Tite Prout Maître de Cérémonie du forum
Nombre de messages : 1737 Localisation : Montréal Date d'inscription : 01/06/2005
| | Quinze ans de pilule: quels sont les risques ? | |
Quinze ans de pilule: quels sont les risques ? Y a-t-il un risque particulier à prendre la pilule pendant plus de dix ans ? Des études apportent des indications assez rassurantes dans ce domaine.
Les effets, bénéfiques et défavorables, de la pilule sont relativement bien connus à court terme. Sous réserve d’une grande rigueur dans le respect des contre-indications, le risque de réactions indésirables graves est extrêmement faible. Mais qu’en est-il à long terme, après dix ou quinze ans sous pilule ? Cancer du sein : plutôt les pilules anciennes Une étude toute récente1 apporte des données plutôt rassurantes concernant le risque de cancer du sein, longtemps discuté. En analysant les dossiers de plus de 12 000 femmes âgées de 42 à 63 ans, ayant ou non pris la pilule, les chercheurs n’ont pas observé d’influence claire de la pilule sur le risque de cancer du sein, sauf chez les femmes de plus de 55 ans. Celles-ci avaient un risque de cancer du sein doublé lorsqu’elles avaient pris la pilule pendant plus de dix ans. Cette observation tend à indiquer que seules les premières pilules, fortement dosées, ont un effet délétère. Une étude2 parue quelques mois auparavant, soulignait aussi le risque des premières pilules chez les femmes ayant des antécédents familiaux de cancer du sein. Les auteurs ont étudié 426 familles parmi lesquelles des femmes avaient été victimes de cette maladie entre 1944 et 1952. Pour leurs soeurs et leurs filles, prendre une contraception orale multipliait par plus de trois le risque de cancer du sein. Et ce risque était multiplié par 11 chez les femmes ayant cinq parentes touchées par un cancer du sein. Mais les effets de la pilule étaient surtout nets pour les femmes qui l’avaient prise avant 1975. Ces résultats confirment néanmoins clairement la nécessité impérative pour les femmes ayant une mère ou une soeur atteinte par un cancer du sein de choisir une autre méthode contraceptive. Pas d’effets prolongés sur la circulation Une étude anglaise de grande ampleur a permis de préciser les effets de la contraception orale sur la mortalité3. Pour cela, 1 400 médecins britanniques ont suivi 56 000 femmes pendant 25 ans. La mortalité totale est apparue strictement identique chez les femmes qui avaient pris la pilule et les autres. Cependant, en limitant l’analyse aux patientes continuant à prendre la pilule ou l’ayant arrêtée depuis moins de dix ans, les auteurs ont observé que la mortalité par accident cardiovasculaire et par cancer du col de l’utérus était augmentée, tandis que celle liée au cancer de l’ovaire était diminuée. Ainsi les effets de la contraception semblent se manifester pour l’essentiel durant le traitement et s’estomper assez rapidement à l’arrêt de celui-ci. C’est certainement vrai pour les accidents cardiovasculaires. Concernant le risque de cancer de l’utérus on a longtemps pensé qu’il était uniquement lié au fait que les femmes sous pilule ont une vie sexuelle plus active et donc, un risque plus élevé d’infections. Mais des données récentes suggèrent que la contraception oestroprogestative pourrait favoriser également par elle même l’infection par le papillomavirus.Attention à la cigarette ! Les femmes qui prennent longtemps la pilule pourraient être plus exposées aux risques vasculaires du fait de l’âge. En effet le risque de thrombose et d’embolie lié à la pilule est plus élevé chez les femmes de plus de 35 ans et qui fument. Cela souligne la nécessité d’être extrêmement stricte sur les contre-indications après 35 ans et notamment d’arrêter la cigarette. Bon pour l’ovaire et les os Ces études ne doivent pas faire oublier que la contraception orale peut avoir également des effets favorables. Le principal avantage des oestro-progestatifs est une diminution du risque de cancer de l’ovaire qui apparaît dès les premiers mois sous pilule et augmente avec la durée de la contraception4. L’effet protecteur semble persister jusqu’à quinze ans après l’arrêt de la pilule. Il existe peut-être aussi un effet protecteur sur le cancer de l’endomètre, mais les données sont plus incertaines dans ce cas. La pilule oestroprogestative, qu’elle soit faiblement ou fortement dosée, prévient également la déminéralisation osseuse, problème parfois important à l’approche de la ménopause. Les pilules progestatives normodosées ont sans doute également un effet favorable sur le risque de cancer de l’ovaire et de l’endomètre et diminuent le risque de fibrome. En revanche elles n’ont pas d’effets sur la densité osseuse. Enfin, il existe un autre bénéfice, indirect de la contraception orale : celui de conduire régulièrement la femme chez le médecin, ce qui est un élément important pour le dépistage précoce du cancer du col et du cancer du sein. Dr Chantal Guéniot 1 - JAMA 2001,285:39-45
2 - JAMA. 2000;284:1791-1798
3 - BMJ 1999;318:69-70.
4 - Advances contraception 8 : 35-45, 1992 | |
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