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| «Cinq ans après» | |
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mihou Rang: Administrateur
Nombre de messages : 8092 Localisation : Washington D.C. Date d'inscription : 28/05/2005
| Sujet: «Cinq ans après» Dim 10 Sep - 20:08 | |
| «Cinq ans après»
Philippe Leymarie
Cinquième anniversaire des attentats de New-York, ce 11 septembre: le drame, l’onde de choc ont modifié la donne internationale en matière de sécurité. D'abord parce que, pour répliquer à cette agression au coeur même de ce que l'Amérique a de plus fort, sa culture et son «économie-monde» incarnées par ces hautes tours de New-York, elle a entamé la guerre contre «l'axe du Mal» comme l'a baptisé le président Bush. A commencer par un coup de pied, dès la fin 2001, dans la fourmilière taliban en Afghanistan. Cinq ans après, le pouvoir mis en place par les Américains reste fragile; le pays n'a jamais autant produit d'opium; la bataille fait rage contre des talibans renaissants dans le sud du pays. Et le terrible Oussama Ben Laden, qui a pris à son compte l'organisation des attentats de New-York, reste introuvable, et voue toujours l'Occident aux gémonies, via forces messages parvenus de caches mystérieuses.
On sait que la situation est plus cahotique encore en Irak: les trois derniers mois dans ce pays ont été les plus meurtriers depuis l'invasion américaine, il y a trois ans; les chefs du contingent de l'US Army évoquent ouvertement un contexte de «guerre civile», même s'ils viennent de rendre au gouvernement irakien le contrôle de leur armée, en voie de reconstruction après avoir été dissoute. Mais, est-ce vraiment un cadeau? Si l'on y ajoute les inquiétantes philippiques du numéro un iranien, adossé à son programme nucléaire; les progrès du Hamas en Palestine, ou les menées du Hezbollah au Sud Liban (et la «punition» qu'Israël a tenté de lui infliger), on conviendra que le projet remodelage d'un «Grand Moyen-Orient» tel qu'imaginé à Washington, et qui ne serait plus le nid de guêpes actuel, est plutôt mal en point.
Les attentats conte les tours ont été le «signal» d'attaques en chaîne, au Kenya, Tunisie, Maroc, en Egypte, Jordanie, Pakistan, en Turquie, en Indonésie... et également en Europe: Madrid, Londres l'ont payé cher. La menace reste réelle, comme ont semblé le prouver les attentats déjoués ces dernières semaines notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne. Presque partout dans le monde, et notamment sous la pression américaine, le risque terroriste a été intégré: surveillance des ports, aéroports, réseaux de communication; limitation des droits de la personne; accent mis sur la sécurité intérieure, dans les budgets des Etats -à commencer par le budget US pour 2007, adopté ces jours-ci par le Sénat: un budget-record de 470 milliards de dollars- mais on commence à y être habitué, depuis quelques années!
Il s'agit, entre autres, d'étendre la traque du réseau al-Qaïda; de développer la surveillance aérienne du territoire américain -la chasse de l'US Air Force devant être prête à abattre éventuellement un avion détourné; d'assurer la protection, par des moyens militaires, des centrales nucléaires et autres points sensibles, et de financer les projets de «reformatage» des forces américaines préparées par le ministre Rumsfeld sur la lancée justement des attentats de New-York, avec l'accent sur les forces spéciales, mobiles, légères; sur les «boucliers» anti-missiles ou autres et sur un vaste plan de redéploiement des forces américaines stationnées à l'étranger.
par Philippe Leymarie
[10/09/2006] http://www.rfi.fr/actufr/articles/081/article_46048.asp | |
| | | mihou Rang: Administrateur
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| Sujet: La religion du complot Mar 12 Sep - 11:20 | |
| La religion du complot
Gound Zero. REUTERS
Par Laurent MAURIAC
QUOTIDIEN : Vendredi 8 septembre 2006 - 06:00
New York de notre correspondant
Le 11 Septembre était un coup monté.» C'est un grand panneau posé contre le
mur qui l'affirme. C'est aussi ce que pense la centaine de New-Yorkais, réunie
le 3 septembre, devant ce panneau, dans une salle de l'East Village. Certains
arborent le badge «Enquêtez sur le 9/11», d'autres «Révélez la supercherie».
Comme chaque dimanche soir, le groupement New York 9/11 Truth organise une
rencontre d'information. Au programme, des extraits de la prochaine version du
documentaire Loose Change, qui engrange des millions de spectateurs sur
l'Internet depuis le printemps 2005. Les arguments, déjà connus de tous, sont
ressassés dans de nouveaux témoignages d'experts ou de journalistes
indépendants. Ainsi, ce n'est pas un avion de ligne qui s'est écrasé sur le
Pentagone (pas assez de débris, pelouse quasi intacte et brèche trop étroite
dans l'enceinte) ; ce n'est pas la fusion de l'acier qui a provoqué
l'effondrement des tours du World Trade Center (leur structure était trop
résistante pour cela), il s'agit d'une démolition contrôlée grâce à des
explosifs placés dans les bâtiments. Conclusion : le gouvernement américain (ou
une entité le contrôlant) a conspiré pour organiser les attentats du 11
Septembre et justifier ainsi ses opérations au Moyen-Orient.
«Eduquer les gens»
Alors que, cinq ans après le drame, les Etats-Unis se préparent à commémorer
les attentats, le mouvement conspirationniste prend de l'ampleur, avec la
multiplication de sites web, de livres, de films et de conférences. «Ça a
vraiment décollé récemment, explique Janice Matthews, directrice de
911truth.org, principale organisation nationale mettant en doute la version
officielle. Nous essayons de progresser aussi vite que notre succès.» Selon un
sondage réalisé en juillet par le Scripps Survey Research Center, un centre de
recherches de l'université de l'Ohio, 36 % des Américains pensent qu'il est
«assez probable» ou «très probable» que le gouvernement ait pris part aux
attaques ou les ait autorisées. Mais ces résultats baissent lorsque les
personnes interrogées sont confrontées aux versions conspirationnistes. Ils ne
sont alors plus que 16 % à penser que des explosifs, et non les avions en feu,
sont à l'origine de la chute des deux tours du World Trade Center.
La soirée dans l'East Village vise aussi à présenter le programme de la
mobilisation du 8 au 12 septembre. Le 11 septembre au matin, est notamment
prévue une manifestation «paisible» sur le lieu du drame. Il y a débat. La
réunion se termine dans la confusion. Un participant tente de convaincre
l'assistance qu'il faut aller à Ground Zero le 10, «quand Bush y sera», et non
le 11. Un jeune activiste cherche à entraîner les participants dans la rue pour
«informer et éduquer les gens». Une vingtaine d'entre eux finit par le suivre.
Ils enfilent des tee-shirts sur lesquels on peut lire : «La véritable théorie du
complot est la version du gouvernement». Puis ils remontent la IIe Avenue en
distribuant leurs tracts.
Ce foisonnement désordonné est à l'image du mouvement. Les initiatives
abondent, tout comme les théories et les sites web pour les promouvoir. «C'est
un phénomène qui vient du terrain, les gens lancent eux-mêmes leurs projets,
explique Nicholas Levis, 41 ans, un activiste new-yorkais, traducteur le reste
du temps. Nous manquons de coordination, c'est à la fois une force et une
faiblesse.» Lui-même trouve que le documentaire Loose Change n'affronte pas les
faits mais reconnaît qu'il a joué un rôle décisif dans la mobilisation. «Au
départ, c'était une fiction sur des gens découvrant la vérité, raconte Korey
Rowe, 23 ans, producteur du film. Mais, au fur et à mesure que nous nous
informions, ce que nous découvrions était accablant. Nous n'avions d'autre choix
que de faire un documentaire.» Korey Rowe, qui s'est engagé dans l'armée, a
servi successivement en Afghanistan et en Irak. Dylan Avery, 22 ans, réalisateur
du film, est alors serveur à Red Lobster, une chaîne de
restauration. Le budget du documentaire est minimal, 2 000 dollars pour la
première version, réalisée à l'aide de logiciels sur un ordinateur portable.
Lâché sur l'Internet en avril 2005, le film se répand à une vitesse phénoménale.
Korey Rowe estime que plus de 75 millions de personnes l'ont vu. «Pour un DVD
vendu, nous en diffusons trois gratuitement et 20 personnes le voient sur
l'Internet», indique-t-il. C'est dans les universités américaines que le
documentaire suscite le plus d'engouement, les étudiants se passant le mot.
Directeur du Scripps Survey Research Center, à l'origine du sondage, Guido
Stempel estime que «le succès de ces thèses est lié à la méfiance croissante
vis-à-vis du gouvernement Bush, à son manque de crédibilité et à son penchant
pour le secret». C'est d'ailleurs l'un des arguments les plus utilisés par les
activistes : «Pourquoi devrions-nous croire le gouvernement alors qu'il nous
ment sur tout le reste ?» lance Les Jamieson, coordinateur de New York 9/11
Truth, à la fin de la réunion dans l'East Village.
Les conspirationnistes se souviennent tous de leur «point de basculement», la
conférence ou la lecture qui a emporté leur adhésion. «Une fois que vous y
croyez, vous ne revenez plus en arrière, vous y consacrez votre vie», raconte
Janette MacKinlay, une artiste de 58 ans. Elle habitait en face des tours au
moment des attentats et se considère comme une «survivante». Elle se met à
douter en août 2004, lors d'une réunion à San Francisco, en écoutant deux
membres de la commission du 11 Septembre, créée pour faire la lumière sur les
attentats. «Ils ne répondaient à aucune question. J'ai eu l'impression d'une
dissimulation.» Elle lit alors un livre de David Ray Griffin, théologien
considéré comme une référence par le mouvement conspirationniste, et se
«documente» sur la Toile. Depuis, c'est elle qui anime des conférences. «Je suis
une patriote, dit-elle, j'essaie de lutter contre cette politique de la peur que
nous subissons.»
Kevin Barrett, lui, se dit «toujours sceptique vis-à-vis des versions
officielles des grands événements historiques». Mais cet universitaire
spécialiste de l'islam n'a pas plongé immédiatement : «Il y a d'abord eu un
effet émotionnel. Les gens n'étaient pas capables de réagir de façon
rationnelle.» Pour lui aussi, le déclic est venu après une lecture, puis il a
passé beaucoup de temps sur l'Internet. «C'est la base pour la communication
entre les gens qui partagent des renseignements sur le 11 Septembre»,
explique-t-il. Principale organisation nationale, 911truth.org n'a d'autre nom
que son adresse Internet. Elle fédère des groupes dans 38 Etats, vit de dons
individuels et salarie sa directrice, Janice Matthews, 45 ans, mère célibataire
de six enfants vivant à Kansas City.
Autre organisation notable, les Scholars for 9/11 Truth visent à donner une
respectabilité universitaire au mouvement en publiant une revue sur le Web. «Le
but est d'organiser ceux qui ont fait des recherches sur les événements»,
explique Kevin Barrett, l'un de ses membres. «Historiquement, les théoriciens du
complot sont souvent des gens qui ont réussi des carrières universitaires»,
observe Mark Fenster, coauteur d'un livre sur les théories conspirationnistes
(1). Kevin Barrett se trouve aujourd'hui au centre d'une polémique en raison
d'un cours sur l'islam qu'il donne à l'université du Wisconsin. Steve Nass, un
représentant républicain, a demandé son éviction en raison de ses thèses sur le
11 Septembre. La direction de l'université a décidé de maintenir le cours.
Mark Fenster distingue deux catégories de conspirationnistes : «Il y a un
groupe moteur, persuadé que Bush savait. Et il y a une fraction beaucoup plus
grande du public américain qui pense que le gouvernement ne dit pas toute la
vérité et exprime ainsi son ras-le-bol. Mais ils n'adhèrent pas pour autant dans
le détail aux versions alternatives.» Selon lui, la contestation des événements
du 11 Septembre s'inscrit dans une tradition de remise en cause des grands
événements historiques aux Etats-Unis, à commencer par l'assassinat de Kennedy.
«Mythes» contre «vérités scientifiques»
«Le succès de ces thèses a pris tout le monde par surprise», remarque Pat
Curley, 51 ans. Cet expert immobilier de Phoenix (Arizona) a monté un blog,
Screw Loose Change, pour contester le film. «Nous sommes moins nombreux du côté
des déboulonneurs que des conspirateurs, dit-il. Le sondage [Scripps Survey,
ndlr] a été un énorme catalyseur. Les gens se sont dit que c'était sérieux.»
En mars 2005, le magazine Popular Mechanics a publié une enquête détaillée
pour «déboulonner les mythes» sur le 11 Septembre. Il vient d'en tirer un livre
(2), préfacé par le sénateur républicain John McCain. Plusieurs sites, réalisés
par des particuliers, reprennent le même procédé, opposant les «mythes»
conspirationnistes aux «vérités» scientifiques. «C'est une course pour avoir les
faveurs du public», relève Mark Fenster, également professeur de droit à
l'université de Floride. Une course dans laquelle le gouvernement s'est
longtemps tenu en marge. «S'il répond, il légitime la contestation, explique
l'auteur. S'il ne répond pas, il la légitime aussi en donnant l'impression de
manquer d'arguments. C'est une position difficile.» Deux sites web
gouvernementaux viennent de publier une page de questions-réponses pour réfuter
les thèses conspirationnistes, celui du département d'Etat et celui du National
Institute of Standards and Technology, une agence du département du
Commerce qui a enquêté pendant trois ans sur la chute des tours.
Judicial Watch, une association conservatrice cherchant à promouvoir la
transparence du gouvernement, a obtenu que ce dernier diffuse deux films
montrant l'attentat contre le Pentagone. Les organisations conspirationnistes
ont jugé les images floues. Elles réclament, par ailleurs, les enregistrements
de trois autres caméras de surveillance alentour, saisis par le FBI.
L'expert immobilier de Phoenix Pat Curley «adorerait» lui aussi voir ces
vidéos. Mais il doute de l'efficacité de toute preuve tangible sur les
conspirationnistes. «Une fois qu'ils ont basculé, il est impossible de les
convaincre», constate-t-il. Mark Fenster approuve : «C'est comme un débat entre
un croyant et un athée. Il n'y a pas suffisamment de base commune.» «Si une
preuve ne soutient pas leur théorie, elle fait forcément partie du complot,
reprend Pat Curley. La seule chose que vous puissiez espérer, c'est empêcher
ceux qui sont en train d'enjamber la palissade de passer de l'autre côté.»
(1) Conspiracy Theories : Secrecy and Power in American Culture , Mark Fenster
et Philip Rosen, University of Minnesota Press, avril 2001.
(2) Debunking 9/11 Myths : Why Conspiracy Theories Can't Stand Up to the
Facts, Popular Mechanics, Hearst, août 2006.
http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/203107.FR.php
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