Rebecca Enonchong : une africaine parmi les 100 leaders les plus prometteurs de demain
22/02/2003

Par Paul Yange

Regard sur un parcours vers le succès...




Une passion pour le monde du "Software" a poussé Rebecca Enonchong à passer de l’économie au conseil en technologie de l’information. Aujourd’hui, elle est à 36 ans président de Apps Tech, une firme internationale de conseil en technologie de l’information. Son entreprise est également internationalement reconnue dans le domaine de la conception d’applications Oracle, de leur mise en place et de la formation à leur utilisation. Encore adolescente lorsque sa famille s’installa à Washington (elle est née en 1967 au Cameroun d'un père camerounais et d'une mère américaine et a émigrée aux Etats-Unis à l'âge de 15 ans), en provenance du Cameroun, elle suivi un parcours scolaire classique et obtint un BA (l’équivalent d’une maîtrise) à l’Université Catholique des Etats-Unis (Catholic University of America, Washington DC)

Elle avait étudié l’économie, mais était passionnée par les ordinateurs. "J’ai accepté le premier poste qui m’était offert
dans le domaine de la gestion et de la comptabilité dès que j’ai vu l’ordinateur sur le bureau", dit-elle en riant. Au cours des années suivantes, Rebecca Enonchong occupa différents postes en relation avec la finance, et obtint son Master de l’Université Catholique.

Puis ce fut la rencontre avec Oracle. "Un monsieur originaire du Cameroun offrait des formations Oracle gratuites à la communauté camerounaise de Washington. Il voulait nous donner, à nous et à d’autres africains, les mêmes opportunités d’apprendre et de tirer profit des nouvelles technologies que les autres avaient. J’avais déjà travaillé avec des produits utilisant des bases de données Oracle, et je me suis investi dans les cours avec la volonté d’en apprendre plus". Ses efforts furent payants. Elle travailla pour plusieurs firmes de conseil, et eu pour clients des entreprises
comme Dell Corp, Mastercard, Madison Square Garden et Inter American Development Bank. Elle devint senior consultante pour Edu-Tech Computer Solutions, et eu à enseigner à des milliers d’étudiants à travers le monde comment utiliser les produits Oracle. "Quand je voyage, je suis souvent emmené à rencontrer mes anciens étudiants. En fait, mon premier client chez App Tech était un des mes anciens étudiants" dit-elle.

En 1999, Enonchong rassembla quelques collègues pour créer Apps Tech. L’entreprise se mit à croître rapidement et gagna de nombreux contrats clé avec des organisations gouvernementales et des entreprises privées en Afrique. Apps Tech est implanté dans 7 pays en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique, pays dans lesquels elle a embauché des personnes qui comme elle, étaient originaires de l’Afrique.

En Décembre 2001, Rebecca Enonchong a été nominée parmi les 100 managers les plus prometteurs du futur, distinction annuelle décernée par le World Economic Forum de Davos en Suisse à 100 personnes considérées comme les leaders potentiels de demain (Jerry Yang co-fondateur de Yahoo, et Jeff Bezos, pdg d’Amazon.com ont ainsi fait partie des lauréats il y a quelques années). Pour être nominé, le candidat doit avoir moins de 37 ans l’année de sa nomination, avoir atteint une position d’influence et de responsabilité, avoir démontré son engagement dans le monde des affaires, avoir démontré son respect des principes et des objectifs qui guident le World Economic Forum. Elle est la première camerounaise et l’une des rares personnes originaires du continent africain a avoir reçu cette distinction.
Rebecca Enonchong a également été citée dans des articles dans le Wall-Street Journal, le Washington Post, Information Week, Computer World et est apparue sur la chaîne d’information continue CNN.

Dans son interview au magazine Computer World en juillet 2001, Rebecca Enonchong se plaignait du fait que les africains ne fassent pas confiance aux africains. "Si j’étais blanche américaine et que j’allais en Afrique, Ce serait beaucoup plus facile pour moi. Les africains pensent que les blancs ont crée la technologie, donc ils la connaissent mieux. Une entreprise avec laquelle nous travaillons était inquiète parce que j’envoyais des africains en Afrique faire de la formation. Pour ce qu’on paie, nous pensions que vous enverriez des blancs" m’a t-on dit.


"Il y a vraiment un problème d’estime de soi. L’un des membres fondateurs de l’African Technology forum a répondu à un appel d’offres au Gabon , mais c’est une entreprise française qui avait des propositions de prix trois fois plus chères , qui a gagné le marché. L’entreprise française a ensuite fait appel à eux pour réaliser le travail qu’elle a en fait sous traité !!"

"Je pense que les africains ne font pas confiance aux africains. C’est un problème que nous devons résoudre entre nous."

Des propos à méditer...