Medef : Les avantages sans les inconvénients
A la veille de ce 14-Juillet, le dernier passé à l'Elysée pour Jacques Chirac, 47% des Français jugent utile l'action du chef
de l'Etat. Le sondage publié par le quotidien Libération l'affirme: le président est déjà considéré comme un homme du passé
et les Français semblent prêts à se montrer indulgents, un peu dirons-nous, comme ils le sont avec Zinédine Zidane, auteur
d'un coup de tête dans la poitrine du défenseur italien Materazzi, en pleine finale de la Coupe du monde de football. Dans le
cas de l'ex-capitaine des Bleus, la raison de cette compréhension du public est avant tout à rechercher du côté du talent de
l'artiste qui nous a enchanté pendant de longues années. Mais aussi dans l'affirmation qu'il y a des choses, des mots, des
insultes qui nous touchent au plus profond de nous-même et qui ne sont pas acceptables. D'où le coup de boule. D'où les
excuses publiques de Zidane. D'où également l'absence de regrets de sa part et sa demande de sanctions contre les
provocations. D'où enfin cette question à laquelle il n'a pas répondu: si proche de la retraite, donc si expérimenté, comment
a-t-il pu tomber dans le piège italien au point de pénaliser son équipe, les Français et tous ceux dans le monde qui
souhaitaient le voir partir en super-héros ?
Dans le cas de jacques Chirac, bientôt retraité également, la réévaluation de sa politique, y compris par les électeurs de
gauche, serait due finalement à son action sur la scène internationale, on se souvient de l'Irak, et à sa capacité à dresser un
état des lieux remarquable: là il faut se remémorer la théorie de la fracture sociale, ce diagnostic que la gauche aurait pu
faire sans penser ou sans parvenir à le faire, ce qui lui a coûté cher et en 1995 et en 2002. Il est ainsi Jacques Chirac qui,
tel le phénix, serait encore capable de renaître de ses cendres pour se présenter pour un troisième mandat, c'est du moins ce
que tentent de nous faire croire ses conseillers, alors qu'ils savent pertinemment que c'est la perspective de son départ qui
lui permet de connaître une accalmie.
Alors pour illustrer cette volonté de bien faire et de rattraper le temps perdu, on retiendra le débat qui oppose actuellement
le gouvernement et le Medef sur ce que l'on appelle communément chez nos voisins les class actions ou les «actions de
groupe» qui consistent, pour les consommateurs qui s'estiment victimes d'un même préjudice de la part d'une entreprise, à
engager collectivement une procédure judiciaire contre elle. Jacques Chirac est demandeur. Mais le Medef s'insurge contre
un éventuel projet de loi qui présente trop de danger à ses yeux. Il défend l'idée que le droit français est suffisant pour
faire face aux comportements illicites, ce qui reste à prouver.
Curieux patronat qui désire tout et son contraire. La liberté des entreprises américaines, sans les contrôles qui vont avec. Un
mal bien français qui veut que chacun s'inspire, chez nos voisins, de ce qui l'arrange, mais sans retenir les inconvénients. Ce
que nous avons déjà pu vérifier avec le modèle danois dont on mentionne beaucoup l’efficacité sans signaler les charges que
paient, ou acceptent de payer, les entreprises pour que ça fonctionne. C'est ce qui s'appelle ne pas aller au bout de son
libéralisme.
par Patrice Biancone
http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_45027.asp