Hollywood n’aime plus les diamants
Dominique Baillard
(Photo : RFI)
«Marilyn ! Reviens !», c’est le vœu le plus cher de l’industrie mondiale du diamant en ce moment. Car la nouvelle star du cinéma américain, Leonardo di Caprio est en train d’éclipser le sex-symbol chantonnant le fameux refrain «diamonds are the girls best friends» - les diamants sont les meilleurs amis des femmes - avec les Diamants sales, un film sorti au début du mois aux Etats-Unis.
L’œuvre d’Edward Zwick dénonce le trafic de pierres qui a nourri bien des guerres africaines, notamment celle de Sierra Leone dans les années 90. Inquiète des effets du film sur les affaires à court terme, à la veille de Noël, mais aussi à long terme avec le risque de voir les ONG se saisir de cette tribune médiatique pour faire avancer leur cause, l’industrie a dépensé des millions de dollars dans une campagne de publicité.
Trahie par Hollywood, la filière a trouvé un allié providentiel dans le milieu du hip-hop. L’un des artistes majeurs de ce courant musical, Russel Simmons, s’est rendu au Bostwana, le premier producteur au monde, et en Afrique du Sud, numéro quatre pour l’extraction du diamant brut, afin de constater par lui-même les retombées de cette industrie minière sur la vie des populations locales. Depuis son retour, il clame sur tous les médias combien cette industrie contribue à rendre plus autonomes, plus puissants, les pays africains qui l’abritent. Un discours pas tellement étonnant de la part d’un artiste bijoutier à ses heures : son établissement est fourni par la De Beers.
Mais ce discours masque le cœur du problème : les diamants du sang qu’Edward Zwick décrit dans son film ne proviennent pas des mines officielles mais bien d’un commerce illégal qui enrichit les seigneurs de la guerre. Et ce commerce, malgré les dénégations du Conseil mondial des diamants, est loin de disparaître. La Côte d’Ivoire a pris le relais de la Sierra Leone à la chronique des trafics illicites. Un rapport des Nations unies indique que la production et l’exportation clandestine de diamants vers le Mali et le Ghana continuent dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Un trafic qui procureraient aux Forces Nouvelles des revenus de l’ordre de 10 à 20 millions de dollars. Des connexions auraient été établies avec la Belgique et Israël, deux pays majeurs dans la commercialisation des pierres.
La Commission européenne, qui assure à partir du 1er janvier la présidence du processus de Kimberley, chargé d'authentifier les pierres, a annoncé son intention de renforcer la lutte contre ces cailloux mortifères. Une démarche qui va sans doute bénéficier de la couverture médiatique faite au film sur les écrans, en Europe, à partir du mois de février.
par Dominique Baillard
[21/12/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/084/article_48351.asp
Jeu 21 Déc - 9:37 par mihou