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 Mon pays, n'as-tu pas honte ?

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mihou
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mihou


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Mon pays, n'as-tu pas honte ? Empty
21122006
MessageMon pays, n'as-tu pas honte ?

Courrier international, no. 814
France, jeudi 8 juin 2006, p. 15

Spécial émigrés

TÉMOIGNAGE
Mon pays, n'as-tu pas honte ?

Myriam Laabidi*
Le Soleil (Dakar)

Myriam est française "d'origine maghrébine" et n'en pouvait plus de supporter la discrimination au quotidien. Elle est donc partie s'installer au Canada. Et, là-bas, elle s'est enfin sentie française, voire catalane...

J'ai commencé à me sentir française lorsque j'ai quitté l'Hexagone pour immigrer au Québec. Pas avant. Est-ce que les événements qui ont eu lieu en novembre dernier dans les banlieues de France m'ont étonnée ? Non. Laissez-moi vous faire part de mon témoignage. Fille d'immigrés marocains, je suis née dans le sud de la France dans les années 1970. Mes parents ont toujours cru que, pour un immigrant, la seule façon d'avoir sa place dans la société était de réussir à l'école. Chose que j'ai faite. Les dix années que j'ai passées à l'université m'ont permis de devenir sociologue. Mais, avant d'en arriver là, je me suis malheureusement heurtée à de nombreux obstacles qui auraient pu me décourager.

Je me suis souvent heurtée à des professeurs dont l'esprit et la mentalité colonialiste appartenaient au XIXe siècle et qui avaient à mon endroit un comportement des plus méprisants et des plus maladroits. "Est-ce que vos parents parlent français à la maison ?" m'a un jour demandé un professeur de mathématiques, croyant ainsi mettre le doigt sur le problème. Ce dernier ignorait que mes parents avaient sacrifié leur langue maternelle, l'arabe, au profit du français, langue de la mobilité et de la réussite sociale. La langue était le mauvais argument pour expliquer mes difficultés en mathématiques, mon cher ami.

Avant de venir vivre au Québec, j'ai passé en France vingt-quatre années à essayer de m'intégrer et à toujours justifier mes faits et mes gestes pour la seule raison que je suis fille d'immigrés. Pour franchir chacune des étapes de ma carrière, j'ai dû travailler trois fois plus que la moyenne et, une fois dans la place, je devais encore et toujours faire mes preuves. J'étais en terrain miné et certaines remarques m'atteignaient droit au coeur : "Tu sais, Myriam, en général, j'aime pas les Arabes, mais toi, c'est pas pareil." Pourtant, qu'est-ce qui me différenciait de la jeunesse française des banlieues, dont la majorité est issue de l'immigration maghrébine ? Moi aussi, mon grand-père est venu en France après la Seconde Guerre mondiale pour prêter main-forte à la reconstruction. C'est avec les années et la distance que je me suis rendu compte que la France, patrie qui m'a donné (du bout des doigts et avec dédain) sa nationalité, était assise sur une poudrière.

Les enfants d'immigrés sont-ils des sous-français ?

En France, la discrimination et la ségrégation sont deux pratiques qui sont légitimées et qui régissent les interactions au quotidien entre les individus. Pour employer des termes forts, il est presque normal pour les Français "de souche" de dénigrer les communautés d'Afrique du Nord et noire, et il apparaît tout aussi évident pour celles-ci qu'on les traite mal. "C'est normal de ne pas rentrer en discothèque, de ne pas trouver de travail et d'appartement, nous sommes arabes ou noirs, à la rigueur nous ne méritons que ça."

Oui, mesdames les institutions républicaines, il y a une partie de votre France qui est fataliste, défaitiste et qui se sous-estime, car vous considérez les populations qui la constituent comme des sous-êtres. Les millions de Français issus de l'immigration maghrébine et africaine sont-ils des sous-hommes ? Ils sont paquetés, entassés et ghettoïsés dans une France qui n'en est pas une. A cause de cet apartheid, de nombreux jeunes d'origines ethniques différentes n'ont jamais réellement côtoyé de "vrais" locaux. Disons les choses comme elles sont : les Français-français préfèrent leurs chiens à leurs concitoyens des minorités ethniques. A titre indicatif, les crottes de leurs compagnons canins sont très souvent ramassées par ces derniers.

France, n'as-tu pas honte de ce qui t'arrive ? La planète te montre du doigt. Certes, tous les politiciens et tous les intellectuels sont d'accord pour dénoncer ces violences, le problème des quartiers défavorisés, le chômage et la conjoncture économique et sociale. Mais, lorsque la question de la discrimination raciale est abordée, la politique de l'autruche s'installe. Personne ne prend le courage de dire : la france est raciste, tout simplement. Pourquoi est-elle raciste ? L'origine de ce comportement est assez nébuleuse : certains l'expliqueront par la mentalité colonialiste, d'autres par les problèmes économiques qui l'affligent.

Malgré tout, il faut envisager des solutions pour redéfinir l'identité française et surtout le "qu'est-ce qu'être français". La seule solution à court terme que j'entrevoie est de mettre en place des politiques de discrimination positive qui, par l'obligation et la fermeté, obligeraient les institutions à avoir, au sein de leur groupe, des personnes issues des minorités visibles, un peu comme en Amérique du Nord et en Afrique du Sud. Combattre les préjugés par la répression, rien de plus simple. A compétence et à formation égales, on oblige nos compatriotes à se mélanger et à se connaître.

En bout de course, comment expliquer que je ne me sois enfin sentie française qu'en débarquant au Québec ? Lorsque je ferme les yeux et que je ressasse mes souvenirs d'enfance, je revois les images de mes escapades à la boulangerie du coin dans ma Catalogne chérie. Et c'est en français et en France que mes souvenirs sont, pas ailleurs.

* Sociologue, installée à Montréal.


Encadré(s) :


MIRAGE

Belle Province ou maudits Québécois ?

Courrier international

Pour attirer de nouveaux immigrants, le Québec drague en France et jusque dans les DOM-TOM.

Ils sont jeunes, étrangers, francophones, et viennent parfaire leur éducation", s'extasient Les Affaires. "Le tout nouveau contingent d'étudiants qui a choisi le Québec comme terre d'accueil vient de... l'île de La Réunion." L'hebdomadaire économique québécois explique en effet que "La Réunion ne peut offrir suffisamment de travail à sa population. L'île compte près de 40 % de chômeurs et les jeunes sont très touchés. Aussi leur cherche-t-elle un débouché." Une situation qui n'a pas laissé indifférents les Québécois, qui "ont effectué dès 2002 une première mission exploratoire" et ont conclu un accord de coopération "en mars de l'année suivante". Depuis lors, "le pont était ouvert et ne s'est jamais refermé. Au contraire, le mouvement s'amplifie."

Chaque année donc, des adolescents réunionnais intègrent un collège d'enseignement général et professionnel (CÉGEP), l'équivalent québécois du lycée. "Tout le monde y gagne", explique Lise Thériault, ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec. "Les gens de La Réunion permettent à leurs jeunes d'être bien formés et ils espèrent les voir revenir, tout en comprenant que plusieurs vont rester ici." Quant à savoir si la Belle Province envisage d'autres collaborations de ce genre, madame la ministre répond avec une franchise déroutante : "Nous ne discutons pas seulement avec la France, mais aussi avec le Mexique et l'Argentine, et il existe d'autres îles françaises."

Le Canada, pays de cocagne, donc ? Pas sûr. Certes, explique Le Soleil de Québec, "62 000 Français sont immatriculés au Canada". Ils seraient même 120 000, selon certaines estimations. Des Français "volontiers charmés par les discours prometteurs de la Délégation générale du Québec à Paris" et qui émigrent "sans même faire de voyage préparatoire et souvent sans aucune appréhension. Jusqu'à ce que l'image savamment entretenue d'une autre France en Amérique s'écroule."

"Premier problème, explique le quotidien, l'emploi. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, leur expérience en France n'a pas la même valeur qu'au Québec." Les diplômes français ne sont pas toujours reconnus sur place. "Les Français sont nombreux à exprimer leur amertume, voire leur colère." Certains évoquent même "un racisme antifrançais". Aussi, beaucoup viennent "tenter l'expérience un an, cinq ans, puis repartent".

Sur le même registre, le président fondateur du site Immigrer-Contact s'emporte dans les colonnes du quotidien montréalais Le Devoir contre l'idée que "les Français rêveraient du Québec". "Au bout de dix ans, tonne-t-il, 70 % des Français rentrent au pays. Les familles sont les premières à y songer, pour la bonne et simple raison que le système de santé est difficilement compatible avec le fait d'avoir de jeunes enfants, que l'éducation publique est déficiente - surtout en comparaison de l'équivalent français - et que la fiscalité ruine le rêve américain." Selon lui, "le consulat de France à Montréal organise tous les vendredis une réunion d'information pour les retours et on doit mettre des chaises dans les couloirs" pour permettre à tous d'y assister. En fait, les Français "ont dans la tête des images d'Epinal bien entretenues par des artistes de talent, des photos enchanteresses de ce coin d'Amérique. Mais, une fois le rêve devenu réalité, ils s'en lassent et rentrent."
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