Le 24 mars 1860, par le traité de Turin, Nice et la Savoie reviennent à la France.
Napoléon III ( *) obtient ces deux territoires en récompense de son intervention militaire contre l'Autriche, aux côtés du royaume du Piémont, et en échange de l'annexion de l'Italie centrale par le Piémont.
Le «droit des nationalités»
Pour la première fois au monde, l'exécution du traité est subordonnée à son approbation par les populations concernées en vertu du «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes». C'est ainsi qu'un référendum est organisé dans le comté de Nice et en Savoie.
C'est sans surprise que les habitants de ces provinces francophones approuvent à une écrasante majorité leur rattachement à la France. À Nice, on compte 25.743 oui, 160 non et 5.000 abstentions. En Savoie, 235 non et une poignée d'abstentions sur 130.000 votants. Ces résultats montrent que les habitants s'étaient par avance résignés à leur sort. Un sénatus-consulte du 12 juin 1860 confirme l'incorporation des deux provinces à l'Empire français.
- Au nord des Alpes, la Savoie est divisée en deux départements : Savoie et Haute-Savoie.
- Au sud, le comté de Nice est réuni à un morceau du département du Var, avec le fleuve Var lui-même, pour former le département des Alpes-maritimes (c'est ainsi que le département du Var se réfère depuis lors à un fleuve qui lui est extérieur!).
- À noter que la partie nord du comté de Nice reste au Piémont malgré le vote favorable à l'annexion de ses habitants. C'est que l'empereur Napoléon III ne veut pas priver son ami le roi Victor-Emmanuel de ses territoires de chasse du massif du Mercantour ! Ces territoires reviendront finalement à la France en 1947.
Les relations commerciales entre Nice et Turin demeurent importantes. Pas moins de 15.000 mulets transportent de Nice vers la capitale du Piémont 5.000 tonnes de sel par an. Ce trafic fait la fortune des petites villes de Tende et Sospel.
Protestations des nationalistes italiens
Les tractations entre Napoléon III et Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, suscitent l'indignation des nationalistes italiens. Au Parlement de Turin, Cavour est violemment attaqué pour le lâchage de ces deux provinces. Le héros républicain Giuseppe Garibaldi, natif de Nice, est l'un de ses opposants les plus déterminés.
Napoléon III n'aura plus guère d'autre occasion de se réjouir... Sa politique étrangère brouillonne, inspirée par de généreux sentiments comme le «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes» et la «politique des nationalités» va entraîner la France et l'Europe occidentale dans une exacerbation des passions nationalistes et conduire à l'unification de l'Allemagne autour de la Prusse et à la dislocation de l'Autriche.
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