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 L'orge

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Tite Prout
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Tite Prout


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Date d'inscription : 01/06/2005

L'orge Empty
22012007
MessageL'orge

Orge



* Profil santé
* L’orge au fil du temps
* Usages culinaires
* Écologie et environnement
* Références

Nom commun : orge.
Noms scientifiques : Hordeum vulgare, H. distichum, H. spontaneum, H. irregulare.
Famille : poacées (synonyme : graminées).

POURQUOI METTRE L’ORGE AU MENU?

* Avec divers légumes, des fines herbes et même quelques morceaux de fruits, on en fait une grande variété de salades, idéales pour les repas à apporter en randonnée ou au travail.
* Un ragoût d’orge et de légumineuses constitue un excellent plat végétarien.

* L’orge est riche en bêta-glucanes, des fibres aux propriétés santé.
* Cette céréale contient des tocotriénols, une forme de vitamine E particulièrement bénéfique.

Profil santé

L’orge fait partie de l’alimentation humaine depuis plusieurs milliers d’années, bien qu’elle soit relativement peu consommée dans notre quotidien. Céréale aux multiples usages, elle entre dans la fabrication du malt, qui compose la bière et le whisky. Dans les pays asiatiques, comme le Japon et la Corée, on consomme aussi une boisson faite à base de feuilles de thé et de grains d’orge. Sous forme de grains, on retrouve notamment l’orge mondé, dont la première enveloppe extérieure a été retirée, mais qui conserve le son et le germe. On retrouve aussi l’orge perlé, dont les grains ont subi de multiples abrasions et perdu le germe ainsi qu’une plus grande couche extérieure, et avec lequel on peut faire des farines. L’orge mondé est plus nutritif, car il a conservé la plus grande partie de ses nutriments.

On connaît également la confiserie nommée « sucre d’orge » : sa fabrication traditionnelle se faisait en mélangeant du sucre avec de la tisane d’orge. Aujourd’hui, même si le nom est demeuré, l’orge n’entre pas nécessairement de manière courante dans sa fabrication.
Principes actifs et propriétés

Les produits céréaliers sont d’une grande importance dans notre alimentation. L’une des Recommandations alimentaires pour la santé des Canadiens de Santé Canada est de donner « la plus grande part aux céréales, pains et autres produits céréaliers ainsi qu’aux légumes et aux fruits »2. Le Guide alimentaire canadien pour manger sainement tient compte de cette recommandation et insiste sur le choix de produits céréaliers à grains entiers ou enrichis3. Les autorités américaines, de leur côté, recommandent qu’au moins la moitié des produits céréaliers consommés soient à grains entiers4.

Ces recommandations sont basées sur les résultats de certaines études épidémiologiques qui démontrent que la consommation de grains entiers serait reliée à un risque moindre de maladies cardiovasculaires et de diabète5, de certains cancers6,7 et d’obésité8,9. Ces effets bénéfiques seraient reliés à la synergie entre les nombreux composés contenus dans les produits céréaliers à grains entiers, tels les fibres, les antioxydants, les vitamines et les minéraux. Comme la majorité de ces composés sont contenus dans le son et le germe10, les céréales ont avantage à être consommées le moins raffinées possible.

Composition. Un grain d’orge entier est constitué de 78 % à 83 % de glucides, dont 60 % à 64 % d’amidon et un peu de sucres simples comme le glucose ou le fructose (0,4 % à 2,9 %). Il contient de 8 % à 15 % de protéines, avec un contenu toutefois limité en lysine (un acide aminé essentiel), ce qui en fait une protéine incomplète. L’orge renferme de 2 % à 3 % de lipides, dont le tiers environ est situé dans le germe.

Antioxydants. Les antioxydants sont des composés qui réduisent les dommages causés par les radicaux libres dans le corps. Ces derniers sont des molécules très réactives qui seraient impliquées dans l’apparition des maladies cardiovasculaires, de certains cancers et d’autres maladies liées au vieillissement. On retrouve les antioxydants suivants dans l’orge :

* Tocotriénols (vitamine E). L’orge contient toutes les variantes différentes de la vitamine E, pour un total d’environ 75 mg/kg. Parmi ces divers composés, la plus grande proportion (environ 80 %) est constituée de tocotriénols11, des antioxydants qui pourraient être plus puissants que les tocophérols (une autre forme de vitamine E). Une vaste revue de littérature scientifique sur les effets des tocotriénols12 indique que plusieurs études chez l’humain lui ont attribué une capacité d’inhiber la prolifération de cellules cancéreuses, principalement celles du sein. Des études chez l’animal ont observé un effet neuroprotecteur même en très petite quantité, et cette molécule est vue comme prometteuse pour la protection des cellules cérébrales humaines. Enfin, des études chez l’humain et l’animal ont démontré un effet hypocholestérolémiant.
* Composés phénoliques (flavanols). L’orge contient plusieurs composés phénoliques13-15, un autre type d’antioxydants. On en retrouve également dans le malt provenant de l’orge, ainsi que dans le thé fait à partir de grains d’orge. Parmi ces divers composés, les flavanols (appartenant à la famille des flavonoïdes) seraient ceux qui se trouvent en plus grande proportion dans les grains d’orge, pouvant atteindre une quantité totale d’environ 255 µg/g selon la variété du grain15. Une étude in vitro a observé des effets bénéfiques en exposant des cellules cancéreuses à un type de flavanol extrait du son d’orge, et les auteurs de l’étude voient en cette céréale un intérêt potentiel pour contribuer à la prévention du cancer16.

Fibres alimentaires solubles

L’orge est riche en fibres solubles, dont la consommation peut contribuer à une normalisation des concentrations sanguines de cholestérol, de glucose et d’insuline. Ces fibres sont donc des composés intéressants dans le traitement nutritionnel des maladies cardiovasculaires et du diabète de type 217.

L’orge et les allégations de santé américaines
Aux États-Unis, en 1997, la FDA (Food and Drug Administration) a permis d’afficher sur les étiquettes des produits alimentaires une allégation à l’effet que, en raison du contenu des fibres solubles d’avoine ou de psyllium en bêta-glucanes, leur consommation, dans le cadre d’une alimentation faible en gras saturés et en cholestérol, peut aider à diminuer le risque de maladie cardiovasculaire. En 2005, la FDA a ajouté l’orge à sa liste de sources éligibles de fibres solubles de type bêta-glucane1.

* Bêta-glucanes. Il existe plusieurs variétés de fibres solubles : celles que l’on retrouve principalement dans l’orge sont les bêta-glucanes. Une étude sur plusieurs variétés d’orge, dont la première coque extérieure avait été retirée, a rapporté une teneur en bêta-glucanes allant de 3,37 g à 6,23 g par 100 g de matière sèche18. Une étude conduite chez l’animal a attribué à ce composé des propriétés hypocholestérolémiantes : la consommation de bêta-glucanes d’orge a entraîné une diminution des concentrations sanguines de cholestérol total et de cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol) en comparaison avec un groupe témoin19. D’autres études chez des personnes hypercholestérolémiques ayant consommé une diète enrichie d’un concentré de bêta-glucanes d’orge n’ont cependant pas démontré d’effet éloquent20,21. Par contre, d’autres études chez des personnes en santé et des personnes souffrant d’hypercholestérolémie ont utilisé non pas des concentrés de bêta-glucanes, mais de l’orge comme tel (son d’orge, flocons d’orge, orge perlé)22-25. Ces études ont toutes rapporté une diminution des concentrations sanguines de cholestérol total et LDL.
* Plusieurs recherches ont aussi attribué aux fibres de l’orge un effet bénéfique sur la tolérance au glucose chez des personnes en santé, des personnes avec un surplus de poids, ainsi que chez des diabétiques de type 226-29. Ces études ont en effet démontré que la consommation de différents produits à base d’orge (grains, farine, flocons) atténuait l’augmentation des concentrations sanguines de glucose et d’insuline après un repas. Étant donné que l’intolérance au glucose chez un individu peut ensuite évoluer vers le diabète de type 2, la consommation d’aliments qui favorisent une bonne tolérance au glucose peut donc être un atout précieux. Trois de ces études ont utilisé une variété d’orge particulièrement riche en fibres solubles, appelée Prowashonupana26,28,29. Cette variété contient une plus grande proportion de fibres, ce qui en ferait un aliment aux propriétés plus prononcées que l’orge commune26,28,30. Les grains d’orge Prowashonupana contiendraient de 15 g à 17,7 g de bêta-glucanes par 100 g26,30.

Amidon résistant

Les produits céréaliers contiennent tous de l’amidon, un glucide complexe. Une fraction de cet amidon, pouvant se retrouver naturellement dans l’aliment ou encore résulter d’une exposition à la chaleur, peut résister à la digestion par les enzymes intestinaux humains et ne pas être absorbée par le petit intestin27, de la même façon que les fibres alimentaires. Cette fraction porte le nom d’amidon résistant. Une étude a démontré que des grains d’orge entiers cuits contiennent environ 1 % d’amidon résistant naturellement présent, ainsi qu’environ 0,7 % d’amidon résistant formé à la suite d’une exposition à la chaleur. Certaines variétés d’orge, plus riches en amylose (un type d’amidon), pourraient en contenir deux fois plus27. Des effets bénéfiques de l’amidon résistant ont été rapportés, tels qu’une fermentation par la flore intestinale amenant une diminution du taux d’ammoniaque dans les selles. Certains chercheurs adhèrent à l’idée que l’amidon résistant pourrait jouer un rôle dans la diminution du risque de cancer du côlon, mais d’autres soutiennent qu’étant donné les résultats contradictoires de différentes études, on n’en sait pas encore assez sur l’amidon résistant pour lui attribuer cette propriété particulière31.

Satiété

La consommation d’orge, que ce soit sous sa forme entière ou de farine, a été associée à un sentiment de satiété plus élevé une heure et demie après le repas, en comparaison avec une quantité équivalente de pain blanc à base de blé27. Cette propriété peut rendre l’orge intéressante pour les personnes qui recherchent des repas soutenants.

Fonction intestinale

Chez des personnes en santé, des chercheurs ont observé que la consommation d’une diète contenant de l’orge augmentait le volume des selles; ils rappellent également qu’il y aurait une relation entre un volume de selles plus élevé et une diminution du risque de cancer du côlon24. Cette propriété est l’une des caractéristiques notables des aliments riches en fibres alimentaires.


Autres propriétés

L’orge est-elle antioxydante?


On sait que l’orge contient certains antioxydants, mais présentement son indice TAC n’est pas disponible.

L’orge est-elle acidifiante?


Donnée non disponible.

L’orge a-t-elle une charge glycémique élevée?


Un peu. La charge glycémique de 83 g d’orge est de 6.
Nutriments les plus importants

Que vaut une « portion » d’orge?

Poids/volume
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L'orge :: Commentaires

Tite Prout
Re: L'orge
Message Lun 22 Jan - 21:23 par Tite Prout
Orge perlé, cuit, 125 ml/83 g

Calories


102

Protéines


1,9 g

Glucides


23,4 g

Lipides


0,4 g

Fibres alimentaires


2,0 g

Source : Santé Canada. Fichier canadien sur les éléments nutritifs, 2005.



Phosphore. L’orge est une source de phosphore. Le phosphore constitue le deuxième minéral le plus abondant de l’organisme après le calcium. Il joue un rôle essentiel dans la formation et le maintien de la santé des os et des dents. De plus, il participe entre autres à la croissance et à la régénérescence des tissus et aide à maintenir à la normale le pH du sang. Finalement, le phosphore est l’un des constituants des membranes cellulaires.

Magnésium. L’orge contient suffisamment de magnésium pour en être une source pour la femme, mais pas suffisamment pour être considérée comme une source pour l’homme, dont les besoins sont plus élevés. Le magnésium participe au développement osseux, à la construction des protéines, aux réactions enzymatiques, à la contraction musculaire, à la santé dentaire et au bon fonctionnement du système immunitaire. Il joue aussi un rôle dans le métabolisme de l’énergie et dans la transmission de l’influx nerveux.

Fer. L’orge est une source de fer. Chaque cellule du corps contient du fer. Ce minéral est essentiel au transport de l’oxygène et à la formation des globules rouges dans le sang. Il joue aussi un rôle dans la fabrication de nouvelles cellules, d’hormones et de neurotransmetteurs (messagers dans l’influx nerveux).

Zinc. L’orge est une source de zinc. Le zinc participe notamment aux réactions immunitaires, à la fabrication du matériel génétique, à la perception du goût, à la cicatrisation des plaies et au développement du foetus. Il interagit également avec les hormones sexuelles et thyroïdiennes. Dans le pancréas, il participe à la synthèse (fabrication), à la mise en réserve et à la libération de l’insuline.

Manganèse. L’orge est une source de manganèse. Le manganèse agit comme cofacteur de plusieurs enzymes qui facilitent une douzaine de différents processus métaboliques. Il participe également à la prévention des dommages causés par les radicaux libres.

Cuivre. L’orge est une source de cuivre. En tant que constituant de plusieurs enzymes, le cuivre est nécessaire à la formation de l’hémoglobine et du collagène (protéine servant à la structure et à la réparation des tissus) dans l’organisme. Plusieurs enzymes contenant du cuivre contribuent également à la défense du corps contre les radicaux libres.

Sélénium. L’orge est une source de sélénium. Dans l’organisme, ce minéral est associé à l’un des principaux enzymes antioxydants, prévenant ainsi la formation de radicaux libres. Le sélénium contribue aussi à convertir les hormones thyroïdiennes en leur forme active.

Vitamine B1. L’orge est une source de vitamine B1. Appelée aussi thiamine, cette vitamine fait partie d'un coenzyme nécessaire à la production d'énergie principalement à partir des glucides que nous ingérons. Elle participe aussi à la transmission de l'influx nerveux et favorise une digestion et une croissance normales.

Vitamine B3. L’orge est une source de vitamine B3. Appelée aussi niacine, cette vitamine participe à de nombreuses réactions métaboliques et contribue particulièrement à la production d'énergie à partir des glucides, des lipides, des protéines et de l'alcool que nous ingérons. Elle collabore aussi au processus de formation de l’ADN, permettant une croissance et un développement normaux.

Vitamine B6. L’orge est une source de vitamine B6. Cette vitamine, aussi appelée pyridoxine, fait partie de coenzymes qui collaborent au métabolisme des protéines et des acides gras ainsi qu’à la synthèse (fabrication) des neurotransmetteurs (messagers dans l’influx nerveux). Elle contribue également à la fabrication des globules rouges et leur permet de transporter davantage d’oxygène. La pyridoxine est aussi nécessaire à la transformation du glycogène en glucose et elle participe au bon fonctionnement du système immunitaire. Cette vitamine joue enfin un rôle dans la formation de certaines composantes des cellules nerveuses et dans la modulation de récepteurs hormonaux.





L’expression « excellente source » indique qu’une portion de l’aliment fournit au moins 25 % de l’apport nutritionnel recommandé ou de l’apport suffisant pour ce nutriment ou au moins 50 % dans le cas de la vitamine C.



L’expression « bonne source » indique qu’une portion de l’aliment fournit au moins 15 % de l’apport nutritionnel recommandé ou de l’apport suffisant pour ce nutriment ou au moins 30 % dans le cas de la vitamine C.




L’expression « source » indique qu’une portion de l’aliment fournit au moins 5 % de l’apport nutritionnel recommandé ou de l’apport suffisant pour ce nutriment.

N.B. Les données servant à classifier en sources, bonnes sources ou excellentes sources les nutriments contenus dans l’aliment proviennent des rapports publiés sur les apports nutritionnels de référence (ANREF) par le National Academy of Press. Ces données diffèrent des apports quotidiens recommandés ou de la valeur quotidienne, utilisés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) pour l’étiquetage nutritionnel.



Des composés à la fois nuisibles et bénéfiques

Les grains céréaliers contiennent des composés phytochimiques. L’acide phytique, un des plus abondants microconstituants du grain, en est un bon exemple. Ce composé, que l’on retrouve en plus grande quantité dans l’enveloppe externe du grain (son) et dans le germe, a la capacité de se lier à certains minéraux (calcium, magnésium, fer, zinc) et ainsi, de réduire leur absorption dans l’intestin.

Toutefois, les chercheurs s’entendent pour dire que, dans un contexte nord-américain où il y abondance et diversité alimentaire et où la déficience nutritionnelle est plutôt marginale, cet effet a peu d’impact sur la santé. La consommation d’acide phytique (ou phytate) serait même bénéfique puisqu’il agit comme antioxydant dans l’organisme.

En effet, l’acide phytique et plus précisément ses dérivés, pourraient contribuer à protéger contre le cancer du côlon et même contre les maladies cardiovasculaires. Ces effets, observés in vitro et chez l’animal, n’ont toutefois pas encore été validés chez l’humain.


Précautions

Entéropathie au gluten (maladie coeliaque)
La maladie coeliaque, également connue sous le nom d’intolérance, d’entéropathie ou d’hypersensibilité au gluten, touche environ 4 personnes sur 1 000 en Amérique du Nord. Les gens atteints présentent une intolérance permanente au gluten, une protéine qui se retrouve dans le grain de plusieurs céréales. Cette protéine est toxique pour les gens coeliaques et sa consommation peut entraîner des symptômes intestinaux tels qu’une malabsorption de plusieurs nutriments. Le traitement de la maladie coeliaque consiste à exclure totalement le gluten de l’alimentation.

L’orge contient des protéines formant le gluten; les personnes atteintes doivent donc éviter l'orge et ses produits dérivés (malt, bière, etc.).

Allergie à la bière
Certains individus subissent des réactions allergiques après avoir consommé de la bière, dont certaines peuvent aller jusqu’à l’anaphylaxie. Une étude a ainsi découvert deux protéines de l’orge (LTP1 et Z4) qui seraient les deux principaux allergènes de la bière32, généralement fabriquée à partir de malt provenant de l’orge.



Recherche et rédaction : Annie Bédard, M.Sc., Dt.P., nutritionniste, Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), Université Laval
Collaboration : Jasmine Coulombe et Hélène Gagnon, étudiantes en nutrition, Université Laval et Louise Corneau, Dt.P., M.Sc., Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), Université Laval
Révision scientifique : Isabelle Galibois, Ph.D., Dt.P., professeur de nutrition, Département des sciences des aliments et de nutrition, Université Laval
L’orge au fil du temps

Le terme « orge » est apparu dans la langue française écrite au XIIe siècle. C'est une adaptation ancienne du nom latin de la plante, hordeum. L'orge dite d'automne porte le nom d'escourgeon, qui vient du latin corrigia et signifie « courroie », par allusion à la forme de l'épi. L'orge commune, ancêtre de toutes les variétés modernes, porte le nom de paumelle, du latin palmutia, « petite palme ». Selon les usages, l'orge est féminine... ou bien masculin. Nature, elle est féminine : de l’orge hâtive; décortiqué, il est masculin : de l’orge mondé ou perlé.

L'orge, qui est une céréale de la même famille que le blé et l’avoine, a probablement été cultivée pour la première fois à l'époque préhistorique sur les hauts plateaux de l'Éthiopie et dans le sud-est de l'Asie. On pense que ce fut la première céréale à être domestiquée. Sa culture se serait ensuite étendue à l'Égypte, à la Mésopotamie et au nord de l'Europe, quelques milliers d’années avant notre ère. Chez les Hébreux, les Grecs et les Romains, c'était la principale céréale dont on se servait pour faire du pain. On la consommait aussi en bouillie, notamment en Grèce.

La nourriture des athlètes

Réputée pour être un aliment de force, on la donnait aux champions des antiques jeux d’Éleusis, en Grèce. Quant aux gladiateurs, ils portaient le nom de hordearii, ou « hommes-orge », du fait que c'était le principal aliment qu'ils consommaient durant leur entraînement. Sa pauvreté relative en gluten la rendant difficilement panifiable, l’orge a été remplacée par le blé lorsque les humains ont découvert les joies du pain levé, plus léger que les traditionnels pains plats qui, dans toutes les cultures, constituaient jusqu'alors la base de l'alimentation.

Sélection et utilisation

Toutefois, bien avant d'être cultivée, l'orge était récoltée à l'état sauvage. L'espèce la plus ancienne, l'ancêtre de notre paumelle actuelle, était difficile à récolter du fait que son rachis (ou axe central de l'épi) était faible et que les grains tombaient hâtivement. Elle fut finalement remplacée par des espèces à quatre et six rangs au rachis beaucoup plus fort. Les chercheurs croient qu'il s'agit de la première forme de sélection à avoir été effectuée par les humains, il y a environ 10 000 ans. Pendant plusieurs millénaires, ce sera de loin la céréale la plus employée, jusqu'à ce que le blé la détrône.

Aujourd’hui, elle a conservé certains de ces usages alimentaires, notamment en Afrique du Nord et dans certaines parties de l'Asie où l'on s'en sert pour faire un pain plat et une bouillie. Mais désormais, on la cultive surtout pour l'industrie de la malterie (le malt provient de l’orge germé et séché, et est l’ingrédient de base de la bière), et comme moulée ou fourrage pour les porcs, les boeufs à viande et la volaille. Toutefois, l'intérêt tout récent que l'on porte aux fibres alimentaires et aux glucides complexes, dont elle est riche, devrait changer ce profil.

La bière aliment

Oubliez l’eau
Vive la bière!
Au Moyen Âge, il était considéré plus sain de boire de la bière – qui se trouvait stérilisée par le processus de cuisson et de fermentation – que de l'eau, hautement contaminée. On raconte qu’au XVe siècle, saint Arnoul, bénédictin flamand et évêque de Soissons qui deviendra plus tard le saint patron des brasseurs, constata lors d'une épidémie de choléra que les buveurs de bière souffraient moins de coliques que les buveurs d'eau. Pour persuader ces derniers de passer à la bière, il en brassa une cuve sous leurs yeux en utilisant sa crosse pour remuer le liquide doré, puis bénit la dite cuve. L'histoire veut que tous acceptèrent d'en boire et que tous échappèrent à la mort...
Tite Prout
Re: L'orge
Message Lun 22 Jan - 21:23 par Tite Prout
Considérée comme la première boisson alcoolique, la bière était déjà fabriquée par les Sumériens, qui la préparaient en faisant fermenter du pain d'orge dans de l'eau. Ils en vinrent à fabriquer une dizaine de types de bière qu'ils exportaient vers l'Égypte ou d'autres régions proches. Peu alcoolisées, certaines de ces bières jouaient le rôle d'aliment, particulièrement auprès des pauvres qui pouvaient se les procurer à faible prix. En effet, chez les Babyloniens, la bière était épaissie avec de la farine, puis mise à fermenter une seconde fois. On buvait cette mixture ou on la faisait carrément cuire, à la manière d'un pain ou d'un gâteau. De plus, on consommait le résidu de malt provenant de la première fermentation. Même chose au Moyen Âge : on ne filtrait pas la bière, qui était fabriquée avec des légumineuses, de l'orge et d'autres céréales – les affamés pouvaient trouver dans leur chope de quoi calmer leur faim.

Certains aiment à penser que c’est dans le but de fabriquer de la bière et non pour obtenir une source fiable de nourriture solide que les chasseurs-cueilleurs ont inventé l’agriculture et sont, de ce fait, entrés dans le néolithique – donnant ainsi naissance aux grandes civilisations de l’humanité.
Usages culinaires

L'orge en grains

Comme l’orge perlé est passablement raffiné (on l’a poli pour lui donner l’apparence d’une perle), on lui préfère l’orge mondé, presque intact et donc beaucoup plus nutritif. Quel que soit le plat auquel on le destine, l’orge se cuit dans une proportion de trois tasses d'eau pour une tasse d'orge. On amène le tout à ébullition, on couvre, on réduit le feu et on cuit 45 minutes pour l’orge perlé, et 90 minutes pour l’orge mondé, ou jusqu'à ce que l'orge soit tendre et que toute l'eau soit absorbée. Une fois cuit, on peut faire à peu près tout avec le grain d'orge :

Des soupes, bien sûr, dont la traditionnelle soupe au boeuf et à l'orge qui se prépare avec des côtes et du bouillon de boeuf, des tomates, de l'oignon, du céleri, des carottes et du persil.

Des salades :

* orge, persil, menthe, citron et tomates;
* orge et haricots secs;
* orge, avocat et poulet;
* orge, pomme, poire, raisins, arachides rôties, poulet, le tout assaisonné de poudre de cari, crème sure et chutney;
* orge, artichaut, concombre, poivron rouge, amandes et oignon vert, assaisonné d'une vinaigrette à la moutarde de Dijon.

L’essayer également en dessert, dans cette salade aux fruits par exemple : avec fraises, framboises, bleuets, kiwi, fromage bleu et pacanes rôties, assaisonnée d'une sauce à l'huile d'olive et au vinaigre à la framboise.

Et de multiples autres plats :

* dans une frittatta italienne, avec oeufs, parmesan et mozzarella, le tout nappé d'une sauce à la marinara;
* dans un pilaf, avec huile d'olive, poivron rouge, oignon finement haché, graines de fenouil, basilic et bouillon de boeuf;
* dans un pilaf aux agrumes, avec oignon et ail finement hachés, morceaux de pommes et d'abricots secs, marmelade et jus d'orange, zeste et jus de citron, origan, thym, sel, poivre;
* dans une casserole au four, avec oignons, champignons, poivrons verts, aubergines, tomates, marjolaine, sauce chili et miel;
* dans un ragoût à la hongroise, avec oignon, tomates, paprika, graines de carvi et crème sure;
* dans une assure turque, ou pudding de Noé, composée de haricots blancs, pois chiches, abricots, figues, noisettes, amandes, raisins secs, blé;
* dans un pudding à la mongole, qui se prépare avec une tasse d'orge perlé, une tasse de noix en morceaux, une tasse de sucre, trois tasses de lait, un tiers de tasse de raisins secs et de la cannelle – on fait cuire l'orge perlé selon la recette de base, puis on le met dans la partie supérieure d'un bain-marie et on lui ajoute le sucre et le lait. On cuit le tout pendant trois heures. À la fin de la cuisson, on ajoute les morceaux de noix préalablement blanchies ainsi que les raisins secs, on réchauffe 15 minutes, on saupoudre de cannelle et on sert.

Enfin, essayez l’eau d'orge, boisson savoureuse et saine que l'on consomme surtout en Angleterre et que l’on prépare avec un quart de tasse d'orge, quatre tasses d'eau, le zeste de deux citrons, du jus de citron et du sucre à volonté. On fait cuire l'orge et le zeste de citron à petit feu dans l'eau pendant deux heures. On passe au tamis, on ajoute sucre ou miel et citron au goût. Cette boisson se boit de préférence froide.

La farine d'orge peut être employée :

* dans les crêpes, galettes et gaufres;
* dans les pains, gâteaux et pâtisseries, en mélange avec de la farine de blé. Pour les pains que l'on fait lever, la proportion est de 1/4 de farine d'orge pour 3/4 de farine de blé. Pour les pâtisseries et biscuits, on peut employer moitié farine d'orge, moitié farine de blé;
* dans des biscuits, avec des flocons d'avoine; ou dans les muffins;
* dans les pâtes à tarte, dans une proportion moitié orge, moitié blé;
* dans la pâte à pizza à raison de deux parties de farine d'orge pour une partie de farine de blé.

Les flocons d'orge peuvent être préparés :

* en les cuisant de 15 à 20 minutes comme les flocons d'avoine, avec lait et sucre; on peut remplacer le sucre par des fruits frais ou séchés;
* dans tous les plats où l’on emploie ordinairement du gruau d'avoine : biscuits, croustades, etc.

On peut apprêter les tourteaux d’orge comme on le ferait pour le tapioca.

Jeunes pousses d’orge

On peut aussi semer l’orge à l’intérieur, et récolter les jeunes pousses pour les consommer dans les salades, sandwiches et autres préparations. Faire d'abord tremper les grains pendant huit heures, puis les semer, sans les recouvrir, dans un plateau peu profond rempli aux trois quarts d'un bon terreau. Arroser, recouvrir d'un morceau de plastique en laissant une extrémité ouverte pour la ventilation. Arroser tous les jours pendant trois jours, enlever le plastique, exposer le plateau à la lumière du soleil pendant cinq à huit jours en veillant à toujours garder le sol humide. Couper les jeunes pousses au besoin.
Écologie et environnement

Engrais vert
En plus de servir de nourriture aux humains et aux animaux, l'orge peut servir d'engrais vert. À ce titre, elle prévient l'érosion du sol, nourrit tout ce qu'il y a de vivant et d'utile dans le sol, depuis les bactéries jusqu'aux lombrics, et protège ces organismes relativement fragiles contre les rayons ultraviolets et les températures extrêmes. Enfin, les engrais verts opposent une solide concurrence aux mauvaises herbes, diminuant ainsi le recours à des herbicides chimiques.

Attention : antibiotiques
De nombreux végétaux sont sensibles aux antibiotiques, l'orge notamment, dont la croissance est nettement ralentie lorsqu'elle est exposée à la sulphadiméthoxine. Or, les boues provenant des bassins de décantation d'eaux usées dont on se sert pour faire du compost, de même que les fumiers et lisiers provenant des animaux d'élevage peuvent renfermer et, dans les faits, renferment des résidus d'antibiotiques qui se retrouvent éventuellement dans le sol. En plus de souffrir dans leur croissance, les plantes exposées peuvent absorber ces médicaments dans leurs tissus et les passer aux êtres humains, ce qui augmente le risque de résistance aux antibiotiques.



Sections L’orge au fil du temps, Usages culinaires, Écologie et environnement
Recherche et rédaction : Paulette Vanier
Fiche créée le : 15 décembre 2004



Coordination du contenu : Josiane Cyr, Dt.P., nutritionniste
Fiche mise à jour le : 9 août 2006
Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.

Bibliographie

Alberta Barley Commission. Farmers taking responsibility for their future. Albertabarley.com [Consulté le 13 octobre 2003]. www.albertabarley.com
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Source: passeportsante.net
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