Bruxelles veut des garde-frontières européens
Bruxelles réclame la création d'équipes européennes de garde-frontières et veut obliger les Etats membres à sanctionner
plus sévèrement les employeurs d'immigrés clandestins. Ses propositions seront soumises le 24 juillet aux ministres européens
de l'Intérieur.
La première mesure concerne l'organisation de patrouilles communautaires d'intervention rapide. En cas de crise, elles
iraient prêter main forte aux garde-frontières nationaux des Etats membres confrontés à des arrivées massives d'immigrants,
comme c'est le cas en Espagne, en Italie et à Malte. Les équipes - qui porteraient un brassard aux couleurs de l'Union
européenne - comprendraient des policiers, des douaniers, des experts en identification des personnes, des médecins et
interprètes en provenance de différents Etats membres. Objectif: «renforcer la solidarité européenne dans la gestion des
frontières». Une solidarité encore fort théorique mais Bruxelles s'est félicitée cette semaine du dénouement positif d'une
affaire qu'elle considère comme «une première».
Le 14 juillet, le chalutier espagnol Francisco Catalina secourre 51 clandestins, majoritairement érythréens, en perdition dans
les eaux libyennes et les amène près des côtes maltaises. Déjà débordée par l'afflux répété de migrants, Malte refuse de
laisser débarquer les nouveaux arrivants, estimant qu'ils doivent être reconduits en Libye. Des négociations difficiles sont
menées sous la coordination de Bruxelles qui lance un appel à la coopération européenne. L'appel semble avoir été entendu:
les 51 rescapés seront finalement répartis entre Andorre et l'Italie, qui comptent chacune une communauté érythréenne,
l'Espagne et Malte. Jusqu'ici, souligne Bruxelles, chaque Etat européen devait se débrouiller tout seul avec ses immigrés. A la
demande des autorités maltaises, Bruxelles veut aussi déployer sans tarder une patrouille européenne de garde-côtes pour
intercepter les embarcations de migrants au large de l'île. La mission baptisée «Jason» serait assurée pour l'essentiel, par
l'Italie et la Grèce. Mais les Vingt-Cinq se divisent sur la question de savoir s'il leur faut demander l'accord préalable de la
Libye qui sera le principal pays concerné en cas de rapatriement de clandestins. La Commission européenne fait remarquer
qu'attendre la réponse de Tripoli risque de prendre du temps…
par Anne-Marie Mouradian
http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_45199.asp