Robert L Johnson : le noir le plus riche du monde
20/05/2003
Biographie d'une histoire pleine de succès
Par Cyrille Nono
Robert L Johnson
© black-collegian.com
Robert L Johnson dirige la franchise de Charlotte
© nba.com
Robert L Johnson est tout simplement le noir le plus riche au monde. Il est en effet le premier noir américain à dépasser le milliard de dollars en fortune personnelle. Robert Johnson a « acquis » ce statut lors de la cession pour $3 milliards US il y a presque deux ans, de sa participation dans son groupe BET (Black Entertainment Télévision) au géant mondial de la communication Viacom.
A 56 ans, né à Hickory au Missouri, et neuvième d’une famille de 10 enfants, Robert Johnson s’est toujours distingué par sa volonté de briser les barrières et de tirer parti de sa différence lorsqu’elle pourrait lui être favorable. C’est dans cette perspective qu’il est devenu en février dernier, le premier noir américain a posséder majoritairement une franchise (une équipe) de sports collectif aux Etats-Unis : la franchise de basket-ball de Charlotte qui doit être opérationnelle pour l’année 2004-2005.
Pour cela, il a dû débourser 300 millions de dollars et surtout convaincre la NBA que son projet était mieux ficelé et plus crédible que ceux des ses concurrents parmi lesquels on retrouvait des candidats tels que la légende du basket américain Larry Bird.
Robert L Johnson à gauche, en discussion avec Jeff Bezos (à droite) le fondateur d'amazon.com
© mediainstitute.org
L’histoire de Robert Johnson a pris un tournant décisif il y a 25 ans, lorsque le jeune vice-président de l’association nationale des câblo-opérateurs accompagne un homme d’affaires au capitole pour une action de lobbying auprès d’un député démocrate Claude Pepper. Claude Pepper, un défenseur acharné des personnes âgées était intéressé à l’idée de créer un réseau câblé pour les seniors. Cette idée a fait long feu mais Robert l’a emprunté et l’a adapté auprès de la communauté noire.
Le génie de Robert Johnson aura été de pouvoir surfer sur les prémices de la télévision câblée et sur la croissance rapide de la classe moyenne noire. Il emprunte $15,000 et persuade le magnat du câble John Malone d’investir une somme de $500,000 dans le projet de création d’un réseau entièrement dédié à la communauté noire. Par la suite, il persuade les uns après les autres, les pionniers du câble et du satellite de leur accorder du temps d’antenne au sein de leur réseau.
Robert L Johnson
© nba.com
Les premières années de BET ont cependant été difficiles. Le groupe a perdu de l’argent pendant près de sept ans. Un deuxième tournant à la fin des années quatre-vingts a permis le réel essor de la chaîne basée à Washington. La campagne de lobbying de Johnson pour une réévaluation des redevances issues des câblo-opérateurs porte ses fruits (avec une hausse des redevances de 2,5 cents à 5 cents) et la chaîne ajuste ses programmes en y intégrant les tendances actuelles telles que le hip-hop et les videos gangstas. C’est le succès escompté auprès des 12 millions de foyers noirs américains et la revente quelques années plus tard à Viacom.
Aujourd’hui, l’ancien étudiant de Princeton et de l’université de l’Illinois, savoure sa reconnaissance auprès de l’establishment. Il est aujourd’hui membre de près d’une quinzaine de conseils d’administration des grandes sociétés américaines parmi lesquelles Hilton Hotels, US Airways ou encore General Mills.
Le prochain combat de Robert Johnson sera de transformer la nouvelle franchise de Charlotte (Etat de Caroline du Nord) en une équipe compétitive. Pour cela, il cherche absolument à intégrer dans son équipe, la plus grande star du basket américain : Michael Jordan qui a grandi dans la région et qui pourrait être tenté par un retour au bercail.