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 Bruno Etienne : «Les régimes arabes sont la vraie cible»

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AuteurMessage
zapimax
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zapimax


Nombre de messages : 654
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 14/06/2005

Bruno Etienne : «Les régimes arabes sont la vraie cible» Empty
13072005
MessageBruno Etienne : «Les régimes arabes sont la vraie cible»

Radio France Internationale
Attentats de Londres

Bruno Etienne : «Les régimes arabes sont la vraie cible»

Selon Bruno Etienne, chercheur et universitaire, professeur à l’Institut
d’études politique d’Aix-en-Provence et spécialiste du Maghreb et du monde arabe
les attentats de Londres sont «un avertissement sérieux pour la France». Selon
lui, «les gens qui commettent des attentats sont des nantis culturellement et
des occidentalisés». Pour lui, la vraie cible des terroristes sont les régimes
arabes corrompus, et notamment la monarchie saoudienne.


RFI : Quelle regard portez-vous sur les attentats de Londres ?

Bruno Etienne : Premièrement, ce sont apparemment des Pakistanais, ce qui
confirme une de mes thèses. Ce sont des combattants suicidaires, ce qui est
assez nouveau en Europe. Ce sont des gens qui sont installés là depuis
longtemps. Et ça ne me paraît pas avoir de rapport direct avec le fait que la
«perfide Albion» ait gagné les Jeux olympiques. Deuxièmement, on est face à une
géopolitique stratégique qui n’a rien à voir avec les événement strictement
européens. Contrairement à ce qu’affirment les médias et les hommes politiques,
ce n’est pas une affaire européo-centriste. Il s’agit de quelque chose de
beaucoup plus large et, malheureusement, beaucoup plus structurée, même si
Al-Qaïda n’est pas nécessairement une structure structurante. L’ennemi numéro 1
de ce qu’on appelle improprement Al-Qaïda c’est la dynastie d’Arabie Saoudite.
Il y a l’idée de «l’ennemi lointain» et de «l’ennemi proche». On attaque
«l’ennemi proche» quand on peut. La presse n’en fait pas trop état, mais quand
on
lit les journaux arabes, on se rend compte que, actuellement, l’Arabie Saoudite
fait l’objet d’attentats et d’une guérilla permanente. Mais on attaque aussi
«l’ennemi lointain», c’est à dire les soutiens du régime abhorré.

Deuxième hypothèse, je ne suis pas absolument persuadé que ce soit lié à
l’affaire d’Irak. D’autant plus que les Anglais se sont plutôt bien débrouillés
en Irak, parce qu’ils connaissaient bien, que Sistani (l’ayatollah Ali Sistani,
leader spirituel de la communauté chiite d’Irak) ayant mis de l’ordre dans les
velléités des jeunes loups chiites du sud, on peut dire que l’Irak est
relativement pacifié, bien qu’à la télévision on ne voit que le triangle sunnite
et les attentats. Je dis bien «relativement» ! L’alliance curieuse entre les
Britanniques, Sistani et les chiites au pouvoir a fait que lorsqu’il y a un
attentat là-bas, il est commis par les Arabes et les sunnites. Donc je
privilégie l’hypothèse géopolitique stratégique.

Revenons-en aux Pakistanais. Or «l’ennemi lointain» qui n’a pas encore été
abordé et qui est le plus grand soutien actuellement de l’Arabie Saoudite, c’est
la France. Chirac vient de recevoir le prince Fayçal et le prince Sultan qui
tiennent le pouvoir et qui ne savent pas comment se débrouiller de l’islamisme.
Et qu’est-ce que la France a promis ? Des avions, plus le système de protection
«à l’israélienne» du royaume d’Arabie Saoudite.

D’autre part, depuis quelques temps on peut lire sur les sites «benladenistes»
que la France est toujours présente en Afghanistan. Eh bien moi, je ne comprends
pas pourquoi c’est l’Angleterre qui a été frappée la première et pas la France !
Je crois que les autorités françaises sont d’ailleurs très attentives, peut-être
parce qu’elles disposent de services qui ont mieux pénétré les milieux
islamistes, grâce au recrutement des «beurs» (immigrés de la deuxième
génération) et parce qu’ils disposent d’une longue pratique. Mais je crois que
là, c’est un avertissement sévère pour la France.

Pour en revenir à ce qui s’est passé en Afghanistan et au Pakistan, et à la
géopolitique stratégique. Lors de la seconde guerre du Golfe, on nous a mal
expliqué l’enjeu considérable que représente le Pakistan. Or, l’enjeu du limes,
la frontière réelle entre le monde arabo-islamique et l’Asie, c’est le Pakistan
qui en est la clé ! Et les Américains ont une peur panique que le Pakistan
engage une guerre atomique avec l’Inde. Donc tous les régimes occidentaux
flattent un pays qui est un pays fasciste !

RFI : Les attentats de Londres ont donc pour origine, selon vous, un vaste
mouvement international dont l’épicentre se trouve au Pakistan ?

BE : Dont l’une des clés serait le Pakistan. Alors je n’ai pas dit non plus que
le reste n’a rien à voir. Je dis : il faut faire des hiérarchies dans les causes
fondamentales et les effets secondaires. Et si on fait la hiérarchie des causes,
le problème est toujours le même : quel régime soutenons-nous ?

RFI : Qu’est-ce qui structure ce mouvement géostratégique sinon cette
détestation partagée du régime saoudien ?

BE : Ben Laden et d’autres ont toujours été clairs là-dessus : si on se place du
strict point de vue politique, l’Arabie Saoudite a trahi toutes les espérances
depuis la première guerre du Golfe en raison du maintien de la présence
américaine dans la région. Je rappelle brièvement la chronologie. Ils ont eu un
attentat à la base de Dhahran : ils ne sont pas partis. Puis ils ont eu des
attentats à Nairobi et Dar es Salaam : les ambassades ont sauté. Après il y a
l’affaire du croiseur au Yémen. Et après, il y a eu le 11 septembre. Excusez-moi
de parler de cohérence logique. Or nous savons que la quasi-totalité des
véritables combattants d’Al-Qaïda en Afghanistan, peu nombreux, un bon millier
de personnes, sont rentrés en Arabie Saoudite. Et ce sont eux qui mènent la
guérilla actuellement. Une fois que l’on a pris toutes ces précautions, bien sûr
que c’est l’Angleterre qui était visée, bien entendu que c’est la France qui est
menacée.

RFI : Pour en revenir aux attentats justement : est-ce que l’identité des
terroristes ne révèle pas un problème non pas d’immigration, puisque ce sont des
Britanniques, mais d’intégration ?

BE : Pas du tout ! Ni l’un ni l’autre. Ce ne sont pas les islamistes
néo-fascistes antisémites de la mosquée de Londres qui ont fait le coup. Moi je
discute avec les islamistes et ils me disent : «Les attentats, ça me gêne». Je
ne suis même pas sûr que la logistique provienne des mouvements islamistes qui
ont pignon sur rue et que tous nos services connaissent parfaitement. Moi, je
travaille sur les salafistes à Marseille, actuellement. Ce sont des «petits
cons», je suis désolé. Par contre, on constate que les gens qui font les
attentats sont des nantis cultivés et occidentalisés.

RFI : C’est à dire que les services anti-terroristes font fausse route
lorsqu’ils désignent les classes populaires comme principales pourvoyeuses de
djihadistes ?

BE : Bien sûr.

RFI : Vous écartez donc définitivement la thèse sociologique ?

BE : C’est pas les pauvres ! La pauvreté n’est pas la clé.

RFI : Alors qu’est-ce qui peut motiver un groupe de Britanniques à commettre de
tels attentats ?

BE : La variable religieuse existe, mais elle n’est pas principale. La variable
principale, c’est l’échec complet de toutes les théories du développement dans
les pays arabes avec la rente pétrolière. Avec la montée des prix du pétrole, la
rente pétrolière pour l’Algérie cette année s’élève à 100 milliards de dollars.

RFI : Le moteur des attentats, c’est l’injustice ?

BE : C’est l’injustice hallucinante. Les gens qui ont fait des études ne peuvent
plus supporter cette situation. Donc, l’ennemi numéro 1 de tous ces gens-là ce
sont les régimes politiques arabes pourris et l’ennemi secondaire, ce sont les
régimes occidentaux qui ne parlent que des droits de l’Homme et qui soutiennent
ces régimes pourris.

RFI : Vous soulignez cet échec, mais en vis-à-vis, n’y a-t-il pas un échec des
modèles d’intégration ?

BE : Cela vient en superposition, mais pas comme variable numéro 1. Ce qui
frappe beaucoup, c’est la présence des nantis culturels, ceux qui ont réussi,
qui passent à l’idéologie tiers-mondiste, internationaliste.

RFI : Pensez-vous que ce mouvement idéologique a de bonnes chances de continuer
à prospérer ?

BE : Un indicateur : j’ai des étudiants hyper-brillants, dont beaucoup de
«beurs» de la deuxième et troisième génération. On a même des gens dont les
arrières-grands-parents sont venus pendant la guerre de 14. J’ai l’exemple d’une
jeune fille : pour ne pas basculer dans l’islamisme, elle s’en va. Elle n’en
peut plus. Elle dit qu’elle en a assez d’être «taclée», constamment sollicitée
comme «Arabe», alors qu’elle est Française et ne va pas changer le nom de son
père. Vous avez aujourd’hui un clivage extraordinaire entre ceux qui ne se
reconnaissent ni dans Dalil Boubakeur (recteur de la mosquée de Paris), ni dans
les salafistes, ni dans le Parti socialiste, qui les a laissé tomber, ceux qui
considèrent que l’ascension sociale par l’école ne fonctionne plus. Où vont-ils
? Ils vont au Canada, ils émigrent. Comme certains de nos enfants qui n’ont plus
de travail, d’ailleurs.


Propos recueillis par Georges AbouArticle publié le 13/07/2005Dernière mise à
jour le 13/07/2005 à 18:41 (heure de Paris)

Bruno Etienne, professeur de sciences politiques et directeur de l'Observatoire
du religieux à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence.
(Photo : coe.int)
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Bruno Etienne : «Les régimes arabes sont la vraie cible» :: Commentaires

j'ai l'impression que la machine à propagande RFI arrive à la rescousse comme d'habitude pour venir trouver un coupable tout designé l'islamisme; ensuite pour agiter l'epouvantaille du communautarisme. je veux bien que les attentats soient condamnables puisqu'ils touchent des civils pas vraiment decideurs. Mais il n'y a jamais d'Auto-critik du systeme occidentale en place tout de meme, jamais de remise en cause dans l'emergence de ce genre de mouvement extremiste islamiste, comme celui algerien (GSPC...je crois), qui pretend etre une reponse au regime en place soutenue par la france, et qui à de l'echos puisque la france persiste à faire l'autruche.
 

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