APARTHEID ISRAELIEN : LA SOLUTION SUD-AFRICAINE
"J´ai été profondément meurtri par ma visite en Terre Sainte ; elle me rappela brutalement notre sort à nous, noirs
d´Afrique du Sud. (...) Est-ce que nos soeurs et frères juifs ont oublié leur humiliation ? Ont-ils oublié les punitions
collectives, les démolitions de maison de leur propre histoire si récente " Desmond Tutu
APARTHEID ISRAELIEN : LA SOLUTION SUD-AFRICAINE
A ce jour, nombre de palestiniens considèrent le système israélien colonialiste et raciste, bafouant les droits humains les plus
élémentaires, comme une forme d´apartheid. En fait, les Palestiniens sont loin d´être seuls à porter ce jugement sur Israël ;
des intellectuels de premier plan, des responsables politiques et des défenseurs des droits humains sud-africains,
souscrivent à ce point de vue. Ainsi, dans un article au titre évocateur, "Apartheid en terre sainte", l´Archevêque Desmond
Tutu a-t-il pu écrire :
" J´ai été profondément meurtri par ma visite en Terre Sainte ; elle me rappela brutalement notre sort à nous, Noirs
d´Afrique du Sud. (...) Est-ce que nos soeurs et frères juifs ont oublié leur humiliation ? Ont-ils oublié les punitions
collectives, les démolitions de maison de leur propre histoire si récente ?"
En fait, beaucoup de uifs n´ont pas oublié. En Israël même, quelques politiciens et journalistes juifs ont réalisé des analogies
très claires entre Israël et l´Afrique du Sud. Roman Bronfman, Président du Choix Démocratique, une aile du parti Yahad, a
critiqué ce qu´il a appelé "un régime d´apartheid dans les territoires occupés", ajoutant que "la politique d´apartheid s´est
aussi infiltrée dans l´Etat même d´Israël, par les discriminations quotidiennes à l´encontre des Arabes israéliens et des
autres minorités. Le combat contre une telle visée fasciste doit être la priorité de chaque humaniste ."
Esther Levitan, la mamie juive condamnée sans procès à une assignation à résidence à perpétuité, dans l´Afrique du Sud de
l´apartheid, du fait de son engagement au sein de l´A.N.C., déclara, dans une interview donnée à Haaretz, qu´elle considérait
Israël comme un Etat affreusement raciste, ajoutant : "Les israéliens ont cette détestable haine des Arabes qui me rend
malade. (...) Ils vont créer ici un apartheid en pire."
L´ancienne ministre de l´Education israélienne, Shulamit Aloni, a déclaré récemment qu´Israël commettait des "crimes de
guerre", utilisait la "terreur" et n´était "en rien différent de l´Afrique du Sud raciste". A la question de savoir comment elle
voyait l´avenir d´Israël, Aloni répondit :
"Je peux vous proposer des ouvrages de Mussolini sur le fascisme. Lisez-les et vous parviendrez à une conclusion sans
équivoque : les ministres de l´actuel gouvernement d´Israël prennent ce chemin-là ".
De courageux leaders juifs sud-africains firent eux aussi entendre leurs voix contre l´apartheid israélien en publiant leur
fameuse Déclaration de Conscience "Not in our names", laquelle condamnait le déni des droits des Palestiniens par Israël,
comme étant la cause première du conflit. Cette Déclaration, rédigée par le ministre Ronnie Kasrils et le juriste Max Ozinsky,
et signée par des centaines d´autres personnalités juives sud-africaines, nous dit :"Il devient difficile, en particulier à
partir de la perspective sud-africaine, de ne pas établir de parallèles entre l´oppression vécue par les Palestiniens sous le
joug d´Israël, et celle vécue en Afrique du Sud au temps de l´apartheid"
On peut se demander ce qui a bien pu déclencher cette indignation morale. Les échantillons qui suivent, représentatifs de
l´oppression israélienne sur les trois composantes du peuple palestinien (ceux qui vivent sous occupation, les exilés, et ceux
d´Israël ) devraient nous aider à répondre à cette question.
L´OCCUPATION ISRAELIENNE
Rien ne peut mieux illustrer l´immense injustice de l´occupation que le Mur colonial d´Israël, construit en grande partie en
territoires occupés, et objet d´un jugement historique de la Cour Internationale de La Haye en juillet 2004, confirmant son
caractère illégal. En dépit des graves répercussions de ce Mur sur la vie quotidienne des Palestiniens, sur leur
environnement, et sur leurs droits politiques, un quasi consensus existe, parmi les juifs israéliens, pour soutenir sa
construction. L´ancienne ministre de l´Environnement, Yehudit Naot, cela dit, protesta contre un aspect spécifique du Mur,
déclarant :
" La clôture de séparation brise la continuité de zones naturelles et nuit au paysage, à la flore et à la faune, aux couloirs
écologiques et à l´écoulement des ruisseaux. Ce système de protection va affecter de façon irréversible les ressources
naturelles et créer des enclaves de communautés d´espèces coupées de leur environnement".
Même après que les iris furent déplacés et que des passages pour les petits animaux furent aménagés, le porte-parole de
l´Autorité de Protection de la Nature et des Parcs Nationaux d´Israël se lamenta encore :
"Les animaux ne savent pas qu´il y a désormais une frontière ici. Ils sont habitués à un certain espace pour vivre, et si nous
sommes concernés par cela, c´est que leur diversité génétique sera affectée, car différents groupes de population ne seront
plus en mesure de se rejoindre et donc de se reproduire. En isolant ces populations de part et d´autre de la clôture, on va
créer, sans aucun doute, un problème génétique".
Alors qu´il accorde tant d´intérêt au bien-être des renards et des fleurs sauvages, l´Etat d´Israël traite les enfants
palestiniens comme des créatures superflues. Des tireurs d´élite surentraînés les abattent au prétexte de quelques jets de
pierres inoffensifs. Des sources médicales et des organisations de défense des droits de l´homme, parmi lesquelles
Physicians for Human Rights, ont relevé, lors de la première phase de l´actuelle Intifada, qu´il y avait une systématisation
des tirs dans les yeux et les genoux, avec la "claire intention" de produire des séquelles. Tanya Reinhart, professeur à
l´Université de Tel-Aviv, a pu écrire :"Une pratique commune (parmi les tireurs d´élite) consiste à tirer une balle de métal
enrobée de caoutchouc droit dans l´oeil - un petit jeu pour soldats bien entraînés, et qui requiert un maximum de précision".
Et quand ils ne trouvent pas le prétexte de jets de pierres, les soldats israéliens s´arrangent pour les provoquer. Un
journaliste, le vétéran américain Chris Hedges, démontra comment les troupes israéliennes à Gaza avaient méthodiquement
provoqué des enfants palestiniens jouant dans les dunes du sud de Gaza, afin de pouvoir leur tirer dessus. Alors que des
enfants étaient en train de jouer au football, une voix provenant des jeeps de l´armée, leur hurla : "Venez les chiens (...) Et
ils sont où tous les chiens de Khan Younis ? Venez, venez ! (...) fils de pute ! "
Décrivant alors la suite du déroulement du plan, Hedges écrit :
"Les garçons - dix ou onze ans pas plus - se ruent par petits groupes, courant sur les pentes raides des dunes, vers la clôture
électrique qui sépare le camp de la colonie juive. Ils lancent des pierres dans la direction de deux jeeps blindées stationnées
au sommet de la dune et surmontées de haut-parleurs (...) Une grenade à percussion explose. Les enfants (...) en ordre
dispersé, s´enfuient maladroitement dans le sable lourd. Ils parviennent à se mettre hors de vue, à l´abri d´un banc de sable,
juste devant moi. Il n´y a pas de bruits de coups de feu. Les soldats tirent munis de silencieux. Les balles de M16 se
succèdent et terminent leur course dans les corps graciles des enfants. Plus tard, à l´hôpital, je pourrai constater les ravages
: des estomacs arrachés, des trous béants dans les membres et les troncs.
Hier, à cet endroit, les Israéliens en ont touché huit. (...) Des enfants victimes, j´en ai vus dans les autres conflits que j´ai
couverts (...) mais jamais encore je n´avais observé des soldats appâtant des enfants comme des souris dans un piège, et les
tuant pour le sport".
Aussi scandaleuses qu´elles soient, les violations des droits de l´homme par Israël dans les territoires occupés ne sont
toutefois pas la seule forme d´oppression pratiquée à l´encontre des Palestiniens. Deux autres dimensions cruciales des
injustices commises et du viol de la loi internationale par Israël, ne sont pas moins importantes, même si elles ne revêtent pas
le même caractère d´urgence, à savoir la négation par Israël des droits des réfugiés palestiniens, ainsi que son système de
discrimination raciale envers ses propres citoyens Arabes-Palestiniens. Les Palestiniens ne peuvent ignorer aucune de ces
formes d´oppression.
ISRAEL ET LES DROITS DES REFUGIES PALESTINIENS
Loin d´admettre sa culpabilité dans la création du plus ancien et du plus important problème de réfugiés du monde, Israël a
constamment éludé toute responsabilité par rapport à la Nakba, la tragédie de l´exil et de la dépossession des Palestiniens
de 1948. Plus singulière encore, dans le discours dominant israélien à propos de la "naissance" de l´Etat, est la négation
totale de quelque crime que ce soit. Les Israéliens, à quelques brillantes exceptions près, considérent l´impitoyable
destruction de plus de 400 villages palestiniens par les sionistes, et leur campagne d´épuration ethnique qui conduisit à l´exil
plus de 750 mille Palestiniens, comme "l´indépendance" d´Israël. Même des israéliens de gauche radicaux, souvent se
désolent de la perte de la "supériorité morale" d´Israël suite à l´occupation de la Cisjordanie et de Gaza en 1967, comme si
auparavant Israël avait été un Etat de droit normal et civil.
Mais la vérité qui avait été littéralement enterrée sous les décombres, fut finalement exhumée, et ceci dans une part non
négligeable grâce aux nouveaux historiens israéliens. Aujourd´hui, le problème des réfugiés demeure incontestablement la
question la plus conséquente et la plus chargée moralement du conflit dans son ensemble.
En instrumentalisant l´Holocauste, Israël a fondé son rejet des droits des réfugiés palestiniens sur la théorie qui veut que
les Juifs ne soient pas en sécurité parmi les gentils, et doivent par conséquent vivre dans un Etat dont la prédominance juive
doit être maintenue coûte que coûte ; et ce sans considération pour la loi internationale, ni pour les droits humains et
politiques des habitants déplacés de cette terre sur laquelle cet Etat fut érigé. Aucun autre pays dans le monde contemporain
ne revendique un droit similaire à la suprématie ethno-religieuse. Que les victimes des "super-victimes" soient dépeintes
comme des humains relatifs, d´une valeur inférieure, est un point de vue largement toléré.
Alors qu´ils ont nié les droits fondamentaux des réfugiés palestiniens, les juifs en Israël et en Occident, ont enregistré de
nombreux succès suite à leurs campagnes pour la reconnaissance de l´Holocauste et pour les compensations, incluant le droit
au retour en Allemagne, en Pologne et dans d´autres pays desquels les réfugiés juifs furent expulsés. Mais la quintessence
de l´inconsistance morale se révèle dans la pression de la World Sephardic Federation sur l´Espagne, pour que celle-ci
reconnaisse les descendants des juifs expulsés d´Andalousie voila plus de cinq siècles comme des citoyens espagnols et les
réhabilite en conséquence.
Le fait que les réfugiés forment la majorité du peuple palestinien, joint à leur exil et leur souffrance vieille de 57 ans, cela
légitime les droits fondamentaux des réfugiés palestiniens, dont celui du retour sur leurs terres. Ceci est moralement la
moindre des évidences pour quiconque propose une solution juste et durable au conflit israelo-palestinien. Droits moral et
légal mis à part, la négation des droits des réfugiés palestiniens garantit la perpétuation du conflit.
Mer 23 Aoû - 0:52 par mihou