Société
«Il est grand temps de se rappeler pourquoi nous vivons dans ce monde»
En politique mondiale, il s’agissait depuis toujours ou bien de se
protéger ou bien de se réserver des avantages. Les grandes puissances
mondiales ont en commun de se présenter aux voisins comme «martyrs
innocents» puisque les êtres humains non informés – et qui ne le serait
pas en matière politique – n’éprouvent de la compassion envers les
peuples et les nations que quand ceux-ci sont agressés par quelqu’un de
«méchant». Tous les gouvernements dans ce monde pratiquent chaque jour
– en dépensant quantité d’argent et en employant toute la force de leur
machine à propagande étatique – une publicité massive et sans gêne pour
afficher leur rôle comme «garant de la paix» ou «protecteur de la
justice» – peu importe comment les choses se présentent en réalité.
Ceci est également une constante de l’histoire mondiale. De l’autre
côté, les stratégies des guerres modernes exigent rigoureusement de
concentrer ses propres forces le plus près possible de la frontière
d’un ennemi virtuel pour ne pas perdre, dans une guerre éventuelle du
troisième millénaire, les minutes, voire les secondes décisives. Voilà
ce qu’essayent de faire tous les généraux du monde dans leur quartiers
généraux. En même temps, comme nous venons de le mentionner, personne
ne veut prendre, face à la communauté internationale, le rôle de
l’agresseur potentiel. C’est la raison pour laquelle on affirme dans
les médias, avec tout le fracas possible, que tous ces boucliers
anti-missiles, tous ces bâtiments de guerre et tous ces dispositifs de
troupes déployées n’ont qu’un seul but, celui de «protéger la vie
paisible des habitants sur place!»
Si
l’on se renseigne en analysant les événements semblables au cours de
l’histoire mondiale, on apprend qu’en réalité il ne s’agissait jamais
de protéger les intérêts de la population, mais de défendre
essentiellement, aujourd’hui comme par le passé, les intérêts
stratégiques des grandes puissances mondiales.
Il s’agit de l’hégémonie mondialeIl en est de même avec le bouclier anti-missiles
des Etats-Unis en Pologne. Là aussi, il s’agit de la question de
l’hégémonie mondiale – qui domine qui? Dans ces premières années du
troisième millénaire, cette question reste encore ouverte tant qu’il y
a dans le monde plusieurs puissances qui aspirent à cette position de
force. Après la disparition de l’Union soviétique, son successeur, la
Russie, fut longtemps dans une position faible ou, plus précisément,
pas particulièrement forte. Or actuellement, son pouvoir militaire
augmente chaque année et une propagande de grande puissance pour la
conscience des Russes déferle, tout à fait à la manière de l’ancienne
URSS. Si la Russie, plus vite que l’on n’avait pensé, est en passe de
refonder son ancien empire rouge, le peuple y est déjà préparé.
Il
en résulte que nous, les nations européennes autonomes, n’avons pas de
véritable bon choix, nous trouvant en effet face à celui qui est
mauvais et à celui qui est encore pire!
Si nous sommes assez «naïfs»
pour croire les promesses actuelles russes, restant passifs, nous
devrons un jour – et plus vite que nous ne le pensons peut-être –
intervenir sans y être préparés, puisque dans l’histoire, les Russes
n’ont tenu leurs contrats et promesses que pendant qu’ils étaient
engagés ailleurs encore ou qu’ils se trouvaient en position de
faiblesse. Lorsqu’ils se sentaient suffisamment forts et qu’ils
n’avaient aucune résistance à craindre, ils sont toujours promptement
intervenus!
Ou bien nous restons passifs face aux tentatives
américaines de construire leur bouclier anti-missiles à proximité de la
frontière russe, rapprochant ainsi peut-être le jour de l’attaque, en
effet, il n’y a pas de doutes que les Russes prennent ce bouclier
anti-missiles comme une «atteinte grave à leurs intérêts», menaçant ce
qu’ils appellent «le territoire extérieur proche» (notion purement
russe qui comprend la Baltique et tous les anciens Etats du bloc
communiste faisant frontière commune avec l’ancienne URSS)! Sachant
qu’aucun être humain raisonnable ne déclencherait tout de suite une
guerre nucléaire, ils pourront être tentés de remédier promptement à
cet état en déployant leurs armes conventionnelles.
Nous nous trouvons en pleine Troisième Guerre mondialeCependant, personne ne peut garantir qu’un tel
scénario ne se réalisera pas définitivement si l’on renonce au bouclier
anti-missiles. Car nous nous trouvons déjà en pleine Troisième Guerre
mondiale, même si peu de gens s’en rendent compte aujourd’hui! En
Europe, on ne voit certes ni blindés ni troupes. C’est que cette
guerre, actuellement, ne se réalise pas à l’aide d’armes
conventionnelles, mais avec des moyens d’un type tout différent. Or,
nous participons tous à une guerre d’information qui vise nos
consciences et nos âmes, menée chaque jour, à des coûts gigantesques,
par le biais des médias dont l’enjeu est d’effectuer de profondes
transformations d’opinions et d’attitudes des hommes entre eux, ainsi
que par rapport aux valeurs et traditions qui leur sont propres! Par
n’importe quelle méthode publicitaire on nous dit quotidiennement que
la mondialisation serait inévitable, que, tôt ou tard, les nations
disparaîtront «de toute façon», que les frontières entre les peuples et
les barrières entre les marchés doivent inconditionnellement tomber
etc. etc. C’est rare que quelqu’un se rende compte que tous ces acquis,
aujourd’hui «forcément voués à l’abandon», ont constitué, pendant des
siècles, le fondement inébranlable du monde chrétien et de sa manière
de vivre! Quand les médias réunis auront enfin réussi à mettre en tête
d’une majorité européenne qu’elle ne porte plus dans son coeur les
valeurs et traditions de vie de l’ancienne Europe, n’importe quelle
puissance mondiale n’aura même plus besoin de recourir aux armes
conventionnelles pour subjuguer les populations des anciennes nations
européennes et les transformer en colonnes de main-d’œuvre uniformes,
sans culture ni nation. C’est une transformation qui a d’ailleurs déjà
été réalisée de l’autre côté du globe, là où à été conçu ce fameux
bouclier anti-missiles.
Qui s’imagine que le diable se promène,
visible à tous, pourvu de cornes et de queue, en est souvent la
première victime. De même, il ne faut pas penser que l’avenir de tout
notre continent puisse dépendre de l’existence ou de la non-existence
d’un bouclier anti-missiles. Les processus liés à cette question
fondamentale sont de nature plus profonde, plus secrète, reposant dans
les conditions de l’existence humaine. Il est grand temps de se
rappeler pourquoi nous vivons dans ce monde! Dès demain, nous devons
nous interdire de reprendre les réflexions et les valeurs de la
télévision ou des journaux, car chacun doit les définir lui-même! Il
est exclu que nous transférions ou, pour employer une notion plus
moderne, que nous «déléguions» notre droit à l’autodétermination et
notre autonomie à quelqu’un d’autre – dans le cas contraire, nous
perdrons tout ce qui nous permet de poursuivre notre existence d’êtres
humains libres et responsables!
Tönis Tulp, Estonie http://www.horizons-et-debats.ch
Vendredi 25 Mai 2007