06 octobre 2006
Déferlante médiatique, judéomane et mémorielle
par Jean Robin
http://judeomanie.blogspot.com/2006...
Notre pays est tellement plongé dans la judéomanie, et depuis si longtemps, qu’il ne se rend même plus compte de cette situation. Un peu comme celui qui vit dans la fange, et qui s’est habitué à l’odeur ! Mais, faites-en l’expérience, sortez d’une pièce dont l’air vous paraissait sain, puis rentrez-y après quelques minutes et subitement le même air vous paraîtra bizarrement malsain... C’est exactement l’expérience que les lecteurs de mon dernier livre, La judéomanie, expérimentent, aussi désagréable que cela puisse être. C’est vrai, on préfèrerait ne pas sentir la fange, même en vivant au milieu d’elle, mais le fait d’en prendre conscience permet de chercher à l’évacuer, en tout cas on peut l’espérer.
Prenons l’exemple de la semaine qui vient de passer, au hasard.
Si je me réfère au Télérama correspondant, qu’y trouvons-nous ? Une déferlante médiatique, judéomane et mémorielle.
- 30 septembre 2006, France 3, 22h55 : De Nuremberg à Nuremberg.
- 2h45 sur le procès des nazis en 1945.
- 4 octobre 2006, Arte, 20h40 : Nuremberg. 1h30 en "prime time" sur le procès des nazis en 1945.
- 5 octobre 2006, France 2, 23h05 : Auschwitz, la preuve oubliée. 55 minutes sur la question de savoir si les Américains auraient dû bombarder ou non les rails menant à Auschwitz dès 1944.
Et je ne vous parle que des chaînes hertziennes.
Evidemment, dans les journaux, à commencer par Télérama, mais aussi les quotidiens, les hebdos, ces émissions sont très très très largement promues : photos en tous genres, commentaires, j’en passe.
Et puis, la judéomanie ayant ouvert la voie au tout-repentance, cette semaine on ne pouvait pas rater le "phénomène" Indigènes, du nom de ce film sur les soldats africains et nord-africains qui ont aidé à libérer la France entre 1939 et 1945. Jacques Chirac, fidèle à lui-même et à la logique post-16 juillet 1995 qu’il a enclenchée, décidait suite au visionnage de ce film de revaloriser les pensions des combattants étrangers pour la France pendant la 2è Guerre Mondiale. Démagogique ? Chiraquien.
Pas un plateau télé sans Djamel Debbouze (qui a perdu un bras dans des conditions plus que controversées, ce qui l’a rendu persona non grata aux Antilles), et l’innénarable Sami Nacéri (qui menaça de mort Salman Rushdie sur la plateau de Thierry Ardisson, et qui sort à peine de prison pour diverses violences) mais peu importe, ces deux-là sont devenus de véritables héros. Debbouze pose à la une du Nouvel Observateur, avec un titre évocateur : "Pourquoi j’aime la France". Cette France, qui est devenue plus intéressée par son passé que par son avenir, et qui va sans doute en mourir sans un sursaut national dont elle a déjà fait preuve par le passé. Le problème, c’est que je ne vois pas le De Gaulle qui pourrait la sortir de sa "portugalisation", comme disait le Général.
Entendons-nous bien : Indigènes est un film important, qui traite d’une partie de l’histoire française trop longtemps occultée. Mais tout ce tapage ne finit-il pas par crisper diverses communautés, à commencer par la communauté noire dont on n’a toujours pas fait un seul film sur l’esclavage ? D’autre part, ce film est un écho formidable au collectif "Les indigènes de la République", qui est profondément anti-français, il suffit d’écouter leurs principaux porte-parole pour s’en convaincre. Le film, qui sort plus d’un an après la création de ce mouvement, ne pouvait-il pas choisir un autre titre ?
Bref, ce qu’il faut retenir est ce que j’explique déjà dans La Judéomanie, et qui se vérifie malheureusement jour après jour, semaine après semaine, c’est qu’une admiration outrée pour la communauté juive génère de l’antisémitisme, et ouvre la boite de pandore pour les autres communautés. La communauté suivante est "l’arabe", disons, et la suivante sera la "noire", pour ne pas dire l’africano-antillaise. Phénomène qui, se basant sur le modèle de la judéomanie, ne manqueront pas de créer de l’arabophobie et de la négrophobie, évidemment.
D’ailleurs, si priorité il y avait, entre les mémoires, celle de l’esclavage serait prioritaire sur toutes les autres, alors que c’est aujourd’hui la moins reconnue. La France a pourtant commandité d’elle-même une traite négrière féroce et criminelle, sur quelques centaines d’années, et cela n’est toujours pas reconnu, mis à part la loi Taubira et la journée de mémoire de l’esclavage. Aucun film français sur l’esclavage (malgré les efforts de Dieudonné), aucune référence au Code Noir dans les manuels scolaires, aucune référence au rôle moteur de Louis XIV et de Colbert dans ce traffic macabre, et qu’aucune puissance étrangère ne nous a jamais imposé. Contrairement à la déportation des 75000 juifs par le gouvernement de Vichy-Berlin. La Shoah fut d’ailleurs reconnue comme crime contre l’humanité dès 1945, année où elle prit (heureusement) fin.
Mais le plus surprenant dans tout cela, pour moi qui suis si naïf, c’est d’entendre les grands commentateurs de la vie politique critiquer cette repentance, tout en ne parlant que du phénomène Indigènes. Comme depuis 25 ans, sauf exceptions (je pense notamment à Gilles-William Goldnadel et son livre "Les martyrocrates", sur lequel je dois décidément faire un article, et Pascal Bruckner, en nuance, dont j’ai dit un mot l’autre jour), pas un mot sur le rôle de la judéomanie et le "big-bang Shoah", j’emprunte l’expression à Goldnadel lui-même. J’en veux pour preuve par exemple ce "débat" entre Luc Ferry et Jacques Julliard, vous verrez, c’est savoureusement hypocrite, d’autant qu’ils pérorent sur le dernier livre de Bruckner, justement.
Jean Robin
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