Histoire et repères
Grâce à son papa, George W. Bush n'a pas connu les horreurs du Vietnam
C'est bien documenté: l'actuel président nord-américain faisait la fête
en Alabama tandis que 58 000 garçons de son âge laissaient leur vie
dans le sud-est asiatique • Le présentateur de la chaîne de télévision
nord-américaine CBS, Dan Rather, qui a été forcé de nier cette vérité,
a été humilié pendant des années
PAR JEAN-GUY ALLARD, de Granma international
ALORS que ne cesse de
croître le nombre de victimes parmi les soldats nord-américains
condamnés par George W. Bush à mourir en Irak, la
vérité sur les circonstances dans lesquelles le
président lui-même a évité d’être envoyé à la guerre
du Vietnam comme des milliers de jeunes de son âge,
continue d’être l’objet de censure.
Diffuser
des informations à ce sujet à la veille des
élections présidentielles de 2004 a valu des années
d’humiliation au journaliste et présentateur de la
chaîne de télévision nord-américaine CBS, Dan Rather.
Il y a quelques jours, il vient de déposer une
plainte contre son ex employeur, lui demandant 75
millions de dollars de dommages et intérêts pour
l’avoir sanctionné, dans le seul but de calmer le
locataire furibond de la Maison-Blanche.
À l’époque, les supérieurs
de Rather l’avaient obligé à présenter ses excuses
en plein milieu du journal télévisé le plus regardé
aux États-Unis pour avoir «
utilisé des documents
apparemment faux» au sujet du service militaire
du président George W. Bush durant la guerre du
Vietnam… bien qu’il savait parfaitement qu’ils
étaient authentiques.
Dans un article qu’il vient
de publier sur cette controverse, Greg Palast, le
journaliste d’investigation britannique réputé,
révèle que la scandaleuse lâcheté de Bush est connue
en détail, et démontrée, depuis 1999.
Palast rappelle comment, le
8 septembre 2004, Rather avait présenté son
reportage dans lequel il expliquait de quelle façon
George Bush père, alors congressiste, avait arrangé
les choses pour que son fils ne soit pas recruté
pour la guerre du Vietnam, comme il se devait, mais
qu’il passe plutôt son service militaire dans une
unité d’aviation de la Garde nationale. Un procédé
complètement inhabituel puisque le corps d’armée
exigeait de ses nouveaux pilotes trois années
d’expérience antérieure dans une unité régulière de
la force aérienne nationale.
«
Petit George a alors
échappé à la guerre et est allé défendre Houston
d’une attaque du Vietcong», ironise le
journaliste.
Papa Bush a réalisé la manœuvre
alors qu’il ne restait plus que douze jours à son
fils avant d’être formellement recruté pour la
guerre.
La BBC avait déjà révélé
l’information un an plus tôt, signale Palast, et
n’avait jamais dû se rétracter.
23 MILLIONS POUR SAUVER
FISTON
Le reporter indique que le
reportage de la BBC, reposait sur un document
confidentiel du département de la Justice où on
signalait comment le lieutenant gouverneur du Texas,
Ben Barnes, qui a fait les arrangements pour sortir
Bush fils des listes de la US Army a reçu, 35 ans
plus tard, sa récompense.
En 1997, George W. Bush,
alors gouverneur, a accordé de façon irrégulière un
contrat de la loterie de l’État d’une valeur d’un
milliard de dollars à une entreprise liée à Barnes.
Ce dernier a alors reçu une commission de 23
millions de dollars.
Barnes a avoué qu’en 1968 il
avait reçu un appel de l’homme d’affaires Sid Adger,
ami de la famille Bush, demandant que l’on ait la
bonté de mettre l’héritier Bush sur les listes de la
Garde nationale. L’actuel président prétendra
toujours ensuite, de façon mensongère, que ce corps
militaire dont les membres, normalement, ne sont pas
appelés à se déplacer hors du territoire national,
manquait de candidats.
Barnes a alors appelé le
général James Rose, commandant local de la Garde,
qui a effectué l’inscription de ‘W.’ dans une unité
de la base aérienne de Ellington où il s’est joint à
plusieurs autres fils à papa.
Rapidement, le jeune Bush a
reçu le rang de deuxième lieutenant alors que ses
compagnons moins privilégiés attendaient des années
avant de recevoir une telle reconnaissance.
Bush s’est toujours
distingué par ses absences non justifiées et ses
retards dans l’accomplissement des tâches qui lui
étaient assignées. Peu à peu, il a appris à piloter
le F-102, un appareil obsolète qui n’était déjà plus
utilisé au Vietnam.
D’Ellington, il a demandé
son transfert à Montgomery, en Alabama, où il ne
s’est jamais présenté. Mais il a cependant été vu
s’agitant dans les combines qui entouraient la
campagne électorale au sénat de Winton "Red" Blount,
un ami de son clan. Tout cela en faisant la fête
dans des soirées où l’on observait déjà son penchant
pour l’alcool. La consommation de marihuana et de
cocaïne était alors à la mode dans les fêtes de
jeunes nantis et ses ex copains affirment que le
futur président partageait allègrement ce goût.
Plusieurs documents qui
permettraient d’expliquer les activités et les
absences de George W. Bush au cours de la guerre ont
mystérieusement disparu des archives de la Garde
nationale.
En 1972 (l’année du
Wartergate) ‘W.’, alors âgé de 26 ans, a décidé de
disparaître, au moment où la garde nationale a
commencé à imposer des tests anti-drogues. Il a
alors été assigné à des tâches civiles à Denver où
il ne s’est pas non plus présenté.
Pendant ce temps, 58 000
compatriotes de son âge laissaient leur vie au
Vietnam, dans une autre guerre inutile d’un empire
décadent.
Malgré sa veulerie, Bush n’a
pas hésité à s’afficher dans ce même uniforme de la
Force aérienne utilisé par ceux qui ne sont jamais
rentrés de ce conflit.
De la même manière qu’il
s’obstine à laisser plus de 150 000 soldats en Irak.
Plus de 3 800 d’entre eux sont morts dans cette
guerre d’occupation et des milliers demeureront
invalides. Un million d’Iraquiens ont également été
victimes des leçons de ‘démocratie’ de ce cowboy
texan que la guerre effrayait tant. •
Samedi 06 Octobre 2007
JEAN-GUY ALLARD
http://www.alterinfo.net/Grace-a-son-papa,-George-W-Bush-n-a-pas-connu-les-horreurs-du-Vietnam_a11944.html?TOKEN_RETURN