Chiffres à l’appui, l’Afrique continue de financer l’Occident : L’exemple britannique
31/07/2006
Le lexique international consacré et déposé sur les relations afro-occidentales est parvenu, grâce à la complicité d’universitaires en vue, la passivité de nombre d’Africains et la corruption de quelques-uns, à inverser le sens d’une réalité vieille aujourd’hui de 500 ans : le financement [non exclusif] de l’Occident par le continent africain présenté comme misérable dans une posture humiliante de quémandeur international exclusif.
Dit autrement, ce sont les plus pauvres qui contribuent à l’opulence des plus riches, ce qui pourrait se traduire par l’énoncé honni du pillage de l’Afrique par les grandes puissances. Le mot et l’idée étant désormais bannis des analyses «sérieuses» et «crédibles» au profit d’une culpabilisation frénétiques des faibles là où une responsabilisation plus performative serait plus judicieuse à la reprise en main des sujets, la fiction d’une Afrique aidée mais en mal de se défaire de ses vieux démons prolifère sans limites.
La réalité des flux financiers est pourtant bête et méchante, rappelée par l’ONG britannique Christian Aid le 05 juillet 2006 -source AFP. Cette association peu orthodoxe s’est permise avec un toupet d’archaïque tiers-mondiste de comparer sur un an à partir du sommet du G8 de 2005 lequel avait clamé son amour-passion pour le continent, les flux financiers afro-britanniques entrants et sortants. Le résultat vaut le déplacement. Et ne nous change ni de 1492 ni de 1885 à Berlin.
Sur douze mois les flux financiers partant de la Grande-Bretagne vers l’Afrique se sont montés à 17 milliards de Livres de dons, aide, investissements directs étrangers, transferts financiers d’Africains vivant en Grande-Bretagne.
Comparés aux flux en sens inverse, les sommes entrant en Grande-Bretagne en provenance d’Afrique, constituées des profits des entreprises, des remboursements de dette, de la fuite des capitaux et des recettes d’exportations, atteignent une valeur de 27 milliards de Livres, soit un solde largement positif… pour l’Angleterre.
Au total la Grande-Bretagne, excusez du peu quatrième puissance économique mondiale avec un PIB de 2140 milliards de dollars en 2004 a gagné 15,9 milliards d’euros de ses flux financiers avec le continent le plus pauvre au monde. Lucrative pauvreté.
Christian Aid pointe particulièrement la voracité des firmes britanniques qui ont performé à hauteur vertigineuse de 31,74 milliards d’euros de profits rapatriés au cœur des systèmes d’accumulation en Occident. Ainsi donc, dans la division internationale de l’image, l’Afrique assume le rôle de composition de mendiant naturel alors que de ses économies sont prélevés les taux de profits les plus élevés, et que in fine elle donne davantage qu’elle ne reçoit, informel et ressources humaines non comptabilisées.
Un tel constat permet d’affiner les dimensions des problèmes de développement moins réductibles à un déficit d’aide ou de moyens financiers que d’allocation optimale des ressources pour ce qui est de l’économique. Certes, tout n’est pas économique, confère Côte d’Ivoire, RDC, Congo Brazzaville, Tchad, Soudan, ....
ZB
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