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 Le Code Noir a connu 2 versions,celle de 1685 et 1724(suite)

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mihou
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mihou


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Le Code Noir a connu 2 versions,celle de 1685 et 1724(suite) Empty
02062005
MessageLe Code Noir a connu 2 versions,celle de 1685 et 1724(suite)

Flagellation publique d’esclaves, brésil, 1830.
© http://hitchcock.itc.virginia.edu/SlaveTrade/



De manière générale, la pratique voulait que lorsque le fouet était administré publiquement à un esclave, tous les coups ne soient pas portés le même jour. Les condamnés étaient attachés à un poteau ou suspendu par les bras à une corde. L’esclave avait donc les bras levés, et il était frappé à même la peau, sur le dos et le bas du dos. Après chaque séance, les plaies étaient salées et l’esclave était ramené dès le lendemain pour recevoir une nouvelle série de coups. Le supplice se renouvelait quotidiennement, jusqu’à ce que la totalité de la sentence soit appliquée. Cette procédure devait également être respectée en prison, car les registres montrent qu’au fur à mesure, les " jours d’infirmerie" se multipliaient et s’allongeaient. Ce qui veut dire que les esclaves avaient certainement plus de mal à récupérer après chaque nouvelle séance de fouettement. Les esclaves y étaient incarcérés à la demande de leurs maîtres, qui stipulaient au greffier le type et le nombre de coups de fouet qui devaient être administrés à leurs esclaves. Et ce nombre variait entre 25 et 100 coups. Les flagellations publiques d’esclaves étaient très souvent confiées à un autre esclave ou à un Noir affranchi, selon le bon vieux principe du " diviser pour mieux régner".

Chap.3. Resistances


Entrainement des chiens à la chasse aux esclaves. Saint Domingue, 1800. Le soldat Français présente aux chiens un esclave qu’il a recouvert du sang et de la chair d’un animal, généralement de la volaille. Les chiens sont intentionellement affamés afin d’être excités par l’odeur du sang de l’animal, qui coule le long de la jambe de l’esclave. Les chiens assimilent ainsi les Noirs à leur nourriture, ce qui accentue leur férocité lorsqu’ils sont lancés à la poursuite d’un esclave fugitif.
© http://hitchcock.itc.virginia.edu/SlaveTrade/



Les esclaves ont opposé plusieurs formes de résistance à l’oppression esclavagiste, des plus insoupçonnables aux plus extrêmes. L’esclavage n’a jamais été une pratique de tout repos et la soumission d’un esclave n’était jamais acquise à son maître. L’esclave la plus docile pouvait s’enfuir du jour au lendemain ou empoisonner sans raison apparente la nourriture de ses maîtres. Les registres carcéraux des deux principales prisons pour esclaves de la ville de Rio de Janeiro, le Calabouço et la Casa da detenção par exemple, montrent que les cellules d’incarcération n’ont jamais désempli durant tout le long du 19ième siècle. Et ce, en dépit de la terreur exercée par la police à travers les rues de la ville.

Résistance passive. Les procès-verbaux d’incarcération de ces mêmes registres montrent qu’il existait des formes de résistance que l’on pourrait qualifier de " passives", dans le sens où l’esclave, ne pouvant s’attaquer directement au joug qui pesait sur lui, se retranchait dans des mécanismes d’autodestruction. Dans les grandes villes, l’alcoolisme était le fléau le plus répandu au sein de la population esclave. Les esclaves des deux sexes et de tout âge, buvaient une grande quantité d’alcool de canne, à la fois pour oublier leur condition et pour se rendre totalement inapte au travail. L’alcoolisme entraînait un autre phénomène non moins gênant pour les autorités qui était appelé le " désordre", car sous l’emprise de la boisson, les bagarres et le tapage des esclaves étaient monnaie courante. Dans les plantations, les esclaves s’ingéniaient également à se rendrent " inutiles" en se blessant, au risque de se rendre infirmes. L’une des pratiques les plus connues consistait à s’introduire volontairement des vers dans la plante des pieds, car leur incubation dans la chair pouvait faire perdre un membre.

L’autre forme de résistance " passive" la plus répandue était le suicide. L’expression " avaler sa langue", unanimement connue dans les Amériques esclavagistes, évoquait ce phénomène par lequel beaucoup d’esclaves se donnaient la mort. Ils le faisaient également en mangeant de la terre. Une pratique que les médecins avaient d’abord pris pour un simple "vice", mais qui était en fait la forme de suicide la plus répandue au sein de la population esclave. Un suicide lent, douloureux, mais indécelable, qui amenuisait progressivement la condition physique de l’esclave. En réalité, beaucoup d’esclaves se laissaient mourir, refusant de s’alimenter, sombrant dans le désespoir et le mutisme. Au Brésil, ce phénomène était appelé le " banzo". Ce terme, dont l’origine Kongo ne fait aucun doute, devait provenir du mot "mabanzo", qui veut dire le souvenir, la nostalgie.



Avis de recherche d’esclave en fuite, maryland, E.U, 19ième siècle
© http://hitchcock.itc.virginia.edu/SlaveTrade/



Résistance active. La première forme de résistance active était bien entendue la fuite. Les esclaves fugitifs ou "soupçonnés" de fuite représentaient la majorité des détenus esclaves des deux sexes dans les prisons qui leur étaient destinées. Les Journaux et les murs des grandes villes, du Nord au sud des Amériques, en passant par la Caraïbe, étaient recouverts en permanence d’avis de recherche d’esclaves fugitifs. En milieu urbain, les esclaves fugitifs se mêlaient de préférence aux Noirs affranchis vivant au cœur même de la ville, car c’était parmi eux qu’ils couraient le moins de risques d’être découverts. Il existait de véritables réseaux, essentiellement dirigés par des femmes, qui permettaient de cacher des esclaves fugitifs dans des lieux de prières, des maisons de jeux, généralement dissimulés dans les arrière-boutiques appartenant à des affranchis. Ceux qui prenaient le risque de s’enfuir dans les forêts, devaient toujours fuir plus loin et plus souvent, car les chasseurs d’esclaves, dont le salaire était une prime à la " capture", étaient particulièrement nombreux et organisés. Malgré cette menace et le châtiment qui attendait le fugitif capturé, hommes, femmes, enfants esclaves s’enfuyaient, et très souvent ils le faisaient plus d’une fois.

Parfois ces fugitifs, dits cimarron, se regroupaient dans les forêts et parvenaient à constituer des communautés. C’est ainsi qu’est apparu le phénomène du " marronage", très répandu dans les Antilles. Ces communautés de fugitifs, appelées Quilombo au Brésil, Calbido à Cuba, pouvaient parfois devenir très importantes numériquement parlant . Le Quilombo de Macaco, dans la Serra da Barriga au Brésil a atteint 8000 habitants. Certaines d’entre-elles devenaient suffisamment organisées pour opposer une résistance armée à l’occupant. Parmi les exemples les plus célèbres se trouve la "République de Palmares", dirigé par l’ex-esclave Zumbi et qui a infligé plusieurs défaites à l’armée brésilienne entre 1655 et 1694. Le chef marron Cudjoe et ses troupes ont également tenu en respect, pendant près de 40 ans, l’armée anglaise à la Jamaïque au 18ième siècle. En 1739, ce fut l’ultime humiliation, car cette armée fut obligée de signer un traité de paix avec le chef marron, lui octroyant des terres et garantissant la liberté à sa communauté et sa descendance.



Revanche contre des soldats français, Saint-domingue, 1805
© http://hitchcock.itc.virginia.edu/SlaveTrade/



Pour l’esclave, la résistance active signifiait également une opposition frontale à son maître, et le pourcentage élevé d’esclaves incarcérés pour "désobéissance" est bien là pour le prouver. C’est l’un des principaux motifs d’emprisonnement des esclaves des deux sexes dans les registres carcéraux de la maison de détention de Rio de Janeiro au 19ième siècle, et correspondait à des délits allant du refus de rentrer à la maison, à la pratique de la capoeira. Les relations maître-esclave étaient donc empreintes de tension et de peur de part et d’autre. Le maître craignait la rébellion de l’esclave car celle-ci pouvait se retourner contre lui. Les chroniques de l’époque esclavagiste ne manquent pas de cas d’empoisonnements, voir d’assassinats violents de maîtres par leurs esclaves. Les féticheuses et sorciers africains étaient particulièrement recherchés et persécutés par la police car, la plupart du temps, c’était eux qui confectionnaient et diffusaient au sein de la population esclave, les breuvages servant à empoisonner les maîtres blancs. Les femmes esclaves se servaient également de ce type de breuvage pour se faire avorter. C’est une forme de résistance peu connue, mais les médecins de l’époque la soupçonnait d’être très courante au sein de la population esclave. L’avortement et l’infanticide, était une manière de briser le cycle héréditaire de l’esclavage, et les femmes n’ont souvent trouvé aucun autre moyen de se révolter contre cette " fatalité" qui leur imposait, en plus de leur propre servitude, le poids de la culpabilité.

Le système esclavagiste n’a jamais véritablement réussi à priver l’esclave de toute humanité, ni à en faire un "meuble". Il a obtenu sa soumission au prix d’une oppression et d’une violence permanente. Certains esclaves ont cherché à contourner cette oppression en élaborant diverses stratégies d’adaptation et de survie, allant de l’obéissance à la " collaboration ". Mais une grande partie de ces captifs a refusé de courber l’échine, préférant très souvent la mort à la servitude. Ces résistants, des plus illustres au plus anonymes, parce qu’ils ont affirmé leur humanité et leur liberté dans la souffrance et la mort, méritent notre devoir de mémoire.

Sources

Marcus Rainsford. An historical account of the black empire of Hayti . London,1805.

Thomas Branagan. The Penitential Tyrant; or, slave trader reformed. New York, 1807.

Richard Bridgens. West India Scenery...from sketches taken during a voyage to, and residence of seven years in ... Trinidad . London, 1836

Registres d’incarcération de la Casa da Detenção ( Arquivo publico do estado do Rio de janeiro) et du Calabouço ( Arquivo nacional da cidade do Rio de Janeiro ).
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