MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
-25%
Le deal à ne pas rater :
-25% Samsung Odyssey G9 G95C – Ecran PC Gamer 49″ Incurvé
599 € 799 €
Voir le deal

 

 Le faux pas africain de Sarkozy

Aller en bas 
AuteurMessage
brigitte
Membre confirmé
brigitte


Nombre de messages : 65
Localisation : France/Togo
Date d'inscription : 24/11/2005

Le faux pas africain de Sarkozy Empty
23082007
MessageLe faux pas africain de Sarkozy

,
par Philippe Bernard

LE MONDE | 23.08.07 |
13h18 • Mis à jour le 23.08.07 | 13h18





























Depuis près
d'un mois, Nicolas Sarkozy déclenche en Afrique une vague d'hostilité dont
il n'avait sans doute pas anticipé l'ampleur. S'adressant aux "jeunes
d'Afrique" dans un amphithéâtre de l'université Cheikh-Anta-Diop de
Dakar le 26 juillet, le président de la République avait proclamé avec
fougue son amour du continent : "J'aime l'Afrique, j'aime et je
respecte les Africains"
, a-t-il lancé devant un parterre
d'universitaires triés sur le volet. Les "vrais" étudiants
avaient été écartés par crainte de manifestations d'hostilité à l'égard de
l'homme de "l'immigration choisie".







L'assistance aurait pu applaudir à la
reconnaissance des "crimes contre l'humanité" liés à
l'esclavage et des "effets pervers de la colonisation"
exprimée avec un degré d'emphase que n'avait jamais atteint le candidat
Sarkozy. Si l'auditoire a finalement réservé un accueil glacial à cette
longue "adresse" présentée par l'Elysée comme fondatrice, c'est
probablement qu'il n'y a pas trouvé le moindre signe de "repentance".
Pareille absence ne pouvait pourtant guère surprendre de la part d'un
président dont le discours décomplexé tourne le dos à une démarche qu'il
assimile à une forme de haine de soi et de la France. Fidèle à lui-même, le
président a absous les colonisateurs qui, certes, "ont pillé des
ressources"
et "ont eu tort" de le faire, mais
étaient "sincères".

La stupeur des invités et le torrent de
commentaires indignés que suscite jusqu'à aujourd'hui le discours de Dakar
parmi les intellectuels africains proviennent surtout des sentences
définitives et globalisantes, à forte teneur culturaliste, voire
essentialiste, qu'a assénées le président français à propos de "l'homme
africain"
. Nul ne saurait contester, y compris parmi les élites du
continent, que "l'Afrique a sa part de responsabilité dans son
propre malheur"
. Le problème est que M. Sarkozy a présenté les
échecs présents du continent comme contrebalançant, voire justifiant, les
torts des colonisateurs. Désireux de mettre l'accent sur les
responsabilités actuelles, il s'est exprimé comme si la ponction historique
de 13 millions d'esclaves et l'exploitation coloniale étaient strictement
sans effet sur l'Afrique actuelle. Comme si la mise en place et le soutien
par la France, y compris par la violence, de régimes dévoués à ses intérêts
n'étaient pour rien dans les errements de la démocratie.

Dans ce texte rédigé par son conseiller spécial
Henri Guaino, le président a présenté l'Africain comme un homme prisonnier
de sa culture, marqué par l'irrationalité et l'incapacité d'envisager le
futur. "Le drame de l'Afrique, a-t-il déclaré, c'est que
l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire
(...). Jamais
il ne s'élance vers l'avenir
(...). Dans cet univers où la nature
commande tout (...), il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour
l'idée de progrès."


Certes, la suite du discours appelait à la "renaissance
africaine"
, un thème cher au président sud-africain Thabo Mbeki,
qui a félicité chaleureusement son homologue français dans une lettre
rendue publique par l'Elysée le 13 août. M. Sarkozy a aussi magnifié le
métissage culturel né de la colonisation qui annonce le "grand
destin commun"
de "l'Eurafrique", une expression
qui date de l'entre-deux-guerres et fleure le colonialisme. Ce
"métissage", il n'est d'ailleurs plus question pour le président
français de l'honorer dès qu'est abordée la question sensible de
l'immigration.

Mais les auditeurs africains de M. Sarkozy ont
surtout été choqués par ses généralisations sur l'homme africain, animé par
"ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt
que de raisonner, d'être en harmonie plutôt qu'en conquête"
.

Sur quel autre continent que l'Afrique un chef
d'Etat occidental en visite officielle pourrait-il se permettre de donner
pareille leçon, d'instruire des procès en responsabilité historique, de
multiplier des clichés dans une enceinte universitaire précisément
consacrée à la réflexion critique et à la recherche sur des réalités
complexes ?

"NOUS NOUS SENTONS
INSULTÉS"


"La recherche sur l'Afrique
et ses relations au monde ont fait
(...) des
progrès considérables, qui interdisent absolument de parler du continent
dans les termes qui ont été les vôtres"
, réplique Ibrahima Thioub,
historien à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar dans un texte diffusé
sur Internet. L'enseignant, tout en refusant toute comparaison avec le
nazisme, appelle à "comprendre que la mémoire africaine de la
traite atlantique des esclaves et de la colonisation est à l'Afrique
(...)
ce que la mémoire de l'Occupation est à la France".

"Se peut-il que (M. Sarkozy) n'ait pas compris à quel point nous nous sommes sentis
insultés ?"
, interroge Boubacar Boris Diop. Cet écrivain et
journaliste sénégalais estime "légitime" le fait d'"instruire
le procès des sociétés africaines"
à condition qu'une telle
démarche ne serve pas uniquement à renforcer les Occidentaux dans leurs
préjugés. Il analyse les propos de M. Sarkozy en "une sorte de
discours sur l'état de l'Union... française"
significatif des "relations
de suzerain à vassal que Sarkozy peut entretenir avec ses obligés de la
Françafrique"
.

Alors que ces intellectuels espéraient prendre au
mot M. Sarkozy, chantre de la "rupture", ils ont vu dans son
discours la confirmation d'une vision paternaliste et d'un soutien
renouvelé à des régimes indéfendables. En faisant ainsi la leçon à des
intellectuels dont certains n'ont aucune complaisance à l'égard des régimes
africains, le président a affaibli leur position, agissant comme si la
critique et les remèdes ne pouvaient venir que des Blancs. "Dans sa
"franchise" et sa "sincérité", Nicolas Sarkozy révèle
au grand jour ce qui, jusqu'à présent, relevait du non-dit, à savoir que
(...)
l'armature intellectuelle qui sous-tend la politique africaine de la France
date de la fin du XIXe siècle"
, écrit Achille Mbembe,
universitaire camerounais de renom. M. Mbembe raille la vision des "élites
dirigeantes françaises"
d'une Afrique "mi-bucolique,
mi-cauchemardesque"
, faite d'"une communauté de souffrants
prostrés dans un hors-monde"
.

Muet à Dakar sur la dérive autoritaire du pouvoir
au Sénégal, empressé à honorer de sa visite Omar Bongo, à la tête du Gabon
depuis quarante ans, Nicolas Sarkozy n'a pas été jusqu'au bout du discours
de vérité qu'il prétend tenir. Son choix de faire étape chez M. Bongo, défenseur
des intérêts pétroliers français mais peu soucieux de transformer les
richesses de son pays en développement, accrédite le constat d'une certaine
inertie de la politique africaine de la France, loin de la rupture
revendiquée. Comment, dans ces conditions, le président français aurait-il
pu rendre crédible aux yeux des "jeunes d'Afrique" son
appel à la "renaissance" solennellement adressé depuis
Dakar ?

Philippe Bernard
Revenir en haut Aller en bas
http://blogs.nouvelobs.com/brigitte/
Partager cet article sur : reddit

Le faux pas africain de Sarkozy :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Le faux pas africain de Sarkozy

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» NICOLAS SARKOZY ET SON COPAIN BARACK OBAMA L'AFRICAIN
» NOIR C’EST NOIR:SARKOZY L’AFRICAIN
» Tibet: vrai ou faux?
» Le Darfour et ses faux amis
» Les faux athéismes ou les idéologies de resacralisation

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: ACTUALITES-NEWS :: ACTUALITES AFRICAINES/AFRICAN NEWS-
Sauter vers: