Le terme « géopolitique » est récent. Apparu au début du 20ième siècle, ce mot représente le croisement entre les forces au pouvoir et les territoires. De façon empirique, ce que les spécialistes de la géopolitique, et de tous les autres domaines qui y sous-tendent, ont réalisé est que les idéologies, les décisions, les stratégies, les succès et les erreurs ont la plupart du temps des répercussions mineures ou majeures dans plusieurs pays. À l’ère contemporaine, les conflits ayant lieu à un certain endroit de la planète peut avoir des conséquences dans d’autres États pourtant lointains géographiquement parlant. De là, Yves Lacoste pose comme définition de la géopolitique « les rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires et les populations qui y vivent ».
Les notions de territoire et d’espace sont très importantes lorsque nous tentons de faire une analyse géopolitique. Les ensembles spatiaux sont classés en ordre de grandeur. Le premier ordre de grandeur est celui qui englobe un grand espace, dont des milliers de kilomètres, tandis que le sixième ordre est celui qui représente un petit territoire tel qu’une localité, village, etc. .
C’est ici qu’entre en considération le diatope. Le diatope est une « représentation formée par la superposition schématique de différents plans » qui présente une série de carte allant d’une observation terrestre à grande échelle à des cartes à échelle de plus en plus petite. En termes géopolitiques, il est une « différenciation spatiale des rapports de force et leurs combinaisons dans le monde actuel ». Dans le même ordre d’idées, Yves Lacoste présente différents niveaux d’analyse pour arriver à comprendre une situation géopolitique.
Différents niveaux d’analyse spatiale :
I. Connaître les relations de pouvoir en place;
II. Connaître les relations d’alliances ou d’hostilités avec les forces extérieures;
III. Cerner les caractéristiques particulières de chaque nation.
Pour arriver à distinguer les nations entre elles, encore faut-il arriver à conceptualiser la notion de nation. Selon Yves Lacoste, une nation possède un territoire qui lui est propre, elle constitue un lieu où s’exerce un pouvoir indépendant et certains territoires, mais pas tous, s’identifient à une langue qui devient une particularité de la nation en question.
Autant il est indissociable d’analyser le territoire et les forces au pouvoir lorsqu’il est question de géopolitique, autant ce concept associe les notions de temps et d’espace, soit l’histoire et les territoires. Yves Lacoste donne l’exemple de la géopolitique allemande avec l’évolution du domaine géographique, l’idéologie du darwinisme, les visées impérialistes de l’Allemagne à l’époque, etc. C’est donc aussi en passant par l’histoire qu’une analyse géopolitique objective et surtout critique peut être faite.
Le concept de géopolitique porte lui-même une histoire bien précise. Autrefois étudié, il est devenu un terme proscrit après la deuxième guerre mondiale et l’on tentait donc, à cette époque, de tenir les géographes à l’écart du politique. L’utilisation du terme « géopolitique » avait très souvent une connotation péjorative. Les uns accusaient les autres de faire de la géopolitique comme les États-Unis qui accusaient l’U.R.S.S. de faire de la géopolitique communiste. Mais, de plus en plus, les géographes français s’intéressaient aux problèmes coloniaux ce qui était un enchevêtrement du politique et de la géographie. La question de la « guerre d’Algérie » a ainsi été abordée comme étant une guerre civile et aussi une guerre d’indépendance et une grave crise politique pour la France .
Aujourd’hui, la géopolitique s’apparente énormément aux domaines des Relations internationales du monde anglo-saxon. Ce n’est qu’un autre terme qui analyse les mêmes forces au pouvoir dans des territoires.
Lacoste, Yves. Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse 2006
Résumé de Laurie Duguay