http://www.nouvelobs.com/articles/p2176/a312005.html
« L'Obs » soutient Serge Bilé
Racisme antiafricain en Martinique ?
Si vous voulez jouer au nègre à Blanc, allez le faire en Afrique ! »C'est
en ces termes choisis que l'écrivain Raphaël Confiant vient d'interpeller le
journaliste Serge Bilé, né en Côte d'Ivoire et présentateur du journal télévisé
de RFO-Martinique. Prétexte à cette haine : le reportage, réalisé par Bilé pour
« le Nouvel Observateur » la semaine dernière (voir n° 2175), sur la finale de
la Coupe du Monde vue de Martinique... Confiant, défenseur de l'idéologie créole
et militant indépendantiste, a renvoyé Bilé à « l'obligation de réserve
inhérente à toute personne vivant dans un pays qui n'est pas le sien », avant
d'en venir aux menaces et à l'injure raciste.
L'affaire serait ridicule si elle ne révélait pas une violence xénophobe
préoccupante, adossée à la créolité. Confiant n'a pas attaqué « l'Obs » mais
Bilé, ad hominem, en retenant contre lui ses origines africaines. Le
journaliste, qui vient de raconter sa jeune vie d'homme libre en quête de
racines (1), a l'habitude d'être attaqué par les gardiens d'une curieuse pureté
antillaise...
Plus dommageable encore, Confiant, qui persiste dans l'odieux - il a
depuis traité l'auteur de ces lignes, qui avait osé défendre Bilé sur son blog,
de « judéo-droitsde-l'hommiste » -, a trouvé de surprenants alliés. Le Collectif
Dom a pris fait et cause pour lui, à l'initiative de l'écrivain Claude Ribbe,
devenu célèbre l'hiver dernier en assimilant Napoléon à Hitler. Ribbe, sur le
site internet du collectif, qualifie Bilé de « bon nègre », de « tirailleur
Banania », et de « roitelet négrier », avant de s'interroger : « N'y a-t-il pas
de journalistes martiniquais de talent pour qu'on ait besoin d'aller recruter en
Françafrique ? » Pour mémoire, le Collectif Dom est un interlocuteur régulier
des pouvoirs publics pour les dossiers de l'outre-mer, et Claude Ribbe est
membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme.
(1) « Sur le dos des hippopotames », Calmann-Lévy.
Claude Askolovitch