en France la nuit de la
Saint-Sylvestre 2008-2009, contre 878 l’an passé à la même date. Mille
cent quarante sept voitures incendiées en une nuit dans un pays où
aucune guerre civile n’a pourtant été signalée dans la presse, c’est
tout de même inquiétant. Surtout quand on sait que 35 000 policiers
étaient mobilisés pour que ça n'arrive pas. Trente policiers
impuissants par voiture brûlée !


Voilà qui rappelle fâcheusement les mauvais souvenirs d’il y a trois
ans. Faut-il rappeler qu’au plus fort des émeutes de 2005, on n’avait
jamais dépassé le record de 1400 véhicules brûlés par nuit ? Ces
incendies, a qui la faute ? Au nombre des vrais responsables, ne
faut-il pas compter les journalistes qui font prospérer le racisme à la
télévision ? Les aigris autoproclamés philosophes dont les propos
scandaleux valent parfois la Légion d’Honneur ?
Bien sûr, l’élection d’Obama ne changera rien au sort de tous ces
jeunes pyromanes. Mais cette élection leur a peut-être rendu le racisme
quotidien de leur pays plus insupportable encore. Et, comme on ne
tolère aucun héros auquel ils pourraient s’identifier, ils pensent sans
doute n’avoir meilleur moyen de manifester de leur frustration extrême
que de faire parler de leur quartier à la télévision. En y mettant le
feu.


Admettons que ces incendies ne traduisent pas le désespoir mais la
joie ; que les feux de la Saint-Sylvestre soient les substituts des
feux de la Saint-Jean d’autrefois. Dans ce cas, dans les hautes
sphères, on peut transpirer à l’idée du nombre de voitures incendiées
qui viendront saluer l’entrée en fonctions de Barack Obama, le 20
janvier 2009. Et l’on comprend que lesdites hautes sphères veuillent
mettre de toute urgence un peu de «diversité» dans l’uniformité
ambiante. Tant mieux ! S’il s’agit de lutter contre la monotonie des
épidermes que l’on peut constater chez les décideurs politiques,
culturels, économiques et sociaux des pays européens ayant un passé
esclavagiste et colonial, la promotion de la «diversité» est un combat
antiraciste classique et je suis d’accord. Alors pourquoi ne pas
déclarer tout simplement la guerre au racisme, et vite ? Pourquoi ne
pas mettre en place un plan antiraciste pour éduquer les Français de
tous âges, ceux qui ne font pas partie de la « diversité » ? Tant qu’un
Français sur trois, comme c’est le cas aujourd’hui, se déclarera
ouvertement raciste ; tant que 72 % des Français, comme c’est le cas
aujourd’hui, déclareront croire aux « races humaines », les voitures
brûleront, c’est certain.


Mais si l’on sous-entend par « diversité » qu’à chaque couleur
correspondrait un peuple, donc une manière d’être biologiquement
repérable, je comprends, dans ce cas, qu’on ne déclare pas la guerre au
racisme. Alors là, on peut préparer les extincteurs.
Certes, le gouvernement a été obligé de bannir, grâce à un rapport
providentiel, la prise en compte de tout critère de couleur pour lutter
contre les inégalités. Je le dis pourtant depuis longtemps que ce
prétendu remède serait bien pire que le mal.


Il y a trois ans, à grands renforts de tintamarre médiatique, un de
ces laboratoires secrets (mais repérés) où s’élabore la pensée
néo-raciste et négrophobe nous a vomi l’idée de désigner des
représentants de la «communauté noire» de France. D’abord pour faire
passer en force l’idée d’une communauté « noire». Pour former une
communauté, ne faut-il pas une histoire commune ? Les Afro-Américains,
tous issus de l’esclavage et de la ségrégation, ont une histoire
commune. Les Haïtiens qui ont aboli l’esclavage et gagné la première
guerre coloniale de tous les temps ont une histoire commune. Les
Antillo-Guyanais, de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane ou de la
région parisienne, issus de l’esclavage, ont une histoire commune. Les
Afro-Français, les Maghrébins-Français issus de la colonisation, ont
une histoire commune. Mais si on cherche à amalgamer les Afro-Français
avec les Antillais sous le seul prétexte de la couleur, on ne peut
aboutir qu’à un renforcement des divisions et des guerres intestines.


Si des Antillais ghettoïsés dans la banlieue parisienne sont souvent
dans les mêmes groupes que des Afro-Français, c’est évidemment de
groupes sociaux qu’il s’agit. Pas d'un ensemble cohérent fondé sur la
couleur puisque dans les mêmes quartiers, dans les mêmes blocs
d’immeubles, on trouvera aussi des personnes qu’on ne peut pas désigner
comme «noirs».
Cette tentative, appuyée par des moyens considérables, de faire croire
aux Afro-Français et aux Antillais qu’ils faisaient partie de la même
« communauté noire» était habile. Si elle avait réussi, si ceux qui
sont vus comme « noirs » par les négrophobes primaires n’avaient eu
aucun intellectuel capable de démonter et de dénoncer une manipulation
aussi grossière, on se serait empressé de taxer cette communauté
artificiellement créée de communautarisme. On aurait ainsi disqualifié
d’avance toute personne supposée appartenir à cette prétendue
communauté et dont le discours aurait été déplaisant, c’est à dire tout
Afro-descendant capable de pensée construite et assez courageux pour
l’exprimer. En clair, nous nous serions retrouvés cinquante ans en
arrière.


La question la plus redoutée reste le passé esclavagiste français.
On craint qu’à la place des schizophrénies coloniales entretenues par
l’ignorance, l’abrutissement et le clientélisme, naisse une conscience
d’être les descendants des victimes d’un crime, puisque ce statut de
victime est apparu dans la seconde moitié du XXe siècle lorsque
l’Occident dut enfin admettre jusqu'où le préjugé raciste pouvait
conduire.
On tente donc de transformer la question de l’esclavage en une
« question noire » et, en mettant l’accent sur les dérives de quelques
« noirs » fort opportunément racistes, de faire de tous les «noirs» des
racistes plus ou moins déclarés. Des criminels en puissance, jamais des
victimes.
Dans le pire des cas, les prétendus « noirs » vont se battre entre eux.
Il suffit de leur désigner un collaborateur notoire de la pensée
raciste comme chef et l’empoignade est garantie. D’un côté des gens
prêts à tout pour parvenir et bien contents d’endosser cette livrée de
nègre raciste du moment que cela leur rapporte. De l’autre quelques
résistants qu’on essaie de rentre fous. En donnant aux premiers tous
les moyens d’exhiber leur bêtise et en faisant comme si les autres
n’existaient pas, on pense avoir une chance d’y arriver.


C’est ainsi qu’on a pu voir ces dernières années un retour aux
obsessions des colons de Saint-Domingue dont la hantise profonde était
le métissage et l'idéal, la «race» pure. Au nom de ce fantasme d’une
prétendue « race » blanche immaculée, l’idéologie maîtresse faisait de
tout Afro-descendant, eût-il trois grands-parents «blancs» sur quatre,
que cela lui convienne ou pas, un «noir». Cette idée est encore
majoritairement répandue, puisque Barack Obama, avec deux aïeux
« blancs » et deux aïeux « noirs », est devenu un « noir » aux grands
applaudissements de toute la presse européenne.


Cette tentative de communautarisation ayant échoué, il a bien fallu
revenir aux principes de la République.
Mais rien ne changera tant qu’on restera dans les ambiguïtés racistes
et qu’on persistera à utiliser des mots aussi vagues que celui de
« diversité » au lieu d’admettre franchement et clairement que ce qui
fait l’unité de cette fameuse «diversité» c’est l’histoire. Oui, le
colonialisme, l’esclavagisme déshumanisant auxquels l’Occident doit sa
prospérité matérielle. Aimé Césaire n’a rien dit d’autre. Que la France
ait le courage d'en convenir : cette histoire peu reluisante, qui s’est
terminée dans « la merde et dans le sang» n’a rien de positif et on
sera malheureusement bien obligé d’en admettre la réalité si l’on veut
en finir un jour avec le racisme contemporain qui en tire son origine.


Un commissaire à la diversité ? Il a eu le mérite de tirer la
sonnette d’alarme. Nous sommes lui et moi des descendants d’indigènes
ou d’esclaves, et - argent ou pas, réussite ou pas, diplômes ou pas -
le racisme, depuis un demi siècle, nous a certainement empoisonné
l'existence.


Si l’on veut que les enfants des banlieues arrêtent de brûler les
voitures, qu’on ne leur fasse pas miroiter que tout ira bien pour eux
lorsqu’ils sortiront d’une grande école. Dans le meilleur des cas, ils
ne seront que des «normaliens noirs» ou des chefs d’entreprise «issus
de l’immigration».


Tant qu’on persécutera ou qu’on laissera persécuter, par racisme,
des intellectuels descendants d’indigènes ou d’esclaves qui pourraient,
si on les écoutait, contribuer à faire respecter dans leur pays
l’égalité et la fraternité, donc la tranquillité et la prospérité, les
voitures brûleront.


Tant qu’on n’adoptera pas un plan de lutte ferme contre le racisme, les voitures brûleront.


Tant que certains journaux s’entêteront à écrire un « noir » avec une majuscule, les voitures brûleront.


Tant qu’on n’admettra pas que la «diversité» a une histoire dont tous les Français peuvent être fiers, les voitures brûleront.


Tant que le général Dumas ne sera pas réhabilité, les voitures brûleront.


Tant qu’on ne proposera pas aux jeunes du 9-1, du 9-3, du 9-4 et du
9-5, d’autres héros que des sportifs, des chanteurs en slip moulant, et
des présidents d’Amérique, les voitures brûleront.


Tant que les crèmes anti-taches à blanchir la peau et les lotions à défriser trouveront des acheteurs, les voitures brûleront.


Tant que l’on réservera des tribunes audiovisuelles et des chaires
universitaires aux gens qui déclarent croire aux races et déplorer
qu’ils y aient trop de footballeurs « noirs », les voitures brûleront.


Tant que la politique de «mémoire de l’esclavage» consistera au
mieux, par pusillanimité, à tenter d’étouffer l’affaire, au pire, par
esprit de provocation, à multiplier les cérémonies coloniales, les
voitures brûleront.


Tant que les titulaires de la Légion d’Honneur seront à 99 %
garantis non descendants d’indigènes ou d’esclaves, les voitures
brûleront.


Et le fait de promouvoir à la va vite deux ou trois imbéciles de
plus au nom de la «diversité» n’y changera rien. Bien au contraire.


J’appelle les décideurs à faire enfin preuve d’un peu de lucidité et
de courage avant que les banlieues ne s’enflamment de nouveau, suivies
peut-être, cette fois, par une partie de l’outre mer. L’aveuglement a
rendu la situation explosive. Bien entendu, j’espère me tromper.



En tout cas, meilleurs vœux à tous ! Y compris aux racistes auxquels je souhaite de devenir moins bêtes en 2009.

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