Dans une guerre de guérilla, le Hezbollah peut avoir l'avantage
LE CAIRE (AP) - La puissance de feu israélienne se heurte à un ennemi invisible qui se fond dans la population et sait manier la communication. Le Hezbollah paraît ainsi posséder un avantage sur Tsahal, coincée entre des frappes aériennes meurtrières pour les civils et coûteuses en termes d'image, et des attaques terrestres très risquées pour ses hommes.
La force de la milice chiite libanaise réside dans sa capacité à dissimuler ses armes et ses combattants, dans des bunkers et des tunnels mais aussi au sein de la population, profitant du large soutien dont elle jouit au Sud-Liban, à majorité chiite. Les hommes du Parti de Dieu peuvent ainsi resurgir dès que les soldats israéliens sont passés, pour lancer de nouvelles roquettes sur Israël.
Les Etats-Unis en ont fait plusieurs fois l'expérience, notamment en Irak. C'est la fameuse "guerre asymétrique" dénoncée par le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld. Il est parfois beaucoup plus difficile d'affronter des combattants rodés à la guérilla et la propagande, que de mener un combat contre des forces militaires conventionnelles.
Les groupes comme le Hezbollah possèdent peu de positions établies pouvant constituer des cibles, explique Jon Alterman, un spécialiste du Proche-Orient du Centre d'études stratégiques et internationales de Washington. "Par bien des côtés, ils existent principalement en tant que réseau d'idées."
Et dans la guerre des images, il suffit au Hezbollah de paraître tenir tête à Israël et lui donner le mauvais rôle pour s'assurer un soutien étendu dans le monde arabe, notent certains observateurs.
Le bombardement de Cana dimanche au Sud-Liban, qui a fait au moins 56 morts, essentiellement des femmes et des enfants, l'a mis en lumière. Israël a accusé le Hezbollah d'utiliser des civils comme boucliers humains mais les images ont soulevé une vague d'indignation dans le monde, arabe et musulman notamment.
L'alternative pour l'Etat hébreu, s'il veut repousser les attaques du Hezbollah, consiste à lancer une offensive terrestre à grande échelle ou une série d'incursions prolongées pour éliminer les positions de la milice chiite le long de la frontière israélo-libanaise.
Pour Efraïm Inbar, un expert de l'université Bar-Ilan en Israël, "Tsahal s'appuie trop sur une campagne aérienne et c'est un tort". Il préconise une offensive terrestre robuste et des attaques sur la Syrie pour empêcher le Hezbollah de se réapprovisionner en armes.
Après avoir hésité, échaudé par l'occupation coûteuse du Sud-Liban entre 1982 et 2000, Israël a décidé mardi d'amplifier son offensive terrestre pour repousser la milice libanaise au-delà du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélo-libanaise, en attendant qu'une force internationale prenne le relais dans cette zone-tampon. Jusque-là, les incursions en territoire libanais n'ont eu apparemment que peu d'impact, pour des pertes relativement lourdes. La semaine dernière, l'armée israélienne a perdu neuf soldats lors des opérations autour de Bint Jbail, fief du Hezbollah dans le sud du Liban.
Et même quand ces incursions ciblées réussissent, "le Hezbollah peut se disperser, cacher ses hommes et ses équipements", souligne Anthony Cordesman, un spécialiste du Proche-Orient. Et une occupation à plus long terme ne ferait que donner au Hezbollah une "nouvelle zone d'embuscade" vulnérable, et lui permettre d'attiser des sentiments anti-israéliens et anti-américains dans le monde arabo-musulman. AP
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http://fr.news.yahoo.com/01082006/5/dans-une-guerre-de-guerilla-le-hezbollah-peut-avoir-l.html