Maladie de Ménière
Traitements possibles
Traitements médicaux
Médicaments contre le vertige ou la nausée, médication de soutien (diurétiques ou vasodilatateurs), exercices de rééducation, chirurgie.
Traitements non conventionnels
Efficacité incertaine
Homéopathie.
Approches à considérer
Médecine traditionnelle chinoise (acupuncture, pharmacopée, tai-chi).
Usage reconnu
Ginkgo.
Voir la signification des symboles et les critères de classification utilisés
Description médicale
La maladie (ou syndrome) de Ménière prend la forme d’épisodes imprévisibles et récurrents de vertige, qui s’accompagnent d’acouphènes et d’une baisse d’audition. Il s’agit d’une maladie chronique de l’oreille interne. Généralement, une seule oreille est atteinte
Le nom d’un médecin français, le Dr Prosper Ménière, lui a été donné puisqu’il fut le premier à la décrire en 1861.
La médecine réussit à traiter la grande majorité des personnes atteintes de la maladie de Ménière. Cela dit, elle ne dispose pas encore d’un remède simple et efficace pour tous.
Cette maladie se manifeste en général chez les personnes âgées entre 30 ans à 50 ans. Elle affecte également les hommes et les femmes. En Amérique du Nord, la prévalence varie d’une personne sur mille à une sur dix mille.
Causes
Selon certains scientifiques, des blessures à la tête ou certaines infections pourraient provoquer la maladie de Ménière, mais sa cause exacte demeure inconnue.
Au point de vue physiologique, les symptômes seraient causés par un excès de fluides – plus exactement d’endolymphe – dans l’oreille interne. (Voir le schéma de l’oreille ci-dessus.) Présents en excès, les fluides augmentent la pression dans l’oreille interne, brouillant les signaux d’équilibre envoyés au cerveau. Durant une attaque de vertige, des renseignements contradictoires parviennent au cerveau, comme si le corps était à la fois debout et couché.
Notons que l’oreille interne contrôle aussi les facultés auditives, ce qui explique que la maladie de Ménière puisse compromettre l’audition.
Évolution de la maladie
Au cours des premières années de la maladie, les attaques de vertige tendent à s’intensifier. Puis, avec le temps, elles se font de plus en plus rares et s’atténuent tranquillement.
Souvent, des problèmes constants d’équilibre apparaissent en raison des dommages irréversibles que provoquent les attaques successives. En effet, durant les attaques, des cellules nerveuses responsables de l’équilibre peuvent mourir et elles ne sont pas remplacées. Par ailleurs, la perte d’audition qui, au début de la maladie, survient seulement pendant les crises, tend à persister et à s’aggraver.
Une seule oreille est généralement affectée, mais certaines personnes contractent la maladie dans l’autre oreille aussi. On ne peut prédire si ce sera le cas.
Conséquences
L’imprévisibilité des symptômes peut générer beaucoup d’appréhension et d’anxiété. Des activités quotidiennes, comme la conduite automobile, peuvent devenir risquées. Il existe de nombreuses associations qui viennent en aide aux personnes atteintes de la maladie de Ménière (voir les Groupes de soutien dans Documents associés).
Symptômes
Souvent, une série de crises surviennent sur une courte période de temps, allant de quelques semaines à quelques mois. Les crises disparaissent ensuite pendant plusieurs mois.
Signes précurseurs
Les crises de vertige sont parfois précédées de quelques signes précurseurs.
* Une sensation de plénitude dans l’oreille, comme cela survient en haute altitude.
* Une perte partielle d’audition accompagnée ou non d’acouphènes.
* Un mal de tête.
* Une sensibilité aux sons.
* Des étourdissements.
* Une perte d’équilibre.
Symptômes d’une crise
En général, les symptômes durent de 20 minutes à 24 heures et entraînent un grand épuisement physique.
* Un vertige intense et soudain, qui oblige à se coucher. On peut avoir l’impression que tout tourne autour de soi, ou qu’on tourne soi-même.
* Une perte partielle et fluctuante d’audition.
* Des étourdissements et un mauvais équilibre.
* Une sensation de plénitude dans l’oreille et des acouphènes.
* Des mouvements rapides des yeux, non contrôlables (le nystagmus, en langage médical).
* Parfois, des nausées, des vomissements et des sueurs.
* Parfois, des maux de ventre et de la diarrhée.
Entre les crises
* Chez certaines personnes, des acouphènes et des problèmes d’équilibre persistent.
* Avec les années, la perte d’audition (partielle ou totale) tend à être permanente.
Personnes à risque
Il y aurait une prédisposition génétique, mais les données à ce sujet sont très variables. Ce serait le cas chez 10 % à 50 % des personnes atteintes de la maladie de Ménière.
Facteurs de risque
On ne connaît pas de facteurs de risque liés à cette maladie, mais il semble que les éléments suivants puissent déclencher des crises de vertige chez les personnes atteintes de la maladie de Ménière.
* Une période de stress émotionnel élevé.
* Une grande fatigue.
* Des changements de pression barométrique (en montagne, en avion, etc.).
* L’ingestion de certains aliments, comme ceux qui sont très salés ou qui contiennent de la caféine.
Prévention
Peut-on prévenir?
Puisqu’on ne connaît pas la cause de la maladie de Ménière, on ne dispose actuellement d’aucun moyen de la prévenir.
Mesures pour réduire l’intensité et le nombre de crises
Très peu d’études cliniques ont mesuré l’efficacité des mesures suivantes à prévenir les crises et à en réduire l’intensité. Toutefois, d’après les témoignages de médecins et de gens atteints de la maladie, elles semblent être d’une aide précieuse.
Médicaments
Certains médicaments prescrits par le médecin permettent de réduire la pression dans l’oreille interne. Parmi ceux-ci, figurent les médicaments diurétiques, qui engendrent une perte accrue de liquides par l’urine. Le furosémide, l’amiloride et l’hydrochlorothiazide (Diazide®) en sont des exemples. Des médicaments vasodilatateurs, qui ont pour effet d’augmenter l’ouverture des vaisseaux sanguins, sont parfois utiles, comme la bétahistine (Serc®). Il semble que l’association des médicaments diurétiques et d’une alimentation pauvre en sel (voir plus bas) soit souvent efficace pour réduire les vertiges. Elle aurait toutefois moins d’effet sur la perte d’audition et les acouphènes.
N.B. Les personnes qui consomment des diurétiques perdent de l’eau et des minéraux, comme le potassium. À la Clinique Mayo, on recommande de veiller à inclure dans son alimentation des aliments riches en potassium, comme le cantaloup, le jus d’orange et les bananes, qui en sont de bonnes sources. Voir la fiche Potassium pour en savoir plus.
Alimentation
* Adopter une alimentation faible en sel (sodium) : les aliments et les boissons riches en sel peuvent faire varier la pression dans les oreilles, puisqu’ils contribuent à la rétention d’eau. On suggère de viser un apport quotidien de 1 000 mg à 2 000 mg de sel. Pour y parvenir, ne pas utiliser la salière et éviter les mets déjà préparés (soupes en sachets, sauces, etc.). Le sel contenu naturellement dans les aliments fournira la quantité de sel nécessaire.
* Éviter de manger des aliments qui contiennent du glutamate monosodique (GMS), une autre source de sel. Les aliments préemballés et certains aliments de la cuisine chinoise sont plus susceptibles d’en contenir. Bien lire les étiquettes.
* Éviter la caféine, que l’on retrouve dans le chocolat, le café, le thé et certaines boissons gazeuses. L’effet stimulant de la caféine peut aggraver les symptômes, plus particulièrement les acouphènes.
* Limiter également la consommation de sucre. D’après certaines sources, une alimentation riche en sucre aurait un impact sur les fluides de l’oreille interne.
* Manger et boire régulièrement aide à réguler les fluides corporels. À la Clinique Mayo, on recommande de manger à peu près la même quantité de nourriture à chaque repas. Même chose pour les collations.
Mode de vie
* Tenter de réduire son stress, puisqu’il s’agirait d’un facteur déclencheur important des crises. Un stress émotionnel augmenterait le risque de crise dans les heures qui suivent1. Lire notre dossier Le stress et l’anxiété pour prendre connaissance des moyens qui aident à reprendre le contrôle.
* En cas d’allergies, éviter les allergènes ou les traiter à l’aide d’antihistaminiques; les allergies augmentent la quantité de fluides dans les oreilles. Consulter notre fiche Allergies.
* Cesser de fumer. Il semble que cette mesure ait aidé certaines personnes.
* Garder un éclairage important durant le jour, et un éclairage léger la nuit afin de faciliter les repères visuels pour prévenir les chutes.
Traitements médicaux
Traitements médicamenteux
Durant une crise, les médicaments contre la nausée (benzodiazépine : Lorazépam, dimenhydrinate : Gravol®) ou contre les vertiges (méclizine : Bonamine®) peuvent apporter un soulagement temporaire.
Les médicaments diurétiques et les médicaments vasodilatateurs, obtenus sur ordonnance, peuvent aider à prévenir ou à réduire le nombre de crises de vertige. Voir la section Prévention.
Le médecin procède parfois à l’injection d’un antibiotique, habituellement la gentamicine, à travers le tympan de l’oreille atteinte. Ce produit est toxique pour les cellules, et détruira les tissus de l’oreille interne. Ainsi, le cerveau ne recevra plus de signaux d’équilibre contradictoires, ceux-là mêmes qui causaient les vertiges. Plusieurs injections sont parfois requises, selon la réponse au traitement. Il peut y avoir une période initiale de déséquilibre. En raison de la toxicité de l’antibiotique, le risque qu’il y ait détérioration de l’audition dans l’oreille traitée est d’environ 20 %.
Exercices de rééducation
Un physiothérapeute ou un ergothérapeute peuvent enseigner des exercices - que l'on peut faire chez soi - qui permettront de réapprendre à garder l'équilibre. Les exercices consistent à faire des mouvements de la tête et du corps pour corriger la sensation de perte d'équilibre. Ils entraînent le cerveau à utiliser des repères visuels et proprioceptifs différents pour maintenir l’équilibre et la démarche.
Traitements chirurgicaux
La chirurgie est habituellement réservée aux cas réfractaires et graves, car elle peut avoir pour conséquence une perte d’audition dans l’oreille traitée.
Décompression du sac endolymphatique. On enlève la couche d’os qui entoure le sac endolymphatique, la partie de l’oreille interne qui contient les fluides (l’endolymphe), afin de faciliter l’évacuation de l’excès de liquide. Cette intervention chirurgicale se pratique à l’arrière de l’oreille. Chez environ une personne sur deux, elle permet de réduire les vertiges de moitié. L’intervention comporte cependant un léger risque de perte d’audition. Il s’agit de l’opération la plus couramment effectuée.
Section du nerf vestibulaire. Le nerf vestibulaire, qui sert à envoyer les signaux relatifs à l’équilibre de l’oreille interne vers le cerveau, est sectionné. Ainsi, il n’envoie plus de signaux ininterprétables au cerveau. Cette opération, efficace pour éliminer les vertiges, expose toutefois le patient à une perte d’audition permanente. Elle est cependant rarement employée parce qu’elle est techniquement difficile à pratiquer.
Labyrinthectomie. Cette intervention consiste à détruire complètement les composantes sensitives de l’oreille interne (aussi appelée labyrinthe). Draconienne, elle est la plus efficace pour traiter les vertiges, mais entraîne la perte complète et irréversible de l’audition. La labyrinthectomie est parfois envisagée dans le cas où les injections d’antibiotiques se sont avérées inefficaces, ou lorsque les fonctions auditives sont déjà très faibles.
Mar 13 Mar - 13:15 par mihou