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 L'Afrique qui marche

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

L'Afrique qui marche Empty
04112006
MessageL'Afrique qui marche

L'Afrique qui marche

Une vitalité économique ignorée par l'Occident

Carol Pineau
The Washington Post (Washington)

Une économie dynamique se développe. Mais les médias préfèrent trop souvent en rester aux clichés misérabilistes.

Nous sommes dans un grand immeuble de bureaux d'Accra, au Ghana. Ici, pas question de s'asseoir, tout le monde fait la

queue. Un nombre considérable d'épargnants, munis de liasses de billets, sont venus acheter des parts d'un fonds commun de

placement dont le rendement s'élève à 60 % par an en moyenne depuis sept ans. Ce fonds est géré par une société locale, la

Databank, qui investit sur les marchés d'actions au Ghana, au Nigeria, au Botswana et au Kenya, lesquels se classent

régulièrement parmi les premiers du monde en termes de croissance.

Vous n'avez certainement jamais entendu parler de la Databank dans votre quotidien local ou au journal télévisé. Ceux-ci, les

rares fois où ils traitent de l'Afrique, en évoquent presque exclusivement les aspects négatifs : la progression rapide de

l'épidémie de sida, le génocide au Darfour ou le chaos au Zimbabwe.

Certes, l'Afrique est une terre de guerres, de pauvreté et de corruption. La situation dans des régions comme le Darfour, au

Soudan, exige que les médias s'intéressent davantage au continent noir et que la communauté internationale réagisse. Mais

l'Afrique est aussi une terre de Bourses, de gratte-ciel, de cybercafés et de classes moyennes de plus en plus nombreuses.

C'est la partie de l'Afrique qui marche. Et cette Afrique-là, pour avoir la moindre chance de participer pleinement à

l'économie mondiale, a elle aussi besoin de l'intérêt des médias.

Les images du continent noir dans les médias se paient au prix fort. Dans les cas extrêmes, ce prix peut même se payer en

vies humaines. Des récits de malheurs et de tragédies visent à toucher notre coeur pour nous faire mettre la main à la poche

ou nous pousser à réclamer au Congrès une augmentation de l'aide. Mais aucun pays ou région ne s'est jamais développé

grâce à la seule aide internationale. L'investissement, qui entraîne des créations d'emplois et l'amélioration de la situation

sanitaire, reste la seule voie menant à un développement durable. C'est celle qu'ont empruntée jadis les "tigres asiatiques" et

aujourd'hui la Chine ou l'Inde.

Pourtant, selon Overseas Private Investment Corp., l'agence fédérale américaine pour les investissements privés à l'étranger,

si l'Afrique offre les meilleurs rendements aux investissements étrangers directs, c'est aussi le continent qui en attire le

moins. Et ce manque d'investissements se traduit par une stagnation de l'emploi, une misère persistante et un accès limité de

la population à l'éducation et aux systèmes de santé.

Quelques faits : la Bourse du Ghana remporte régulièrement la palme de la plus belle performance mondiale. Le Botswana,

avec sa note A + décernée par les agences d'évaluation financière, s'enorgueillit de l'un des taux les plus élevés d'épargne

publique par habitant au monde, ne le cédant qu'à Singapour et à une poignée d'autres pays qui gèrent prudemment le budget

de l'Etat. Des multinationales aussi connues que Coca-Cola, General Motors, Caterpillar et Citibank sont implantées sur le

continent depuis des années et envisagent l'avenir avec beaucoup d'optimisme. Quant aux opérateurs de téléphonie mobile, ils

affichent une rentabilité phénoménale.

Même en Somalie, l'économie fonctionne

Ne pas parler de cette Afrique-là, c'est faire la caricature unidimensionnelle d'un continent particulièrement complexe. J'ai

récemment réalisé un documentaire sur l'esprit d'entreprise et sur le secteur privé en Afrique. Au fil des mois, je me suis

rendu compte de la façon dont les journalistes, même ceux qui aiment sincèrement ce continent, le décrivent d'une manière

qui tourne terriblement à son désavantage. Le premier caméraman auquel j'ai fait appel m'a ri au nez. "Entreprise et Afrique,

ce ne sont pas deux termes contradictoires ?" a-t-il demandé. Le second fantasmait sur des images touchantes de

coopératives de femmes et d'étals de marché regorgeant de produits artisanaux rustiques. Plusieurs amis ont simplement

supposé que je réalisais un documentaire sur le sida. Après tout, que filmer d'autre en Afrique ? Pourtant, les affaires

marchent rondement un peu partout. Et cela, peu de gens le savent. Avec un bon gouvernement et une bonne politique

budgétaire, des pays comme le Botswana, le Ghana, l'Ouganda, le Sénégal et bien d'autres sont en plein boom, et leurs

économies croissent à un rythme soutenu. Et les entreprises privées ne sont pas l'apanage des pays sans histoires. Nul pays

n'est plus ravagé par la guerre que la Somalie, qui n'a plus de gouvernement central depuis plus de dix ans ; elle n'en compte

pas moins un secteur privé florissant.

A Mogadiscio, les tarifs de téléphonie mobile sont les moins élevés du continent, essentiellement parce que l'Etat n'intervient

pas. Dans le nord du pays, on trouve sur les marchés des téléphones satellitaires dernier cri. L'électricité marche. Lorsque

l'Etat s'est effondré, en 1991, la compagnie aérienne nationale a mis la clé sous la porte. Maintenant, cinq transporteurs

privés se livrent une guerre des prix sans merci. Cela, c'est la Somalie qu'on ne voit pas à la télévision. Certes, la vie serait

bien meilleure pour les Somaliens s'ils avaient un bon gouvernement - ou même n'importe quel gouvernement. Mais il est vrai

aussi que ce peuple courageux et plein de ressources a réussi à créer une société qui fonctionne.

Les entreprises africaines pâtissent pour la plupart d'un manque cruel d'infrastructures, mais les personnes que j'ai

rencontrées étaient fermement décidées à ne pas se laisser abattre. Il leur est simplement plus difficile d'aller de l'avant.

En l'absence d'une distribution d'électricité fiable, la plupart des entreprises doivent recourir aux générateurs. Elles

doivent creuser des puits pour obtenir l'eau dont elles ont besoin. Les lignes téléphoniques sont le plus souvent coupées, mais

le téléphone portable y remédie.

Un peu partout à travers le continent, j'ai vu un secteur privé qui travaille dur pour trouver des solutions africaines aux

problèmes de l'Afrique. Je n'oublierai jamais l'exemple du PDG de Vodacom Congo, le premier opérateur de téléphonie

mobile local. Alieu Conteh avait créé son entreprise en pleine guerre civile. Les troupes rebelles occupant l'aéroport de

Kinshasa, il lui était impossible de faire venir de l'étranger la tour métallique dont il avait besoin pour porter ses premières

antennes. Conteh a alors demandé à ses ouvriers de ramasser des morceaux de ferraille, qu'ils ont soudés pour fabriquer sa

tour émettrice, qui est toujours en service aujourd'hui.

Lors de mes entretiens avec des chefs d'entreprise qui ont réussi, j'ai toujours été frappé par leur ingéniosité, leur

créativité et leur détermination. Ils représentent l'avenir du continent. Ils devraient être nos interlocuteurs pour discuter du

meilleur moyen de faire progresser l'Afrique. Au lieu de cela, la presse se focalise sur les victimes ou les fonctionnaires.

Quand les médias étrangers s'emparent de la dernière crise en date, la personne qu'ils cherchent à interviewer est le

sauveur étranger, généralement un humanitaire américain ou européen, alors que les sauveurs africains sont partout présents,

portant secours sur le terrain. Mais ils ne font pas partie de nos certitudes culturelles. Et il n'y a pas que les médias. Il

suffit de jeter un oeil sur les documents publiés par n'importe quelle organisation non gouvernementale. Au mieux, on y voit

des photos d'enfants souriants - souriants parce qu'ils ont été aidés par l'ONG en question. Au pis, l'organisation répand le

cliché de petits Africains au ventre ballonné, au visage envahi par les mouches, en espérant que la pitié que ces images

inspirent lui permettra de remplir ses caisses. "Nous sommes les camelots de la misère", reconnaît un humanitaire devant moi.

Dans les journaux de la finance, l'Afrique n'existe pas

En novembre 2004, l'émission Primetime Live, sur ABC, a présenté un reportage sur le prince Harry et sur son travail au

Lesotho auprès des enfants atteints du sida. Le Royaume oublié - Le prince Harry au Lesotho brossait le portrait d'une terre

de désolation et de désespoir. Son message était clair : ce minuscule pays désarmé a enfin vu arriver un chevalier dans son

armure rutilante. A la fin du film, quand apparaissent les coordonnées des ONG, le téléspectateur est mûr pour faire un don.

C'est une bonne chose. Le Lesotho a besoin qu'on l'aide à faire face au sida. Mais aurait-on nui au récit en ajoutant que ce

pays enclavé, pauvre en ressources naturelles, a fait démarrer son économie en courtisant assidûment les investisseurs

étrangers ? En réalité, c'est tout sauf un royaume oublié. Ainsi, le bond faramineux des exportations en a fait le premier

bénéficiaire de l'African Growth and Opportunity Act, une loi votée par le Congrès américain en 2000 et destinée à

favoriser les échanges entre les Etats-Unis et l'Afrique par la suppression des droits de douane et des quotas. Plus de 50

000 personnes ont trouvé du travail grâce à des projets locaux. Le reportage ne peut-il pas montrer que ce pays africain a

certes besoin d'une aide internationale, mais n'est pas dépourvu d'atouts ?

Un épisode récent de la populaire série Medical Investigation, sur NBC, portait sur une alerte à la maladie du charbon à

Philadelphie. La source des spores meurtrières ? Des clandestins venus d'Afrique qui, en jouant du tambour dans un

supermarché, contaminent involontairement les clients innocents. Un exemple parmi tant d'autres : s'il s'agit d'une maladie

mortelle, pour le scénariste elle proviendra forcément d'Afrique. La plupart du temps, l'Afrique n'existe tout simplement pas.

Les pages financières des grands journaux économiques occidentaux ne mentionnent pour ainsi dire jamais les marchés

d'actions en pleine expansion du continent. Combien de fois un pays africain - à l'exception, peut-être, de l'Afrique du Sud,

de l'Egypte ou du Maroc - a-t-il les honneurs des pages Voyages ? Même remarque pour la météo dans le monde : la liste des

métropoles ne contient guère de capitales africaines. Au final, on nous présente une Afrique qui ne nous touche guère. Elle

nous semble étrangère, trop différente, incompréhensible. Et, comme nous ne la comprenons pas, nous n'en tenons pas

compte.

Ce qui arrive en Afrique n'a pas besoin d'un traitement spécial. La Bourse du Ghana a enregistré la plus forte croissance

dans le monde en 2003. Ce n'est pas là le sujet d'un article "positif", c'est de l'information. Beaucoup de gens auraient

sûrement trouvé intéressant de savoir qu'ils auraient pu obtenir un rendement de 144 % en y plaçant leurs capitaux...


Encadré(s) :

Annulation de la dette ?

Courrier international

Lors du sommet du G8, organisé les 7 et 8 juillet 2005 à Gleneagles, en Ecosse, les autorités britanniques vont défendre leur

plan d'annulation pure et simple de la dette des pays les plus pauvres. Gordon Brown, le chancelier de l'Echiquier, a déclaré

début juin : "Je crois que les Américains sont disposés à soutenir la proposition d'une réduction de 100 % de la dette des

pays pauvres." Londres propose de vendre une partie des réserves d'or du Fonds monétaire international (FMI) pour effacer

l'ardoise des pays les plus endettés à l'égard de cette institution.

Une image déplorable

Courrier international
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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L'Afrique qui marche :: Commentaires

mihou
Re: L'Afrique qui marche
Message Sam 4 Nov - 19:48 par mihou
Lors du Forum économique mondial qui rassemblait, début juin au Cap, des personnalités venues de 42 pays, le président

tanzanien, Benjamin Mkapa, a protesté contre la façon dont les médias occidentaux parlent de l'Afrique. "Je suis mécontent

de l'image qui est donnée de l'Afrique. La réalité est que le paysage change énormément : en termes d'acceptation d'une

véritable responsabilité de la part des gouvernements, en termes de climat favorable à la croissance et aux investissements,

et en termes de développement du secteur privé."

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Télécommunications
Taille : Long, 1411 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52348


Courrier international, no. 762
En couverture, jeudi 9 juin 2005, p. 36

L'Afrique qui marche

La nation "arc-en-ciel" voit la vie en rose

John Reed
Financial Times (Londres)

Les indicateurs économiques de l'Afrique du Sud sont au beau fixe. Et les capitaux étrangers affluent. L'ex-pays de

l'apartheid ne fait manifestement plus peur aux investisseurs.

La plus grande ville d'Afrique du Sud, Johannesburg, compte aujourd'hui plus de 3 millions d'habitants. A l'origine, ce

n'était qu'un camp de mineurs perché sur le filon aurifère le plus riche du monde. Située à des centaines de kilomètres de la

mer ou de tout autre grand pôle commercial, Johannesburg a toujours connu les hauts et les bas qui caractérisent l'industrie

minière. Incontestablement, ce secteur a laissé sa marque sur la mentalité nationale. Les Sud-Africains ont tendance à

osciller entre des périodes d'optimisme à tous crins et des périodes de désespoir inconsolable.

Aujourd'hui, la prospérité est revenue, et ils affichent leur bonne humeur sans retenue. Ce nouvel état d'esprit témoigne de

la bonne santé de la nouvelle Afrique du Sud, née il y a onze ans. L'immobilier flambe, l'inflation n'a jamais été aussi basse

depuis plusieurs décennies, et l'économie a enregistré - pour la première fois - 23 trimestres consécutifs de croissance. La

banque britannique Barclays, au début du mois, a confirmé son intention d'investir 33 milliards de rands [4 milliards

d'euros] dans la banque Absa pour en devenir l'actionnaire majoritaire. Ce sera l'investissement étranger direct le plus

important qu'ait jamais connu l'Afrique du Sud.

John Varley, directeur général de Barclays, a défini l'Afrique du Sud comme "une économie dynamique au grand potentiel de

croissance". Récemment, General Motors vient de décider de fabriquer à Port Elizabeth ses véhicules destinés à

l'exportation. Le président Thabo Mbeki voit dans ces deux marchés "un vote de confiance encourageant et sans équivoque

pour l'Afrique du Sud démocratique". De tels propos peuvent paraître exagérés ou intéressés, mais ils ont tous les accents de

la vérité. C'est en effet la première fois qu'une société étrangère investit des milliards de dollars en Afrique du Sud, dans

un secteur autre que celui de l'extraction minière ou du pétrole. Des services comme la banque sont également porteurs

d'avenir pour l'Afrique du Sud, au-delà des richesses qu'elle tire traditionnellement du secteur minier.

Les banques spécialisées sur les marchés émergents sont extrêmement exposées à une mauvaise gestion macroéconomique et

aux risques politiques. Barclays a donc dû conclure que l'Afrique du Sud était un pays fiable. Cet optimisme est partagé par

d'autres hommes d'affaires, notamment dans le secteur de la vente au détail, qui bénéficie de la baisse des taux d'intérêt et

du moral en hausse des ménages et des entreprises. La solide gestion macroéconomique de l'Afrique du Sud a permis de

ramener l'inflation à 4 % et de faire passer les déficits fiscaux sous la barre des 3 %. Cette année, le budget de Trevor

Manuel, ministre des Finances, comportait à la fois des réductions fiscales et une augmentation des dépenses sociales.

"Tout concourt à doper le moral des Sud-Africains"

Grâce à la baisse des taux d'intérêt, notamment pour les prêts immobiliers et les crédits automobiles, les Sud-Africains des

classes moyennes ont plus d'argent dans leurs poches. Et, si une grande partie des pauvres sont toujours exclus de cette

croissance, d'autres bénéficient du travail au noir et des programmes sociaux du gouvernement.

Stephen Ross, directeur de la chaîne de magasins Edcon, parle de "changements structurels dans l'économie". Selon lui, les

dégrèvements fiscaux, les investissements dans les infrastructures du pays et l'effet d'entraînement de la Coupe du monde

de football, qui aura lieu en Afrique du Sud en 2010, "tout concourt à doper le moral des Sud-Africains et à soutenir la

croissance". Edcon, qui compte neuf chaînes de magasins traditionnels à prix cassés, voit les affaires repartir pour sa

clientèle, qui est à la fois composée de Blancs des classes moyennes et de Noirs en phase d'ascension sociale.

Cette effervescence contraste fortement avec la chape de plomb qui pesait sur le pays il y a encore quatre ans. La monnaie

s'échangeait alors à 12 rands pour 1 dollar et les investisseurs manifestaient une certaine inquiétude vis-à-vis de la stabilité

du pays. L'économie du Zimbabwe voisin était en chute libre depuis le début de la politique d'expropriation du président

Robert Mugabe. De nombreux Sud-Africains quittaient le pays pour l'Australie ou le Royaume-Uni, colportant partout des

histoires sur un pays rongé par la criminalité et l'instabilité économique.

Il ne faudrait pas pour autant tomber dans un optimisme béat. L'Afrique du Sud doit faire attention à ne pas trop se reposer

sur ses lauriers. Il existe de nombreux domaines où elle peut encore faire mieux : une croissance économique de plus de 4 %

serait une très bonne performance pour un pays développé, mais n'est pas suffisante pour un pays qui a un taux de chômage

supérieur à 30 %.


Encadré(s) :
Blair s'engage

Courrier international

Lors du sommet du G8 qui se tiendra les 7 et 8 juillet à Gleneagles, en Ecosse, Tony Blair va défendre son ambitieux projet

d'aide à l'Afrique : il prévoit notamment de doubler l'aide annuelle jusqu'en 2010 (soit 25 milliards de dollars

supplémentaires par an). Mais, selon The Daily Telegraph, "le projet fétiche de Tony Blair fait l'objet d'un mépris plutôt

humiliant" de la part de George Bush. Le 1er juin, le président américain a déclaré lors d'une rencontre avec Thabo Mbeki :

"J'ai déjà fait part de notre position assez clairement et cela ne correspond pas à nos pratiques budgétaires."

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Bourse et marché des changes
Taille : Moyen, 647 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52353


Courrier international, no. 762
En couverture, jeudi 9 juin 2005, p. 37

L'Afrique qui marche

Le Ghana, bon élève du développement

The New York Times (New York)

Cette ex-colonie britannique est devenue un modèle de démocratisation et de développement économique. Une expérience

encourageante, qui réconcilie les bailleurs de fonds avec les dirigeants africains.

Le Ghana a le vent en poupe et, même si son esquif est fragile, certains n'hésitent pas à parler de success story. Le Ghana est

le nouveau chouchou de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, enfin

rassurés de savoir qu'il existe au moins un pays africain où l'aide internationale ne va pas enrichir des potentats corrompus.

Des gens comme Kofi Asare, qui travaille d'arrache-pied dans sa modeste exploitation située dans les collines qui entourent

son village de SamSam, incarnent cette Afrique qui en veut. Cet homme de 28 ans, dégoulinant de sueur après avoir

transporté sur sa tête ses ananas jaunes et mûrs depuis son champ jusqu'à son camion, a gagné 10 000 dollars l'année

dernière, ce qui lui a permis de remplacer sa bicoque en pisé par une maison en ciment. Cette année, il a prudemment planté 2

500 plants d'ananas en pariant sur une nouvelle variété plus sucrée qui menace de supplanter le traditionnel ananas ghanéen,

le smooth cayenne, dans les rayons des supermarchés européens.

Mais le bon élève est entouré de cancres. Les pays voisins - du Liberia à la Sierra Leone, en passant par la Côte-d'Ivoire -

ont été le théâtre de terribles explosions de violence au cours des dix dernières années. Le Ghana, lui, n'a jamais connu les

troupes rebelles affublées de perruques et de robes de mariée (comme au Liberia et en Sierra Leone) ou les enfants-soldats

de 8 ans pistolet-mitrailleur au poing (comme au Liberia, en Sierra Leone et en Côte-d'Ivoire).

Depuis 1993, il y a eu quatre élections démocratiques sans accrochages majeurs, et le transfert des pouvoirs s'est toujours

fait dans le calme. En matière de stabilité, le Ghana fait figure d'exception dans la région. Cet Etat est d'ailleurs en train de

devenir une destination prometteuse pour les réfugiés, qui viennent pour la plupart des pays voisins, mais aussi d'autres

zones de conflit plus lointaines. Au mois d'avril, le pays a eu la surprise de voir arriver un groupe de réfugiés du Darfour.

Personne ne sait très bien comment ils sont arrivés jusque-là, mais le gouvernement d'Accra met actuellement tout en oeuvre

pour accueillir au mieux ces Soudanais.

"Un putschiste ne tiendrait pas longtemps au pouvoir"

Les Ghanéens aiment à dire que tout retour en arrière est impossible. Ils ont réussi à faire de leur petit Etat humide du golfe

de Guinée une démocratie qui fonctionne, avec tous les avantages que cela comporte : une presse vivante et libre, une

croissance économique certes lente mais régulière et une industrie touristique naissante. Un centre commercial doté d'un

cinéma multiplex est même en cours de construction dans la capitale. Devant l'évidence des bénéfices de la démocratie, de

nombreux Ghanéens disent qu'il est inconcevable que le pays retourne aux errements politiques qui ont conduit tant de pays

africains à la ruine. "Si quelqu'un tentait un coup d'Etat, je suis certain qu'il ne tiendrait pas longtemps au pouvoir", assure

Kweku Sakyi Addo, animateur d'un des innombrables talk-shows politiques ghanéens. "Nous avons vu ce que ça donne dans

d'autres pays africains. Personne ici n'a envie de vivre ça." Mais le Ghana a beau être un pays modèle pour l'Afrique, la

pauvreté y fait toujours rage. Ce qui montre bien à quel point l'Afrique est exclue de cette mondialisation économique censée

apporter la prospérité sur toute la planète. Le Ghana a un produit intérieur brut par habitant de 421 dollars, et la plupart des

gens survivent effectivement avec 300 ou 400 dollars. Des gamines de 10 ans aux pieds nus courent vers les voitures à

l'arrêt dans la chaleur suffocante de la mi-journée pour essayer de vendre de quoi se faire un peu d'argent : des oranges,

des recharges de téléphone portable et même du papier toilette. On voit même des enfants des rues dormir sur la bande

médiane qui sépare les voies d'autoroute.

Même si le gouvernement a apparemment des idées bien arrêtées sur les mesures à prendre pour combler cet écart entre la

classe moyenne en plein essor d'Accra et la population rurale qui vit dans la misère, certains échecs demeurent notables. Le

taux de mortalité infantile, déjà élevé, a augmenté en 2004 sans que personne sache pourquoi. Les inégalités entre les sexes

sont flagrantes à l'école primaire : une écrasante majorité de filles n'y ont pas accès.

Pratiquement la moitié du budget national du Ghana vient de l'aide internationale. Le Royaume-Uni est d'ailleurs son plus

généreux bienfaiteur. Mais la faiblesse des moyens budgétaires du pays - à peine 3 milliards de dollars pour 20 millions

d'habitants - rappelle que le Ghana aura encore beaucoup de chemin à parcourir pour sortir de la pauvreté.

Tony Blair, le Premier ministre britannique, a proposé que les pays riches augmentent de manière sensible leur contribution

au développement de l'Afrique. Ce nouveau plan Marshall permettrait ainsi au continent de rattraper son retard sur le reste

du monde. L'exemple du Ghana montre bien que la route sera longue et semée d'embûches, mais il prouve aussi que le succès

est possible.


Encadré(s) :

Croissance soutenue

Courrier international

En 2004, l'Afrique a connu un taux de croissance de 5,1 %, selon l'Organisation de coopération et de développement

économiques (OCDE), sa meilleure performance depuis huit ans. Dans le même temps, le produit intérieur brut (PIB) par

habitant a progressé de 3 %. L'OCDE prévoit une croissance de 4,7 % en 2005 et de 5,2 % en 2006. Ces bons résultats sont

largement dus à la hausse des cours des matières premières, notamment le pétrole.

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Politique extérieure et relations internationales
Taille : Moyen, 695 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52355

Courrier international, no. 762
En couverture, jeudi 9 juin 2005, p. 38

L'Afrique qui marche

Le Sénégal, nouvelle Terre promise ?

Barka Ba
Le Quotidien (Dakar)

Dakar a échappé à la fièvre xénophobe qui a saisi beaucoup de capitales africaines. Et commence à en tirer des bénéfices

économiques.

Le Sénégal serait-il l'un des derniers havres de paix pour les expatriés français en Afrique de l'Ouest ? Malgré les

convulsions que connaît cette sous-région tourmentée, le pays continue d'afficher son sens de l'accueil, qui tranche

singulièrement avec les poussées de xénophobie notées en Côte-d'Ivoire et au Togo. Deux pays en crise où les étrangers,

Européens comme Africains, ont été pris à partie par des manifestants ivres de ressentiment à l'égard de la nébuleuse
mihou
Re: L'Afrique qui marche
Message Sam 4 Nov - 19:48 par mihou
Françafrique.

Au Togo, des ressortissants nigériens ont même été lynchés à mort par une foule de manifestants en colère contre la

Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'organisation sous-régionale présidée actuellement

par leur compatriote Mamadou Tandja. En Côte-d'Ivoire, on se souvient encore des terribles slogans des "jeunes patriotes",

chauffés à blanc par le leader extrémiste Charles Blé Goudeh : "A chacun son Français !", "Si c'est gâté, on tue les Blancs !"

De ce fait, beaucoup d'expatriés ont quitté en masse la Côte-d'Ivoire pour venir s'installer à Dakar, en attendant des jours

meilleurs. Dans la même veine, de nombreux Guinéens, Congolais, Libériens ou Sierra-Léonais, du fait de la situation difficile

que connaît leur pays, sont venus s'installer en masse à Dakar, érigée en "Terre promise". Et de plus en plus d'étudiants

originaires de l'Afrique centrale viennent poursuivre leurs études dans les nombreux instituts et universités privés qui ont

poussé comme des champignons dans la capitale sénégalaise, vu la forte demande en la matière. Du coup, dans le secteur de

l'immobilier, les prix flambent et c'est un véritable casse-tête que de trouver un logement dans certains quartiers

résidentiels de Dakar.

Pour beaucoup d'ONG intervenant dans la sous-région, la capitale sénégalaise fait par ailleurs office de base arrière à

partir de laquelle on surveille la situation politique des pays voisins. Pour ces organisations comme pour les diplomates

occidentaux, échaudés par le chaos ivoirien, une période d'instabilité politique au Sénégal serait le pire des scénarios. Les

autorités sénégalaises ont d'ailleurs très bien compris que l'image positive du Sénégal, avec son alternance politique

pacifique unanimement saluée, constitue un fonds de commerce inépuisable. Elles ne manquent d'ailleurs pas une occasion de

vanter la stabilité politique du pays pour attirer les investisseurs. Cette "exception sénégalaise" s'explique par la fameuse

teranga (sens de l'hospitalité), une valeur fortement ancrée dans l'inconscient collectif. Un proverbe, qui a sa variante dans

toutes les langues locales, dit ainsi que "L'étranger est roi". La seule exception à cette règle d'or a eu lieu pendant les

dramatiques événements de 1989, lorsque Sénégalais et Mauritaniens se sont livrés à des pogroms de part et d'autre. En ce

qui concerne la communauté française [près de 20 000 personnes], la plus importante parmi les Occidentaux, il y a, dans la

classe politique (ses dirigeants ont presque tous étudié dans les universités françaises), une sorte de consensus sur la

nécessité de ne pas remettre en cause la coopération avec l'ancienne métropole. Dakar est l'une des rares capitales

africaines où un toubab [Blanc, en wolof] peut encore se promener sans risquer une agression. Les seuls toubabs qui n'ont

pas bonne presse sont les militaires expatriés et certains touristes, accusés de "pervertir" la jeunesse sénégalaise et de

l'exposer à la débauche contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Il y a certes eu quelques brouilles entre Dakar et Paris, sur la question de l'immigration par exemple, mais ces fâcheries ont

souvent pris l'allure de dépit amoureux. En réalité, la seule véritable grande bataille que les deux pays ont livrée s'est

déroulée sur... un terrain de foot. Lors de la dernière Coupe du monde, en 2002, les Lions de la Teranga, à la surprise du

monde entier, ont infligé une défaite mémorable à des Coqs gaulois trop suffisants. Cette victoire, une des rares remportées

sur l'ancien colon, avait en effet déclenché une liesse populaire sans précédent sur tout le continent.

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Politique extérieure et relations internationales; Conflits armés
Taille : Moyen, 502 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52358

Courrier international, no. 762
En couverture, jeudi 9 juin 2005, p. 39
L'Afrique qui marche

Une grande soif de liberté

Marcus Boni Teiga
Le Bénin aujourd'hui (Cotonou)

Du Bénin au Sénégal, la démocratie a réussi à s'ancrer dans de nombreux pays africains au cours des quinze dernières

années. Tour d'horizon.

L'image de l'Afrique est souvent associée à des pays qui sont en proie à la guerre, à la famine ou encore à la dictature et aux

violations des droits de l'homme. La liste est longue des tragédies que subissent les peuples du continent. Pourtant, tout

n'incite pas forcément au pessimisme dans la marche du continent, loin s'en faut. En effet, le vent de la démocratie qui a

commencé par souffler au Bénin en 1988 a, sinon emporté la plupart des régimes dictatoriaux s'appuyant sur le système de

parti unique, du moins contraint nombre d'entre eux à opérer d'importantes réformes pour être en phase avec la nouvelle

donne. Qu'il s'agisse des pays anciennement colonies françaises, anglaises, espagnoles ou portugaises, aucun n'est resté

totalement sourd aux légitimes aspirations des peuples à la démocratie - même si cette démocratisation a connu des fortunes

diverses.

Mis à part l'Afrique du Sud de l'après-apartheid et bien d'autres pays anglophones, à l'instar du Botswana ou du Ghana, qui

font un bon apprentissage de la démocratie, l'Afrique francophone - où le processus a été amorcé de prime abord - n'est pas

en reste, bien au contraire. Le Sénégal possède des institutions démocratiques qui n'ont jamais été remises en question

depuis le régime de Léopold Sédar Senghor [au pouvoir de 1960 à 1980] et constitue un exemple dans l'espace francophone

en particulier et en Afrique en général.

Après la Conférence nationale souveraine de février 1990, qui mit fin à la dictature du général Kérékou au Bénin, le

pluralisme démocratique est devenu une réalité quotidienne dans ce pays. Il se traduit à travers le fonctionnement normal des

institutions de la République, qui tirent du reste leur légitimité de la régularité des différentes échéances électorales et du

respect de la Constitution. Pour un pays jadis champion des coups d'Etat, avant d'être soumis pendant dix-sept ans au diktat

du marxisme-léninisme avec son corollaire de bâillonnement, le fait que le paysage médiatique se compose aujourd'hui d'une

vingtaine de quotidiens, d'un nombre incalculable de radios de toutes sortes et de quatre chaînes de télévision est le symbole

vivant de l'expression démocratique. Car, dans le Bénin démocratique, il n'y a guère de tabou pour la presse : elle dit tout et

parfois n'importe quoi, même sur le premier magistrat du pays.

Dans ce contexte de liberté d'expression, les associations de la société civile et le commun des citoyens participent

activement aux débats sur les questions d'intérêt national sans être inquiétés pour leurs opinions. Tant et si bien que le

Parlement et les partis politiques n'ont plus, comme par le passé, le monopole de la parole dans la gestion des affaires de la

cité. Tout citoyen peut interpeller n'importe quel dirigeant, y compris le chef de l'Etat, sur sa gestion. On est bien loin de

l'époque du parti unique, quand tout un chacun pouvait être jeté en prison parce qu'il s'opposait à la ligne du parti ou pensait

différemment. Et le Parlement exerce un contrôle effectif sur l'action du gouvernement. A tous ces acquis à mettre à l'actif

de la démocratisation du pays il faut ajouter la libéralisation de l'économie, qui permet la libre entreprise et la saine

émulation en faveur du développement et du progrès social.

Même constat au Mali. Depuis la chute, en 1991, du régime dictatorial du général Moussa Traoré à la suite d'une homérique

résistance du peuple au cours de laquelle les jeunes ont payé un lourd tribut, le pays poursuit son petit bonhomme de chemin

démocratique. Les radios foisonnent et rivalisent d'émissions interactives avec les citoyens sur la vie de la cité, tandis que

les journaux ne se privent pas de publier des critiques au vitriol contre les gouvernants.

La France accusée de s'opposer à la démocratisation

Et puis, il y a le Togo. Preuve, s'il en était encore besoin, que la vie démocratique y prend forme, deux formations politiques

faisant pourtant partie intégrante de la coalition au pouvoir ont dénoncé la présidentielle du 24 avril 2005 comme étant

entachée de graves irrégularités et ont mis en cause la légitimité de Faure Gnassingbé au lendemain du scrutin, ramant ainsi à

contre-courant des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

En dépit de toutes ces avancées, il reste encore beaucoup à faire en matière de démocratisation, surtout dans les pays

francophones. Et pour cause, les jeunes desdits pays en sont d'autant plus conscients que, dans leurs critiques et leurs

exigences pour plus de démocratie, ils ne ménagent guère la France, dont la politique africaine pèche cruellement par son

manque de vision et de lisibilité. La plupart des pays africains dont les dirigeants sont actuellement réfractaires à une réelle

démocratisation sont ceux du pré carré français. L'exemple le plus triste et le plus éloquent reste le Togo, où la France a

hier cautionné par son silence les agissements du régime tyrannique du général Gnassingbé Eyadéma et aujourd'hui l'élection

douteuse de son fils, Faure Gnassingbé.

A y regarder de près, peu après le fameux sommet France-Afrique de La Baule (en juin 1990), au cours duquel la France

avait décidé de lier désormais l'aide au développement à la démocratisation de ses anciennes colonies, nombre de dictateurs

qui n'avaient pas résisté aux vagues de la contestation prodémocratique ont vite fait de retourner leur veste. Pour, souvent,

reconquérir le pouvoir quelques années plus tard, comme ce fut le cas au Bénin avec Kérékou, à Madagascar avec Ratsiraka,

et cela par des tours de prestidigitation auxquels la France n'était pas complètement étrangère. Et même, parfois, tout

simplement par les armes, comme au Congo-Brazzaville avec Sassou Nguesso, ou par la perpétuation du pouvoir militaire

déguisé en civil dans bien d'autres pays, comme au Niger et au Tchad, pour ne citer qu'eux.

Aujourd'hui, la jeune élite politique africaine est manifestement opposée à ces interventions (directes ou indirectes) dans la

gestion des affaires intérieures de ses anciennes colonies, interventions qui ont constitué pendant plusieurs décennies le

socle des relations françafricaines. Car elles entravent la démocratisation et le développement du continent.
mihou
Re: L'Afrique qui marche
Message Sam 4 Nov - 19:49 par mihou
Encadré(s) :

Le Bénin, terre d'asile

Courrier international

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 20 000 Togolais se sont réfugiés au Bénin au

cours des dernières semaines. Cet exode a commencé après les violences provoquées par l'élection à la présidence de Faure

Gnassingbé, le 24 avril dernier.

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Politique extérieure et relations internationales; Droits et libertés
Taille : Long, 763 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52360


Courrier international, no. 747
Afrique, jeudi 24 février 2005, p. 25

TOGO
Eyadéma Junior s'accroche au pouvoir

Marcus Boni Teiga
La Montagne (Parakou)

Confronté à la montée de la pression internationale, Faure Gnassingbé a promis l'organisation d'une présidentielle dans les

soixante jours. L'opposition, elle, continue à réclamer son départ immédiat du pouvoir.

Jamais, en plein xxie siècle, dans une Afrique qui marche résolument sur la voie de la démocratie (avec, il est vrai, des hauts

et des bas), on n'aurait pu imaginer pareil scénario où l'ubuesque le dispute au burlesque. En violant allègrement la

Constitution togolaise sur plusieurs points, histoire de confectionner au président autoproclamé une constitution sur mesure,

ils ont davantage démontré qu'ils n'étaient pas à un acte ridicule près.

Le ridicule ne tue pas, dit-on. Nombre de dirigeants africains ont une fâcheuse propension à le provoquer, au point que ce

ridicule-là finira un de ces jours par les tuer. En dépit de la condamnation unanime de la communauté internationale et de

l'exigence d'un retour à la légalité constitutionnelle antérieure, Faure Gnassingbé

et les protagonistes du coup d'Etat

ne semblent pas s'en soucier outre mesure. Car ils sont persuadés que le temps est un grand maître et qu'ils peuvent compter

sur lui.

Au lendemain de sa rencontre avec le président en exercice de l'Union africaine, le président nigérian Olusegun Obasanjo,

le nouvel homme fort du Togo a concédé l'organisation d'une présidentielle dans un délai de soixante jours. Tel que prévu

dans la Constitution avant son avènement au pouvoir. Mais tout en se refusant toujours à céder son fauteuil présidentiel à

l'ex-président de l'Assemblée nationale, Fambaré Natchaba. Tantôt un brin paternaliste, lorsqu'il demande à l'opposition de

taire ses rancoeurs pour considérer l'intérêt supérieur du pays en regardant l'avenir, tantôt un brin narquois, lorsqu'il dit

que le Togo dans son isolement ne se porte pas moins bien que certains pays africains, on aurait été tenté de croire que

Faure Gnassingbé a vraiment pignon sur rue pour tenir pareil discours. En tout cas, les Togolais d'abord, les Africains

ensuite et la communauté internationale ont l'impérieux devoir de s'investir dans la recherche de solution à la crise de

succession. Faute de ne l'avoir pas suffisamment fait en son temps, nous connaissons des drames tels que la Somalie ou la

Côte-d'Ivoire. Il est inadmissible que les puissances occidentales continuent à flirter, pour on ne sait quel intérêt

économique ou géostratégique, avec des dirigeants illégitimes dont le pouvoir n'a que la force des armes pour unique

fondement. Le cas togolais constitue un précédent d'autant plus grave qu'il est condamné par les Africains eux-mêmes à

travers la CEDEAO (Communauté économique de développement des Etats d'Afrique de l'Ouest) et l'UA (Union africaine), et

qu'il risque fort d'ouvrir la porte à toutes sortes de violations constitutionnelles, voire de régressions démocratiques, tout

cela sur fond de sentiment antifrançais qui ira en se développant en Afrique.

A tort ou à raison, le président Jacques Chirac - à cause de ses liaisons dangereuses avec certains gouvernants - est

personnellement tenu pour responsable de l'avenir des processus démocratiques dans les pays anciennement colonies

françaises, de par la caution tacite qu'il apporte aux graves entorses faites aux principes démocratiques dans leur pays, à

travers notamment les bidouillages constitutionnels. Tout comme le président François Mitterrand est, dans l'inconscient

collectif et l'opinion publique africains, celui qui a fait avancer ces processus démocratiques en liant l'aide au

développement à la démocratisation lors du sommet France-Afrique de La Baule en juin 1990. Sur un mur jouxtant l'hôtel

New Harlem, au château du quartier Bê, on pouvait récemment lire ces mots écrits noir sur blanc : "A bas la France de

Jacques Chirac" et "Vive l'Union africaine". En imposant des sanctions graduelles aux auteurs du coup de force de Lomé, en

l'occurrence l'embargo sur les armes, l'exclusion de la CEDEAO et l'interdiction de voyager, la CEDEAO - et ce, pour la

première fois de son histoire - vient d'envoyer un signal fort à tous ses pays membres : le pouvoir doit être dorénavant

l'émanation du peuple souverain et garanti par le respect de la Constitution. A l'instar de la création de la première force de

maintien de la paix, baptisée ECOMOG pendant la guerre au Liberia, il s'agit là d'un exemple que l'Afrique de l'Ouest donne

au reste du continent. Un bel exemple pour éviter que le syndrome togolais ne se propage demain en Afrique à force de

ruser, comme qui dirait, avec les principes de l'Union africaine qui veulent que tout pouvoir non constitutionnel ne soit pas

reconnu et qu'il tombe de facto sous le coup de sanctions, quelles que soient les motivations. C'est le prix à payer pour notre

continent si tant est qu'il souhaite assurer son développement à long terme, plutôt que de jouer sempiternellement les

sapeurs-pompiers des crises qui trouvent leurs origines dans les violations répétées des Constitutions.


Encadré(s) :

Anti-Chirac

Courrier international

Le Comité pour la résistance distribue à Lomé un tract lors des manifestations pour réclamer le départ de Gnassingbe. Il

s'adresse à Jacques Chirac : "Votre soutien indéfectible au dictateur despote [...] met constamment en péril la vie de vos

concitoyens."

Catégorie : Politique nationale et internationale
Sujet(s) uniforme(s) : Politique extérieure et relations internationales; Conflits armés
Taille : Moyen, 612 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050224·IL·48425

Courrier international, no. 762
En couverture, jeudi 9 juin 2005, p. 38

L'Afrique qui marche

ÉCONOMIE
La culture africaine s'exporte dans le monde entier

Musique, arts plastiques, littérature : l'Afrique commence à faire connaître sa vitalité artistique.

De Rokia Traoré à Youssou N'Dour, en passant par Amadou et Mariam ou Alpha Blondy, on ne compte plus les chanteurs

africains qui ont réussi à séduire l'Occident. Leur audience n'est plus confinée à un petit cercle d'amateurs de musique

africaine. Le dernier album d'Amadou et Mariam est l'une des plus fortes ventes d'album en France pour l'année 2004. Ces

artistes maliens ont d'ailleurs été honorés lors des dernières Victoires de la musique.

Souvent, les artistes africains sont devenus des ambassadeurs du continent noir, à l'instar de Youssou N'Dour, qui a

récemment organisé un grand concert à Dakar afin de réunir des fonds pour lutter contre le paludisme. Vivant toujours en

Afrique, des artistes comme Youssou N'Dour investissent dans l'économie locale. Cet artiste sénégalais possède un quotidien,

L'Observateur, une radio, RFM, un studio d'enregistrement et une salle de concert à Dakar, qui permettent l'émergence de

jeunes talents.

"Nous avons prouvé que les Africains pouvaient aussi réussir dans le domaine de la culture, et pas simplement dans le sport !"

s'enthousiasme la Malienne Rokia Traoré, fière de constater que, dans les autres domaines artistiques, les Africains se font

une place au soleil.

Dans le sillage du sculpteur sénégalais Ousmane Sow, d'autres artistes contemporains africains se font un nom, comme en

témoigne le succès de l'exposition Africa Remix, présentée au centre Pompidou à Paris (du 25 mai au 8 août 2005) après

avoir rencontré un vif succès en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Dans le sillage du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène, qui a reçu le prix Un certain regard lors du Festival de Cannes

2004 pour le film Mooladé, les réalisateurs africains sont davantage reconnus. Au Nigeria, notamment, l'industrie

cinématographique se développe si vite qu'elle a été surnommée "Nollywood", et produit chaque année des centaines de

longs-métrages. L'arrivée du numérique permet de produire des films à moindre coût et redonne une chance au cinéma

africain.

Dans le domaine de la littérature aussi, le continent noir commence à faire entendre sa voix. Depuis le prix Nobel obtenu par

l'écrivain nigérian Wole Soyinka, en 1986, d'autres auteurs africains se sont imposés, notamment son compatriote Ben Okri,

qui a obtenu le Booker Prize, le plus prestigieux prix littéraire britannique. Le Sud-Africain John Maxwell Coetzee, lui-même

lauréat du Booker Prize à deux reprises, a été couronné par le Nobel en 2003.

A l'image de Gallimard, qui a récemment créé une collection dédiée aux artistes africains, les plus prestigieux éditeurs font

désormais davantage cas des oeuvres africaines. Et contribuent ainsi à changer l'image du continent oublié.

Catégorie : Politique nationale et internationale; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Littérature et livres; Musique
Taille : Moyen, 335 mots

© 2005 Courrier international. Tous droits réservés.

Doc. : news·20050609·IL·52359
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