Idrissa Seck dévoile les négociations secr ètes de Reubeuss avec Me Wade !
Qui manipule qui ?
Quelque soit le niveau de véracité et/ou de manipulation, ce qui se passe
actuellement au plus niveau de l'Etat dans mon pays, le Sénégal, est purement
scandaleux et inquiétant.
Comme beaucoup de sénégalais, je suis choqué que des marchandages de ce genre puissent se dérouler d'une part et avec autant de témoins d'autre part.
Cela constitue une grave menace pour l'Etat de Droit et pour la Démocratie.
Cette instrumentalisation de la justice est inacceptable.
"Il n'y a de justice que dans la vérité", c'est l'auteur de "J'accuse", Emile Zola qui mettait ainsi en garde son pays contre les mensonges organisés par les pouvoirs publics français, il y a plus d'un siècle.
Ne rien dire, c'est être complice.
De tels comportements sont condamnables et les actes incriminés dans cette affaire sont d’une extrême gravité.
Ces gens-là sont indignes du suffrage des sénégalais.
Ce pays, le Sénégal, ne mérite pas un tel traitement.
Mansour Gueye
Idrissa Seck dévoile les négociations secrètes de Reubeuss avec Me Wade !
Re-re-confirmation des négociations ayant abouti à la libération de l'ex-Premier ministre Idrissa Seck de Rebeuss (Prison centrale de Dakar). Les dernières sorties de Me El Hadj Amadou Sall, ministre, porte-parole du président de la République, à propos de ces négociations ont poussé Idrissa Seck et ses partisans à publier les minutes de ces discussions. De mémoire cette fois-ci, sans enregistrement. A moins que ses geôliers soient devenus ses complices. Dans le document reçu tardivement, ce qui n'a pas permis de contacter tous ceux qui ont été cités dans le texte, les discussions entre Abdoulaye Wade et Me Nafissatou Diop Cissé, entre Me Nafissatou Diop Cissé et Idrissa Seck et entre Idrissa Seck et Ousmane Sèye. Un document effarant pour ce Sénégal qui se veut un modèle de démocratie. Tout simplement scandaleux ! Le Sénégal en est donc arrivé à ce stade. A un moment où son président de la République, élu au suffrage universel, se doit de négocier avec son ancien Premier ministre qu'il a accusé publiquement de détournement. Scandaleux de voir écrit, noir sur blanc, que tout ceci serait lié à une question d'argent. La Justice n'a pas le beau rôle à parcourir les lignes de ces discussions. Abdoulaye Wade s'est même permis de déterminer les dates de la convocation de l'ex-Pm devant la Commission de la Haute Cour de Justice pour que Idrissa Seck obtienne un non-lieu. Et tout cela au vu et au su de deux auxiliaires de justice. Mais ce document fait la part belle à Idrissa Seck. Mieux, il ne dit pas comment l'ex-Pm a pu finalement obtenir sa libération. Ce qui est sûr, c'est qu'il détient un document gardé en lieu sûr et hors du pays. Et c'est à nous Sénégalais d'encaisser et de trinquer sans broncher. Quand la République fait de «la haute voltige politique», la morale adopte le profil bas.
Source : Le Quotidien le 13 novembre 2006
Mardi 15 novembre 2005
Visite de Me Nafissatou Diop Cissé, mon notaire, porteuse d'un message de Monsieur le Président de la République.
Me Nafissatou Diop Cissé : «Le Président de la République m'a reçue au Palais, dans ses appartements privés du 2e étage, en présence de Me Ousmane Sèye et de Alex Ndiaye (négociateur de Me Wade lors de la fronde des 12 députés Pds), qui sont venus me chercher chez moi pour m'y conduire.
Le Président m'a dit ceci : Les enquêtes ont révélé que vous êtes la notaire de Idrissa Seck. J'ai un message pour lui. Il faut bien qu'il comprenne que si je le laissais avec ces gens-là, ce serait très grave. Ils lui ont déjà préparé Kédougou. Je sais qu'il a de l'argent. Il m'avait dit lui-même qu'il pouvait financer la campagne électorale de 2007. Alors il n'a qu'à le faire et toi tu t'en portes garante. Après, on pourra trouver une astuce juridique pour clore les dossiers. Tu es son amie. Tu pourras lui parler. Il a dû t'apprendre à enregistrer les conversations. Tu peux m'enregistrer si tu veux. Je ne comprends pas ce que je lui ai fait. Je lui ai tout donné : le parti, le pouvoir, l'argent. Il est mon fils. Je lui ai même dit que de tous ceux qui sont susceptibles de me remplacer, c'est lui le moins mauvais. Pourquoi m'a-t-il enregistré ?
Ensuite, nous sommes descendus à son bureau du 1er étage. Il m'a proposé à boire. J'ai senti qu'il était soulagé, comme s'il venait de déposer une lourde charge. Ah, il m'a dit aussi ceci : un chef d'Etat est très puissant. Ce que nous nous sommes dit reste entre nous. Ensuite, il a appelé Cheikh Tidiane Sy (le ministre de la Justice) pour lui dire de m'organiser une visite-contact avec toi.
Je suis allée voir Cheikh Tidiane Sy qui a essayé de me tirer les vers du nez. Je lui ai dit que je voulais te voir pour des problèmes de famille. Sa réaction m'a beaucoup surprise : «Akhou Gorgui mooko dal», a-t-il déclaré. (Il est victime de la malédiction du Vieux). Quand je suis arrivée dans son bureau, il m'a dit : Alors madame la médiatrice ? Je lui ai dit que je n'étais médiatrice de rien du tout. Mais je crois que l'appel du Président lui a mis la puce à l'oreille. Souleymane Ndéné Ndiaye m'a dit : «Maître, ne vous fatiguez pas, on va le condamner à mort.» Le Président doit voyager. Il rentre jeudi. Je le verrai le week-end. Qu'est-ce que je lui dis ?
Idrissa Seck : Qu'il applique la loi, laisse la Justice faire son travail en toute indépendance, ce qui aboutirait rapidement à un non-lieu dans les procédures ouvertes sans fondement. Pour le reste, ce sera sa bouche, mon oreille et ma bouche, son oreille.
Me Nafissatou Diop Cissé : Je pense que dans leur tête, ils envisagent de faire déposer par Bara Tall (patron de l'entreprise Jean Lefèbvre-Sénégal) une caution de 8 ou 10 milliards pour pouvoir aller vers une liberté provisoire.
Idrissa Seck : Mais Bara Tall n'est inculpé de rien ! Il a rejeté en bloc toutes les accusations portées contre lui et il ne me met nulle part en cause dans tous les PV (procès verbaux).
Me Nafissatou Diop Cissé : Je crois qu'ils vont le pousser à te mettre en cause. Ils lui ont donné des garanties qu'il ne lui arrivera rien.
Idrissa Seck : Je ne veux pas de liberté provisoire. Je ne demanderai rien. Si je ne peux pas sortir d'ici la tête haute, l'honneur intact, seule condition de pouvoir poursuivre ma carrière politique, je préfère que cette cellule soit ma tombe.
Me Nafissatou Diop Cissé : Que Dieu nous en préserve. Et tes enfants ? Accepte tout et sors d'ici rek, après on verra.»
Mardi 22/11/2005
18h 40, le chef de cour m'annonce à nouveau la visite de Me Nafissatou Diop Cissé pour 19h.
Me Nafissatou Diop Cissé : «Wade m'a reçue à nouveau au Palais avec Me Ousmane Sèye et Alex. Cette fois-ci au rez-de-chaussée. Karim Wade est venu nous saluer. Le Président veut que tu fasses un geste de bonne volonté et que tu lui donnes l'assurance qu'en sortant d'ici tu ne vas pas utiliser tes moyens contre lui.
Idrissa Seck : Je veux un non-lieu, car je n'ai rien fait. Après, nous discuterons de ma conduite politique.
Me Nafissatou Diop Cissé : Comment pourrais-je te transmettre la réponse si je ne peux pas revenir ? Convenons d'un code : O signifiera que je l'ai rencontré à nouveau, 1 voudra dire que le rendez-vous entre vous deux est fixé, 2, que le non-lieu est OK, non 2 (un deux barré), que le non-lieu n'est pas ok.»
Mercredi 23/11/05
Première visite de Me Ousmane Sèye, avocat de l'Etat dans les procédures en cours contre moi.
Me Ousmane Sèye : «Monsieur le Premier ministre, l'avenir c'est vous. Wade le sait. Il m'a même dit vous l'avoir fait comprendre en vous disant que de tous ceux qui sont susceptibles de le remplacer, vous étiez le moins mauvais. Votre seul souci doit être de sortir d'ici. Et pour cela, il ne suffit pas d'avoir raison, car il y a toujours la raison d'Etat. Nafi (Me Nafissatou Diop Cissé) nous a rendu compte de vos discussions. Mais il faut plus de souplesse.
Idrissa Seck : Je vous remercie Maître. Mon premier souci est de donner en héritage à mes descendants un nom honoré, non entaché des souillures que tentent d'y déposer les calomniateurs et diffamateurs. Mon deuxième souci, c'est que ma vie puisse encore servir mon pays. Pour cela, je dois rester digne des suffrages de mes compatriotes, c'est-à-dire de leur confiance et de leur espérance. Vous-même êtes de ceux dont je solliciterai les suffrages. Vous êtes Sénégalais comme beaucoup de membres de votre collectif d'avocats de l'Etat, comme tous les fonctionnaires de la Présidence de la République, du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice qui ont accès au dossier, comme les cinq magistrats de la Commission d'instruction, comme la plupart de vos collègues qui me défendent. Si l'un d'entre vous voit une seule phrase ou une seule pièce de la procédure qui puisse compromettre mon honorabilité, je serais définitivement disqualifié pour prétendre à la station de Président de la République. Comment pourrais-je, dans de telles circonstances, faire la revue des troupes sans que mon regard ne dévie en croisant ceux des soldats qui meurent pour la Nation là où le comportement non vertueux des élites tue le pays.
Me Ousmane Sèye : Je comprends tout cela. Mais moi, je travaille pour l'équilibre de mon pays et sa paix, au-delà de mon métier d'avocat. J'ai la conviction que votre présence aux côtés du Président pourrait grandement contribuer à cela. Je sais que le Président vous aime beaucoup. Il souffre. Il souffre. Moi, il me parle. Je sais qu'il veut une solution. Il ne comprend même pas comment on en est arrivé là.
Idrissa Seck : Il me l'a déjà écrit.
Me Ousmane Sèye : Ah, vous voyez, je ne savais pas qu'il vous avait écrit !
Idrissa Seck : C'était avant de m'amener ici. C'était le 22 Avril 2004.
Me Ousmane Sèye : Je disais donc qu'il fallait trouver une solution. Voilà ce que le Président propose. Il ne sait pas combien vous avez. Il ne tenait aucune comptabilité. Il vous remettait et vous donnait des instructions pour remettre aux différents bénéficiaires. Il se souvient qu'au début, vous lui avez suggéré de préparer les moyens des échéances futures pour ne pas vous retrouver dans la situation de 2000 où vous aviez peiné à boucler le financement de votre campagne. Il propose que vous lui restituiez ce que vous avez gardé à cet effet ou même que vous lui donniez un acompte. Pour les modalités, vous pouvez faire un dépôt auprès du notaire Me Nafissatou Diop Cissé.
Idrissa Seck : Mais maître, comment pouvez-vous concevoir que je puisse faire cela alors que votre client me poursuit pour détournement de deniers publics ? Qu'est-ce qui vous retiendra de prétendre que cet argent provient des chantiers de Thiès ?
Lun 13 Nov - 21:18 par mihou