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Le Devoir
LES ACTUALITÉS, vendredi 11 mai 2007, p. a5
Dépression post-partum
L'enfant reste marqué par le premier regard que sa mère pose sur luiLe premier regard posé sur l'enfant persiste longtemps
Gravel, Pauline
La dépression post-partum qui affecte une nouvelle
maman peut laisser des séquelles durables chez son enfant. Ces
stigmates peuvent persister même si on soulage la mère de ses symptômes
dépressifs et entraver le développement affectif de l'enfant.
Le professeur David Forman, du département de
psychologie de l'université Concordia, et ses collègues de l'université
de l'Iowa ont étudié 157 femmes qui étaient mères d'un bébé de six
mois. Les deux tiers de ces mamans souffraient d'une dépression
post-partum. Les chercheurs ont alors observé que celles qui étaient
déprimées décrivaient toujours leur nourrisson comme coléreux et
irritable tandis que celles en bonne santé dressaient un portrait
beaucoup plus positif de leur nouveau-né. Plus grave encore: ces
impressions négatives que produisaient les enfants sur les mamans en
dépression étaient bien ancrées et persistantes puisqu'elles étaient
toujours présentes après que ces femmes eurent été traitées avec succès
pour leur dépression.
Les auteurs de l'étude ont revu et interrogé les
mères 18 mois après qu'elles eurent complété une psychothérapie
interpersonnelle. Leur bambin atteignait alors l'âge d'environ deux
ans. À ce moment, la description que ces mamans donnaient de leur
enfant concordait parfaitement avec ce qu'elles avaient affirmé au
moment où leur poupon n'était âgé que de six mois. Même si les mères se
rétablissaient, la perception qu'elles avaient du comportement de leur
enfant demeurait tout aussi négative que pendant leur épisode
dépressif. En d'autres mots, «les premières impressions de la mère sur
son nouveau-né prédisaient très fidèlement sa perception future, et ce,
autant chez les mères ayant souffert de dépression que chez celles qui
en avaient été exemptes», précise David Forman, avant d'ajouter que
d'emblée les mamans en bonne santé ne dépeignaient pas le comportement
de leur enfant comme nécessairement négatif et que leur perception
plutôt positive se maintenait au cours du temps. «Peut-être que ces
observations traduisent ce qui se passe dans toutes nos relations.
Quand nous rencontrons quelqu'un pour la première fois, nous décidons
si nous aimons cette personne ou pas et cette impression demeure très
prégnante. Or, quand vous faites la connaissance de quelqu'un alors que
vous souffrez intérieurement, cela aura un grand impact sur la relation
que vous établirez avec cette personne.»
«Nous ne devons pas tenir pour acquis que les
enfants seront indemnes une fois que leur mère commence à se sentir
mieux», prévient David Forman. L'efficacité du traitement d'une
dépression post-partum n'est pas suffisante pour améliorer la relation
mère-enfant.
Pour David Forman, ces résultats sont préoccupants
car ils indiquent que la relation entre la mère et l'enfant demeure
entachée malgré la disparition des symptômes dépressifs de la mère, et
que cette opinion négative que garde la mère à l'égard de son enfant
risque d'entraver le développement de celui-ci. «Il ne fait aucun doute
que la vision qu'a la mère de son enfant aura un impact déterminant sur
celui-ci, car la mère exerce une très grande influence sur son enfant.
Si la mère croit que sa relation avec son enfant n'est pas bonne, cette
perception risque d'avoir des conséquences néfastes», souligne-t-il.
David Forman insiste néanmoins sur le fait qu'il est
possible de prévenir les conséquences de ces situations problématiques.
D'abord, on doit venir en aide à la mère très tôt, avant qu'elle ne se
persuade que son enfant est coléreux et difficile et qu'elle ne sombre
dans la dépression. Aussi, il faudrait aider la mère dans l'éducation
de son enfant: lui apprendre à reconnaître les messages que lui
transmet son enfant par ses gesticulations, ainsi que renforcer les
bons comportements qu'elle adopte avec son enfant. Ce genre
d'interventions peut empêcher que la dépression de la mère n'influe sur
l'enfant. «Des études ont montré que l'ajout d'un soutien éducatif à la
psychothérapie destinée à soulager les symptômes dépressifs de la mère
aidait effectivement les enfants», confirme le chercheur.
Illustration(s) : Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Psychologie et comportement humain; Bébés et enfants
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 527 mots
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