Scandale économique ! Zone franc, Pétrole et destruction monétaire
14/11/2006
Les pays africains continuent de se traîner au dernier rang des pays en développement, sans idées nouvelles ni initiative à la mesure des enjeux pressants de la survie des populations paupérisées, à défaut de véritable dessein, ambition de prospérité économique collective. Le scandale, exemplifié par la zone franc est celui d’une conjoncture internationale des cours des matières premières qui fait s’abattre sur les économies une pluie de devises amassées dans les réserves, stériles et oiseuses.
Ce n’est pas tout le temps que sans avoir rien fait pour, les pays de la zone franc se retrouveront avec des excédents budgétaires de l’ordre de 8% en 2005 pour l’Afrique centrale -Cemac-, une explosion des prix à l’exportation améliorant les termes de l’échange, une croissance [apparente] soutenue.
Pourtant du fait des règles drastiques et répressives de la zone franc, arrimée désormais à l’euro, source de perte de compétitivité pour les économies africaines lorsque l’ancre s’apprécie, une véritable destruction de cette manne pétrolière se déroule en silence. Un massacre indirect et une ponction violente sur les ressources nationales et leur potentiel de régénération.
En 2005, l’Afrique de l’Ouest -zone Uemoa- avait 360 milliards de Cfa d’excédents de réserves constituées par rapport aux réserves requises, malgré des besoins urgents dans les secteurs sociaux, sanitaires, infrastructurels. Les avoirs extérieurs nets de la Cemac au premier trimestre de 2006, en augmentation sensiblement du simple au double sur l’année précédente, se montaient à 3 001 304 millions de Cfa. Quand on sait que 65% des avoirs extérieurs nets sont captés par le compte d’opérations de la zone assurant la convertibilité du Cfa, et que les taux de couverture de l’émission monétaire fixés réglementairement à 20% atteignent effectivement 120% en zone Bceao et 86% en zone Beac, on se demande si le mécanisme de la zone n’est pas resté bloqué à l’année 1959 …
Tout dans la zone refrène le dynamisme économique endogène. Une couverture de l’émission monétaire à plus de 100% est une caisse d’émission, pas un fonctionnement bancaire puisque chaque billet de banque créé est garanti par une somme équivalente en devise.
Le crédit reste très encadré, bridé au prétexte d’une antienne de l’inflation, et surtout, depuis l’époque coloniale, est principalement orienté vers le court terme. En 2004 dans la zone Cemac, les crédits à l’économie traduisant l’accompagnement monétaire et le financement de l’activité de création de richesse se sont élevés à 1 852 864 millions de francs Cfa pour les crédits à court terme, 1 239 004 millions pour le moyen terme et seulement 57 155 pour le long terme. Quand on sait que le long terme finance les biens collectifs, ouvrages d’art, infrastructures ou logements, les transferts de technologie etc. on est atterré par ces économies de la pauvreté, croulant de devises, et qui n’investissent pas dans l’avenir.
Les limites de la zone, de ses mécanismes sont bien là, étalés au grand jour. Fabriquée dans les ateliers des intérêts de la France coloniale, et fournissant de menus services aux roitelets et à leurs dispendieuses cours, elle n’est pas adaptée à des cycles imprévus de croissance bénéficiant aux Etats africains. Des modèles d’utilisation judicieuse de la manne pétrolière existent pourtant, avec le Venezuela de Hugo Chavez, qui a décidé d’une affectation volontariste vers les secteurs sociaux -santé et éducation de masse- d’une part consistante des recettes d’un pétrole privatisé. Des affectations de nature comparable sont possibles et souhaitables dans de grands projets neufs, visant des catégories traditionnellement ratées par les politiques classiques de développement. C’est le moment de l’imagination, et du choix décisif d’une option libre
Chiffres tirés principalement du Rapport Zone Franc 2005.
Afrikara
Jeu 16 Nov - 1:28 par mihou