mihou Rang: Administrateur
Nombre de messages : 8092 Localisation : Washington D.C. Date d'inscription : 28/05/2005
| | Le partenariat stratégique chinois pour l’Afrique en questio | |
Le partenariat stratégique chinois pour l’Afrique en question 22/04/2007 En novembre 2006 lors du sommet historique Afrique-Chine qui avait réuni des dizaines de chefs d’Etats et de gouvernements africains à Beijing autour du président chinois Hu Jintao, ce dernier avait annoncé l’offre d’un partenariat stratégique à l’Afrique. Tentant de joindre la promesse d’une co-prospérité sino-africaine au geste d’une proposition originale, la Chine veut anticiper les critiques naissantes sur son supposé néocolonialisme pétrolier en Afrique Elle propose ainsi, théoriquement, huit mesures censées être capitales pour assurer l’équité de ses rapports avec le continent, d’où elle tire de plus en plus de ses matières premières, son pétrole, indispensable au maintien d’une croissance autour de 9% annuel : · Doubler de 2006 à 2009 son assistance à l'Afrique;· Fournir d'ici trois ans cinq milliards de dollars de crédits préférentiels à l'Afrique; · Etablir un fonds de développement de cinq milliards de dollars pour encourager des compagnies chinoises à investir en Afrique; · Construire un centre de conférence pour l'Union africaine afin de soutenir les efforts d'unité africaine et le processus d'intégration sur le continent; · Annuler toutes les dettes gouvernementales dues à la Chine par les pays africains lourdement endettés, moins développés et qui ont des relations diplomatiques avec la Chine;· Ouvrir totalement le marché chinois aux produits des pays africains moins développés par la suppression des droits de douane sur 440 catégories de produits; · Créer trois à cinq zones de libre-échange et de coopération économique en Afrique d'ici trois ans;
- Aider
à former au moins 15.000 professionnels africains, doubler d'ici 2009 le nombre de bourses d'études gouvernementales de 2.000à 4.000 chaque année, construire des écoles rurales, envoyer des agronomes et ouvrir des centres agronomiques en Afrique, aider à construire des infrastructures de santé publique en Afrique et fournir des médicaments pour soutenir la lutte des Africains contre le paludisme.
L’annonce de ces mesures n’a pas fait baisser les critiques grandissantes qui mettent en avant d’abord l’incapacité, l’incurie des dirigeants politiques africains face à la nouvelle donne ou l’opportunité chinoise. Rien ne laisse entendre que les pays ont une véritable stratégie chinoise, autre que, éventuellement, des profits individuels cachés d’un partenaire croulant sous le poids des devises gagnées à l’exportation.Or si la Chine peut échanger son prix internationalement bas de prestations de développement -construction d’infrastructures, prêts à taux préférentiels, assistance technique peu onéreuse, …- contre des approvisionnements garantis en pétrole et matières premières, elle pose des problèmes par ailleurs. Son expansion économique africaine s’accompagne d’une forte immigration chinoise plus ou moins temporaire. Cette dernière consiste dans la main d’œuvre chinoise venue réaliser les grands marchés d’infrastructures remportés par les entreprises de l’Empire du Milieu, ce qui limite la participation de la force de travail locale. Une partie de cette immigration est par ailleurs très impliquée dans les petits services de proximité, distribuant des produits en provenance de leur pays. Là aussi les tissus de distribution locaux souffrent dans certains secteurs de cette concurrence à bas prix et à nettement plus flexible, plus efficace. Du point de vue des attendus du libre-échange en théorie, on devrait se situer dans une configuration où les effets positifs l’emporteraient, par le gain en pouvoir d’achat, le faible coût des infrastructures à effet de développement. Ces gains devraient permettre de financer les effets pervers de l’ouverture à la Chine, mais ceci n’est pas garanti puisque en plus des échanges de produits se trouvent rajoutés des flux de populations principalement unidirectionnels. En sus, l’économie pétrolière internationale est plus une géopolitique complexe qu’une simple stratégie d’approvisionnement. A partir de là il n’est pas surprenant de voir la Chine présente dans les conflits armés, du Darfour, du Tchad, … comme une puissance d’influence classique, occidentale, tentant de sécuriser ses importations stratégiques. Il est peu probable que, d’une façon ou d’une autre, les puissances rivales déjà présentes en Afrique restent les bras croisés devant cette fulgurante implantation chinoise en Afrique. En l’absence d’une réaction appropriée des élites et gouvernements africains, la véritable question que pose la pénétration chinoise en Afrique est de savoir si cette puissance aura intérêt à un rapport néocolonial de prédation avec l’Afrique de même nature que les puissances occidentales. Elle pourrait tout à fait apprécier son intérêt à long terme de voir se développer des Etats africains avec lesquels elle constituerait un pôle d’approvisionnement et d’alliance stratégique, un axe par lequel elle pourra aussi vendre sa technologie de pointe naissante. Dans la doctrine officielle chinoise, ce pays a beaucoup trop souffert lui-même ses ingérences et aides conditionnées de l’Occident et de l’Urss qu’il a fait du respect des politiques intérieures de ses partenaires une philosophie d’assistance. On peut néanmoins en douter lorsque l’on pense que les investissements dans le domaine énergétique, lourds et longs, irréversibles ne s’engagent pas sans assurance sur les dispositions durables des autorités politiques. Afrikara | |
|