LA JUDEOMANIE CONTRE LA REPUBLIQUE, ACTE I : LES MEDIAS ET LE ZENITH DE DIEUDONNE
Les nouveaux procès en sorcellerie que les medias ont remis sur la table après le Zénith de Dieudonné ne peuvent être compris si l'on n'analyse pas en profondeur certains mécanismes qui interviennent dans le fonctionnement des pouvoirs politiques, médiatiques, financiers et associatifs. Lorsque des medias, pour ne parler que de ceux qu'on entend le plus depuis 3 jours, se permettent d'instrumentaliser la tragédie humaine qu'est le génocide de millions d'âmes, en particulier celui des 6 millions de victimes Juives dans les camps de l'abomination Nazie, il convient de s'interroger sérieusement. Lorsque des médias, toujours prompts à mobiliser les foules pour dénoncer la résurgence des thèses négationnistes, mais ne se sentent pas concernés pour combattre d'autres formes de racismes, la negrophobie et l'islamophobie, il ne fait pas doute que cela favorise les crispations, les rancoeurs et tous le replis dits communautaristes. Parce que le rôle et le pouvoir des medias ne sont plus à démontrer à l'échelle de la planète, ce qui implique de leur part un sens des responsabilités et une certaine éthique, il convient, plus que jamais, de rappeler les medias Français à leurs obligations, à commencer par celle d’informer,et non de déformer, en toute conscience. Cela est d'autant plus important qu'ils contribuent à l'affaiblissement des institutions républicaines, ce qui ne pourra leur profiter, bien au contraire. La crise croissante de la presse n’est-elle pas un signal assez significatif ? Pour en revenir au cas Dieudonné, force est de constater comment les principaux relais de l’information ont soigneusement contribué à le diaboliser, allant jusqu' à le rendre responsable de ce que des « intellectuels » ont qualifié comme de la compétition victimaire et un racisme anti-blanc, afin de disqualifier tous ceux qui n'adhèrent pas aux diktats des penseurs cathodiques et représentants d'associations communautaires. Ce faisant, ces médias ont participé à la naissance d'un communautarisme institutionnalisé, qui justifie que les fines gâchettes de la République participent naturellement au dîner annuel du Crif, institution qui défend à la fois la veuve et l’orphelin, c’est à dire les "juifs" de France et les intérêts de l'Etat d'Israël. Et pourtant, il semblerait que la France est une république de qui ne reconnaît pas l’existence de communautés. Apparemment, il y a une exception pour confirmer la règle. Au nom d’une exception, tout serait donc permis, y compris tous les mélanges de genres les plus explosifs ? C’est bien ce que le brillant Jean Robin, (photo ci-dessous) révèle et décrypte en toute objectivité, au point de créer un terme pour le moins original et pertinent pour parler d'un phénomène inquiétant:la Judeomanie. Lisez l'interview ci-dessous, vous comprendrez un peu mieux pourquoi les Hommes politiques et les medias sont de moins en moins crédibles aux yeux du peuple.
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Jean Robin (photo : E. Bousquet)
Jean Robin (photo : E. Bousquet)
Dans un entretien exclusif, Jean Robin, l'auteur de La judéomanie (qui vient de paraître aux éditions Tatamis), revient sur la genèse de son livre et expose sa thèse selon laquelle une focalisation exagérée sur tout ce qui concerne les juifs est à la fois une entorse manifeste au principe d'égalité mais aussi un facteur d'antisémitisme. "La judéomanie. Elle nuit aux Juifs. Elle nuit à la République", Jean Robin, éditions Tatamis, 2006
Qu'appelez-vous "judéomanie" ?
La judéomanie est un nom que j'ai inventé pour qualifier un phénomène pas vraiment récent, mais qui a pris au fil des années des proportions inquiétantes. Je la définis comme l'admiration outrée pour la communauté juive, qui génère de l'antisémitisme par retour de boomerang. En d'autres termes, la judéomanie permet de qualifier la discrimination positive dont la communauté juive est l'objet en France, et comment ce qui peut a priori apparaître comme un privilège se révèle en fait être un piège pour les juifs de France.
A quand remonte ce phénomène en France ?
Je date l'apparition de ce phénomène à l'écho formidable que reçut le "livre" de Bernard-Henri Lévy, L'Idéologie française, à partir de sa sortie en 1981. Cela fait donc vingt-cinq ans.
Pour résumer brièvement le contenu de cet "ouvrage", la France est la mère du nazisme et d'Hitler, elle est essentiellement antisémite et le sera sans doute éternellement, et il n'y a quasiment pas d'autres racismes en France que l'antisémitisme. En effet, le racisme anti-arabe, ou anti-noir, et tous les autres racismes n'y sont pratiquement pas évoqués, alors que l'antisémitisme est présent quasiment à chaque page. Or, comme l'ont remarqué au temps de sa sortie des sommités comme Raymond Aron ou Léon Poliakov, parler de "L'Idéologie française", c'est parler de toute la France, d'une manière totalisante (pour ne pas dire totalitaire). Il y a donc de la part de l'auteur une volonté de faire de l'antisémitisme le seul et unique racisme français, reléguant tous les autres au rang de "détails", pour utiliser un mot qui a horrifié quand il fut utilisé par Le Pen au sujet des chambres à gaz. On ne l'a jamais reproché à Bernard-Henri Lévy, et pourtant cela ressort très clairement de ses écrits, et de L'Idéologie française en particulier, où il vomit par ailleurs la France et les Français.
Pierre Vidal-Naquet, qui vient malheureusement de nous quitter, avait dit très justement que "BHL avait gagné le combat des idées", contre Raymond Aron, Edgar Morin et lui-même, excusez du peu. Depuis cette fracture idéologique a perduré, et a fini par creuser un fossé immense entre judéomanes et anti-judéomanes. Les premiers sont aujourd'hui ultra-majoritaires dans le pays, ce sont surtout des non-juifs d'ailleurs, les anti-judéomanes étant ultra-minoritaires et la plupart du temps relégués au banc de la société de par leurs prises de position en ce sens.
Donc, bien plus que ce livre de BHL, c'est l'énorme polémique qu'il engendra, et surtout le ralliement des pouvoirs politiques et médiatiques à sa thèse que je critique, et qui ont créé la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Pourquoi faut-il, comme vous le faîtes vous-même dans votre avant-propos, toujours faire état de son ascendance juive avant de parler des juifs ? Est-ce là un effet de la judéomanie ?
La judéomanie est un livre d'analyse politique dans lequel il m'arrive, pour illustrer mon propos, d'évoquer une partie de mon histoire familiale. J'y raconte, quand je l'estime utile et important, certaines expériences familiales, que je les aie moi-même vécues ou bien qu'elles m'aient été racontées par des membres de ma famille. Je n'ai pas particulièrement ressenti le besoin de me placer en tant que Français d'origine juive pour aborder cette question ultra-sensible, mais votre question me fait dire que j'avais peut-être tort. En effet, notre société a tendance à se recroqueviller sur ses communautés, et l'une des manifestations de ce communautarisme latent ou patent consiste à n'accepter une parole critique touchant une communauté ou une autre qu'à partir du moment où celui qui l'exprime en fait lui-même partie. Je dois dire qu'on peut retrouver cette bêtise dans des communautés de professionnels, comme les journalistes par exemple (selon la charte de Munich de 1971, ils sont les seuls à pouvoir critiquer d'autres journalistes).
Cette idée selon laquelle seuls les jeunes pourraient avoir un avis sur les jeunes, les femmes sur les femmes, les journalistes sur les journalistes ou les juifs sur les juifs, au hasard, est insupportable. On entend d'ailleurs souvent, dans des débats où les parties en présence n'ont pas d'autres arguments, que le propos d'untel sur les banlieues est disqualifié d'avance, pour la simple et bonne raison qu'il ne connaît pas les banlieues, pour ne pas y vivre lui-même ou ne pas y avoir grandi. Mais enfin, si l'on suivait ce raisonnement en le poussant jusqu'au bout, chacun ne pourrait donner son avis que sur les problématiques lui correspondant complètement ! Je ne pourrais me prononcer que sur les jeunes de 28 ans, de sexe masculin, parlant français, anglais et japonais, ayant des origines polonaises, juives et clermontoises, étant diplômé d'une école de commerce et d'un troisième cycle de stratégie opérationnelle… Autant dire l'absurdité d'un tel raisonnement, puisque personne ne pourrait plus se prononcer sur rien.
Malgré cela, ce raisonnement ne semble pas être disqualifié dans le peu de débats qui se déroulent encore notre pays, au contraire. C'est aujourd'hui un argument de rhétorique qui porte souvent plus que les vrais arguments du sujet dont il traite. Une manière élégante et efficace d'ôter toute légitimité à son interlocuteur, tout en n'apportant pas la moindre avancée aux échanges ayant lieu.
Il n'y aurait donc là, après réflexion, peut-être nulle manifestation de judéomanie, mais tout simplement de bêtise et de paresse de penser.
Vous êtes très critique à propos du discours du président de la République Jacques Chirac au Vél'd'Hiv en 1995. Que lui reprochez-vous ?
Comme Eric Zemmour et Elisabeth Lévy notamment, je lui reproche d'avoir ouvert encore un peu plus la boîte de pandore du communautarisme dans notre pays. Sans révéler tout ce que j'explique dans le livre, il est clair que ce discours présenté à la communauté juive de France (lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv) alors qu'il concernait l'histoire de tout le pays (Vichy était-il oui ou non l'Etat français ?) a été un cadeau empoisonné fait aux juifs de ce pays. Un privilège qui allait leur revenir en pleine figure sous la forme d'un nouvel antisémitisme, qui a trouvé dans cette judéomanie patente un nouvel élan. Le livre explique en détail ce raisonnement assez simple et que peu d'hommes et de femmes politiques, d'analystes politiques ou de journalistes ont eu le courage de tenir. Au contraire, tout le monde a applaudi des deux mains, alors qu'on venait de casser sans doute irrémédiablement la notion d'égalité dans notre pays. Je rappelle également que, selon notre Constitution, l'Etat ne reconnaît aucune communauté en tant que telle, elle ne reconnaît que des individus. C'est pourquoi la déclaration du Président Chirac, faite peu après son arrivée au pouvoir, peut être qualifiée de communautariste et de judéomane.
Bernard-Henri Lévy Warns on Anti-Semitism, Stage 6
Il y a un aspect de la "judéomanie" sur lequel vous êtes assez peu critique : la tendance à la victimisation à laquelle cèdent de nombreuses organisations juives et la demande de repentance qui l'accompagne. Vous semblez pourtant la trouver légitime dès lors qu'elle s'applique à d'autres groupes (les Noirs sur la question de l'esclavage, par exemple). Ne vaudrait-il pas mieux renoncer à la victimisation et à la repentance liées au passé pour se tourner davantage vers l'analyse du présent et la construction de l'avenir ?
Ce ne sont pas les organisations juives qui sont les premières responsables de la judéomanie qui règne dans notre pays depuis plusieurs dizaines d'années. Pour la simple et bonne raison que ce ne sont pas elles qui décident d'accorder ou non un privilège à leur propre communauté. Ce privilège, qui considère un juif comme étant un peu plus égal qu'un non-juif, et comme ayant plus de droits qu'un non-juif, bref, cette discrimination positive, a été accordée par le pouvoir politique en place depuis vingt-cinq ans, et suivie par les médias (les médias suivent d'ailleurs le plus souvent le pouvoir politique au cours de la Vè République, il suffit de regarder par exemple comment ils ont traité la 1ère, puis la 2nde guerre du Golfe).
Je ne reprocherai jamais à des membres d'une communauté, quelle qu'elle soit, de revendiquer des avantages, des droits spécifiques, des indemnisations ou quoi que ce soit d'autres. Mais je reproche aux responsables politiques qui se sont succédés au pouvoir de les leur avoir accordés, brisant ainsi le pacte républicain, comme pour la déclaration de Chirac au Vel d'Hiv. Ni les associations "noires", ni les associations juives, ne sont responsables de la démission du politique, qui entraîne avec lui le médiatique.
La victimisation et la repentance ne sont omniprésentes dans notre pays que parce que ceux que nos élus l'ont bien voulu, et qu'ils ont envoyé ce message aux citoyens et aux médias : le culte du souvenir doit nous faire oublier la réflexion pour l'avenir. Ces visées électoralistes ont plongé le pays dans le puits sans fond de la commémoration, qui nous fait oublier jusqu'aux raisons pour lesquelles nous commémorons. Par exemple, nous sommes le seul pays à commémorer cinq fois par an la Shoah, alors qu'en Israël même ils ne la commémorent qu'une fois par an, deux minutes de silence très solennelles, que je trouve bien plus profondes et appropriées que nos larmoyantes cérémonies, qui tendent parfois à l'obscénité comme l'a dit l'historien Pierre Nora, et qui ne servent que de faire-valoir à ceux qui les organisent.
Dim 24 Déc - 16:25 par mihou