mihou Rang: Administrateur
Nombre de messages : 8092 Localisation : Washington D.C. Date d'inscription : 28/05/2005
| | Et pourtant l'Afrique a une histoire! | |
Et pourtant l'Afrique a une histoire! | | Une grioonaute exhorte les jeunes d'Afrique à tirer le meilleur parti de leur histoire, et à ne pas se laisser impressionner par le discours d'un certain Nicolas S à Dakar... | Par Veronique Michelle Metangmo | | | Jeunes d’Afrique, jeunes de ce continent noir, je ne suis pas le chef d’État d’une de ces grandes puissances du monde, mais moi aussi je suis venue vous parler en vérité. Je voudrais vous parler "avec la franchise et la sincérité" que je vous dois, car même en n’étant pas un grand président de ce monde "je vous aime", et je suis semblable à chacun de vous. Vos problèmes sont les miens, vos peurs les miennes, vos frustrations je les connais, elles sont les miennes, je les partage, je vis votre douleur et votre peine. Je suis de votre génération, cette même terre qui vous a portés m’a aussi bercée. Et je fais partie comme vous de cette génération qui cherche ses voies…dans ce monde globalisé. Et je voudrais en tant que membre et au nom de cette génération qui est la mienne, ne pas trahir ce que je pense être ma mission.
Et ceci en toute fidélité avec cette pensée de Frantz Fanon que je partage totalement : "chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir". Aujourd’hui, jeunes d’Afrique, beaucoup de personnes veulent nous parler en vérité, nous amener à nous approprier le présent pour mieux entrer dans le futur : noble et louable entreprise. Belle générosité vis-à-vis de la jeunesse de ce peuple toujours en attente.
OUI jeunes d’Afrique, jeunes Noirs, nous devons véritablement entrer dans ce présent pour mieux préparer notre futur. Mais comment entrer dans ce présent si notre histoire est chaque jour falsifiée par les mêmes qui veulent nous aider à bien entrer dans le présent ? Comment négocier cette entrée quand chaque jour nous est rappelé à force de mots bien répétés et assenés notre condition de "sous-homme", de "bêtes brutes", de "mendiant dans le désert de l’histoire", de "portefaix", de "mercenaire-esclave immuable et éternel", etc. ? | Pourquoi, ce besoin de nous rappeler toujours que « l'homme africain est aussi logique et raisonnable que l'homme européen » ? Cette affirmation toujours assenée aurait-elle pour but de nous convaincre vraiment que nous sommes des êtres rationnels (à ce moment, cela voudrait-il dire que nous en doutions ? Et si tel est le cas, ce serait terrible et voudrait dire que les siècles d’aliénation que nous avons connus, sont encore aujourd’hui de façon indélébile marqués dans notre chair et notre pensée, et que le passage de différentes générations n’y a rien changé).
Ou alors cela voudrait il dire que les hommes européens essaient aujourd’hui encore de se convaincre que nous sommes vraiment des êtres rationnels « comme eux » (ce qui signifierait alors que, bien des années après la domination des peuples dits non civilisés, l’homme occidental a encore un doute sur la capacité d’un homme d’Afrique à être un homme rationnel, après s’être longtemps demandé si celui-ci était détenteur d’une âme !). C’est dire que dans cette affirmation chaque fois rappelée, il y a un malaise et une incertitude qui se créent ou se font présents. J’ai peur que ce qui est ou parait évident n’ait pas autant besoin d’être aussi constamment rappelé. Alors comment comprendre cette affirmation ?
Parlons seulement en vérité "mais quelle vérité ?". Tenez ! Parlons en vérité de l’histoire ! De cette histoire où, pour certains, nous y sommes très mal logés : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles...Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin." Parlons en vérité de cette histoire où nous sommes davantage des figurants que des acteurs. Ou bien même quand nous en sommes les acteurs, c’est toujours pour jouer les rôles les plus ignobles, qui choquent les consciences les plus rationnelles. | |
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| | | | | | | | | Ivan van Sertima © www.cwo.com | | | | |
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| OUI parlons en vérité de cette histoire qui nous doit si peu, voire presque rien. Cette histoire qui est le fruit de l’intelligence, du travail, du labeur, du mobilisme, du modernisme et du désir d’avenir des autres et à laquelle nous avons si peu voire rien du tout apporté. Est-ce vrai ? Est-ce là la vérité ?
Ici encore j’ai envie de rappeler avec Ivan Van Sertima qu’ "Il est troublant de constater que l’on s’efforce (peut-être inconsciemment, tant le réflexe raciste est devenu involontaire) de créer un surhomme blanc à qui l’on devrait tout de la civilisation et des grandes réalisations des peuples non caucasoïdes".
OUI, jeunes d’Afrique, ne vous laissez jamais voler votre histoire ou laisser les autres l’écrire ou la raconter à votre place, car c’est avec cette histoire vraie que vous affronterez mieux votre présent et bâtirez mieux votre futur. C’est sur cette histoire, la vraie et dans cette histoire que vous trouverez mieux les armes et les moyens pour affronter ceux qui voudront vous dominer et vous rappeler constamment votre rationalité pour mieux vous en faire douter.
OUI, jeunes d’Afrique, méfiez-vous des gens qui exaltent ou louent les talents de Senghor pour mieux vous éloigner de l’histoire, seul socle sur lequel vous trouverez de la grandeur, le courage, la noblesse, la fierté, la royauté et autre matériau pour mieux construire ce présent et entrer comme des "guerriers" dans le futur. Car ne vous y trompez pas, les luttes et guerres de conquête, de pouvoirs et de domination ne sont jamais terminées. Elles changent juste de forme et d’apparence pour mieux revenir. |
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Jeu 6 Déc - 7:11 par mihou