Le Nouvel Observateur, no. 2154
Jeudi 16 février 2006, p. 26
Dossier
Le jackpot de la diaspora
Sarah Halifa-Legrand
Le 9 janvier, l'Inde célébrait la Journée nationale de la Diaspora. Et le Premier ministre Manmohan Singh a délivré à deux Américains d'origine indienne les premières cartes de «citoyen indien d'outre-mer», qui permettent à leurs détenteurs d'entrer et sortir librement du pays. Tout sauf un hasard. Car, après le Mexique, l'Inde est le deuxième pourvoyeur d'émigrants vers les Etats-Unis et le premier à y expatrier ses étudiants. Du brain drain (« fuite des cerveaux ») on est passé à une politique du brain gain (« bénéfice des cerveaux »). «Sur 20 millions d'émigrés indiens, 2 millions vivent aux Etats-Unis. Mais ils sont à l'origine d'un tiers des transferts de capitaux vers l'Inde», explique Aminah Mohammad-Arif, spécialiste de la diaspora indienne aux Etats-Unis (1).
Mal vus par les Américains au début du XXe siècle, les Indiens ont su se faire accepter - et même désirer - à partir du milieu des années 1960. Formés dans les meilleures universités, ils ont fourni des cohortes d'informaticiens et d'ingénieurs dans la Silicon Valley. Mais aussi des businessmen, des universitaires et des médecins, qui ont directement intégré les classes supérieures : leur revenu moyen s'établit à 66 000 dollars par an contre 38 000 dollars pour la moyenne des Américains !
Sarah Halifa-Legrand
(1) Auteur de « Salam America. L'islam indien en diaspora », CNRS Editions, 2000.